15 décembre
Thème : Don't Let Me Down - The Chainsmokers ft. Daya
https://youtu.be/Io0fBr1XBUA
On ne connaît jamais réellement les gens à 100%, ça c'est sûr et certain. Même la personne à qui vous avez pu donner votre cœur et être capable de tout pour lui ou elle, peut s'avérer être un véritable étranger en réalité, ou avoir encore quelques secrets. Et c'est donc normal de redouter la réaction de quelqu'un, même si vous considérez cette personne –et c'est de la folie, avouez-le, de considérer une personne comme telle- l'amour de votre vie. Et là, je suis sur le point d'avouer quelque chose de crucial à ma petite amie et je ne sais pas du tout comment elle va réagir. Je redoute énormément sa réaction, car je ne la connais pas. Je n'ai jamais dû la confronter à une chose pareille, et puis, les humains sont imprévisibles après tout.
Je me mords la lèvre inférieure, en essayant de me convaincre que c'est une bonne chose, une très bonne chose même d'en faire part à Danielle. Car elle ne connaît pas toute l'histoire sur ma mère, et encore moins la partie que j'ai découverte ce matin et qui m'a fait prendre congé pour maladie cette fois-ci. Et heureusement, mon médecin traitant à bien voulu me faire un certificat médical couvrant environ 5 jours sans même savoir ce qui n'allait pas. Apparemment rien que ma voix avait suffit à lui faire peur et à m'assigner chez moi pendant ces 5 journées. Sauf que là, je suis dans ce café, assise en face de Danielle qui révise encore un peu pour ces cours du soir. Je la fixe intensément, la trouvant plus belle que jamais et où je voudrais absolument ne pas la perdre. Elle est devenue pratiquement toute ma vie et la perdre reviendrait à un suicide, à mes yeux. Et je n'ai pas du tout envie de mourir, enfin pas dans ce sens-là du moins.
-Dani' ? M'enquiers-je doucement.
Ma petite amie relève la tête en ma direction, les sourcils froncés, les lèvres pincées et son surligneur toujours dans la main gauche –oui, elle est gauchère. J'inspire un grand coup pour me lancer, mais c'est un échec total. Je finis plus par soupirer et faire la moue qu'autre chose. Je ne sais clairement pas comment je dois m'y prendre pour avouer tout cela à Danielle. Elle ne connaît pas toute la vérité, et même un semblant qui est en réalité légèrement détourné. Elle pense que ma maman est amnésique suite à un accident quelconque dont mon excuse pour ne pas en parler s'avère être : « Je n'ai pas envie d'en parler ». Et franchement, ce n'était pas très loin de la vérité car je n'ai pas envie de parler. A chaque fois, j'évite les discussions concernant ma mère, non parce que j'ai honte, mais plutôt parce que c'est délicat à dire et que tant que je ne dois pas en parler, je préfère ne pas le faire. C'est trop dur pour moi encore aujourd'hui que pour que je puisse en parler sans aucun problème.
-Nora ? Qu'est-ce qui se passe ? Me demande Danielle tout en me ramenant sur terre.
-Désolée, je m'étais perdue dans mes pensées... J'ai... euh... Quelque chose de très dur à t'avouer enfaite... Et je ne sais pas vraiment comment m'y prendre..., m'entendis-je lui répondre.
Je pince mes lèvres entre elles et joue avec mes doigts, essayant de trouver une distraction qui réussirait à me faire échapper à la situation merdique dans laquelle je viens juste de me fourrer moi-même, la tête la première, comme une grosse conne. Sauf que maintenant, je ne peux plus m'y échapper, c'est définitif. Je suis obligée de cracher le morceau, et ça m'enchante guère, franchement. Je fuis le regarde de ma petite amie le plus que je le peux mais lorsqu'elle prend mon menton entre son index et son pouce en s'allongeant presque sur la table qui se trouve entre nous et me regarde dans les yeux –enfin m'oblige à la regarder dans les yeux- en disant ses paroles, je sais que je ne peux plus fuir du tout :
-Accouche chérie, s'il te plaît. Je n'ai pas ma journée et en plus, ça m'inquiète, dit-elle avec tout le sérieux du monde.
Et c'est cet amas de sérieux qui me pousse à rire. Un petit rire nerveux, mélangé à un vrai rire car franchement, l'expression « accouche » pour cracher le morceau date un peu mais continue tout de même à me faire rire ou encore sourire. D'ailleurs en parlant de sourire, j'en vois un fendre son visage qui était précédemment tiré par l'inquiétude. Et ça me rassure, que ces traits s'adoucissent. Et ça me donne plus facilement envie de me confier à elle, de lui avouer –enfin plutôt éclater- la vérité. L'atmosphère qui était presque devenue palpable tellement elle était insoutenable vient juste de se détendre et j'ai l'impression d'avoir un léger poids en moins sur les épaules. Sauf que face au visage redevenu sérieux de ma petite amie, je comprends que j'ai intérêt à « accoucher » comme elle me l'a si bien suggéré.
-C'est très dur à avouer, m'exclamais-je.
-Je t'écoute, rétorqua-t-elle, ne cillant même pas.
Je me racle la gorgée et inspire un grand coup en levant les yeux au ciel pour me donner plus de courage. Je sens le poids sur les épaules de la vérité à avouer et franchement, c'est excessivement lourd. Je n'arrête pas de tourner la manière dont je vais l'avouer dans tous les sens dans ma tête, mais je n'arrive pas à trouver de manière parfaite de le dire. Je suis totalement perdue et en pleine panne sèche sur ce niveau-là. Je suppose que la meilleure manière de le dire n'est pas toujours dans la délicatesse, la subtilité ou encore l'implicite. Je suppose que parfois, il faudrait avouer les choses sèchement, telles qu'elles le sont réellement et ainsi ne surtout pas faire dans la dentelle. Je ne sais pas, je n'en sais rien à vraie dire. Je n'ai pas eu beaucoup d'occasion d'avouer des choses à autrui, car j'ai toujours évité le plus possible ce genre de situation. Et maintenant, je suis en plein de l'une d'elle et je ne peux clairement pas faire demi-tour au risque de paraître pour une lâche, de perdre la confiance de Danielle, de la blesser ou simplement de la perdre tout court. Et pour être franche, je n'ai rien envie de tout ça, d'aucun d'eux d'ailleurs.
-Ma... Ma maman n'est pas amnésique, hésitais-je au début en fuyant à tout prix sa réaction en posant mon regard partout autour de moi mais pas sur son visage. Elle est retardée mentalement, elle a oublié toute son adolescence et sa vie d'adulte pour retomber en enfance. Enfin, elle n'a pas tout oublié, mais c'est juste enfuit dans un coin très profond de son esprit qu'il est pratiquement impossible d'atteindre, si pas totalement impossible enfaite. Et puis, elle est devenue une handicapée mentale suite à des complications lorsqu'elle a accouché de moi. C'est de ma faute Dani', de ma faute si ma mère est malade, renchéris-je toute de suite, beaucoup plus à l'aise maintenant que j'étais sur ma lancée.
Je me mords la lèvre inférieure en fixant mes doigts avec lesquels je joue depuis tout ce temps. Je n'ose pas relever la tête, parce que j'ai peur de la réaction de Danielle, autant ses mots que les traits de son visage. Et le pire ce serait ses yeux, car ce n'est pas pour rien que l'on dit que les yeux sont le miroir de l'âme, c'est parce que même les choses qu'on essaye le plus possible de garder enfermer au fond de soi –surtout aux niveaux des émotions- filtrent quand même dedans, laissant ainsi tout le monde voir ce que vous essayez absolument de leur cacher. Et heureusement, parfois, c'est caché, on arrive pas à voir de le fond du regard ces secrets. Mais le problème c'est que ce n'est pas aussi souvent le cas que l'on espérait.
-Nora..., souffla-t-elle. Je t'aime comme tu es et avec la vie que tu mènes. Ce serait cruel de ma part de m'enfuir simplement parce que tu n'assumes entièrement la vérité, car tu encore du mal avec. Tu es humaine, ma chérie, et tu as des sentiments et des émotions. Alors c'est normal que certaines choses soient plus difficiles à avouer et prennent plus de temps avant que ça ne se fasse. Et je ne t'en veux pas, parce que de mon côté, j'ai aussi des choses qui sont très dures à avouer car de nos jours, tout le monde est blessé par la vie d'une quelconque manière que ce soit. Alors je comprends que t'ais fallut du temps pour avouer de telles choses et tu sais, ça fait partit de toi et je t'aime comme tu es, alors je n'ai pas trop le choix donc je suis obligée de prendre ces faits. Je t'aime trop que pour t'en vouloir, peu importe ce que tu m'aurais avoué. Et puis, ce n'est pas de ta faute si ta maman est retardée mentalement, c'est la faute des complications et de la vie, aucunement la tienne. Tu n'avais pas choisis de vivre, de naître alors non, ce n'est pas de ta faute, rajoute-t-elle ensuite avec une voix aussi douce que le miel.
Je relève lentement la tête vers elle, hésitante même si ces paroles me mettent du baume au cœur et me rassure énormément. J'ai quand même peur, à croire que je suis une froussarde de première. Je tente un sourire, mais il se transforme plutôt en une grimace sous le poids du soulagement et des larmes de joie. Je suis contente que Danielle ne le prenne pas mal et même plutôt bien je devrais l'avouer. Ça me rassure grandement, je ne m'attendais pas à tant de sollicitude de sa part, ni de compréhension. J'en suis pratiquement sur le cul.
-Tu ne vas donc pas me laisser tomber ? Demandais-je quand même, peu sûre de la réponse malgré les précédentes paroles de ma petite amie.
-Bien sûr que non. Je ne vais pas te laisser tomber, tant que tu ne me laisseras pas tomber en retour, répliqua-t-elle avec un sourire sur les lèvres et dans la voix.
Je lui souris en retour et finit par la prendre par le col de son t-shirt pour l'embrasser à pleine bouche. Au début, elle ne réagissait pas car elle était étonnée par mon attitude surprenante et imprévisible, mais elle finit par rapidement participé au baiser et franchement, ça valait vraiment le coup de l'embrasser ainsi soudainement car c'est probablement l'un des meilleurs que j'ai avec elle et de toute mon existence. Je souris contre ces lèvres et elle fait de même. Je suis heureuse et je n'ai plus les mêmes envies de mort que ce matin. Danielle vient encore de me remonter à la surface, pour ne pas changer.
***
Musique ; See You Again - Charlie Puth ft. Wiz Khalifa (Reach Eargasm Remix)
NDA ; Bonsoir ! Comment ça va ? Que pensez-vous de ce chapitre ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top