Chapitre III : Les silences que nous provoquons
Vendredi 25 novembre
Je le connais depuis fort longtemps, je le vois
partout où je vais. Nous vivons dans le même
village, allons aux même écoles, au même
classes et nous partageons certaines même
peines. Nos natures sont similaires, fuyardes.
Parfois distantes et effacés. Malgré tout, nous
avons tout deux au moins un endroit ou une
personnes aux côtés de qui briller. Ces choses
sont celles qui nous ont tant séparés. Il ne traîne
qu’avec ceux qui ne savent que me brimer. Ces
gens me broient les entrailles, me crachent aux
visages et rient comme de sales marmots en bas
âges. Il ne me défends pas, certes il ne sourit
pas non plus, mais reste juste debout là. Je ne le
regarde pas, je n’attends rien. Je pense qu’il le
sait très bien. Il ne me parlera point ces jours là,
ne me fixera pas. Le silence s’est installé,
s’installe et s’installera. C’est un cercle, une
tornade, un trou noir. Rien ne le feras venir
vraiment, enfin presque. Il m’as dit un jour que
lorsque que je pleurais, qu’une seule de mes
mirettes pleuvait véritablement. C’est la seule
fois où il m’a réellement scruté. J’ai essayé diverses autres choses, messages et salutations
durant les récrés. Parfois, il me répond d’autres
non. Je sais qu’il ne m’aime pas énormément,
malgré quelques brève conversations. Il est
gentil, c’est tout ce qu’il y a entre nous
finalement. Juste des larmes, des bonjours à
peine prononcés et des lettres dont il ne
connaîtra jamais l’existence. Des soupirs aussi,
sans bien sûr oublier les mensonges. Rien n’est
suffisant, est-ce moi qui ne fais pas la démarche
correctement ? Pourquoi dois-je toujours
pleurer pour avoir ne serais-ce qu’un peu
d’attention ? Toujours enfermée dans cette
cage, cette prison, je pense à nos chansons.
Celles que nous chantions avant qu’ils arrivent.
Je repense à elles, avant qu’elles ne me
trahissent. Je repense au temps, lui qui passe et
trépasse sans cesse. Je repense à ces voix qui me
tracassent puis ce taisent. Ces soupires qui
pressent et détruisent. Ces gens qui rabaissent
et ces gens qui encaissent. Les pierres et les
roses qu’ils balances valent-elles vraiment tant
de ressentiments ? Personne ne sait. Personne
n’y répondra franchement. Tant de
bafouillement, de grincements bégayants et de
porte claquants naissent par ici. Mais personne
ne daigne s’enfuir, pourquoi ? Michelle, a-tu toi
aussi vécu ça ? T’es tu toi même tenu sur ce sol
froid ? A tu un jour eu tant de sentiments au fond de toi ? Comment s’y fait-on ? Je ne sait
que frémir, ne pensant comme toi qu’au pire. Si
j’étais la seule femme au monde et lui le seul
homme, m’aimerait-il pour autant ? Et si je
disparaissait, me retrouver serait-il le premier
de ses désirs ? Que pourrais-je dont faire ? Ces
murmures qui me quittent sont-ils égoïstes ?
La broderie de mon avenir se tisse mais quand
sera-t-elle fini ? Quand pourrais-je moi aussi
m’endormir seule entre mes draps blancs et
gris ? Là sans rien dire, me laissant emmener
par un bel air de musique. Le clair de lune et
l’humidité de la nuit pénétrant aussi
fraîchement que j’ai eu mûrie. Mes devoir et
cahiers encore ouvert reposant au pieds de mon
lit. Les yeux vitreux de ma poupée
m’examinant doucement alors que ma peau
abîmée prenant la teinte blanchâtre et bleuté
que j’avais adoptée les cinqs première secondes
de ma vie ferait signe à mon monde de
s’effondrer. Bien sûr, ce n’est qu’un doux
fantasme qui n’arrivera sûrement jamais. Le ciel
n’ayant que très peu de pitié, je fermerait
probablement mes yeux sur un décor de
chambre hospitalière accompagné par un
regard amère. Un simple instant aussi
douloureux qu’éphémère. Juste une souffrance supplémentaire implanté
dans une femme qui se perds.
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