21 décembre

Thème :

Je soupire, passant ma main sur mon front tandis qu'une sonnerie stridente et très désagréable retentit dans l'appartement depuis une autre pièce. Je cligne plusieurs fois des paupières, me redresse en m'appuyant sur mes coudes tandis que quelques mèches de cheveux me barrent le visage. Je n'ose même pas imaginé l'état de ma tête ce matin et... Et cette putain de sonnerie qui me donne mal au crâne là ! Je soupire à nouveau et passe ma main dans mes cheveux pour les plaquer en arrière en tentant vainement de leur redonner une consistance mais je pense qu'ils sont électriques car quelques cheveux viennent me faire à chier. Je ne me bataille pas plus longtemps avec eux car ils m'énervent énormément, que c'est une guerre perdue d'avance et puis, il y a toujours cette sonnerie désagréable qui me brise à la fois les tympans et les ovaires sa race.

J'avance, mettant un pied devant l'autre tant bien que mal et finit par sortir de la chambre en veillant à ne pas réveiller Danielle qui dort profondément dans notre lit. J'ai les lèvres sèches, gercées et franchement, j'ai la bouche pâteuse. J'ai pratiquement tous les symptômes de la cuite, sauf que comme je n'ai pas bu une seule goutte d'alcool je dois probablement avoir un mélange entre la fatigue, la râleuse du matin et un rhume à cause de ma virée nuptiale d'hier. Ca fait plusieurs jours que ni Danielle ni moi ne sommes allés au boulot et si ça continue ainsi, on va nous renvoyer. J'ai un certificat médical pour deux ou trois jours encore –je ne sais plus- et probablement qu'il en faudra un pour la fausse blonde.

Je finis par arriver dans le salon d'où émane depuis le hall cette maudite sonnerie. Moi qui pensais faire une grasse matinée, je me suis fourrée le doigt dans l'œil et bien plus loin que la rétine tiens. D'ailleurs, quelle heure est-il ? Je n'en ai pas la moindre idée mais il n'y a pas intérêt à ce qu'il soit avant 9 heures du matin, sinon j'égorge la personne qui fait ce bruit. Et je l'égorgerais avec une cuillère, pour bien complexifier la tâche aussi. Je me rends jusque dans le hall et c'est à ce moment-là, lorsque je vois une lumière orange rectangulaire qui apparaît et disparaît que c'était le téléphone qui sonnait depuis tout ce temps. Je pense que la personne doit appeler pour la deuxième ou troisième fois au moins vu le temps que j'ai mis pour arriver et peut-être même pour me réveiller. Je prends le combiné entre mes mains et attend –assez impatiemment, je l'avoue- que le numéro s'affiche mais il ressemble à l'indicatif d'une cabine téléphonique. Je finis tout de même par décrocher, ne sait-on jamais.

-Allo ? M'enquiers-je dans l'espoir que ce ne soit pas un psychopathe ou un gamin qui fait une blague de l'autre côté de l'appareil.

-Nora Jonas ? Rétorqua la voix masculine.

Je fronce les sourcils et me pince les lèvres. Qui ça peut bien être, bon sang ? Cette questionne se répète plusieurs fois dans ma tête au point que j'oublie que la personne de l'autre côté attend une quelconque réaction de ma part. J'en oublie carrément son existence alors que je n'arrête de me demander qui il peut bien être. C'est vraiment bizarre, mais je suppose que c'est parce que j'ai la tête dans le cul et le cul dans le brouillard, sans oublier le fait que cette personne m'a rendu grognon en insistant autant. Je reviens sur Terre lorsqu'un raclement de gorge provenant du combiné se fait entendre et qui montre bien l'impatience de cette personne quelle qu'elle soit.

-Oui elle-même, qui est-ce ? Demandais-je en sentant mon cœur battre follement dans ma cage thoracique tellement que j'appréhende.

-C'est John, ton frangin, répondit la voix.

J'émets un petit gémissement d'étonnement et d'affirmation. C'était un peu une sorte « Je m'en doutais, bien évidemment. Je le savais même » soufflé sans les mots. Mais maintenant que je sais que c'est mon plus jeune frère –l'autre c'est mon grand frère-, je me demande bien ce qu'il me voudrait. Surtout qu'il est... –je me retourne pour faire face à l'horloge qui pend au mur et mets quelques secondes avant de lire correctement l'heure et d'être sûre de ne pas me gourer- il est... huit heures trente-sept ! Oh le con ! Pourquoi et comment ose-t-il m'appelé de si bonne heure ? Heureusement qu'il ne sait rien de tout ce qui se passe réellement dans ma vie, sinon je lui aurais mis ma main dans sa belle gueule de rapace là avec ses cheveux aussi noirs que les plumes d'un corbeau !

-Qu'est-ce que tu me veux ? Lui demandais-je méchamment.

-Je voulais simplement te prévenir toi et pas les autres car ils ne comprendront pas ce que je vais faire. Je pars, je m'en vais. Je claque tout, j'abandonne tout. Vraiment tout. J'en ai marre de cette vie, alors je me taille car ça commençait sérieusement à bien faire. Je n'ai rien laissé paraître, je le sais, mais je voulais cacher ça et éviter de m'avouer à moi-même que je ne me sens pas à ma place ici car elle est autre part. Je me suis longtemps dis que c'était passager, que ça allait faire son petit bout de chemin et qu'il fallait du temps mais j'ai 22 ans maintenant et j'en ai marre d'attendre quelque chose qui n'est clairement pas prêt d'arriver. Alors je m'en vais, ailleurs, loin de toute cette vie qui ne me convient guère. Je voulais te mettre au courant car toi tu comprendrais, mais aussi pour que tu rassures les autres s'ils en ont besoin. C'est une bonne manière de vous rapprocher enfin. Je ne voulais pas partir tant que je ne t'avais pas présenté mes excuses, que j'avais retiré ce poids sur mes épaules que j'avais depuis toutes ces années et maintenant que tout ceci est fait, je peux enfin partir vivre réellement ma vie. Je ne veux pas que tu me couvre ni que tu me fasses la morale, que tu n'envisageais clairement pas de me faire je le parie, mais j'avais besoin que tu sois au courant que je te le dis car je te fais confiance et car je sais pertinemment que tu vas me comprendre et que tu ne me jugeras pas. Aller, salut, dit-t-il en faisant allusion à nos frères et sœurs par le terme « les autres ».

-Salut et bonne chance surtout. N'hésite pas à me donner des nouvelles s'il le faut, répliquais-je, comprenant parfaitement ce qu'il ressent.

-Ne t'en fais pas pour ça, sœurette. Et sache aussi que je suis fier d'avoir une sœur comme toi et que... Je t'aime malgré tout. J'ai besoin de partir pour me retrouver, pour me ressourcer, pour me dépayser et surtout, pour changer d'air, rajouta-t-il ensuite.

-Oui, frérot, moi aussi je t'aime, m'enquis-je ensuite le sourire aux lèvres.

-Salut, à plus tard.

-Salut, et à la prochaine, conclus-je avant de raccrocher.

Je remets le combiné sur son support et avec le petit son qui provient du support, je comprends qu'il se remet à charger. Je soupire et prends mes cheveux entre mes mains. Je n'arrive pas à y croire, c'est tout simplement fou ! Mon petit frère qui m'appelle un peu avant neuf heures du matin parce qu'il se fait la malle, parce qu'il se casse puisqu'il n'en peut plus de sa vie ! C'est fou, totalement fou. Et je le comprends, car j'ai très longuement eu envie de me barrer, que ce soit de cette famille, de cette ville ou de cette vie. J'ai tant de fois voulu partir que j'en ai rien tenté. Et lui, il s'en va réellement et franchement, ça me fait sourire car je ne doute pas une seule seconde qu'il en ait eue besoin, sinon il ne m'aurait clairement pas appelé pour dire ce qu'il mijotait. Je le comprends... Je le comprends tellement même si mes envies de départ ne sont plus d'actualité car j'ai réussis à trouver un équilibre à ma vie et une raison de rester : Danielle Monroe.

***

Musique ; Only The Very Best - Marina Kaye (The Balavoine's - Reprise anglaise de "Un SOS d'un terrien en détresse" par Daniel Balavoine)
NDA ; Bonjour ! Comment allez-vous ?

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