Chapitre 12 : Désirer l'unique

De Soo Ahn : Va te faire foutre.

Ce fut le dernier message qu'elle m'envoya avant que son compte ne bascule en mode déconnecté. Les dents serrées, je rangeai furieusement mon téléphone au fond d'un tiroir de mon bureau.

"Monsieur Kim ?" Ma secrétaire, Eunbin, fit une entrée timide, tenant une pile de dossiers aussi haute que le mont Namsan. "Puis-je entrer ?"

Bien sûr que c'était lui, reconnaissable entre mille avec sa moto délabrée. J'y étais monté bien trop de fois pour l'oublier. Même le casque qu'elle portait était le mien à l'époque. Pourquoi m'en soucier ? La vie était simple, plus belle et plus facile qu'aujourd'hui.

"Est-ce que tout va bien ?" La voix minaudante d'Eunbin me ramena à la réalité.

Elle se tenait devant moi, ayant déposé son paquet habituel avant de faire demi-tour pour éteindre la télévision qui hurlait depuis vingt bonnes minutes.

"Vous ne devriez pas regarder ces bêtises, les gens disent n'importe quoi de nos jours."

Sa bouche se serra en un rictus à peine perceptible, pas plus grand qu'un trait, puis elle disparut aussitôt, laissant entendre qu'elle savourait, comme tout le monde, les potins et ragots de célébrité. Surtout ceux de son patron, apparemment.

"Allez me faire un café, Eunbin, très serré."

Elle acquiesça d'un signe de tête, referma la porte derrière elle après un petit courbement respectueux.

Les femmes m'énervaient. Entre les pimbêches sans cervelle, les féministes extrémistes qui semblent vouloir anéantir toute forme de masculinité, les anticonformistes qui se pensent plus fortes que la société et l'argent, alors que c'est le papa d'amour qui leur offre une nouvelle paire de Dior sur un plateau en or.

Et puis, il y eut Elle.

Soo Ahn a balayé toute la haine que je pouvais ressentir d'un revers de main. Je la connais depuis une éternité, comme si le monde avait écrit notre destinée avec le sang des dinosaures, que les comètes l'avaient ensevelie pour qu'elle se consume lentement le jour où nous sommes nés.

Elle avait le don de faire tout le contraire : d'être intelligente, de promouvoir l'égalité des sexes sans écraser l'autre, d'avoir de l'ambition et de prévoir l'impossible.

Mon regard s'arrêta sur le placard dans lequel reposait encore mon téléphone. Sa phrase m'avait blessé, touché d'une manière dont je ne m'attendais pas.

Peut-être parce que c'était la première fois qu'elle montrait de la colère, du dégoût envers nous.

Peut-être parce que c'était la première fois que nous étions sur la même longueur d'onde.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top