Chapitre 11 : Conjoncture fractionnelle

Clovis admirait les étoiles, dans la voiture. Le ciel était noir et seules quelques lueurs rendaient cet espace moins vide. Moins effrayant.
— Tu es content ?
Il tourna la tête et regarda en direction du conducteur de la voiture.
— Oui...
— Cette université, c'est la meilleure chose qui puisse t'arriver, sourit son père.
— Sûrement, oui...

Emilia regardait les photos de sa défunte sœur. Une par une, elle les lançait par la fenêtre après les avoir observées. S'en débarrasser était pour elle la solution lui permettant d'oublier sa mort.
— Qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Yann.
Il attrapa brusquement la main droite de sa fille.
— Papa... Tu me fais mal.
— T'es complètement conne ma parole ! Tu jettes nos derniers souvenirs d'Inès !
— Je ne veux plus avoir à pleurer !
Il récupéra les photographies et fronça les sourcils.
— Alors ne les regarde plus.

Dans un bus de ville, le lendemain, Virgil écoutait de la musique triste dans ses écouteurs. Trop de proches étaient décédés et il était au bord du suicide.
— Nan, nan, je te jure, rit un homme noir à côté de lui, au téléphone.
L'adolescent le regardait se lever et descendre du bus. Puis, à ce moment, deux hommes blonds entrèrent avec deux grands sacs de sport. Ils les posèrent et firent un grand sourire aux passagers.
Qu'est-ce qu'ils veulent, eux ?

Le premier homme leva la main afin d'attirer l'attention.
— Bonjour à tous ! Je me présente.
Son ami ouvrit un des sacs et sortit un fusil d'assaut.
— Je suis un homme lambda qui risque de pourrir votre journée.
Virgil tourna la tête afin d'admirer le paysage et fit un son de succion avec sa bouche, agacé.
Pendant ce temps, les civils se mirent à crier, en panique. Le conducteur freina brusquement et les voitures derrière klaxonnèrent.
— Ouvrez les portes ! hurla une femme en portant son fils.
Du sang gicla sur la fenêtre. Elle se fit exploser le crâne et son enfant également.
— Ne faites pas les fous avec nous. Je ne joue pas, aujourd'hui.
— Toi, dit son sbire, reprends le volant immédiatement.
Virgil lança un appel à la police. Un agent répondit mais n'entendit que des hurlements. Le garçon chuchota alors :
— Au secours. Nous sommes dans le bus...
Puis, avant qu'il termine sa phrase, il se prit un coup de crosse au visage. Assommé, il lâcha son portable que le voyou attrapa.
— Allô ?
— Bonjour, sourit-il. Je suis heureux de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui. J'ai quelque chose à vous dire.
— Qu'est-ce qui se passe bordel ? C'est un canular ?
— Je ne pense pas...
Il tira et raccrocha. Les fenêtres étaient brisées.
— Maintenant, chers amis, nous allons faire un petit jeu ! Qui a tué... Le marchand de glace ?
Les passagers ne comprenaient rien.
— Un témoin oculaire m'a dit avoir vu mon frère se faire tabasser à mort et la police enquête trop lentement. J'ai juste à l'appeler, envoyer une photo de vous tous et il me le dira.
— Comment savez-vous que c'est quelqu'un d'ici ? pleurait une pauvre adolescente.
Il fit un grand sourire à celle-ci et posa le canon de son arme sur la tempe d'un vieil homme.
— Parce qu'il a déjà pris ce bus. Ce sont toujours les mêmes qui le prennent. Il a réussi à reconnaître le coupable.

Virgil ouvrit les yeux, complètement déboussolé.
— Alors ? Personne ne se dénonce ?
Le garçon se demandait ce qui se passait. L'homme prit une photo de lui et se retourna pour photographier la personne d'à côté.
— Dans quelques minutes, je saurais tout.
La fenêtre était cassée. Virgil pouvait sauter. Seulement, le bus n'était pas à l'arrêt. Il observait le feu rouge non loin.
Je vais sauter à ce moment.
Une fois arrivé au feu, celui-ci devint vert. Avant que le conducteur n'appuie sur la pédale, il se leva.
— QU'EST-CE QUE TU FOUS ? hurla le sbire en le visant.
— Rien, rien ! Pardon...
Celui-ci s'assit à ses côtés pour le surveiller.

Finalement, l'homme reçut le message qu'il attendait avec impatience.
— Quoi ? Impossible...
— Alors ? Qui est-ce ?
Il fixait Virgil et son allié.
— Apparemment, il n'est pas dans le bus. Le type qui a tué le marchand était blond.
L'adolescent écarquilla ses yeux. Il comprit qui étaient ces hommes et que celui qui avait été vu était Clovis.
— Vous avez de la chance ! Chauffeur, arrête-toi !
Virgil descendit en plein milieu de la route aux côtés des terroristes car ils avaient dépassé son lycée.

Arrivé à celui-ci, il se fit sermonner par son professeur car il avait beaucoup de retard.
— Tu seras en retenue ce soir.
— Monsieur, je me suis fait agresser en chemin !
Il était blessé mais cela ne suffisait pas. Virgil n'était pas pris au sérieux. Furieux, il attrapa le professeur par le col.
— Vous voulez peut-être que je retrouve mes agresseurs pour dire que je vous ai vu tuer un marchand de glace ?
Le directeur entra au même moment.
— Virgil... Dans mon bureau...

La nuit tombait. Retenu dans une salle de classe depuis deux heures, le garçon s'endormit.
— Debout !
Il ouvrit aussitôt les yeux et vit le surveillant enfiler sa veste. La pluie commença à tomber. Quelques éclairs parcouraient le ciel.
— C'est l'heure de rentrer.
Pendant cette dernière heure, il avait dessiné l'horloger car il s'ennuyait. Celui si tenait une aiguille pointue.
Une aiguille...

Virgil se leva et prit son téléphone. Sous la demande de Yann, il put récupérer les photos du corps d'Inès. Elle avait un trou assez fin dans la gorge.
Le garçon leva les yeux et un grondement déchira les cieux.
— Le fils de pute...

Il descendit furieusement les escaliers et se rendit dans le hall principal. Il ouvrit son casier et prit ses affaires. La lumière était éteinte. Virgil ne voyait pas grand-chose.
— Ne sois pas en retard demain, dit le surveillant en sortant.
Seul dans le lycée, il sentit un puissant courant d'air. Des frissons parcouraient tout son corps. Puis, son téléphone se mit à sonner.
— Allô ?
— VIRGIL ! AU SECOURS !
Un éclair illumina la pièce un instant. Le jeune homme vit alors l'ombre de l'horloger, une aiguille à la main, sur le point de le poignarder. C'était qu'une simple illusion.
— Emilia...
— Au pont de...

Plus un son ne sortit de l'appareil. Virgil courut sous la tempête sans réellement savoir où aller. Le plus près était le pont où il s'est disputé avec ses amis...

Là où le cadavre d'Inès fut retrouvé.

Après avoir parcouru deux kilomètres à toute vitesse, il arriva sur un pont, essoufflé. Emilia était assise contre une barrière, en plein milieu de celui-ci. Face à elle se trouvait un homme trempé, une grande aiguille à la main.
— Alors j'avais raison de te soupçonner... Depuis le début, c'était toi. T'étais là, sous mes yeux.
— Tu m'as parlé d'Inès dans une autre ligne ?
L'homme se retourna et secoua son aiguille pleine de sang.
— Parce que je ne m'attendais pas à ça. J'ai fini par le comprendre au bout d'un moment...
— Je croyais que vous vouliez vraiment aider les gens. Pourquoi avoir tué ces filles ?
Virgil ne versa pas la moindre larme. Il était devenu insensible.
— Avant de tuer mes victimes, je les viole. Rien de plus simple.
L'adolescent serrait les poings.
— Je les baise afin de les entendre hurler. C'est si bon... Pour ça, il me faut des jolies filles !

Tout s'éclairait. Lorsque Virgil s'est mis à courir pour rattraper Inès, il est passé devant une voiture noire. Il y avait bien l'horloger à l'intérieur mais il n'avait pas kidnappé la demoiselle.
— Je l'ai assommée et elle est restée dans un buisson toute la nuit. Ensuite, je l'ai violée dans ma cave et je l'ai tué !
— Fils de pute...
Un scooter s'approcha d'eux à toute vitesse. Virgil se retourna et sentit une douleur au cœur.

Ce que je voulais empêcher... C'était ça...

Le motard fonça vers eux et pointa l'horloger avec un pistolet.

Je voulais éviter la mort d'Emilia. De ma mère... De Yann...

L'assassin planta l'aiguille dans le corps du conducteur, près de l'épaule. Celui-ci avança toujours à soixante kilomètres à l'heure. Alors, l'aiguille déchira sa peau et brisa son torse en faisant sortir un poumon. Yann s'écroula et son scooter s'étala au sol.

Mais par-dessus tout... Je voulais venger Inès.

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