Chapitre 7 : Contretemps
L'horloger nettoyait son aiguille.
— Tu ne lâches pas l'affaire, hein ?
— Je voudrais savoir s'il est possible de voyager volontairement selon vous.
— Je ne sais pas encore comment tu fais, petit. J'aimerais vraiment t'aider mais il me manque quelques informations. Je te promets de faire de mon mieux.
Virgil baissa la tête et s'en alla. Puis, il vit le marchand de glace de la rue entrer dans une voiture.
Il se mit à courir après, surpris. Puis, il lança un appel à Maxime.
— Allô ?
— Je sais qui est le coupable. Amène tout le monde. On prévient la police.
Selon les tests ADN réalisés sur le véhicule, cela pouvait être l'horloger, Yann, le boulanger ou le fameux marchand.
Au commissariat, les jeunes attendaient que le père de la disparue finisse son entretien.
Après une longue heure d'attente, il revint auprès d'eux.
— Mauvaise nouvelle...
Il s'effondra en larmes devant sa fille et les garçons. Virgil sentit un pincement au cœur et vit le reste du monde devenir gris.
— L'ADN inconnu de la voiture n'était pas celui d'Inès.
— Comment ils peuvent le savoir ? s'écria Clovis.
Les policiers autour de lui le fixaient.
— Parce qu'ils ont retrouvé ma fille...
Virgil se laissa partir en arrière. Un transfert eut lieu. Il eut tout juste le temps d'entendre les derniers mots de l'homme.
« Son cadavre a été retrouvé sous le pont de la ville »
Avec haine et tristesse, Virgil poussa un grand hurlement. Il était allongé dans son lit, son oreiller dans ses bras.
— TA GUEULE ! cria sa mère. J'AI DES VOISINS !
Seulement, Virgil n'en avait que faire de cette remarque. Lui, il était fixé sur un point : sa copine était indéniablement morte.
Ryan était libre et le cadavre n'avait pas encore été retrouvé. La journée passa lentement pour le garçon qui passait son temps à pleurer.
Sa mère décida de le laisser tranquille. Ses amis tentaient de le joindre mais il ne répondait pas. C'était le désespoir le plus total.
« Vous êtes bien sur le répondeur du grand Virgil ! Laissez un message et si c'est Max ou Clovis, mangez vos sœurs ! »
Clovis pouffa et versa une larme en entendant ceci. Cela lui rappelait le bon vieux temps où tout était encore rose.
— Salut, mon pote. Je sais que tu veux pas nous voir et je comprends. Même si tu n'es sorti avec elle qu'un instant, tu étais amoureux et c'était encore tout beau. Puis ça reste une amie. Une pauvre adolescente...
Il leva les yeux et s'assit sur un banc.
— Ryan a été libéré. Je suis sûr que c'est ce bâtard. Je te promets qu'on l'aura et qu'on retrouvera Inès vivante. Imagine un peu... Ta dulcinée dans tes bras, en train de pleurer de joie. Heureuse de te retrouver.
Hélas, l'imaginer ne fit qu'attrister Virgil beaucoup plus car il savait qu'elle était déjà morte.
Finalement, la police expliqua au père qu'il était trop tard. Inès avait été retrouvée.
Virgil n'a pas eu de nouveau transfert à cet instant. Il pleurait encore et encore mais il le savait : accepter sa mort n'était plus une option.
Il se ressaisit un instant mais continua de pleurer pour elle.
— Je sais ce que ça fait de perdre un ami.
Sa mère se tenait devant lui.
— Quand j'étais jeune, j'avais un camarade qu'on appelait chapeau.
Virgil se mit à rire.
— Chapeau ? C'est ridicule !
Il se leva et essuya ses yeux.
— Raconte la suite.
J'en ai appris beaucoup sur ma mère. Si elle est devenue journaliste c'était au départ pour raconter la vraie histoire... Celle de la mort de Chapeau.
Devant son miroir, il sourit.
— Je suis si beau que je pourrais tuer Ryan avec mon éclatante divinité !
— Pour une fois, je suis d'accord avec toi.
— Enfin tu avoues que je suis beau !
— Pas du tout, je dis juste que tu devrais tuer ce pauvre type. T'es moche et tu tiens ça de ton père.
Elle a terriblement souffert. Perdre Chapeau fut l'épreuve la plus douloureuse.
Virgil fit un doigt d'honneur à sa mère et s'enfuit en courant.
J'aurais tout de même souhaité le rencontrer... Après tout... C'était mon père.
Sur le toit d'un immeuble, beaucoup plus tard, en pleine nuit, l'horloger attendait la venue d'une personne, accoudé à la rambarde.
— Salut.
Il se retourna et sourit.
— Bonsoir, Virgil.
Ils se firent une poignée de main.
— Pourquoi m'avoir demandé de monter ici ?
L'horloger jeta un œil à sa montre.
— J'aime observer la ville d'ici. Maintenant, j'ai quelque chose à te dire.
Il passa ses mains dans ses cheveux gris.
— Je ne suis pas vieux. C'est juste une apparence.
— Et alors ?
— Je suis sûrement trop jeune pour te pondre une théorie sur le voyage dans le temps. Cependant, quelque chose m'intrigue.
Il se tourna vers le garçon et prit une grande inspiration avant de poser sa question :
« Est-ce que tu es venu me voir il y a cinq jours ? »
Virgil fronça les sourcils.
— Non, pourquoi ?
— Tu as eu un transfert, n'est-ce pas ? Tu es vraiment venu il y a cinq jours mais pas dans cette dernière ligne... Ai-je raison ?
— Comment le savez-vous ?
— Je ne sais pas encore comment c'est possible mais j'ai changé la fréquence de ma radio et j'ai senti mon corps partir très loin. Pourtant, j'étais toujours sur mon tabouret.
Il tendit son téléphone portable à Virgil et lui montra une photographie de son horloge reliée à sa radio.
— J'étais toujours là mais j'avais d'autres souvenirs. Nous sommes liés mon garçon. J'ignore encore comment ça a pu se passer.
— Vous n'avez pas pensé à cette éventualité, je suppose.
Virgil s'approcha de la rambarde.
— Vous ne vous êtes pas dit qu'on était plusieurs à être touché par ça ?
L'horloger toucha son menton et sourit.
— Ce serait impensable. C'est la première fois que j'entends parler de ces phénomènes et je n'ai jamais eu de transfert, moi.
L'adolescent sautillait sur place.
— Mais justement ! Pour l'instant vous ne l'avez pas vécu mais plus tard, vous serez peut-être affecté ! Et si... Pour les papillons... C'était vous ?
Les yeux de l'homme s'écarquillèrent.
— Qu'est-ce que tu dis ?
— Vous avez l'air de savoir un paquet de choses sur ce qui pourrait m'arriver et pourtant, vous n'avez jamais été mêlé à mon histoire. Comme si c'était vous qui l'aviez déjà vécu.
Sa théorie venait de stopper la réflexion du type. C'était si étrange comme sensation. Il avait vraiment l'impression d'avoir un lien avec cette histoire.
— J'en doute.
— Pourquoi ?
— Je ne vois pas en quoi tes transferts me concernent.
La porte du toit s'ouvrit brutalement. Plusieurs policiers hurlèrent :
— LES MAINS EN L'AIR !
Virgil se jeta en avant, sur les genoux, les mains derrière la tête. Il paniquait. Son cœur battait la chamade. Il sentait son téléphone vibrer.
— Relève-toi. dit un des agents en passant derrière lui.
Ils fonçaient vers l'horloger qu'ils menottèrent avec hâte. Curieux, Virgil décrocha son téléphone tout en regardant la scène la plus inattendue.
— Allô ?
— On a un problème ! s'exclama Maxime au bout du fil.
De leur côté, les garçons voyaient les gyrophares aveuglants passer du rouge au bleu pour revenir au rouge. Ils observaient Yann se faire embarquer également.
— On n'a rien pu faire...
— Qu'est-ce qui se passe bordel ? hurla Virgil, seul, sur le toit.
Clovis serrait Emilia dans ses bras. Elle pleurait tandis que les voitures commençaient à s'éloigner.
— Je ne comprends rien, dit Maxime. Mais je pense qu'il va falloir qu'on agisse.
Un papillon passa devant les garçons. Il avait une couleur envoûtante et gracieuse. C'était d'un pourpre étincelant.
— J'arrive tout de suite.
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