Thème : Le vent du soir

Le vent dans les cheveux, les étoiles scintillantes dans le ciel et un sourire aux lèvres, me voilà dans une rue proche de la mienne, en plein milieu de cette dernière et en arrêt. Je fixe les étoiles. Le vent du soir me fait énormément de bien, alors qu'à la base je n'en ai pas vraiment besoin. Enfin, je dirais plutôt que j'en ai moins besoin qu'avant. Plusieurs pages se sont tournés et je dirais même que plusieurs chapitres se sont terminés au fur et à mesure. Et maintenant je peux enfin dire, oser dire même, que je suis heureuse. Je suis heureuse. Je suis heureuse. Je suis heureuse. Ces trois mots si innocents mais puissants se répètent comme une litanie dans ma tête, au point que mon sourire s'agrandit.

J'ai repris contact avec ma mère. John est en Australie où il s'est définitivement installé car il y a trouvé l'amour –l'amour de sa vie, plus précisément, d'après lui. Katerina, Martin, Margaux et Julia ont arrêté de me tirer la gueule, de m'exclure de la famille et me permettent même de garder leurs mômes de temps à autre. Ils autorisent même leurs enfants joués avec les nôtres. On a deux garçons et une petite fille depuis peu. Le premier qu'on a eu, un éthiopien, se prénomme Musti –il a choisit lui-même son prénom. Ca fait bientôt un an et demi qu'il vit avec nous et nous appelle respectivement « Mama » -c'est pour Danielle- et « Mamoumchka » -c'est pour moi. Et depuis quatre à cinq mois, nous avons accueillit des jumeaux portugais –un garçon et une fille-, Estrela et Michelangelo qui nous appellent chacune de la même façon que Musti.

Ma vie est beaucoup plus rangée, moins bordélique. Tous les mauvais souvenirs sont derrières moi. Je ne les vois pratiquement plus et je suis même passée outre. Lou et Mackenzie m'ont même invité à leur mariage qui s'est passé le mois précédent. Danielle était avec moi et j'ai appris tout ce qui s'était passé entre Mackenzie et elle. Habituellement, je ne suis pas une grande adepte du fait de devenir ami avec des ex, mais là apparemment j'ai fais une concession. Je suis amie avec Lou et Mackenzie. Je ne dirais pas que ma petite amie et ma dernière ex en date soient proches, mais elles ont arrêtés depuis peu de constamment se tirer la gueule.

En parlant de mariage, Danielle m'a faite sa demande la semaine dernière. Moi qui voyais qu'un mauvais œil les personnes qui en venaient carrément à pleurer, à sautiller sur place, à émettre des gloussements dignes des meilleures poules, à taper dans les mains, à devenir plus rouge qu'une tomate, à ne plus savoir quoi dire ; et bien je me suis bien faite avoir. Je me suis fais niquée même. Car je n'ai pas su quoi dire, j'étais rouge comme un poivron rouge, j'en avais des lacrymales dégoulinantes sur mes joues, je manquais de peu de sautiller sur place et je gloussais comme une poule –ou une merde, ça dépend des points de vue. Et bien évidemment, j'ai accepté, sans hésitation. Mais il m'a quand même fallut du temps avant de lâcher les mots qu'il fallait, à accepter cette demande tellement que je ne m'y attendais pas et que j'en étais toute émoustillée. Nous ne savons pas encore quand se déroulera le mariage, mais nous sommes au moins fiancées.

Puis, il y a un seul bémol dans ma vie. Enfin, il y en a plutôt deux, mais je ne leur donne plus autant d'importance qu'avant. Il y a mon père et la lettre. Je ne sais toujours pas qui est mon père, pourquoi il est partit et à quoi il ressemblait et il ressemble à présent. Et je ne sais toujours pas qui est l'auteur de la fameuse lettre où doit bien faire deux ans qu'elle est cachée et enfouie dans l'un des tiroirs de ma table de nuit. Pour être franche, je m'en fous un peu. Je vis ma vie sans eux, et puis voilà. Certains mystères doivent le rester, à mes yeux. Ils n'ont pas tous besoin d'être dévoiler au grand jour.

Et franchement, je pense que ce n'est pas plus mal ainsi. J'ai longuement vécu ma vie sans mon père, qui s'est cassé apparemment –d'après les dires et souvenirs de Katerina- même pas trois mois après la naissance des jumeaux qui les seuls après moi. Ce qui fait que j'avais environ 3 ans à cette époque et que donc, je commençais seulement à développer la faculté de mon cerveau à se souvenir, à se rappeler des choses. Maintenant, j'ai une mémoire d'éléphant bien pleine et qui est au bord de l'explosion. Je suis sans père, et je me suis faite à cette idée il y a quelque temps déjà. J'ai arrêté de lui en vouloir de nous avoir délaissés et abandonner. J'ai arrêté de lui en vouloir pour tout, car en soit, c'est de l'histoire passée et ce sont ses choix. Maintenant, après autant de temps, il n'y a plus que lui qui doit s'en vouloir et s'en prendre qu'à lui-même.

J'ai vécu plus de 20 ans déjà sans mon paternel, et je pense que ça ne me dérangerait pas du tout de continuer ainsi. Il a décidé qu'il ne voulait plus de moi dans sa vie, alors maintenant c'est à mon tour de faire de même. Et si un jour l'envie de me revoir lui prend ou qu'on vienne à se revoir par pure coïncidence, je ne crois pas que je le refuserais de ma vie totalement. En premier lieu, probablement que oui parce que je suis humaine et qu'il me faudra du temps. Et qu'il lui en faudra du temps aussi. Mais j'ai appris à vivre sans lui, sans son influence s'exerçant sur moi alors je peux très bien continuer sans problème. Et s'il revient dans ma vie, je m'y ferais aussi, parce qu'après tout, il reste tout de même mon père. Puis je lui ai pardonné son absence et son départ, alors tout va bien. Ou du moins tout va mieux.

En ce qui concerne l'inconnu de la lettre, je n'ai pas essayé de savoir qui c'était. Au début, j'en avais envie mais j'étais réellement trop bousculée par les informations contenues dans cette lettre. Et puis, lorsque j'ai réussis à réellement digérer son contenu –bien après avoir repris contact avec ma mère tout compte fait et non avant-, je ne trouvais plus vraiment l'utilité de chercher après cette personne. Qu'est-ce que ça allait m'apporter ? Qu'est-ce que ça y changerait ? Rien, strictement rien alors si la personne se met à découvert un jour, tant mieux sinon c'est tant pis.

Car je ne peux que remercier cette personne –intérieurement bien évidemment- pour ce qu'elle m'a apporté à moi-même et dans ma vie, mais aussi à m'avoir ouvert les yeux. Ces deux personnes –mon père et l'anonyme, qui sont peut-être une seule et unique personne, seul Dieu le sait- ont été des emblèmes importants de ma vie. Maintenant, c'est à mon tour d'en être un autant dans ma propre vie que dans celles des personnes qui m'entourent et qui constitue ou bien ma famille ou bien mon cercle d'ami et parfois même de collègue. Ces deux personnes n'ont maintenant plus de réelle importance, juste des images mises en pause dans mon passé dont j'ai tourné les pages depuis quelques temps déjà.

Il était temps d'être moi-même et surtout, d'être heureuse.

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Musique ; Lone Ranger - Rachel Platten
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