03 décembre
Thème : Gone, Gone, Gone par Phillip Phillips
https://youtu.be/oozQ4yV__Vw
Je me souviens bien de ma première rupture amoureuse, ma vraie je veux dire par là. Parce que je ne considère pas réellement comme des ruptures les histoires d'amour de la maternelle et de la primaire. On a beau s'aimer à cette époque-là, je ne pense que nous nous aimons réellement ou du moins aussi fortement que durant notre adolescente. Car c'est bien dans cette époque de notre vie ou on exagère tout et ou on ressent tout un tas de choses dont on se serait bien passé. Et je me rappelle ce mauvais souvenir alors que je suis dans le bus qui part d'un arrêt à quelques mètres de la maison de ma mère –qui est celle de mon enfance- et qui passe par un arrêt se trouvant à moins d'un kilomètre de l'appartement que je partage avec ma petite amie.
Cette première rupture, je l'ai eu lorsque j'avais 16 ans et je me rapprochais doucement de mes 17 ans. Et cette rupture c'était avec... Une fille. C'était ma première relation lesbienne et après elle –Lou Julliard-, il y a une autre –Mackenzie Lejaune- et ensuite Danielle Monroe, celle avec qui je suis en couple depuis près de 4 ans et où je crois que ça durer pendant encore un sacré bout de temps. Je me souviens parfaitement de cette rupture, parce que c'était une vraie, parce que c'était la première, parce que c'était la première que je considérais comme une vraie mais aussi parce que ça c'est terminé dans l'horreur et les larmes. Sans oublier les cris, les remords, les regrets, la pitié et surtout, les blessures dues à des répliques cinglantes provenant de nos deux familles. Je me souviens comme si c'était hier... Et il me suffit de ça pour fermer les yeux et me retrouver projeté dans cet instant de ma vie que j'aurais préféré effacé complètement de ma mémoire.
« Je suis dans mon lit, entrain d'écrire dans mon journal intime. A l'âge de 16 ans, je sais c'est cliché mais j'aime écrire depuis toujours que ce soit d'écrire ma vie ou celle de quelqu'un d'autre. Plus tard, j'aimerais être écrivaine et d'ailleurs c'est ce que je viens juste de noter sur les pages blanches et lignées de bleu pastel dans mon cahier : « Plus tard, je serais écrivaine parce que je veux pouvoir faire rêver les gens, leur redonner foi en quelque chose, leur permettre de se sauver quelques instants de leur vie qu'elle leur plaise ou non. Je serais écrivaine car j'ai la volonté de remettre les choses réellement où leurs places. J'écrirais un livre sur ma mère, sur son handicap mental, mais aussi sur le fait de devoir s'occuper de sa maman nuit et jour à un âge aussi bas que l'enfance et à une période aussi tumultueuse et jugée que l'adolescence ». Voilà ce que je viens d'écrire et comme ça me plaît, j'en ai le sourire aux lèvres.
-Nora, Martin, Katerina, Margaux et John ! A table ! Crie ma sœur aînée, Julia.
Je me lève docilement de mon lit, soupire un bon coup avant de m'étirer et de m'extirper tant bien que mal de mon lit douillet. Je referme mon journal et le range dans un des tiroirs de ma table de nuit pour ensuite déposer le stylo à bille qui m'a servit à écrire sur la table même car j'ai la flemme de le déposer dans le pot sur mon bureau. Puis dans ce pot, il y a pas mal de stylo à bille qui ne fonctionnent plus, et je n'ai pas envie de devoir me battre pour retrouver celui qui fonctionne. Je descends simplement les escaliers, les mains dans les poches avant de mon jeans. Je ne me mets en pyjama qu'avant de dormir pour être toujours à disponibilité de ma mère si quelque chose ne va pas. Je n'ai aucunement envie d'aller à l'hôpital ou d'accueillir un médecin en pyjama, question de pudeur et d'égo.
J'arrive en bas et alors que j'allais m'engouffrer dans la cuisine, l'un de mes frères me pousse pour entrer le premier. J'ai le temps d'apercevoir une touffe blonde et bouclée de cheveux dans un style coiffé-décoiffé et qui tombe pratiquement jusqu'aux oreilles et c'est ainsi que je reconnais Martin. John a les cheveux noirs comme les plumes d'un corbeau et ils sont raides et plus cours que ceux de Martin. Je grogne de douleur envers mon épaule droite qui a souffert et me retient en serrant les dents de hurler sur ce crétin. Arrêtera-t-il un jour de se comporter comme un connard avec moi ? Arrêtera-t-il un jour d'essayer de me faire du mal physiquement ou mentalement plutôt que de s'occuper de notre chère mère ? Deviendra-t-il un jour intelligent ou un minimum mature avec un brin de moralité ? Et surtout, surtout, arrêtera-t-il d'être amoureux de la nourriture un jour ? Car là, ce n'est clairement plus possible, j'ai l'impression de me retrouver dans la cage d'un lion qui voit sa dose de protéine quotidienne quelques mètres devant lui et qui ne peut s'empêcher de se lécher les babines à l'avance.
Je finis par pénétrer dans la pièce où il ne manquait apparemment plus que moi. Je prends place comme si de rien n'était, il faut que je garde le secret pendant quelques minutes encore. Enfin non, je ne suis pas censée garder le secret –c'est plus une annonce qu'un secret- mais j'ai tellement peur de leur réaction que je m'en retrouve avec une boule dans la gorge. Je me sers de nourriture, prends les plats quand on daigne me les tendre et je les fais passer quand ce n'est pas moi qui me retrouve être la dernière à y passer. Je ne me sens pas bien dans cette famille, j'ai déjà essayé d'en parler à quelqu'un mais je n'ai pas l'impression que l'on m'ait déjà réellement écouté.
Je suppose que je devrais rendre visite à la psychologue gratuite du lycée car elle fait partie du PMS (Psycho-Médico-social). Si j'ai bien compris ce qu'on m'a expliqué au collège à ma première année, ce sont des bénévolats de la part d'un psychologue, d'un infirmier et un assistant social qui viennent dans mon collège et lycée pour aider les étudiants à s'épanouir dans leur vie scolaire, professionnelle ou privée. Je trouve ça sympa, surtout que pour le moment ce n'est pas un psychologue qui siège à mon lycée, mais une psychologue et ça, c'est nettement plus sympa.
Je mange dans le silence, jetant de temps à autre des coups d'œil à ma mère car je suis à peu près la seule qui en air réellement quelque chose à foutre d'elle. Mes frères et sœurs s'occupent d'elle, bien évidemment, mais c'est pratiquement toujours moi qui m'en occupe le plus et qui m'inquiète le plus. Il paraît que c'est dans mon caractère, ma personnalité. Je ne crois pas vraiment, mais bon, à mon âge on ne sait jamais vraiment qui nous sommes à 100%. Je me racle finalement la gorge et me lance car je n'ai plus vraiment le choix à présent maintenant que c'est lancé et que Lou risque de débarquer d'une minute à l'autre –ce que le vibreur de mon cellulaire va m'annoncer avant la sonnette de la maison comme convenu avec elle dans la journée :
-J'ai quelque chose à vous annoncer.
Sauf que personne, strictement personne j'ai bien dis, ne m'a prêter une quelconque attention. C'était comme si je me trouvais dans une pièce de sourd, ou encore que personne n'avait entendu ce que je venais dire comme si le bruit de leurs paroles et de leurs couverts avaient couverts le son de ma voix. Et ça ne m'étonnerait pas tellement que je parle peu fort. Je soupire doucement et baisse les yeux sur mon assiette, l'appétit pratiquement coupé entièrement d'un seul coup. Pourquoi toute ma famille m'en veut à moi –hormis ma mère, bien évidemment ? Je ne sais pas, je n'en ai pas la moindre idée, parce que pourtant, je ne suis pas la cadette. Je ne suis pas la petite dernière. Après moi, il y a encore Margaux et John qui sont jumeaux contrairement à ce que leur apparence laisse croire.
-J'ai quelque chose à vous annoncer, répétais-je plus fortement et avec plus de puissance.
Et c'est là que la catastrophe s'annonçait mais que je fais comme si elle n'allait pas venir. Je préfère ne pas y penser, sinon je vais me retirer. Toutes les paires d'yeux convergent vers moi et plus aucun mouvement n'est effectué. Un silence plomb règne et je me sens d'un seul coup extrêmement mal à l'aise et c'est encore plus fulgurent que mon appétit coupé. Et vu comment ils me fixent tous –sauf ma maman qui a un regard doux comme un agneau-, ils m'en veulent d'ouvrir la bouche, de les couper dans leur repas, d'exister et surtout pour quelque chose qui m'est inconnu.
J'avale difficilement ma salive et me racle plusieurs fois la gorge d'affiler pour me lancer. La tension monte et ils semblent de plus en plus exaspérer et impatient. J'ai pratiquement l'impression qu'ils aimeraient m'enfermer dans une cave vu à quel point la haine manque de sortir de leurs yeux. Pourquoi ils me regardent avec des yeux aussi noirs ? Je n'ai rien fais de mal, je veux juste m'exprimer. Et c'est là que je tente le tout pour le tout, ignorant le panneau « catastrophe + erreur » qui clignote avec des lumières en néon juste devant mes paupières closes.
-Je suis homosexuelle et en couple avec une fille qui se prénomme Lou Julliard qui va arriver bientôt vous rencontrez, m'enquis-je d'une traite.
Ma mère garde son regard doux et même un sourire illumine son visage tandis que pour mes frères et sœurs ce n'est pas la même réaction. Clairement pas la même réaction. Ils me fixent avec des gros yeux, la mâchoire crispée pour certains et semblent se retenir de s'énerver, de péter un câble. Je vois John et Martin serrés les poings et la mâchoire, Julia qui a la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés, Margaux qui vient juste de manquer de s'étouffer avec sa propre salive et pour finir Katerina voit probablement un rouge virant au noir vu la force avec laquelle elle me lance son regard de tueur dont personne n'a réellement envie d'avoir ce dernier poser sur soi. Je me sens mal, excessivement mal putain.
-Es-tu heureuse ? Amoureuse ? S'enquiert soudainement ma mère.
Il n'y a que mon regard qui converge vers cette dernière et je ne sais pas ce que je dois faire. Je suis perdue, complètement perdue et entrain de me demander si je ce que je fais était nécessaire et surtout intelligent. Et avec ma mère, on ne peut pas garder le silence très longtemps si elle pose une question, parce qu'elle pourrait faire un caprice digne d'une diva jumelée à une salope.
-Oui, très amoureuse.
-Que je suis contente pour toi. C'est beau l'amour, rétorque-t-elle avec une voix enfantine et en papillonnant des cils. J'aimerais avoir une belle histoire d'amour plus tard avec un beau prince charmant, rajoute-t-elle ensuite.
Je ferme les yeux, souffle un coup et baisse la tête au passage. Et c'est à ce moment-là que mon cellulaire décida de vibrer pour m'annoncer que je venais de recevoir un message. Je le sortis discrètement de ma poche alors que j'avais encore 5 paires d'yeux qui me fixaient avec horreur, dégoût ou colère. Je ne savais pas lequel faisait le plus mal mais je me contentais de montrer mon indifférence malgré que je ne sois pas tant que ça. C'était une armure, une carapace que je m'étais forgée avec les années à passer au milieu de ma famille et de cons. D'ailleurs, une citation de William Gibson me vient à l'esprit. Un jour de sa vie, il a dit ces paroles : « Avant de vous diagnostiquer dépressif ou en faible estime de vous-mêmes, commencez par vous assurez que vous n'êtes pas juste, en faite, entourés par des trous du cul ». Franchement je ne sais pas où ce romancier et nouvelliste américain a été chercher ses paroles mais je le bénis pour me remonter le moral, là à l'instant. Je regarde de qui vient le message et ce que dit ce dernier.
Amour : Je suis devant chez toi. Je sonne quand ?
Moi : Tu peux sonner maintenant.
Je relève finalement la tête et range mon téléphone avant que Julia pique sa crise de nerfs sur la présence des téléphones à table qui sont interdits pour elle. Car pour elle, le repas du soir est le dernier et le seul que l'on partage tous ensembles de la journée alors il faut en profiter tous ensembles et ne pas s'encombrer de choses inutiles que l'on peut remettre à plus tard. Putain, vivement qu'elle se casse rapidement de la maison celle-là, ça nous fera des vacances à chacun. Même maman ne la supporte pas tout le temps avec son obsession d'avoir le contrôle sur tout. En tout cas, mon homosexualité et mon histoire d'amour avec Lou Julliard, elle ne l'avait pas vu arrivé celle-là. Bam, bien fait pour sa tronche de pétasse.
C'est à cet instant que la sonnette retentit dans tout l'habitacle et que je me rue la première pour aller ouvrir. Devant moi se tient ma petite amie, plus jolie que jamais car elle a revêtue une robe bleue en soi, elle s'est maquillée alors que ce n'est pas réellement dans ses habitudes, s'est coiffée d'une tresse plaquée sur son crâne avant de se laisser aller dans son dos et elle arbore un magnifique sourire. Sa veste dégouline et je l'en débarrasse lorsqu'elle fait son entrée. Je l'embrasse furtivement sur la bouche et j'ai l'impression qu'elle sent le malaise vu son regard. Déjà qu'elle était stressée de base, ce n'était clairement pas ce qu'il fallait rajouter ! Je me rends dans la cuisine avec Lou sur les talons en train de jouer avec ces doigts. J'ai une de ces boules dans la gorge et dans l'estomac, putain ! J'ai juste envie de me mettre en boule –oh que ce mot est fourbe- sur le sol et de me tenir le ventre et la gorge.
-Je vous présente Lou Julliard. Lou, voici mes frères et sœurs : Martin, Julia, John, Margaux et Katerina. Puis, il y a ma maman, Veronica, les présentais-je un à un en les montrant du doigt en même temps.
Lou étant intrigué et anxieuse par rapport à ma famille se cache légèrement derrière mon épaule comme une petite fille. Aussi, il faut dire que mes frères et sœurs ne l'aident pas vraiment vu comment ils la regardent. On dirait qu'ils vont la bouffer ou encore la rendre en charpie. Il n'y a que ma mère qui semble avoir un minimum de bon sens, d'éducation, de politesse et d'ouverture d'esprit car elle tend un sourire plus gros que le soleil à ma petite amie qui semble rassurer que ma maman ne se comporte pas comme une garce contrairement à mes sœurs ou en brute épaisse comme mes frères. Je m'humecte les lèvres, triturant mes doigts tellement que je suis gênée. Heureusement la main de ma petite amie se pose sur mon épaule droite et se détend. Elle s'avance et part d'abord saluer ma maman en déposant un baiser sur chacune de ses joues.
Je n'en reviens pas, car ma mère est la personne la plus éloignée dans la pièce ce qui en revient au fait qu'elle soit passer devant mes frères et sœurs disposés de part et d'autre de la table en les ignorant ouvertement. Elle leur aurait fait un bras d'honneur, cracher dessus et mit un coup de pieds dans les burnes pour mes frères et pincer les tétons pour mes sœurs qu'encore ça serait passé à côté de ça, qu'encore ça aurait été acceptable. Je me racle la gorge le plus discrètement possible pour faire passer le message à Lou mais elle hausse simplement les épaules légèrement en fronçant un peu les sourcils en regard. Alors je jette un vif regard en direction de mes frères et sœurs en accompagnant le tout d'un signe de la tête le plus discret possible une fois de plus et là, elle comprend.
Lou fait la bise à chacun d'entre eux même s'ils n'y mettent aucun entrain. Le pire, c'est que je ne pourrais même pas les remettre à leur place. Car je suis inférieure, plus faible qu'eux. Et ce n'est franchement pas juste. Pourquoi moi je n'aurais pas le droit à l'amour ? Parce que je suis lesbienne ? Parce que j'ai commis quelque chose dont je n'en encore aucunement conscience et que l'on me cache depuis tout ce temps ? Franchement, c'est injuste de me priver de l'amour alors que c'est tout ce que je demande et tout ce dont j'ai besoin.
Le monde vit et construit d'amour, alors pourquoi moi, Nora Jonas n'aurais-je pas le droit à l'amour même s'il vient d'une personne du même sexe que moi ? Je n'ai rien fais et je ne suis pas la seule à n'avoir rien fait ni demander pour subir des choses injustes et infâmes. N'en parlons pas des regards et des paroles. Et encore moins des silences qui font parfois plus mal que tout car toutes les paroles méchantes et blessantes du monde ne remplaceront pas ce qui se passe dans la tête des personnes que l'on aime à ce moment-là, leur silence. Je pince mes lèvres entre elles et essaye en un regard de faire comprendre à mes frères et sœurs qu'ils devraient mieux se comporter et faire preuve de politesse et de retenue envers Lou. Sauf que ce n'est pas le message correct qui passe et que ce regard les pousse plutôt à faire le contraire de ce que je voulais.
-Lou Julliard ? Questionna Martin. Voudrais-tu bien laisser notre sœur tranquille et de ne pas lui rentrer des choses inhumaines dans la tête, d'accord ? Elle est conne, on n'y peut rien ça. Alors salope d'homosexuelle de mes couilles, tu vas dégager vite fait de cette maison et de la vie de Nora ! S'écria-t-il ensuite, perdant son calme qu'il essayait tant bien que mal de contenir sur la dernière phrase.
J'écarquille les yeux et balbutie des paroles mais je n'arrive rien à dire. Dès que j'essaye de parler, aucun son ne sort ou alors ça ne ressemble même pas à des syllabes. Je commence à étouffer de nouveau, mes muscles se crispent et se tendent, ma respiration devient irrégulière, j'ai chaud et surtout, je vois que Lou se sent mal. Extrêmement mal. Elle me lance un regard pour obtenir du soutient et attend que je la défende mais j'en suis tout bonnement incapable. Alors elle s'en va, les poings serrés, la mâchoire serrée et des lacrymales dégoulinantes sur ses joues. Je tente de la retenir par le bras.
-Attends ! Hurlais-je pour la retenir.
Lou se défait de mon emprise et s'en va, pleurant à chaude larme. Moi qui croyais que ça pouvait mal se passer et où j'avais envisagé pas mal de scénarios ; jamais je n'aurais pensé à un pareil et aussi désastreux.
-Bande d'enculés ! Criais-je à l'attention de mes frères et sœurs avant de courir après Lou.
J'attrape au passage la veste de ma petite amie –puis-je encore seulement l'appeler ainsi ?- avant de claquer la porte de la maison. Elle allait l'oublier et avec le temps qu'il fait et la tenue qu'elle porte, il ne serait pas étonnant qu'elle se choppe un rhume qu'elle se trimballera sur quelques jours, ou encore pire elle se pourrait se taper la grippe. Je lui cours après jusqu'à réussir à la rattraper et à l'arrêter. Elle se retourne vers moi en larmes et fonds littéralement dans mes bras. Je tente de l'enlacer, de l'étreindre comme il le faudrait mais j'ai l'impression d'être maladroite aujourd'hui. Et bien évidemment, je fais de même dans ce que je dois dire et faire avec Lou.
-Ne fais pas attention à ma famille. Ils ne comprennent pas ce que c'est que l'amour, que ce que nous sommes c'est de l'amour pure et dure.
-Il m'a traité de salope d'homosexuelle et tu n'as rien dis ! Me reprocha-t-elle directement.
-Je suis désolée, je... Je ne savais plus parler. C'était comme si on m'avait coupé la langue, expliquais-je en vain mais elle ne voulait rien entendre.
-Tu ne m'as pas défendu face à tes frères et sœurs ! Laisse-moi tranquille maintenant. On devrait faire ce qu'il a dit, tiens ! Je te bourre le crâne avec de la connerie, de l'irrationnel, de l'inhumain ! Je ne veux plus de toi dans ma vie ! Cria-t-elle dans la rue avant d'héler un taxi qui passait justement par là et d'entrer dedans avant que j'ai le temps de dire quoique ce soit.
Je reste penaude, les bras ballants sur le bord de la rue, trempée jusqu'aux os pendant plusieurs minutes n'arrivant clairement pas à réaliser ce qu'il vient de se passer. Lou m'a largué. C'est fini. F.I.N.I. Lou est partie. P.A.R.T.I.E. Lou est définitivement partie. Elle est partie de ma vie, sans que je n'ai eu le temps de dire quoique ce soit, d'y ajouter une protestation et en lui criant que mon cœur ne bat que pour elle. Lou est partie... J'avale difficilement ma salive et me permets de pleurer, enfin. Je laisse les larmes coulées sur mes joues, car de toute manière, entre les gouttes de pluie et les perles salées personne ne saura faire la différence. J'adore la pluie, là maintenant, car elle est en accord avec mon humeur, mais aussi car elle pleure avec moi comme si elle me soutenait. Un orage gronde au loin, criant à ma place ce que j'ai sur le cœur. Et je retourne à la maison, les mains dans les poches, les cheveux et vêtements trempés, la tête baissée, le cœur déchiré, les larmes glissantes sur mes joues, la pluie tombant sur mon corps, le cerveau échoué et l'âme en peine. »
Je me réveille soudainement. Enfin, je ne me réveille pas, je reviens juste à la réalité. Le secouement du bus à cause d'un nid de poule –que je qualifierais plutôt de nid d'autruche- me ramène à la réalité, me fait passer d'un seul coup de mes 16 ans presque 17 ans à mes 25 ans. Je me lève et remarque que mon arrêt est le suivant, j'appuie sur le bouton pour ne pas que le chauffeur oublie mon arrêt même s'il sait qu'il doit s'arrêter étant donné que ça fait plus de 5 ans que je prends quotidiennement si pas tous les jours ce trajet. Il me connaît bien maintenant et me sourit. Le bus s'arrête finalement à mon arrêt, je souris et fais un rapide signe de la main au chauffeur avant d'entamer la petite trotte qu'il me reste à faire à pieds.
***
Musique ; Sad Song - We The Kings ft. Elena Coats
NDA ; Bonsoir ! Comment allez-vous ? Que pensez-vous de ce chapitre ? Je croise les doigts pour que les deux réponses soient affirmatives. L'histoire vous plait-elle ou pas ? Je vous souhaite en tout cas bonne chance si vous avez des examens (comme moi) ou simplement des interrogations !
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