Épilogue - All's Well That Ends Well

« - Laura ! fit la voix modérément alarmée de Will. Tu sais où est Zelene ? »

Je me retournai afin de jeter un œil au bébé aux yeux bleus en question, confortablement endormie dans son berceau et enfouie dans ses couvertures.

Je contournai l'enfant et me dirigeai vers la porte de notre chambre pour lui répondre sans crier, les mains sur le même côté de l'encadrement de la porte :

« - Bien sûr que je sais où elle est. »

Will émergea du couloir menant aux pièces de vie.

« - J'y tiens plus qu'à ma vie, fis-je remarquer. Et puis, on ne peut pas perdre une étoile montante du cinéma, » plaisantai-je.

Will se pencha et m'embrassa le front. Il s'approcha du berceau pour observer l'enfant.

« - Le film n'est pas encore sorti, souligna-t-il.

- Ça change rien, elle reste plus connue que moi. Elle a tourné dans un film avec des stars hollywoodiennes. »

Will se retourna et se rapprocha de moi, passant ses mains autour de ma taille.

« - Et bien, la bonne nouvelle, c'est que ce film, c'est l'adaptation de ton roman et que tu le coproduis.

- Tutut, bas les pattes. Tu vas abîmer ma robe, fis-je en m'écartant de lui.

- C'est pas celle de la cérémonie, remarqua-t-il. C'est une petite robe de fête, l'autre est minutieusement rangée.

- On sait tous les deux que si celle-ci est abîmée, Adé va me découper en douze morceaux égaux et me faire cuire sur un barbecue.

- Je pense surtout qu'elle va te découper si on ne dépose pas bientôt Zelene chez la nounou, corrigea-t-il.

- Vrai. T'as tout pris ?

- Tout ? Je sais pas, répondit-il. Mais je t'ai pris des baskets parce que je sais que tu vas finir par avoir mal avec des talons toute la soirée et des escarpins demain.

- Sérieux ? Mon Dieu, t'es un homme à marier, toi, souris-je en déposant Zelene dans son cosy.

- Écoute, c'est faisable. Il faut juste que tu attrapes le bouquet de Line et c'est réglé, glissa-t-il.

- Après, on pourra fonder une famille et tout ! »

Will rassembla quelques sacs, j'en pris un en bandoulière et attrapai les affaires du bébé et le cosy au passage.

« - Alors d'une part, on n'est pas obligés d'attendre de se marier et ensuite, tu ne veux toujours pas d'enfant, énuméra-t-il dans le couloir.

- J'adore m'occuper des enfants, corrigeai-je. J'adore Theo et Zelene.

- Tant que c'est pas les tiens, » résuma Will en arrivant dans le salon alors que je le suivis.

J'ouvris la porte et me dirigeai vers la voiture.

« - Oui, mais le petit d'Elsa, il était tout le temps avec nous avant d'entrer en maternelle donc ça revient au même, et Zelene, c'est ma nièce donc c'est presque la mienne, vu que ses parents ont légèrement tendance à être très demandés un peu partout dans le monde.

- Certes, mais c'est pas toi qui les as portés pour un total de dix-huit mois et c'est pas toi qui les as allaités.

- D'accord, oui, en effet, admis-je. J'aimerais bien. Plus tard.

- On a le temps, fit Will après avoir verrouillé la porte et déposé les sacs dans le coffre. T'as même pas encore vingt-trois ans.

- Presque. »

Pour une certaine raison, j'avais besoin de le contredire. Il n'y avait rien derrière, juste une légère « insolence » qui nous faisait rire, au fond.

« - Bah, même pas ? réfléchit-il en démarrant la voiture. On est quoi, le vingt-six mai ? T'auras vingt-trois ans le dix-sept juillet ? C'est dans plus d'un mois donc par définition, c'est pas bientôt.

- Ta gueule, Einstein, pouffai-je en français.

- Tu sais que je parle français ? sourit Will dans ma langue natale avec un accent qui manqua de me faire fondre.

- Bien sûr, petit fécalome, répondis-je toujours en français.

- Ça sonnait offensif, fit Will en repassant dans sa langue et haussant les épaules.

- Du tout, le rassurai-je.

Nous arrivâmes chez la nourrice qui devait garder ma nièce ainsi qu'un petit nombre d'autres enfants qui n'allaient pas assister à l'évènement, sur demande catégorique du couple.

« - Vous reviendrez la chercher vendredi, c'est ça ? » me demanda Maya, une petite femme qui tenait fermement par la main un petit garçon tout en ayant un bambin sécurisé dans les bras.

Will embrassa une dernière fois ma nièce qui tendit ses petits poings vers lui. Je souris puis répondis à Maya :

« - Vendredi, oui. En revanche, ce sont ses parents qui viendront, Madame et Monsieur Singh.

- Souhaitez-leur mes meilleurs vœux, sourit-elle.

- Nous n'y manquerons pas, » affirma Will en tendant le cosy à la nourrice.

Le petit garçon lâcha la main de l'adulte et se pencha vers l'enfant.

« - Ma, c'est Lelene ? »

Le bambin était le fils d'une amie proche de John et il avait déjà rencontré ma nièce à quelques reprises, et d'après ce que m'avait dit ma mère, il s'était attaché à elle.

Nous saluâmes le petit groupe et retournâmes dans la voiture.

Quelques heures plus tard, nous arrivâmes devant une ancienne grande ferme en plein milieu du nord de l'Angleterre, un peu comme celle dans laquelle nous nous étions rendus trois ans plus tôt. Juste bien plus grande et bien plus chère à louer. Mais bon, on n'était pas là pour cacher un couple gay.

Nous sortîmes de la voiture et fûmes accueillis par ma sœur et son fiancé qui nous prirent dans leurs bras, puis leurs parents sortirent pour nous saluer également. Eux six étaient là depuis quelques jours puisqu'ils avaient déjà fêté l'anniversaire de ma sœur dans la ferme hier.

On entra dans le bâtiment principal avec nos valises et ma sœur nous guida dans le bâtiment vers notre chambre afin que nous déposions nos affaires avant de retrouver le reste des invités qui profitaient du beau temps de fin mai. Ce soir, seuls les amis et la famille les plus proches des mariés participaient à la fête, et le reste des invités arriveraient demain avant le mariage en lui-même.

J'étais seule dans la chambre puisque Will était déjà descendu et que je devais finir de retoucher mon maquillage.

J'étais bien trop heureuse d'être ici, j'étais infiniment comblée que ma sœur se marie demain. Ça semblait presque irréel, de voir celle qui était mon modèle, mon aînée de cinq ans, se marier. Genre, s'unir pour le reste de sa vie. Même si techniquement, ils étaient déjà unis par leur fille de huit mois.

Je sortis de la salle de bain puis refermai la porte de la chambre derrière moi.

« - Salut, microbe, » m'interpella-t-on en français.

Je me retournai, car je reconnaissais la voix, le ton, le surnom, puis la jeune femme à qui appartenait la voix, une femme avec des yeux bruns en amande, avec des cheveux noirs mi-longs et des lèvres roses.

« - Salut, connasse ! »

C'était Léonie, la meilleure amie de ma sœur depuis le CE1, donc elle avait toujours été dans ma vie et j'avais toujours été dans la sienne.

« - Ça fait longtemps que je t'ai pas vue, dis-je en la prenant dans mes bras.

- Ouais, ça fait peut-être cinq ou six ans ? T'as grandi, t'es trop belle !

- Grandi, c'est pas le mot, mais merci, fis-je en me désignant de haut en bas. Toi t'es moche, par contre. »

Elle me fixa, prise de court, avant d'éclater de rire et elle acquiesça, acceptant le compliment.

« - On descend ? Je me sens trop bizarre avec les gens en bas, il y a pas beaucoup de gens mais il y a quand même trop de gens connus...

- Léo, je suis littéralement en couple avec une star et je bosse avec son groupe, lui rappelai-je en l'entrainant vers les escaliers.

- Pardon, madame, se moqua-t-elle.

- Non, mais je comprends, assurai-je.

- Ah, mais c'est vrai que juste toi, avec tes quatre ou cinq best sellers, t'es une célébrité, se rappela-t-elle. Tu crois que je peux vendre une des photos qu'on faisait avec ta sœur quand on était petites ? Une auteure connue et une actrice incroyable, j'ai de quoi me faire du fric, non ? plaisanta-t-elle.

- Absolument ! Après, je pense que les agents et les avocats d'Adé peuvent te défoncer mais...

- Ouais, non, finalement, la vie, c'est bien, hein.

- Par contre, je suis perdue et j'ai pas retenu par où on est entrés, l'avertis-je.

- Aucun souci, je peux te guider. De toute façon, on sort dans le jardin par une autre porte que la porte d'entrée donc t'aurais quand même pas trouvé. Cette maison est super grande, j'adore la richesse, je crois, soupira-t-elle.

- Fais attention, ça peut monter à la tête, répondis-je. Hey, mais dis, réalisai-je. T'es venue avec ton copain ?

- Mh ? fit-elle en ouvrant une porte. Non, on s'est séparés y'a un petit moment.

- Ah merde, pardon, m'excusai-je en sortant dehors, admirant le groupe discutant à la table placée au milieu d'un champ dans la lumière qui devenait orangée.

- Ça va, répondit-elle en haussant les épaules. On se correspondait plus, on voulait de la liberté, c'est tout, expliqua-t-elle en nous entraînant vers le groupe.

- J'ai entendu ça, y'a pas longtemps, genre deux semaines, par un pote, remarquai-je.

- Ezechiel Lindley ? tenta-t-elle.

- Tu es bien renseignée, toi, dis-moi, la taquinai-je.

- Non, c'est juste de notoriété publique qu'il a rompu avec une fille y'a pas si longtemps que ça, répliqua-t-elle. Et c'est un de tes amis, donc.

- Mh, mh.

- Et il est trop jeune, décida-t-elle.

- Il a vingt-trois ans et toi vingt-sept, on a connu pire.

- Je vis en France, mon cœur.

- Je pense qu'il s'en fout.

- Je suis pas intéressée. Chut, » ordonna-t-elle en arrivant à la table.

La composition était particulière. Un peu de famille, des amis d'enfance, des collègues. Un beau mélange d'intimes et de célébrités, habillés d'un même dress code. Je pris le temps de saluer mes proches - mes parents, des amis - avant de m'asseoir à la place qui m'avait apparemment été dédiée, entre Will et le frère de John, que j'avais rencontré à quelques occasions. Je notai que Moïra avait fait à Dean une magnifique tresse torsadée qui lui arrivait jusqu'au milieu du dos.

Ma mère et le père de John discutaient avec complicité avant de nous embarquer, Brian Singh et moi, dans leur conversation en nous demandant si nos discours pour le lendemain étaient prêts.

*-*-*

J'étais en pleine discussion avec Dean lorsque Laura, accompagnée de celle qui était la meilleure amie de Line, si je me souvenais bien, vint s'installer à la table. Les deux jeunes femmes conversaient dans un français qui me semblait rapide mais que je ne comprenais de toute façon pas.

Notre amie vint nous saluer puis elle s'installa à la place que Will avait gardée pour elle, et nous revînmes à notre discussion.

J'aimais être entouré de mes meilleurs amis, comme ce n'était plus aussi fréquemment le cas qu'avant. Laura et Will avaient emménagé dans une grande maison hors de Londres, comme moi et Loam. Eze avait pris un appartement au centre de Londres, ce qui convenait mieux à son mode de vie, et le couple d'écossais vivait également dans un appartement, mais dans un quartier relativement sécurisé et résidentiel de la capitale anglaise.

Les rassemblements du groupe ne restaient pas rares parce que, eh bien, le groupe était toujours bel et bien actif, travaillant sur notre sixième album et actuellement en pause de notre tournée. Aussi, nous restions une bande d'amis, donc il arrivait souvent qu'on se retrouve tous dans le sous-sol de Laura et Will à jouer au billard ou à Mario Kart, ou à Fifa, ou peu importait. Finalement, nous étions en tournée, et donc dans des hôtels, un peu moins de la moitié de l'année.

Mais il restait vrai que les premiers mois de l'été dernier avaient été... Particuliers. Sans Eze pour cuisiner de bons petits plats, sans Dean pour manquer de tout brûler, sans Will pour nous insulter en français parce que cet idiot avait décidé d'approfondir sa connaissance de la langue... Heureusement, nous avions enchaîné sur une tournée.

Et surtout, vivre comme ça, chacun chez soi, ça nous donnait moins l'impression d'être cinq colocataires chaotiques. Nous avions l'air plus adultes. Même si j'avais bien peur que certains de nous - si ce n'était tous - resteraient des enfants à jamais. Ce n'était pas nécessairement une mauvaise chose, en y réfléchissant.

Dean m'avait embarqué dans une discussion bancale entre lui, la mère du fiancé, une actrice et moi. Le sujet portait sur le futur des métiers du divertissement par rapport à l'impact des intelligences artificielles sur notre monde et - comment on en était arrivé là sachant qu'à l'origine, Dean m'avait demandé quel animal pourrait être le plus drôle s'il parlait ? Cet homme allait sur ses vingt-deux ans.

Des serveurs arrivèrent pour remplacer nos coupes de champagne. La main de Loam vint chercher la mienne. J'observai la composition de la table. Aucun plan n'avait été fait, d'après Adeline, les gens s'étaient simplement installés au fur et à mesure des arrivées - qui étaient terminées, maintenant que le soleil s'était couché et que nous étions éclairés par des guirlandes lumineuses qui se balançaient dans la douce brise.

Il y avait les deux fiancés, leurs quatre parents, le frère de John et sa conjointe, Will et Laura. Il y avait également les deux meilleurs amis de John - les deux étaient célibataires - ainsi que la meilleure amie de Line. Il y avait également six collègues et amis du couple - un acteur, deux actrices, un metteur en scène, une scénariste et l'agente de Line -, accompagnés de leurs partenaires pour quatre d'entre eux. Finalement, il y avait les quatre membres restants de Five Hearts et Moïra.

Nous ne représentions que les membres proches des futurs mariés - et j'étais honoré d'être assis à cette table.

Un peu plus tard, après le dîner, une piste de danse avait été aménagée dans le champ et la plupart des invités dansaient. À la table, il ne restait que moi, Moïra et la compagne du frère de John - qui serait le témoin du marié. Je me rapprochai des deux femmes et m'assis avec elle.

La jeune femme devait être un peu plus âgée que Line, mais elle avait toujours l'air d'être dans sa vingtaine. Elle avait un visage fin et clair, avec de grands yeux marrons, entouré par d'épais cheveux bruns coupés au carré et artificiellement bouclés - je le savais parce qu'à cette longueur et avec cette texture, les cheveux épais ne formaient pas de boucles; je possédai cette connaissance de ma propre chevelure, tenue en chignon, qui me tombait en-dessous des épaules lorsqu'elle était lâchée.

« - Tiens, Zoran, m'interpela mon amie. Je te présente Anne-Gaelle. On parlait de la lune de miel d'Adeline et John, tu sais, ils vont en Tanzanie.

- Oui, effectivement, Laura me l'avait dit, confirmai-je.

- On discutait de notre lune de miel de rêve, m'indiqua Anne-Gaelle. Vous êtes le garçon en couple avec le petit blond aux yeux bleus, n'est-ce pas ? » s'assura-t-elle.

Malgré les années et du haut de ses vingt-trois ans, mon copain n'avait pas plus grandi et même si un mètre soixante-douze était une taille qui ne posait aucun problème, lorsqu'on nous mettait côte à côte, tous les cinq, il y avait clairement toujours un écart de taille.

« - C'est moi, oui, acquiesçai-je.

- Ça vous est déjà arrivé de parler de lune de miel ? me demanda-t-elle. Parce que moi et Brian, oui et Moïra et Dean aussi.

- Euh, en tant que lune de miel, non, mais ça nous arrive de parler de voyages, de grands voyages de temps à autre. On a pas nécessairement le temps de les faire, mais on en discute.

- Ça serait où, vous, votre lune de miel de rêve ? demanda à son tour Moïra. Avec Dean, on aimerait bien aller au Vietnam, du coup, comme voyage de noce, ça nous parait cool.

- Moi, j'aimerais bien l'Italie, déclara Anne-Gaelle.

- Venise ? tenta Moïra avec précaution.

- Non, Venise pour les mariages c'est trop... Cher et cliché et franchement avec Brian, c'est pas ce qu'on recherche du tout. Non, on voudrait se faire un petit tour avec Milan, Côme, les lacs et tout.

- Oui, on a le même avis sur Venise, fit Moïra en hochant la tête.

- Les alentours de Milan, c'est sympa, oui, confirmai-je. On y est allés quelques fois. Nous, on aimerait bien aller au Japon.

- Vous deux, vous y êtes déjà allés plusieurs fois, pointa Moïra en désignant légèrement Loam d'un petit mouvement de tête.

- Oui, trois ou quatre fois depuis trois ans, hors tournée. Mais on aime bien. Puis, si on doit y retourner pour notre lune de miel, je pense que ça serait plus dans la campagne japonaise, pas dans les grandes villes comme on l'a fait jusqu'ici. Je pense qu'on préfèrerait un truc assez privé et loin de la civilisation. J'ai donné ma part en ce qui concerne les dramas de couple.

- C'est pas faux, acquiesça Moïra puis, lorsqu'Anne-Gaelle pencha la tête sur le côté, elle expliqua : Zoran et Loam, le blond, sont ensemble et disons qu'ils ont eu du mal à avoir le droit d'exister. Ça avait fait du bruit il y a quelques années. »

Anne-Gaelle hocha la tête puis plissa ses yeux marrons avant de claquer les doigts.

« - Je l'ai ! C'est vous qui aviez fait votre coming out en interview, puis qui aviez annoncé que vous étiez ensemble à un concert ?

- C'est nous, acquiesçai-je.

- Je comprends le truc du drama, alors, fit-elle. Surtout, je vois toutes les photos volées et tout, ça donne très peu envie d'avoir toute sa vie privée révélée comme ça.

- C'est chiant, mais à la limite, ça peut arriver à tout le monde, fit remarquer Moïra. Malheureusement, le stalking ça s'applique pas qu'aux gens connus et à leur famille.

- Je suis très heureuse de ne jamais en avoir fait les frais, alors, admit Anne-Gaelle.

- Hors pap', ça m'est jamais arrivé non plus, je crois, et tant mieux, approuvai-je.

- Alors personnellement, commença Moïra, j'ai jamais su si c'était des paparazzis, des fans ou juste des types flippants, confia-t-elle. Mais quand je vivais à Glasgow, c'était terrible. J'adore la ville et tout ce qu'elle m'a apporté mais je préfère Londres. Je sais que Glasgow est en train de changer et que la ville n'est plus aussi dangereuse qu'elle pouvait l'être il y a vingt ans, mais quand même.

- Je n'y suis jamais allée, avoua Anne-Gaelle. C'est si terrible que ça ?

- Mh, quand je suis née, en 2004, l'Écosse affichait le deuxième taux le plus élevé d'homicides en Europe occidentale. Donc, euh, oui. Quand j'étais au collège, c'était pas rare qu'une fille arrive le matin et nous dise qu'elle avait été tabassée le soir précédant en rentrant chez elle. J'ai eu de la chance, j'ai quasiment jamais été seule et très vite, j'avais Dean qui me suivait globalement partout mais... Ouais. Heureusement, ça change.

- En comparaison, j'ai grandi dans un minuscule village paumé dans le Kent et je crois que j'ai jamais été aussi en sécurité de ma vie, lançai-je.

- En même temps t'as un de ces nombre de grands frères et sœurs... répondit Moïra en levant les yeux au ciel.

- Comment ça se fait ? demanda Anne-Gaelle.

- Je suis orphelin, j'ai grandi dans un orphelinat avec beaucoup d'autres enfants. Une dizaine en particulier avaient autour de mon âge, sinon les autres étaient beaucoup plus vieux ou trop jeunes. Techniquement, c'est pas mes frères et sœurs, mais on se considère comme ça parce que de toute façon, soit nos parents sont morts, comme ceux de ma sœur Tina, soit ils ont juste pas voulu de nous, comme les miens.

- La meilleure famille, c'est celle qu'on choisit, remarqua Anne-Gaelle.

- C'est bien vrai, » acquiesça Moïra.

Je détournai mon regard des deux femmes et observai le petit monde devant nous, qui dansait, s'amusait, sans se soucier de qui était connu ou pas, de qui était avec qui, puis je pensai à voix haute en désignant la foule :

« - Dites-vous qu'il y a un couple dans ce monde, pour lequel la famille, c'est ça; c'est nous. »

*-*-*

« - J'ai trop peur, souffla Laura dans mon oreille.

- Mon cœur, tu fais des conférences de presse devant des dizaines de personnes et tu as dirigé une équipe de tournage, je pense qu'un discours au mariage de ta sœur devant vos proches devrait aller, la rassurai-je.

- J'ai quand même peur, protesta-t-elle.

- Tu seras parfaite, comme toujours, » murmurai-je finalement alors qu'elle récupérait le micro que quelqu'un tendait vers elle.

Elle envoya un petit baiser vers moi avant de se lever, faisant le silence dans la salle. Sa robe tombait élégamment le long de son corps. Il s'agissait d'une robe de soirée longue et fluide, réalisée dans un tissu en tulle léger et vaporeux. La robe était de couleur bleu dégradé, allant du bleu clair au niveau du corsage vers un ton plus sombre et profond à la base de la jupe, ce qui créait un effet ombré élégant et sophistiqué. Le corsage était finement orné de motifs scintillants, probablement des paillettes ou des sequins, qui ajoutaient une touche d'éclat et de glamour. La robe présentait un décolleté en cœur avec une découpe en goutte d'eau au niveau du buste, soulignant délicatement sa silhouette. Les bretelles fines se rejoignaient à l'arrière en un dos nu, laissant les épaules de Laura dégagées, lui donnant un air à la fois chic et sensuel. La jupe était ample, composée de plusieurs couches de tulle qui lui conféraient du volume et du mouvement, créant une allure de princesse moderne. Ma princesse moderne. Cette robe était parfaite pour cette occasion si spéciale; le mariage de sa sœur.

Laura se racla la gorge et jeta un regard hésitant sur la salle avant d'entamer un monologue qu'elle avait répété tant de fois devant le grand miroir dans notre chambre que je pouvais presque le répéter de tête :

« - Bonsoir à tous. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Laura, la sœur cadette de notre magnifique mariée, Adénine, ou Adeline, si vous préférez. Et oui, j'ai eu le plaisir - ou devrais-je dire l'endurance - de grandir avec elle. »

La mère de ma copine sourit en hochant dynamiquement la tête, confirmant les dires de sa fille.

« - Car oui, grandir avec elle a été une aventure, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle savait toujours comment m'énerver, me piquer mes jouets et me faire accuser de choses que je n'avais certainement pas faites. Mais malgré ses taquineries incessantes et nos disputes sans fin - en vrai, pas tant que ça, car Adé était une sœur géniale -, elle a toujours été là pour moi quand cela comptait le plus. Derrière cet extérieur agaçant, c'est ma sœur, je rappelle, elle a le cœur sur la main, et je ne changerais nos souvenirs d'enfance pour rien au monde. Quand Adénine nous a présenté John pour la première fois, j'étais prête à le prévenir de toutes les façons dont elle pouvait le rendre fou. Mais j'ai alors vu quelque chose de remarquable. J'ai vu comment John la regardait – avec patience, admiration et un amour qui semblait grandir à chaque regard. Il était clair que John voyait au-delà de la sœur qui rendait ma vie pleine de défis et voyait la personne incroyable et attentionnée qu'elle est vraiment. John, tu as fait ressortir le meilleur d'Adénine. Tu as réussi à la rendre encore plus gentille, encore plus généreuse, et, oserais-je dire, plus supportable. Merci de l'aimer comme tu le fais, de comprendre ses petites manies et d'être devenu le partenaire parfait dans sa vie. Je suis vraiment heureuse de t'accueillir dans notre famille, même si je ne le montre pas toujours. Le mariage est un voyage, rempli à la fois de beaux moments et de défis. Adé, John, je n'ai aucun doute que l'amour que vous partagez vous guidera à travers chaque tournant. N'oubliez jamais de rire ensemble, même dans les moments difficiles, et de chérir les petits moments quotidiens qui rendent la vie si spéciale. Alors, portons un toast aux nouveaux mariés ! Que votre vie ensemble soit remplie de joie, de rires et d'un amour qui ne fait que grandir avec le temps. Et Adénine, même si je ne l'admettrai jamais à nouveau - en vérité, si -, je t'aime plus que les mots ne peuvent le dire. Tu as trouvé un partenaire incroyable en John ainsi qu'un père exceptionnel pour Zelene, vous avez créé un être humain magnifique, et je ne pourrais pas être plus heureuse pour vous deux - pour vous trois. Levons nos verres à Adénine et John ! Félicitations, et à une vie de bonheur ! Mon dernier mot sera : bon courage, John. »

La salle entière se mit à applaudir, debout. J'avais observé Adeline écouter attentivement chaque mot prononcé par sa sœur, un sourire ému illuminant son visage. Alors que Laura évoquait les souvenirs de leur enfance et les taquineries fraternelles, un rire léger avait échappé à la jeune mariée, partagé par son compagnon - son mari - et les invités.

Au fur et à mesure que le discours progressait, on pouvait voir les yeux de Line briller de plus en plus, remplis de larmes de joie. Elle avait serré doucement la main de John contre ses lèvres, son cœur débordant d'émotion et de reconnaissance. Les souvenirs évoqués ravivaient en elle une multitude de sentiments, mélange de nostalgie et de bonheur.

Lorsque Laura avait parlé de l'amour et du soutien inconditionnel qu'elles partageaient malgré les chamailleries fraternelles que tous connaissaient bien, Adeline n'avait plus put retenir ses larmes. Une larme solitaire avait coulé le long de sa joue, rapidement suivie par d'autres, tandis qu'elle murmurait un « je t'aime » silencieux à sa sœur. Elle avait été profondément touchée par les mots sincères et l'affection palpable dans chaque phrase, ça se voyait. John lui-même ne retenait pas son sourire.

À la fin du discours, Adeline avait été la première à se lever, ses yeux fixés sur Laura, et contourna la table pour lui offrir une étreinte pleine de tendresse et de gratitude. La salle applaudit chaleureusement, émue par ce moment de complicité et d'amour fraternel. En tenant Laura dans ses bras, elle murmura à nouveau, et je pouvais lire sur ses lèvres de nouveaux « je t'aime ».

Laura embrassa sa sœur sur la tempe puis tout le monde se rassit et ma compagne tendit le micro au frère du marié.

Il fit un discours tout aussi émouvant et le dîner se termina avec les yeux humides.

Avec les bras de Laura autour de mon cou, les mains encerclant délicatement sa taille, sa joue posée contre mon torse, ses lèvres parfois sur les miennes, j'observai les couples valsant paresseusement autour de nous.

Cette petite figure, princesse dans une mer de tulle. C'était ça, pour moi, le bonheur. Tout ce que cette journée représentait était juste là, dans mes bras.

J'étais captivé par elle comme par un feu d'artifice.

*** THE END ***

4434 mots.

Note : ne pas écouter "Holding On To Heartache" dans les moments émouvants.

Wow.

Donc c'est la fin.

Merci pour tout.

Merci.

Bonne soirée,

- Alex.

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