10
Est-ce que c'était lui ? Est-ce que c'était vraiment lui ? Rosalie ne pouvait pas en être sûre. Surtout que c'était logiquement impossible ! Le pauvre adolescent avait disparu en 1987... Il était sûrement mort, tout comme son père et sa mère. Pourtant, le garçon qui se tenait en face d'elle lui ressemblait étrangement et il ne pouvait s'agir d'un sosie. Alors, comment pouvait-elle expliquer ce phénomène ? Il ne pouvait pas être en vie. Non, ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas avoir disparu trente ans auparavant et se retrouver là, au manoir, surtout sans avoir vieilli.
Un fantôme, songea Rosalie, c'est sûrement un fantôme.
Mais au même moment, elle remarqua que les draps qui recouvraient les meubles avaient tous disparu, l'intérieur semblait bien plus propre et lumineux qu'avant, la poussière avait même totalement disparu. Envolée, volatilisée. Et par-dessus tout, elle finit même par entendre de la musique venant du rez-de-chaussée. En soit, le manoir paraissait être bien vivant. Tout comme lui.
— Comment es-tu entrée ici ? s'enquit-il soudain tout en se grattant l'arrière du crâne tandis que Rosalie restait silencieuse.
Mais elle n'osa pas répondre. En même temps, elle n'avait aucune idée de ce qu'elle pouvait dire. Elle-même ne savait pas quoi penser.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? insista-t-il en s'approchant d'elle et en croisant les bras sur son torse.
Et même s'il n'avait pas l'air menaçant, Rosalie fit tout de même un pas en arrière.
— Non, qu'est-ce que toi, tu fais ici ?
Et si c'était elle qui déraillait ? Et si c'était elle qui devenait folle, tout simplement ? Peut-être qu'il n'était pas vraiment là. Peut-être qu'elle l'imaginait.
Et pour le savoir, Rosalie attendait que le mystérieux garçon lui réponde. Cependant, le mutisme de ce dernier augmentait son désarroi et ses craintes. Et malgré sa détermination à savoir toute la vérité, elle commença à penser qu'il s'agissait peut-être d'une vérité qui lui ferait peur et qu'elle ne voudrait sûrement pas entendre. Parce qu'elle était certaine que le garçon qui se tenait debout en face d'elle ne pouvait pas être réel. Et même s'il l'était, Rosalie se gardait prête à prendre ses jambes à son cou s'il le fallait.
Le garçon habillé simplement d'un tee-shirt blanc et d'un pantalon noir – ce qui paraissait alors tout à fait ordinaire à l'adolescente – haussa soudain les épaules et répondit à la question de Rosalie :
— J'habite ici.
Il n'avait prononcé que trois mots, et d'un ton qui traduisait l'évidence de ses propos. Comme si c'était elle qui perdait la tête. Et ça suffisait à Rosalie pour qu'elle s'imagine être en train de rêver. C'est vrai, se dit-elle, c'est sûrement un cauchemar et je ne vais pas tarder à me réveiller. Mais contrairement à ce qu'elle voulait croire, il ne s'agissait pas d'un songe et encore moins d'un mauvais rêve.
— Non, tu n'habites pas ici, répliqua-t-elle tout en secouant la tête, pensant avoir raison.
Les lèvres du garçon esquissèrent alors un large sourire, montrant clairement qu'il s'amusait de la situation. Il jaugea l'adolescente de ses iris sombres, se demandant pourquoi est-ce qu'elle se trouvait chez lui et surtout, qui elle était. Il ne l'avait jamais vue auparavant. Ni au lycée, ni dans les bars et cafés dans lesquels il travaillait.
Il la mirait alors sans vraiment comprendre, admirant au passage ses jolis traits. À vrai dire, il la trouvait aussi belle qu'étrange. Peut-être était-il en train de rêver, lui aussi. Il se disait qu'elle n'existait probablement pas et qu'il ne s'agissait que d'un tour de son imagination.
— Pourquoi n'habiterais-je pas ici ?
Rosalie aussi se demandait pourquoi.
— Je vis au manoir depuis que je suis né, avança-t-il afin d'inciter l'adolescente à lui donner davantage d'explications.
Rosalie voulut répondre que ce n'était pas possible, que le manoir était abandonné depuis des décennies, mais elle se retint. Les mots ne voulaient pas franchir ses lèvres. Cette fois-ci, elle était bel et bien effrayée.
— Tu... je..., bafouilla l'adolescente.
Comment pouvait-elle oser dire le contraire de toute façon ? Ça lui était impossible. Elle n'avait rien pour le lui prouver. Par ailleurs, Rosalie ne semblait pas se croire elle-même. Tout paraissait si différent, si étrange... Même l'intérieur du manoir l'était, apparaissant beaucoup plus lumineux qu'avant. Il paraissait tellement moins sinistre... Comme si le manoir n'était plus abandonné. Comme si, finalement, elle ne se trouvait plus à son époque. Et s'il s'agissait réellement de Michael Roswell, alors ça voulait dire que... Non, non, non... Je suis folle, songea-t-elle en coupant cours à ses hypothèses, se voyant déjà internée dans un asile psychiatrique, abandonnée par ses parents qui ne la comprendraient pas.
Enfin, après de longues secondes qui lui parurent être des minutes, Rosalie décida de partir afin de ne pas subir une humiliation supplémentaire. Elle fuit donc le regard perçant du garçon et s'empressa de quitter la pièce après s'être excusée. Elle dévala les marches du grand escalier de marbre à toute vitesse, sentant qu'il la suivait, et faillit même tomber en avant, ratant une des dernières marches. Néanmoins, elle arriva en bas indemne et sans aucune égratignure.
— Attends ! l'appela le garçon, mais l'adolescente finit par sortir du manoir sans jeter ne serait-ce qu'un seul regard derrière elle.
Rosalie ne voulait pas que ses prunelles s'accrochent aux siennes, elle ne voulait pas l'affronter une nouvelle fois. Non, elle préférait s'en aller d'ici au plus vite et l'oublier.
Par conséquent, elle ne le vit pas s'arrêter sur le perron et l'observer s'en aller.
Quand elle passa le portail, elle fut heureuse de constater que sa mère n'était toujours pas là. Elle alla donc s'installer sur le côté des grilles à l'extérieur de la propriété. Seulement, sous l'émotion, Rosalie se mit à pleurer et se sentit instantanément pathétique. Les larmes coulaient d'elles-mêmes sur ses joues et l'adolescente n'avait plus aucun contrôle sur elles. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était essayer de calmer sa respiration devenue haletante avant que sa mère n'arrive et ne s'en aperçoive. Elle voulait effacer toutes ses pensées, toutes ses craintes, elle voulait aussi oublier l'impression qu'elle avait eue de voyager dans le temps – comme si c'était plausible...
Maistrop tard, elle entendit rapidement le ronronnement d'un moteur et finit par apercevoirla voiture de sa mère. La voilà qui revenait déjà.
*
Voilà le chapitre 10 et nous avons là une rencontre bien étrange !
S'agit-il réellement de Michael Roswell ? Si oui, comment est-ce possible?
Quelles sont vos théories?
Que pensez-vous de l'histoire jusqu'à présent?
J'espère que vous aimerez la suite ! ♥
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