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Rosalie tenta alors de sécher ses larmes et de les faire disparaître de son visage, mais Kristen Moore se tenait déjà aux côtés de sa fille, la fixant d'une mine inquiète. Les joues de Rosalie étaient rouges, et ses yeux bouffis à cause de ses pleurs. De plus, elle paraissait bouleversée. Kristen lui posa donc quelques questions afin de savoir ce qui la mettait dans un état pareil et pourquoi est-ce qu'elle ne l'avait pas attendue à l'intérieur de la grande bâtisse. L'adolescente essaya d'y répondre mais ses tentatives furent incompréhensibles tant elles étaient saccadées et ponctuées de reniflements. Sa mère posa alors sa main sur le front de sa fille et la retira aussitôt.
— Bon sang ! Tu es brûlante ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Rosalie expliqua qu'elle ne savait pas. Elle bafouillait, perdait ses mots, et se disait que ça mère ne la croirait jamais. Cependant, sa génitrice ne vit pas le mensonge, et pensait que la détresse émotionnelle dans laquelle se trouvait Rosalie avait été causée par la fièvre. Ainsi, voyant qu'elle était tirée d'affaire, Rosalie ne dit rien à sa mère concernant le garçon – qui selon elle était Michael – et ajouta qu'elle se sentait mal depuis le début de la matinée. C'était mentir, mais elle ne pouvait pas se montrer honnête et dire à sa mère qu'elle pensait avoir vu un fantôme ou quelque chose qui y ressemblait à l'intérieur du manoir... Ou bien qu'elle semblait délirer depuis quelques jours à propos de voyages dans le temps ou autres dimensions parallèles.
— Tu devrais rentrer pour te reposer, lui conseilla sa mère.
— Mais, le...
— Tu m'aideras quand tu iras mieux, d'accord ? Tu es toute pâle et si tu as de la fièvre, vaudrait mieux que tu ailles te coucher.
Rosalie hocha la tête et entreprit de jeter un dernier regard au manoir avant de partir, comme pour s'assurer que le garçon n'était plus là. Et à juste titre, les portes du manoir étaient de nouveau fermées.
Le lendemain, sa fièvre était complètement retombée et Rosalie se sentait déjà beaucoup mieux. Quand elle se leva, après une nuit sans rêve, elle entreprit de vérifier son téléphone. Il affichait quatre nouveaux messages et tous étaient de Lane, son cousin :
« Ça a l'air tellement glauque ! »
« Y a une cave ? Tu y es descendue ? »
« Je ne t'aurais jamais crue capable d'y aller, vraiment. »
« Tu comptes y retourner ?? »
L'adolescente sourit avant de pianoter une réponse à son cousin préféré. Elle lui avoua qu'elle ne comptait y retourner qu'avec sa mère. Il était hors de question qu'elle y aille seule, surtout s'il y avait un fantôme, ou autre chose...
« Alors, et ton pianiste imaginaire ? »
« Imaginaire, justement. Il est introuvable... »
Elle ne voulait pas lui avouer avoir vu Michael Roswell. Il la traiterait de malade mentale. Déjà, elle-même ne croyait pas ce qu'elle avait vu plus tôt, alors comment Lane pourrait la croire ? Il se moquerait d'elle. Assurément.
« Il a sûrement eu peur de toi ! »
« Peut-être »
Et la fièvre, comment pouvait-elle l'expliquer ? Lane lui dirait sûrement que c'était surnaturel, paranormal, peut-être même l'œuvre d'un esprit, d'un fantôme, voire d'un démon. Rosalie s'interrogeait : est-ce que le manoir en était vraiment la cause ? Est-ce qu'il en était la cause ? Puis elle secoua la tête, se traitant mentalement de folle. Comme si c'était possible...
Une fois qu'elle fut habillée et prête à surmonter la journée, l'adolescente décida de faire quelques recherches supplémentaires, s'attachant à vouloir connaître la famille Roswell davantage. C'est pourquoi elle prit ses affaires afin de se rendre une nouvelle fois à la bibliothèque.
Une fois à l'intérieur, Rosalie se dirigea vers la salle informatique et prit place devant un ordinateur, le même que la dernière fois. Elle s'identifia rapidement avant d'ouvrir le moteur de recherche et d'inscrire le nom « Michael Roswell ». Puis elle appuya sur la touche « entrée » dans l'espoir de voir s'afficher quelques résultats.
Et par chance, il y en eut plusieurs. Elle cliqua donc sur le premier, qui était un article datant de juin 1987, et le lut :
« MICHAEL ROSWELL, CE JEUNE PRODIGE :
Comme vous le savez certainement, ce weekend dernier s'est tenu le festival annuel de la ville d'Auburn. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s'agit d'un concours de talents destiné à tous les lycéens et étudiants des environs. Et cette année, nous avons découvert un nombre ahurissant de talents en tous genres. Nous sommes ainsi très fiers de chacun d'entre eux.
Mais le plus exceptionnel qu'il nous a été donné d'entendre est celui du jeune Michael Roswell, lycéen en classe de Terminale au lycée d'Auburn, âgé de dix-huit ans. La plupart le connaissent déjà parce qu'il travaille en parallèle dans certains bars ou bien parce qu'il est le fils du très célèbre Jonathan (ou Joe pour les intimes) Roswell.
En effet, ce garçon a réussi, en quelques minutes, à séduire le jury du festival – celui-ci se composant de professeurs, d'artistes et de divers journalistes. Il a interprété quelques titres au piano, parmi eux les très célèbres : « Clair de Lune » de Debussy, « Liebestraum » (Rêve d'amour) de Franz Liszt et la valse de La Belle au Bois dormant issue du ballet de Tchaikovski. Puis, il a terminé sa prestation par une chanson qu'il a composée lui-même, intitulée « I'll be there ».
Ces quelques morceaux ont été magnifiquement interprétés ; avec une sensibilité et une émotion rares chez les jeunes de son âge. Nous sommes d'ailleurs très fiers de pouvoir dire qu'il est promis à une belle carrière musicale. Et s'il le souhaite, il pourrait intégrer la très célèbre Juilliard School de New York pour parfaire ses compétences de pianiste et rejoindre le conservatoire.
Le lycéen de Terminale a donc remporté une première place bien méritée. Il ne reste plus qu'à le féliciter et à lui souhaiter un avenir joyeux dans la musique... »
Après avoir lu cet article, Rosalie resta quelques secondes bouche bée. D'abord, elle songea à quel point il semblait doué et à quel point il était dommage qu'il n'ait pas pu connaître une belle carrière dans la musique. Puis, elle était désormais absolument certaine que Michael était celui qui avait joué du piano dans le manoir la première fois qu'elle s'y était aventurée. En effet, il y avait trop de coïncidences pour qu'elles fussent ignorées. C'était donc lui, lui qu'elle avait vu lors de ses deux autres visites au manoir. Et ça, elle ne l'avait pas rêvé.
Ensuite, Rosalie cliqua sur un deuxième lien qui l'amena sur une copie du yearbook du lycée d'Auburn de l'année de 1987. Là-dedans se trouvaient une photo et une citation de chacun des élèves du lycée. Elle entreprit donc de chercher le nom de Michael et finit par le repérer. L'adolescente admira sa photo quelques instants avant de s'arrêter sur la citation qu'il avait choisie à l'occasion :
« I was born to never die »
(Je suis né pour ne jamais mourir)
*
J'ai lu vos théories et je dois dire que vous n'êtes parfois pas très loin de la vérité !
Mais qu'est-ce que ça veut dire : "Je suis né pour ne jamais mourir" ? Est-ce que ça a un lien quelconque avec le drame Roswell ?
J'espère que ça vous plaît toujours !
J'ai vraiment hâte de vous publier la suite ♥
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