Chapitre 8 : Rupture de fréquence

Virgil passa sa nuit sur son ordinateur. Il reçut soudain une notification. Un inconnu venait de lui envoyer un message.
« Salut. C'est Ryan. »

Il continuait d'écrire tandis que l'adolescent s'est mis à courir chez lui. Il revint devant son pc, un couteau à la main. S'apprêtant à exploser le clavier avec, il poussa un cri.
Sa mère saisit sa main, furieuse.
— Rien ne va plus chez toi.
— C'EST CE FUMIER !
Pour le calmer, elle tordit son poignet. Virgil s'agenouilla et lâcha le couteau.
— Va te coucher, tocard.

La femme s'en alla et le deuxième message de Ryan s'afficha à l'écran.

« Je suis innocent, je te le promets. J'ai changé depuis tout ce temps et j'ai décidé de vous aider. Rejoignez-moi à cette adresse... »

Virgil leva les yeux et serra les poings.

Le lendemain, il pédalait à toute vitesse sur un sentier désert.
— Attendez ! s'écria Clovis. Mon vélo vient de dérailler !
Les garçons s'arrêtèrent brusquement. Ils posèrent leurs bicycles et allèrent aider leur ami.
— Y a pas à dire, sourit Maxime, t'es une vraie bite.
— Je t'emmerde, j'y peux rien si je pédale mal.
— On a pédalé une heure à peine et ça fait dix-sept fois qu'on s'arrête ! rit Virgil.

L'adolescent prit sa bouteille d'eau dans le sac que Clovis portait. Ils devaient se rendre au sommet de la montagne où se trouvait la nouvelle planque de Ryan.
— On a encore du chemin, les gars. On ne lambine pas !
— C'est un mot de vieux, répliqua Clovis en remontant sur son vélo. Tu devrais plutôt commencer à avancer papi, on pourrait te perdre sinon.
Maxime posa ses mains sur son visage et fit un regard de détresse au jeune blond.
— Merde ! On n'a pas son défibrillateur !
— Allez manger vos sœurs, répondit Virgil. Respectez votre dieu un peu !

Ils se remirent rapidement en route. L'heure de déjeuner approchait à toute vitesse. Une fois arrêtés dans la prochaine ville, les amis allaient manger au restaurant. Leurs parents leur avaient laissé assez d'argent pour leur petite escapade.
— Vous avez dit quoi, vous ? demanda Virgil essoufflé.
— Que mon meilleur ami était à l'hôpital, loin d'ici !
— J'ai juste demandé de la thune, sourit Clovis.

Assis près de la fenêtre, au restaurant, les garçons surveillaient leurs vélos.
— Bonjour, sourit le serveur. Vous avez choisi ?
— Yes ! s'exclama Virgil. Pour moi, ce sera...
Il vit un papillon se poser sur la carte. En panique, il agita celle-ci.
— Pardonnez-moi, je vais vous en débarrasser !
Le serveur chassa l'insecte en secouant son torchon blanc. Puis, il put prendre la commande des garçons : trois hamburgers de taille colossale !

Enfin, après un bon repas, les aventuriers reprirent la route. Il ne leur restait plus qu'une heure ou deux avant de rejoindre leur pire ennemi.
— C'est étrange, dit Clovis en passant devant Maxime.
Il leva la main droite afin d'annoncer aux voitures qu'il allait tourner.
— Je ne pensais pas qu'un jour Ryan deviendrait notre allié.
— Il ne l'est pas encore ! répondit Virgil d'un ton froid.
Les amis quittèrent la route et passèrent par un chemin en forêt.
— Je pense qu'il a changé avec son incarcération, ajouta Maxime. Il ne peut qu'être devenu quelqu'un de bien. Il s'en veut sûrement.
Je n'y crois pas, pensait Virgil. J'ai vu ce foutu papillon rouge...

Maxime doubla les garçons. Puis, il pédala à toute vitesse dans la montée.
— Bordel, s'écria Clovis. J'ai mal aux jambes !
— Ne vous plaignez pas, répliqua leur « dieu ». Le retour, c'est que de la descente !

En sortant de la forêt, les garçons arrivèrent à toute vitesse sur une route cachée. Personne n'avait entendu ce camion.
— ATTENTION !
Celui-ci klaxonna et freina brutalement. Seulement, ce fut trop tard. Une roue de vélo se tordit tandis que le reste du bicycle s'envola. Le corps du jeune homme passa sous le pneu et le sang gicla sur ses deux amis, hurlant.

— MAXIME !!!

Les deux mains devant son bassin, le dos droit et la tête haute, Virgil assistait à l'enterrement de son ami. Cela faisait déjà plusieurs jours qu'ils ont eu cet accident.
— Je pensais que tu ne viendrais pas, soupira Clovis en s'approchant de lui.
Ils étaient les deux derniers à être restés devant sa tombe.
— Je ne pouvais pas manquer ça.
— Franchement, ça me fout la haine. Cet enfoiré de conducteur ne va rien prendre. Ils disent que c'est de notre faute.
Virgil versa une larme.
— On ne l'oubliera jamais.
— Tu pleures moins qu'avant. La mort d'Inès t'a endurci ?
Le garçon sourit.
— Pas du tout. Je me dis juste que notre ami flirt peut-être avec elle, là-haut.
Un klaxon interpella les amis. Virgil se tourna et vit sa mère dans une voiture noire.
— Je dois y aller. On se revoit plus tard mon pote.
Clovis revoyait encore cette scène. Le conducteur est sorti en larmes. Il ne savait pas quoi faire. Lorsque la police est arrivée, les deux amis furent embarqués et leurs vélos ont été laissés en plein bord de route.
Ryan n'a jamais eu de leur nouvelle.

Pour amuser son fils ou au moins le faire réagir, la mère de Virgil se mit à rire devant son miroir.
— Hahaha ! Je suis si belle ! Bien plus intéressante qu'un certain dieu !
Virgil passa devant la salle de bain, puis jeta un œil à l'intérieur. Il regardait sa mère avec peine et décida de poursuivre son chemin jusqu'à la cuisine.

J'étais débarrassé de mes transferts ? Pourquoi est-ce que je n'en avais plus alors que j'en avais besoin ?

Sur sa tartine, sa mère avait écrit « tocard » avec du miel mais il décida de la manger sans sourire. Puis, il se fit un steak dès le matin.
— T'es sérieux ? Ma tartine ne te suffit pas ?
Virgil secoua sa tête de droite à gauche.
— Tu peux me parler, tu sais.
— Pour te dire quoi ? Je me fais chier, mon pote est mort. Je sais plus quoi faire. Ma vie est merdique !
La femme baissa les yeux.
— Tu devrais parler à un psychologue. Quand Chapeau est mort, ça m'a beaucoup aidé.
La poêle traversa la pièce et la viande s'étala sur le sol en laissant du sang gicler sur les meubles.
— MAIS JE M'EN BRANLE DE TES HISTOIRES ! Tu ne comprends pas !
Il se fit gifler à trois reprises. Les larmes aux yeux, l'adolescent poussa sa mère et s'enfuit en courant. Il claqua la porte d'entrée en criant :

« Je ne veux plus te voir ! »

Assis sur un banc, dans un parc, en pleurs, il se remettait en question. Il était dur avec sa mère et il en prenait conscience. Hélas, sa fierté l'empêchait de rentrer s'excuser.
Alors, il s'endormi à la belle étoile.

Yann était assis devant une femme.
— Je ne vais pas le répéter cinquante fois, je suis fatigué.
— Alors changez de disc et avouez votre crime.

— Vous plaisantez ? riait le boulanger, dans une autre pièce.
— Non. On nous l'a assez fait le coup de l'innocence.

— Peut-être parce que c'est dans votre habitude d'interroger des innocents, dit l'horloger dans une pièce d'interrogatoire.
Le policier face à lui croisa les bras.
— Bon, écoutez... Nous savons ce que nous faisons et sans pression, on ne peut pas faire avouer un enfoiré comme vous.

Le marchand de glace fronça les sourcils.
— Vous êtes bien gentil mais ça ne marche pas avec moi. Vous ne me ferez jamais avouer un crime que je n'ai jamais commis. Plutôt crever.

Clovis regardait les cieux, allongé dans l'herbe de son jardin. Il revoyait la scène de leur soirée et parvenait à se souvenir de chaque détail, comme si c'était réel.

— Virgil, tu vas jouer à pile ou face. Si tu fais pile, tu dois embrasser Inès. Si tu fais face, c'est elle qui t'embrasse.
— Euh... Mais Inès...
— Tu penses qu'elle n'est pas d'accord ? Tu sais, dans ce genre de jeu, on n'a pas le choix.

Deux de ses amis étaient morts. Il ne manquait rien pour changer sa vie. Apprendre la mort d'une amie et voir le second se faire écraser l'a traumatisé.
— Clovis ! Tu reprends les cours dans trois semaines ! Tu devrais commencer à étudier !
Sans répondre, il ferma les yeux et laissa l'herbe le chatouiller. Puis, comme son ami, il s'endormit dehors.

Le lendemain matin, les quatre interrogés furent libérés. Virgil, lui, rentra auprès de sa mère. Il ne trouva qu'un mot sur la porte.

« Si tu lis ce mot, c'est que je suis partie faire des courses. J'ai les clés et tu ne pourras pas rentrer. »

L'adolescent s'assit contre la porte et attendit quelques longues minutes avant de revoir sa maman avec des sacs remplis.
Il se leva à toute vitesse et courut jusque dans ses bras. En larmes, il s'excusa et lui dit qu'il l'aimait.
— Je ne t'en veux pas, mon grand. Par contre, tu devrais arrêter de chialer.
Il recula et essuya ses yeux.
— Un dieu ne pleure pas, n'est-ce pas ? sourit sa mère.
Virgil opina du chef et récupéra les sacs de course. Pour se faire pardonner, il décida de ranger ce qu'elle avait acheté et de préparer le repas du midi.

Devant son assiette, elle était heureuse. La mère de Virgil a lu le message qu'il a écrit avec de la sauce : « Je t'aime »

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