01 décembre
Thème : Etouffer
J'étouffe dans cette famille, enfin dans ce semblant de famille je devrais plutôt dire. Entre ma mère qui nage dans son monde d'handicapé mental sans faire attention au reste, à mes frères et sœurs qui s'occupent à se morfondre sur leurs vies pas si misérables que ça enfaite et surtout à éviter de croiser le regard de leur sœur lesbienne, l'absence de mon père –il brille que pour ça lui de toute manière- qui pèse encore sur nos épaules et pour finir, les oncles et les tantes qui regardent leur sœur avec pitié. Je ne suis jamais sentie bien, comme un peu à l'étroit, dans cette famille. J'ai l'impression que j'ai été adopté ou recueilli mais que jamais, ô grand jamais, je suis le fruit des entrailles et de l'amour de mes parents.
Mais je n'ai pas commencé à étouffer que maintenant, c'était déjà le cas lorsque j'étais petite. Je crois qu'enfaite, j'ai toujours étouffé dans cette famille. Toujours, et c'est triste à dire et à se l'avouer, mais ce n'est que la stricte vérité. J'étouffais parce que je supportais pratiquement rien qu'à moi toute seule l'handicape de ma chère mère et puis, j'ai eu en prime mon orientation sexuelle lorsque je suis passée à l'adolescence. Je suis sûrement une honte pour cette famille, car je ne suis pas comme eux et que je ne l'ai jamais été.
Je soupire discrètement même si personne ne fait réellement attention à moi. Au fond dans cette famille, la seule personne qui m'aime réellement pour qui je suis et ça peu importe le reste, c'est bien ma mère. A cause de son handicap mental, mon homosexualité ne lui cause aucun problème. Elle a la mentalité d'une enfant, alors pour elle, l'amour c'est l'amour et rien de plus. Le sexe des deux partenaires n'à rien avoir dans tout ça. C'est la seule qui m'a accepté et qui ne m'a pas rejeté lorsque j'ai annoncé à la famille que j'étais en couple avec une fille et que je savais déjà depuis un petit moment que j'étais homosexuelle. Ils m'ont tous regardés de travers, sauf ma mère qui m'a sourit et qui m'a félicité en balbutiant.
Sauf que les choses ont changés et ont encore empiré. Je ne sais même pas comment décrire cette vie que je n'ai même pas l'impression qu'elle m'ait un jour appartenu avant aujourd'hui. Je suis enfin maître de ma propre vie. J'ai arrêté d'étouffer, si bien que lorsque je suis arrivée à ce dîner, je ne m'attendais pas à le redevenir. Et ça fait royalement chier, mais je n'ai pas le choix. Comme le dit une si belle expression que j'ai toujours eu l'impression qu'elle avait été écrite pour moi : « On choisit ses amis, pas sa famille ».
Comme je m'y attendais, personne n'en a quelque chose à foutre de moi. Pas même ma mère qui est perdue dans son petit monde enfantin. Ce n'est pas que je n'aime pas ma mère, mais elle m'a carrément obligé à grandir plus vite qu'il le fallait et ma vie est pratiquement devenue un enfer suite à cela. Mais maintenant, je ne lui en veux plus contrairement à durant mon adolescence. Car j'ai compris si je n'étais pas passée par là, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui et que je suis fière d'être. Et puis, si je ne m'étais pas occupée d'elle, personne ne l'aurait fait. Mais aussi, elle m'a accepté malgré tout.
Je me lève et salue toute ma famille qui m'adresse à peine un regard. Je n'ai qu'une hâte : rentrer chez moi pour retrouver ma petite amie. J'en ai assez d'étouffer constamment dans cette famille, je crois que j'inventerais une excuse pour chaque repas de famille et irais voir ma mère lorsqu'elle sera seule. Ce qui me rassure c'est que même si je ne suis plus là, elle a une infirmière pour s'occuper d'elle. Je m'en vais, fièrement et embrasse ma mère sur son front. Elle me regarde avec ces yeux vitreux et des petites étincelles enfantines, ce qui serre ma gorge encore plus. Je lui adresse un sourire et pars définitivement de cette maison dans laquelle j'ai toujours vécu et dans laquelle je ne me suis sentie bien uniquement lorsque j'étais dans les bras de ma mère. Car dans le fond, cette maison n'est pas chez moi puisque ma maison, ce sont les bras de ma chère et tendre mère.
***
Musique ; We Don't Talk Anymore - Charlie Puth ft. Selena Gomez
NDA ; Bonjour/Bonsoir ! J'espère que vous allez bien et que ce premier chapitre vous plaît. D'ailleurs, qu'en pensez-vous ? N'hésitez pas à donner votre avis ! Il y aura un chapitre par jour et c'est dans le cadre du ChristmassChallenge 2016 !
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