11 décembre

Thème : Une vie de mensonge

Je n'ai jamais réellement cru en moi. Et là, cette putain de lettre que je viens de découvrir vient tout remettre en question. Je la tiens entre mes doigts, les mains tremblantes à souhait. J'ai les yeux qui me piquent à cause des lacrymales qui voudraient en sortir. J'aimerais tellement, mais tellement pouvoir pleurer mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à pleurer alors que j'aimerais et ça me fait bien chier parce que je ne compte même plus le nombre de fois où je ne voulais pas pleurer et où j'ai pleuré. Et je crois que là maintenant, que je veuille ou non pleurer, je n'y arriverais pas car le choc est encore trop grand, trop puissant. Et le pire, peut-être dans cette histoire, c'est que Danielle n'est même pas à l'appartement pour me soutenir. Je suis seule, totalement seule avec comme seule compagnie –qui soyons franche, n'est pas réellement de la compagnie- mes lacrymales et cette lettre avec son enveloppe cacheté par la poste qui tremble entre mes doigts.

J'ai les fesses sur le sol, n'ayant même pas réussis à rester sur le canapé. Là maintenant, je donnerais n'importe quoi pour ne pas me retrouver dans cette situation. Je serais même capable de changer de vie ! Parce que là, la mienne est entièrement remise en question. John, Julia, Katerina, Martin et Margaux me détestent –enfin peut-être plus John- parce que c'est lors de mon accouchement que ma mère est devenu handicapé. Je souhaiterais n'avoir jamais vu le jour, comme ça ils n'auraient personne à blâmer et en plus, je n'aurais pas à vivre cette vie que je n'ai pas décidée d'avoir et je n'aurais pas non plus à vivre ce moment précis. Là, l'entièreté de ma vie est remise en question, de ma première inspiration jusqu'à ce qu'elle que je viens juste de faire. Mais pourquoi ? Pourquoi moi ? Je n'ai jamais rien fait de mal, concrètement. D'accord, deux ou trois bêtises et mots méchants sortit à gauche et à droite mais ce n'est pas bien mauvais, c'est même normal en soit. Tout le monde commet des erreurs dans sa vie et moi, j'ai bien l'impression que la mienne, c'est d'être venue au monde, c'est d'être en vie tout simplement, c'est d'exister.

J'inspire un grand coup, étouffant ainsi un nouveau sanglot comme ceux qui me secouaient depuis toute à l'heure. Je ne sais plus quoi penser. Je ne plus quoi faire. Je ne sais plus quoi dire. Qui suis-je réellement ? Je suppose que j'exagère la situation, comme toujours mais c'est tellement bouleversant que c'est suite à votre naissance que votre mère n'a plus toute sa tête et c'est cet handicape mental qui a poussé votre père a quitté la maison. De lui, je n'ai plus aucune nouvelle et je me demande même si ce ne serait pas lui qui aurait écrite cette lettre anonyme. Oh putain, je n'en sais rien ! Je suis totalement perdue et mon cœur n'arrête pas de se serrer, encore et encore, au point où je me dis que bientôt, il n'en restera plus rien. Et je crois bien que ça m'arrangerait, là maintenant, qu'il n'en reste plus rien de mon cœur. Car je ne veux plus vivre, je ne veux plus de cette situation de merde, je ne veux plus de cette vie tissée sur un mensonge. Je m'en fous, j'en veux une autre ou aucune, ça n'a pas d'importance. Tout ce que je voudrais, c'est de n'avoir jamais lu cette lettre, ou encore de n'avoir jamais vécu cette vie. Mais l'un comme l'autre, je ne peux pas les changer. Le mal est fait, et maintenant, je dois obligatoirement faire avec. C'est la vie, que voulez-vous.

C'est dur de croire que juste en quelques mots –en quelques misérables mots, plutôt- toute votre vie peut s'écrouler. Et le pire dans tous ça c'est que ces quelques mots, aussi misérables et pathétiques soient-ils, se lisent ou se disent en quelques secondes –elles aussi pathétiques et misérables- mais où rien qu'elles changent la donne. Change toute la donne. Ma vie était construite, pratiquement entièrement et là, tout vient de changer et de se bousculer. Ce fût presque à la vitesse de la lumière. Et c'est injuste. Je trouve que c'est totalement injuste qu'il suffit de si peu pour que tout une vie change. Ce n'est pas normal, clairement pas normal. Je pourrais crier à l'injustice sur tous les toits pendant des heures-là, au niveau où je me trouve. Enfin, avant ça il faudrait peut-être que j'arrive à me ressaisir et à me relever.

Je me relève comme je le peux et finis par m'installer sur le canapé. Mais à peine m'asseyais-je que je finis allonger, l'un des coussins tout serré contre ma poitrine et mon dos contre le canapé même. Je fixe le plafond, la vue légèrement brouillée mais même avec ça, les lacrymales ne coulent pas. J'ai l'impression qu'elles refusent de couler, comme si elles refusaient d'accepter cette réalité, qu'elles ne l'envisageaient même. Je me mords la lèvre inférieure trop fortement malheureusement et elle commence à saigner dû à une petite entaille. Aussi, qui aurait l'idée de se mordre la lèvre inférieure alors que cette dernière tremble comme une feuille morte ou encore comme une chèvre qui bêle ? Personne bien évidemment sauf moi !

Je finis par soupirer dans toute ma grandeur, lâchant le soupire le plus grand et le meilleur de toute l'histoire des soupires. Je crois que là, je suis imbattable. Putain, mais qu'est-ce que j'ai fais au bon Dieu pour avoir une vie pareille ? Même mon sarcasme ne me sauve plus vraiment, là. Et puis, après m'être demander ce que j'avais fais au bon Dieu pour être tombé dans une famille pareille, maintenant je me demande ce que je lui ai fais à ce bon vieux Dieu pour avoir une vie pareille... En soit, c'est juste une étape de plus. Au moins, je peux me réjouir que ma mère ne soit pas morte lors de l'accouchement, car il n'y aurait pas eu ni John ni Margaux ne seraient venus au monde, et Papa serait probablement resté... D'accord, j'aurais mieux fait de fermer ma gueule.

Car ça aurait été bien si Papa serait resté, ça aurait été triste si Margaux et John ne seraient pas venus au monde –je le pense vraiment malgré toutes les crasses qu'ils m'ont faite car ils restent mon petit frère et ma petite sœur- et c'est cool que Maman ne soit pas morte par ma faute... Mais qu'est-ce que je dis là moi ? Enfin, qu'est-ce que je pense ? Maman n'est peut-être pas morte physiquement, mais elle l'est mentalement, merde ! C'était comme si tu l'avais tué, sauf que c'est son cerveau qui est mort, ou du moins il a préféré retourner dans l'enfance et se bloquer dans ce dernier plutôt que de mourir. Donc, j'ai tué le mental de ma mère, pas son cœur. Hourra ! Qu'est-ce que ça change de toute façon ? J'ai quand même tué une partie d'elle. En attendant, je suis seule, terriblement seule avec mon chagrin et cette dure vérité que je crois que j'aurais préféré ne jamais la connaître...

***

Musique ; Hold Tight - Justin Bieber
NDA ; Bonjour ! Comment allez-vous ? Que pensez-vous de ce chapitre ?

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