Chapitre 4 : Ecoulement dysfonctionnel
Virgil avait dix ans quand son premier transfert a eu lieu. Sa journée commençait normalement. Il avait enfilé son sac à dos contenant trois cahiers de cours.
— Quelle beauté ! cria-t-il en se regardant dans le miroir. Jamais je n'aurais cru ressembler à un dieu ! Pourtant...
Sa mère le regardait.
— Mais oui... Je suis dieu ! C'EST POUR CELA !
— Ta gueule, j'ai des voisins !
— Je ne te permets pas de me parler ! s'exclama Virgil en serrant les poings. Je suis ton dieu !
— Va donc à l'école, mini tocard, tu vas être en retard.
Il rejoint alors Maxime qui l'attendait devant le portail de leur établissement scolaire. Clovis arriva avec beaucoup de retard, mais ils arrivèrent à temps à leur cours de mathématique.
Virgil roupillait. Il n'avait rien écouté et la sonnerie finit par retentir. En sursaut, il se réveilla et se fit interpeller par le professeur.
— Je commence à en avoir marre, mon garçon. La prochaine fois que je te surprends en train de somnoler pendant mon cours, je t'exclus. Par ailleurs, j'aimerais m'entretenir avec tes parents. Donne-moi ton carnet.
— Je n'ai pas de parents... J'ai qu'une mère.
L'homme fronça les sourcils, prenant conscience de la blessure morale qu'il venait d'infliger au petit.
— Bon, file dehors... Mais que je ne t'y reprenne plus.
En courant, Virgil se précipita vers la cour extérieure, quand il entendit un léger gémissement derrière la porte des toilettes, suivit d'une insulte.
Curieux, il ouvrit celle-ci et vit Inès se faire embrasser de force par un délinquant.
— CONNARD !
Le jeune garçon s'attaqua au sale type qui lui frappa le crâne contre un mur à plusieurs reprises. Du sang coulait à flot, tandis que le salaud continuait d'abuser de la pauvre fille.
— Ryan... Je te tuerais...
Virgil allait s'évanouir, seulement, une atroce douleur lui fit cracher un peu de liquide gris... Aussi décoloré que le reste du monde. Tout était devenu fade. Puis, il se réveilla après avoir entendu la sonnerie de fin des cours.
Oh, ce n'était qu'un rêve.
Le professeur, seulement, lui demanda de rester un peu avec lui.
— Je commence à en avoir marre, mon garçon. La prochaine fois que je te surprends en train de somnoler pendant mon cours, je t'exclus. Par ailleurs, j'aimerais m'entretenir avec tes parents. Donne-moi ton carnet.
Est-ce que... J'ai vu l'avenir ?
Virgil baissa la tête et annonça qu'il n'avait pas de père.
— Bon, file dehors... Mais que je ne t'y reprenne plus.
Le garçon sourit, puis cria « Je suis un dieu ! »
— Pardon ? demanda le professeur.
— Je peux voir l'avenir !
Il courait dans tous les sens jusqu'à entendre un cri. Il avait perdu du temps et avait oublié que Ryan s'en prenait à Inès.
Virgil explosa la porte des toilettes, furieux, puis mit un coup de poing devant lui. Seulement, en ayant pris le temps de venir, il a laissé son ennemi changer de place : il a frappé le mur.
— Merde, ça fait mal...
Ryan lui plaça alors un coup de pied dans le ventre, laissant Inès s'échapper. Souriant, Virgil regardait la demoiselle fuir grâce à lui, pendant que l'autre le tabassait.
— Inès...
Puis, un papillon vert s'approcha de lui. Sa jolie couleur fluorescente commençait à se ternir.
« DRIIIIIING »
Virgil ouvrit les yeux. Son professeur s'approcha de lui tandis que les autres sortaient.
— Je sais, monsieur, je dois arrêter de dormir en cours. Mais je vous en prie, suivez-moi !
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Inès va se faire agresser !
L'homme chauve suivit le petit Virgil jusqu'aux toilettes où Ryan s'en prenait à la jolie rousse.
L'histoire fut réglée. Le garçon allait se faire emmener en centre de détention pour mineur car Yann a décidé de porter plainte.
Ryan, emporté de force par deux agents, hurlait.
— JE TE TUERAIS, SALOPE !
Il le répétait encore et encore. Et à cet instant, un joli papillon vermillon se posa sur les cheveux de la petite fille. Les ailes à la couleur sanglante se camouflaient parfaitement dans les cheveux rougeoyants de la victime.
Virgil finit son jus d'orange.
— Je pense savoir qui s'en est pris à ta sœur.
Emilia se redressa.
— Hein ? Sérieusement ?
— Rien n'est sûr, mais je devrais proposer un nom à la police.
Les deux jeunes sont montés sur le toit du centre commercial. Ils voyaient la totalité de la ville d'où ils étaient.
— Tu aimais ma sœur ?
Le garçon, penché vers le vide, avachi sur la barrière, ne répondit point.
— Elle était belle... Douce... Intelligente.
— Et malgré ça, j'arrive à l'oublier quand je te regarde.
Emilia devint à nouveau rouge, gênée.
— Cela ne veut pas dire que je suis amoureux de toi, loin de là. Mais peut-être que t'arriverais à me redonner le courage d'affronter le meurtrier.
La demoiselle attrapa Virgil par le col.
— Meurtrier ? Ma sœur est morte ?
Il baissa les yeux.
— J'espère que non.
Des larmes coulaient le long des joues de la pauvre Emilia. Il était 15 : 59. Maxime et Clovis allaient les rejoindre dans un fast-food afin de discuter de ce qu'ils ont trouvés.
Emilia, elle, approcha ses lèvres de Virgil.
— Je ne suis pas non plus amoureuse. Mais juste par envie... Je veux t'embrasser.
Le jeune homme allait lui faire plaisir. C'est alors qu'il vit un papillon vert passer entre eux. Il trouvait cela dommage qu'Emilia ne puisse pas voir cet insecte magique à la beauté surprenante.
— Virgil ?
Le garçon se mit à genoux, les mains sur le cœur.
Merde... Il est 16 heures...
L'environnement changea à nouveau de couleur. La tristesse et le désespoir envahi sa vision et tout devint encore gris.
— Fait... Chier...
— Qu'est-ce qui t'arrives ? VIRGIL !
— Bonjour, dit sa mère en entrant.
— Yo... Merde, j'ai encore répondu par réflexe.
Le garçon devait tout recommencer. Tétanisé par l'angoisse, il fixait son bol de chocolat chaud.
Ce n'est pas plus mal, finalement... Je ne dois pas embrasser Emilia. Inès m'aime ! ET ELLE EST ENCORE VIVANTE !
Il tapa du poing sur la table.
— T'es vraiment pas bien, toi, dit sa mère en allumant la cafetière.
— Tu devrais t'adresser d'une manière plus subtile à ton dieu, maman. Mais bon, je ne t'en voudrais pas pour cette fois.
Dans la matinée, Virgil lança un appel à la police, assis sur un banc.
— Je vous appelle au sujet d'une disparition.
— Je vous écoute.
— Concernant une certaine Inès Elliat... Je pense qu'un type lui en veut. Je ne dis pas que c'est lui le coupable car je n'en suis pas sûr, mais... Je vous demande de chercher Ryan Oswald.
Un papillon bleu passa devant lui. Cet appel avait modifié le futur. Impatient de retrouver ce fumier, il décida de revivre cette journée comme si de rien n'était.
Emilia, cependant, n'était pas venue. Il se rendit donc chez le boulanger, espérant retrouver Ryan.
Je devrais retourner voir l'horloger pour qu'il m'aide à contrôler mes transferts. Mais je vais d'abord interroger les autres.
Le garçon observait les sublimes desserts dans cette somptueuse boulangerie.
— Bonjour ! s'exclama une femme en le regardant.
Virgil préférait attendre que le dernier client s'en aille.
— Bonjour... Désolé, je n'ai pas encore choisi.
— Pas de soucis, prenez votre temps.
Comment approcher le boulanger ? Faire mine de chercher un stage ? Un boulot ? Remercier l'homme pour son fabuleux travail ?
Il se creusait la tête, stressé. Le client s'en alla.
— Vous avez fait votre choix ?
— Oui. Je souhaite m'adresser au boulanger.
— Pour quelle raison ?
— Kidnapping.
La femme fronça les sourcils et se mit à trembloter.
— Je... Je suis navrée, mais je ne peux pas vous laisser lui parler.
Ce comportement était très louche.
— C'est à la police de le faire. dit un homme en arrivant. Mais je ne suis pas contre un interrogatoire car je me fais chier et j'ai fini mon boulot.
Le boulanger avait l'air d'avoir une cinquantaine d'années. Ce n'était point Ryan. Seulement, le jeune homme pouvait se tromper sur l'identité du coupable.
Peut-être était-il vraiment face au criminel recherché.
— Connaissez-vous cette personne ?
— Pas du tout ! C'est ta petite copine ?
— C'était...
L'homme fronça les sourcils et se pencha vers le garçon.
— Ne me dis pas qu'elle est morte ?
L'homme offrit une pâtisserie au garçon pour le consoler. Il avait l'air si attentionné. Virgil ne voulait pas y croire et pourtant, malgré sa gentillesse, l'homme avait peut-être tué sa chérie.
— Je me retire. J'ai d'autre boulot. Vous savez, les dieux sont débordés !
— Non, je n'étais pas au courant.
— C'est normal, c'était une blague. J'ai dit les dieux mais je suis le seul ! Je vous recontacterais si besoin.
Maxime et Clovis se tenaient debout, droits, devant la voiture du suspect. Virgil marchait, les mains dans les poches, en direction de l'horlogerie. Alors, il aperçut ses amis au loin, en levant la tête. Déterminé à trouver le coupable avec eux, il alla les rejoindre.
— J'ai parlé avec le boulanger.
Ses amis semblaient effrayés. Clovis tremblait légèrement.
— Les gars ? Vous allez bien ?
Les yeux de l'adolescent s'écarquillèrent. Très rapidement, il prit son téléphone et jeta un œil à l'heure. Il lui restait une minute avant le prochain transfert.
Inquiet, il secoua Maxime.
— Répondez-moi ! Qu'est-ce qui se passe ?
Le jeune blond leva les yeux et essaya de communiquer avec une faible voix.
— Tu te souviens de Ryan ? L'enfoiré du bahut.
— Bien-sûr que je m'en rappelle, c'est devenu mon principal suspect !
Maxime recula, perturbé.
— Il a été libéré il y a cinq jours...
La maman de Virgil entra dans la cuisine et s'adressa à lui. Le monde était devenu silencieux. Il n'entendait plus rien. Il ne voyait plus rien. Sa seule obsession était de retrouver Ryan.
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