Chapitre 9 : Monochromie du sablier
Installés devant la fête foraine de leur ville, des bonbons à la main, Virgil et Clovis écoutaient attentivement ce que Yann disait.
— Ils t'ont torturé ? demanda le jeune blond.
— Non, ils ne m'ont pas blessé. Cependant, j'ai vraiment cru qu'ils finiraient par le faire.
Virgil fronça les sourcils.
— Tu dis qu'ils sont sûr à cent pourcent que l'un de vous quatre est le coupable... Si ce n'est pas toi...
Clovis se leva.
— Il ne reste que trois possibilités. Allons démasquer ce foutu coupable. Après tout, t'es un dieu !
L'adolescent se leva à son tour et soupira.
— Un dieu ne laisse pas ses amis mourir et ne fait pas souffrir sa propre mère.
Puis, il sourit.
— N'empêche que je me sens capable d'arrêter le coupable.
— Wow. T'as trop muri d'un coup.
Ils ne connaissaient pas réellement le boulanger mais le plus suspect était celui qu'ils n'ont jamais vu : le marchand de glace.
Celui-ci était à son stand. Les garçons avaient offert des bonbons à une petite fille pour qu'elle fasse ce qu'ils voulaient.
Comme prévu, elle mit les pieds dans une ruelle sombre. Le marchand déposa alors sa cuillère à glace et jeta un œil aux alentours. Cachés derrière une voiture, les garçons finirent de se préparer : gants noirs, masque buccal de même teinte et une veste aussi sombre chacun.
— Mets la capuche.
— T'inquiète...
L'homme s'accroupit devant la fille.
— Tu es perdue petite ?
— Oui...
Elle versa une larme et le marchand posa sa main sur sa tête.
— Ne t'en fais pas, je vais appeler la police et on va chercher tous ensemble.
— FILS DE PUTE ! hurla Virgil à plein poumon, en arrivant dans la ruelle.
Il explosa le nez du type qui n'avait pas de mauvaise intention. Clovis le tabassait également. Au sol, le pauvre marchand ne comprenait plus rien. Avec une barre de fer qui traînait dans le coin, Virgil lui ouvrit le crâne et continua de frapper.
Terrorisé, l'enfant s'éloigna.
— Arrête, on est allé trop loin.
Le blond attrapa les mains de son ami.
— On dégage.
Rapidement, ils s'enfuirent et décidèrent de jeter leurs affaires dans une poubelle beaucoup plus loin, laissant l'innocent pour mort.
Finalement, ils décidèrent d'aller voir le boulanger. Assis à l'intérieur de la boutique, une pâtisserie à la main, Clovis observait la vendeuse.
Pendant ce temps, dans le laboratoire, derrière, Virgil discutait avec le patron. Il n'avait qu'une envie : le tuer.
— Tu sais, mon garçon, je n'ai peut-être pas l'air innocent mais parfois, ce sont ceux en qui nous faisons confiance qui nous déçoivent.
Le jeune homme hocha la tête et s'enfuit en courant. Clovis n'eut pas le temps de le rattraper. Il l'avait perdu de vue.
Il ne me restait plus qu'une personne et j'avais confiance en elle.
Virgil traversa la ville en courant sous le soleil.
L'horloger m'aidait à avancer dans mon histoire de transfert mais je ne me suis jamais vraiment intéressé à lui. C'était peut-être l'assassin.
Dans le magasin, l'adolescent se fit une tasse de thé comme d'habitude.
— Alors ? Vous avez réfléchis à ce que je vous ai dit ? Sur les papillons.
— Oui, sourit l'homme. Je ne comprends pas comment c'est possible. Je ne peux pas être lié à toi. Cependant, j'ai trouvé une nouvelle hypothèse.
Selon l'horloger, chaque transfert était un retour dans le temps raté.
— Admettons que tu reviennes en arrière pour la première fois. Il est midi et nous sommes le jour de la mort de ton ami.
Virgil serrait les poings avec discrétion. Repenser à ses camarades lui brisait le cœur.
— Tu n'arrives pas à le sauver et tu recommence mais deux jours avant.
Passer au point d'arrivée de la première fois allait lui faire vivre un transfert.
— Si tu es revenu six fois à midi ce jour-là alors tu vivras six transferts. Tu vois où je veux en venir ?
Virgil se grattait les bras, dérangé par ses coups de soleil.
— En gros, ce sont mes nombreux essais ?
— Oui. Plus tu reviens, plus tu ajoutes de transfert. Quand tu n'en n'auras plus, tu continueras ta vie jusqu'à briser le temps et revenir ici pour recommencer ce que tu fais actuellement avec un transfert supplémentaire.
— C'est vraiment compliqué, le temps. Vu le nombre d'échec, je devrais arrêter et ne plus m'occuper de ça.
— Ce serait plus judicieux pour toi. Tu vas finir par devenir fou. Tu ne te souviens pas de tes précédentes boucles mais ton cerveau, lui, garde les séquelles.
— Là, je n'ai pas eu de transfert depuis un moment. Est-ce que ça veut dire que c'est terminé ?
— Je suppose que oui. Cela voudrait dire que tu n'es pas revenu dans le temps après la mort de ton ami. Du moins, pas dans cette période.
Virgil allait se retirer avec ces nouvelles informations. Puis, il s'arrêta devant la porte, lorsque l'horloger s'adressa à lui.
— Ils m'ont interrogé sur la mort d'Inès. C'est pour elle que tu fais tout ça ?
Attristé, le garçon ne répondit pas.
— Je comprends ce que tu ressens. Si tu as besoin de n'importe quoi, saches que je suis de ton côté.
— N'est-ce pas ce que font les tueurs ?
Virgil se retourna vers l'homme, l'air énervé.
— Je te fais confiance, je t'écoute et tu me raconte ce que je veux entendre. Mais peut-être que depuis le début, tu me dis des trucs insensés ! Impossibles ! Juste pour me ranger de ton côté.
Une grande aiguille à la main, il s'approcha de l'adolescent, furieux également.
— Tu te fous de moi ? Je te sers du thé depuis tes premières venues, je te donne un maximum de conseils et je perds mon temps pour apprendre des choses sur ce qui t'arrive ! Ce ne sont pas mes problèmes et pourtant je ne m'occupe que de toi ! C'est comme ça que tu me remercie ?
Clovis entra dans la boutique.
— Je ne t'accuse pas ! Seulement, j'en ai marre. Je ne sais plus quoi faire. J'ai dit que je ne ferais pas de machine à voyager dans le temps mais c'est sûrement ce que j'ai dit dans les boucles d'avant.
Son ami était déjà largué.
— Rien ne me dit que je ne vais pas recommencer encore et encore. Ma vie ne se terminera jamais, c'est ça ? Je veux seulement savoir qui est le coupable et trouver un moyen de tout arrêter.
Il s'effondra, en larmes.
— Je ne suis plus moi-même. Qu'ai-je fais pour mériter tout ça ? Je suis pas majeur et je dois déjà souffrir... La vie est injuste !
Les jours défilaient. Virgil reprenait petit à petit ses devoirs de l'année et étudia chaque jour afin de revenir en cours avec de bonnes bases.
Un soir, il entendit un bruit étrange chez lui. Intrigué, il décida d'aller voir et aperçut sa mère allongé sur le sol.
— Maman !
— Virgil... Ne t'en fais pas, c'est juste une autre crise...
Elle posa sa main sur sa propre tête et ferma les yeux. Elle était tombée gravement malade et aucun médecin ne savait décrire ce qui lui arrivait.
— Je vais prendre soin de toi, je te le promets.
— Depuis quand tu es capable de soigner quelqu'un ? sourit-elle.
— J'ai fait des études de médecine dans une vie antérieure.
— Au moins... Ta vie n'a pas été aussi triste que celle-ci, j'espère.
Virgil savait que ses « vies » d'avant étaient les mêmes. Il versa une larme et prit sa mère dans ses bras.
— Je n'en sais rien. J'espère surtout que les prochaines ne seront pas pareilles.
L'été pris fin rapidement. Les études de Virgil reprirent leur cours. Sa mère était à l'hôpital et il vivait seul. Sa vie était devenue sombre et monotone. Puis, un jour, quand il s'apprêta à déposer son plateau, à la cafétéria de son établissement, il s'écroula.
La nourriture tâcha les chaussures du type à côté de lui.
— T'es sérieux, connard ?
— Désolé...
Tout était devenu gris. Puis, lorsqu'il ouvrit les yeux, il se retrouva à table, seul, face à son repas.
C'est quoi ce bordel ?
Il regardait les autres lycéens autour de lui.
Pourquoi serais-je revenu à un moment pareil ? Une erreur de programmation ?
Il se leva et alla débarrasser son plateau sans avoir touché le moindre grain de riz. Puis, il ouvrit la porte de la cafétéria et tomba nez à nez avec Clovis.
— Tu vas bien mon pote ? T'es tout pâle.
Il se frotta les yeux et vit que son ami n'était pas là. Virgil délirait.
Si je suis revenu ici... C'est parce qu'il va se passer autre chose, hein ?
Le monde devint à nouveau gris. Il sentit ce douloureux pincement à la poitrine puis il s'évanouit.
C'était reparti pour un tour...
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