Chapitre 10 : Déformation éternelle
Sans comprendre pourquoi, Virgil revenait encore et encore au même point. Il en avait assez de manger son riz au curry.
Il finit même par retourner la totalité de la cafétéria et alla uriner dans les plats, en cuisine.
Le jeune homme se défoulait et il revenait en arrière comme si rien ne s'était passé.
Puis, au bout d'une dizaine de transfert, il put poursuivre sa journée. Comme tous les soirs, il alla voir sa maman à l'hôpital. Elle était allongée et attachée à plein d'appareils.
— Alors, mon fils ? Qu'est-ce que tu as appris aujourd'hui ?
— Que les cuisiniers ne branlent rien une fois le service terminé. Quelle belle journée.
— Décidément, je ne te comprendrais jamais.
— Justement... Il serait peut-être temps que tu apprennes quelque chose.
Avec le plus grand calme, il expliqua à sa mère qu'il était capable de voyager dans le temps sans réellement savoir pourquoi. Il raconta avec peu de détails les théories de l'horloger mais rien n'était sûr.
— Puis, j'ai décidé de ne pas raccompagner Inès et c'est comme ça qu'elle est morte.
Le garçon écarquilla ses yeux. Il venait de penser au fait qu'il est revenu dans le temps à cause de la mort de sa copine.
— Si je suis vraiment revenu pour ça... C'est que la toute première fois, je ne l'ai pas ramenée ! Sans que je m'en rende compte, j'ai failli changer les choses.
Il se leva et serra les poings.
— Je vais peut-être y arriver finalement ! Je vais construire cette machine et...
Virgil vit sa mère détourner le regard.
Non... J'ai juré que j'arrêterais. Je ne veux pas revivre ces foutues boucles.
— Tu deviens vraiment fou mon fils. Tu ne mérites pas ce qui t'arrives.
Peiné, le garçon recula. Elle ne le croyait pas. Une histoire aussi étrange que celle-ci ne pouvait pas être probable pour une femme qui n'a rien vécu de tel.
C'était tout bonnement impossible. Alors, l'adolescent rentra chez lui et décida de s'endormir sans manger. Il fit un autre rêve avec Inès dedans.
La jolie fille, gênée, regardait la pièce que Virgil prit doucement.
— Si tu es contre, soupira le défié, dis-le.
— Non, pas du tout. Au contraire, je te remercie, Clovis.
Virgil écarquilla ses paupières, surpris. Puis il posa la pièce et saisit les mains d'Inès. Debout, devant leurs amis, ils s'embrassèrent. Une ombre noire l'applaudit et Clovis ferma les yeux, content de lui.
Virgil fronça les sourcils. Qui était à la place de cette ombre ? Il n'avait plus de souvenir de Maxime.
— Alors ? Qu'est-ce que ça fait d'embrasser le mec le plus beau du monde ?
Elle grimaçait.
— Je plaisante.
— Je vois, dit-elle en prenant un autre verre d'alcool. C'est pas si mal.
Comme dans la réalité, elle reçut un appel et salua tout le monde. Virgil décida de la suivre et une voiture passa devant eux.
C'est juste une coïncidence. La voiture n'avait aucun lien avec elle.
Le ciel était noir. La rue paraissait interminable. Il suivait silencieusement la demoiselle mais il commençait à s'ennuyer.
— Attends !
Inès ne fit pas attention à lui. Le brun décida de courir en sa direction et de crier son nom mais il n'y avait rien à faire. Il perdait le contrôle de son rêve.
— C'est déjà trop tard, dit sa mère en l'attrapant par l'épaule.
— Quoi ?
— Elle est morte !
Virgil lança son oreiller. Il était réveillé. Affamé, il se fit une tartine de miel et un bol de chocolat. Sa mère n'étant plus à la maison, il déprimait avant de partir au lycée. Ses journées devenaient de plus en plus banales. Plus de transfert, pas d'altercation avec ses camarades et aucune punition suite à un travail non fait.
Un soir, il alla à l'hôpital rejoindre sa mère. Clovis se trouvait à son chevet.
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Je venais vous dire au revoir...
— Hein ?
— Je déménage. Mes parents m'emmènent loin d'ici. J'ai été accepté à l'université d'Eagleford.
Virgil lâcha son sac et se mit à trembler.
— On ne pourra plus se voir ?
— Pas avant des années mon pote.
Les amis se firent une accolade plutôt longue.
— Allez, je vais devoir vous laisser. Je pars dans trois jours, j'ai des cartons à faire.
Virgil sourit, les yeux fermés.
— T'as raison ! Je serais là à ton départ mon pote !
L'adolescent décida de ne plus voir ces évènements comme des punitions de la vie. Il se disait que c'était ce qui allait le faire avancer et une mauvaise nouvelle pouvait en devenir une bonne.
Le jour fatidique arriva à grande vitesse. Clovis et Virgil se firent une dernière poignée de main avant de se séparer.
— Je suis heureux de t'avoir rencontrée, sourit Emilia également présente.
— Ce fut un plaisir pour moi aussi. Je vous inviterais dans mon futur palace !
La demoiselle se tenait debout, aux côtés de Virgil. Par mégarde, sa main toucha celle de son ami.
— Pardon...
— Nan, c'est rien.
Ils s'échangèrent un regard profond et une heure plus tard, ils finirent ensemble dans le même lit. Chez Virgil, ils faisaient l'amour comme des sauvages jusqu'à ce que le cri de sa mère le bloque.
« Moins fort, j'ai des voisins ! »
Emilia, essoufflé, caressa la joue de son partenaire.
— Pourquoi tu t'arrêtes ?
— Rien, rien, juste des hallucinations.
— Tu repenses à ma sœur, hein ?
Elle récupéra sa culotte tandis que le garçon se retira.
— On n'aurait pas dû faire ça.
— Ce n'est pas Inès le problème, s'exclama le garçon. C'est moi... Je serais incapable de trouver l'amour pour le reste de ma vie, de peur que ça recommence.
— Virgil, cela n'arrive pas tous les jours ce genre de truc. Tu n'as pas eu de chance et ma sœur encore moins. Pourtant, ça ne veut pas dire que toutes tes copines mourront.
Elle attrapa la main du garçon.
— N'empêche qu'on n'aurait pas dû. Inès t'aimait et c'était réciproque. Elle n'accepterait sûrement pas que tu couches avec moi.
Virgil l'embrassa pour la faire taire. Puis, quand il ôta sa langue de sa bouche, il sourit.
— Je pense qu'elle n'a pas envie qu'on déprime en pensant à sa mort. Elle souhaite sûrement qu'on profite de la vie.
Emilia fit un câlin à son partenaire.
— Tu as beaucoup changé. C'est admirable. J'aimerais passer à autre chose comme toi mais elle me hante.
— Accepter la mort de ses amis n'est pas facile mais ça fait avancer dans la vie. Il y a encore deux mois, jamais je n'aurais cru surpasser toute cette histoire.
Le téléphone du garçon vibrait. Caché sous les vêtements du nouveau couple qui s'embrassait, celui-ci ne fit pas assez de bruit pour attirer l'attention.
— Baises-moi plus fort !
En ignorant les encouragements illusoires de Maxime et les reproches de sa mère, il faisait l'amour à Emilia avec bestialité !
Quand leur ébat se termina, il prit ses vêtements et se rendit dans la salle de bain pour prendre une douche. Pendant ce temps, Emilia réfléchissait, dans le lit du garçon.
Virgil attrapa son téléphone lors de sa chute quand il prit ses affaires pour s'habiller après sa douche.
— Tiens ? Un message vocal.
La demoiselle entra dans la pièce, le sourire aux lèvres. Il s'effaça soudain quand elle vit son ami laisser tomber son portable.
— Qu'est-ce qui t'arrives ?
— C'est l'hôpital...
« Je suis navré de vous annoncer que votre mère est décédée »
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