Chapitre 8 - Red Wine

« - Vous avez un nombre absurde de plateaux, m'informa Laura, en en sortant six d'un placard.

- Je sais, répondis-je en haussant les épaules. Tu serais étonnée du nombre de trucs absurdes qu'on a ici.

- Ça sera pire une fois que vous aurez déménagé, » ajouta Meina en sortant une demi-douzaine de couverts.

Mon amie française répartit les couverts sur les six plateaux. Je remplis les assiettes. Meina était entrée dans la cuisine un peu après le départ de Will. Nous n'en avions pas reparlé. Meina n'avait miraculeusement pas mis les pieds dans le plat. Ce qui était rare.

« - C'est vraiment si grand ?

- C'est insupportablement grand, confirmai-je. En même temps, ça tient plus d'un complexe d'appartements que d'une maison. Et c'est obscènement cher.

- Tant que ça ? demanda encore Laura.

- Ouep, mais on a les moyens, lui assurai-je.

- Je sais bien, répondit-elle en levant les yeux au ciel. Meina, vous mangez dans votre chambre ou en bas ? demanda-t-elle en ajoutant un verre sur chaque plateau.

- Je mangerai ici, merci Laura. »

Elle acquiesça et disposa un plateau sur son avant-bras. Elle en prit un par main. Meina lui ouvrit la porte. Avec agilité et presque grâce, elle disparut vers les escaliers dans un tourbillon de cheveux blonds. Précautionneusement, j'en pris un à mon tour. Ma maladresse n'était pas qu'une réputation. C'était un fait. Je montai prudemment et toquai à la porte de William. Il me dit d'entrer, alors j'entrai au moment où Laura redescendai chercher notre repas.

Je déposai doucement le plateau sur son bureau. Il était seul dans sa chambre, sur son ordinateur.

« - Salut...?

- Salut, Sunshine. »

Il retira son casque et rabattit l'écran de son ordinateur. Il se leva de son lit et s'approcha de moi.

« - Tu veux en parler ?

- Non. »

Je savais, il savait. Il était conscient que c'était la jalousie qui parlait. Et, à travers elle, le désespoir. C'était fou, ce que ça faisait, parfois, l'amour. C'était intéressant à observer - de loin. Pas quand ses meilleurs amis en souffraient.

« - Ça me va, bonne soirée. N'oublie pas, demain, on va au Beckenham Place Park avec Loam et Laura pour être pris en photo, lui rappelai-je en posant ma main sur son épaule.

- Paul m'a envoyé un mail, oui. Je suis obligé de venir ?

- Oui, Will. On va juste au parc marcher un peu, prendre l'air. Se faire photographier, ajoutai-je d'une voix douce.

- D'accord, » soupira-t-il, se passant la main sur le visage.

Il s'assit et je reculai. En sortant de sa chambre, je fermai la porte et songeai à passer la tête dans la chambre de mon copain, juste à côté, mais Meina était là. Elle était toujours là, accotée au mur. Je traversai le couloir pour me rendre jusqu'à ma chambre et fermai la porte derrière moi.

***

« - J'ai ramené du vin rouge. »

Je tournai ma tête vers Laura, qui venait de briser le silence par son affirmation. Je haussai les sourcils, intéressé. D'accord, j'étais mineur. Mais franchement. Un peu de temps en temps. Et du vin rouge français ? Comment dire non ?

Laura se leva et fouilla dans ses affaires avant d'en sortir une bouteille de verre vert. Comment avait-elle survécu au voyage ? Mystère. La petite quantité de papier bulle négligemment posée sur le côté répondait en partie à la question. Mon amie revint s'asseoir avec moi, un tire-bouchon en main, et ouvrit la bouteille d'une main experte avant de remplir nos verres.

Téléphones éteints posés loin de nous. Douce lumière tamisée. Juste deux amis qui dînaient en buvant du vin rouge. Bien loin des rumeurs. Bien loin d'un monde où ils étaient obligés de prétendre s'aimer. Un monde qui se trouvait à une épaisseur de mur. Un monde dont ils étaient séparés par une simple porte.

L'alcool me rendait triste et philosophe.

Au cours de la soirée, le plateau avait été mis dans un coin, la valise et le sac de Laura avaient été sortis dans le couloir, la table basse et le canapé avaient été bougés pour nous laisser de l'espace pour chanter et danser, et juste apprécier notre soirée.

À un certain moment, je pris conscience que nous étions allongés sur le sol.

Je décidai que je n'en avais rien à faire.

Jusqu'à ce que Laura m'interpelle.

« - Zoran ? »

Je regardai dans sa direction. Elle avait les yeux fermés. La main posée sur son cœur.

« - Oui ? »

Elle soupira longuement avant d'avouer :

« - J'ai besoin de parler à William.

- Bah, tu sais où est sa chambre, répondis-je en lui désignant la porte sans trop comprendre son dramatisme.

- C'est pas bien, gémit-elle.

- Pourquoi ? demandai-je en fronçant les sourcils.

- Je suis pompette. Et je passe ma soirée avec toi, pas avec lui. Je vais pas te laisser tout seul, » répondit-elle en haussant les épaules, posant ses yeux bleus sur moi.

Je préférais définitivement le bleu de Loam. « These Eyes », comme je l'avais écrit, étaient plus ensorcelants.

« - Tu peux. Non, attends, dis-je en me levant. Tu dois, » ajoutai-je en tendant ma main vers elle pour l'aider à faire de même.

Elle considéra ma proposition en fixant ma main quelques secondes avant de finalement la prendre. Elle se recoiffa rapidement et remit ses vêtements en place, puis je l'accompagnai à la porte.

« - Appelle-moi si tu as besoin de moi, me fit-elle promettre.

- Je le ferai, » promis-je donc en ouvrant la porte.

Une fois que je la vis disparaître dans la chambre à l'autre bout du couloir, je refermai ma porte et me rendis dans ma salle de bain pour me doucher et me brosser les dents. J'observai les produits d'entretien pour mes boucles, alignés sur une étagère, avant de secouer la tête. Plus tard.

Je revins dans ma chambre et remis les meubles en place avant de m'écrouler sur mon lit. Je saisis mon téléphone et scrollai quelques secondes dans le flot d'informations des réseaux sociaux avant de trouver une photo de moi et Laura ce midi, postée sept heures auparavant. Je souris distraitement, Laura avait gagné son pari. Je lui devrai des gaufres, demain. Je fis défiler encore quelques minutes, toujours impressionné par le nombre d'angles différents. Il y avait aussi quelques photos de Loam et Will, « Les Deux Chanteurs Du Groupe Five Hearts Achètent Un Café : Mais Quel Parfum A Bien Pu Conquérir Leurs Palais ? » qui me firent rire.

Meina frappa et ouvrit la porte de ma chambre. Elle jeta un œil à l'intérieur et posa la main sur sa hanche.

« - Est-ce que je peux savoir où est passée Laura...?

- Chambre de William. Elle est partie il y a une demi-heure alors j'assume qu'ils ne sont pas en train de s'entretuer. Par conséquent - conseil d'ami -, ne vas pas vérifier, répondis-je sans lever les yeux de mon téléphone.

- Je note, merci, répondit-elle. Bonne nuit. »

Elle referma la porte, que je rouvris discrètement, je l'entendis vérifier la chambre de mon copain. Une mère et ses enfants en bas âge. Même dans mon enfance, je n'avais pas vécu cela. Et pourtant, j'avais grandi dans un orphelinat. D'un autre côté, j'avais été éduqué par des anges. Une fois bien sûr qu'elle était montée, je refermai la porte et revins me glisser sous ma couette.

Je répondis à un message de Tina avant de lire un Tweet de Loam, datant de quelques minutes. Il était toujours réveillé. Je regardait l'heure. Il était presque vingt-trois heures trente. Meina était en haut. Laura était avec William. J'appelai mon copain. Il répondit dès la première sonnerie.

« - Allô, Bee ? Tout va bien ? »

Ah, sa voix. Elle me rendait tellement heureux. Je posai le téléphone à côté de ma tête et fermai les yeux.

« - Salut, Honey. Oui, tout va bien, je voulais t'entendre un peu. Tu fais quoi ?

- Oh, sa voix s'adoucit. Franchement, rien. Je regardais une série. »

J'ouvris un œil intéressé. Loam ne regardait pas de série. Enfin, une seule.

« - Friends ? Encore ?

- Comment tu sais ?

- Je veux pas dire que je te connais par coeur, mais... Tu vois ce que je veux dire ? On vit ensemble depuis deux ans et on passe presque tout notre temps ensemble. On a déjà regardé Friends entièrement ensemble deux ou trois fois, toi et moi. Dont une fois sans pause sauf que tu t'es endormi sur mon épaule et que tu m'as bavé dessus pendant six heures, lui rappelai-je avec un sourire.

- Tu t'es aussi endormi, protesta-t-il.

- Au moins, je bave pas, mon coeur, répondis-je en refermant les yeux.

- Mh-mh, » grogna Loam en réponse.

Au terme de trois jours et demi de visionnage, nous n'avions effectivement pas réussi à regarder l'intégralité de la série sans dormir. Mais presque ! Mon copain avait dormi six heures et moi une de plus. En revanche, nous avions bénéficié d'un sommeil de seize heures d'affilée, à la fin. Nous avions une semaine de pause après notre tournée en 2021. Nous étions en couple depuis quelques semaines et nous étions allés chez lui, à Ilford, pour prendre une pause. Je connaissais déjà son père et sa belle-mère, puisque nous étions proches, mais ça avait été l'occasion de me présenter officiellement comme « petit-ami ». Nous avions passé trois jours et demi dans les bras de l'autre, confortablement installés dans son lit.

« - Je peux te demander un truc, Honey ?

- Tout ce que tu veux, répondit-il d'une voix qui m'envoya des papillons dans le ventre parce que je la connaissais bien et que je pouvais absolument imaginer son expression; d'une voix si calme qu'il sonnait apaisé, presque sur le point de s'endormir, que j'avais entendue des centaines de fois me murmurer des « Je t'aime » alors qu'il cachait son visage dans mon cou, ses lèvres effleurant ma peau, expirant des souffles d'air chaud contre elle.

- Tu peux parler, s'il te plait ? demandai-je une fois que je me rappelai que Loam était mon copain et que je n'avais pas besoin de secrètement paniquer comme je l'avais fait en silence depuis notre rencontre jusqu'à ce quatorze septembre.

- Absolument. De quoi veux-tu que je parle ? répondit-il comme s'il ne savait pas pertinemment que je l'écouterai parler d'à peu près n'importe quoi.

- Ce que tu veux.

- D'accord. Alors, vois-tu, j'ai fait un rêve récemment. De Noël, celui de cette année. Je crois pas qu'on ait de plan pour l'instant, mais en même temps, on est en mars donc c'est normal, précisa-t-il. Enfin bref, tout était gelé et bleu, et tu étais là, aussi. Il y avait du gui. Et on regardait un feu de cheminée en se disant qu'on s'aimait. Ça sentait un truc que je connais bien. En fait, ça sentait toi. Les bonbons. J'étais trop bien. Il faisait chaud. Il y avait du thé. Dans un chalet. Et il y avait des fenêtres, donc on voyait la neige dehors. Où que ce soit, je veux aller là-bas, depuis. »

J'avais émis de petits sons d'appréciation au long de son récit. Je nous y voyait vraiment. Lui, un feu, de la chaleur et moi. Maintenant, j'avais hâte d'être à Noël.

« - T'as rêvé de ça quand ?

- La semaine dernière ? À peu près. Tu penses qu'on devrait écrire des chansons de Noël ? »

Je gloussai à l'idée. Bien entendu, ça m'était déjà passé par la tête. Je ne nous visualisais juste pas le faire, vraiment. Que ce soit en solo ou avec le groupe.

« - Je sais pas. On aurait quoi d'original à ajouter ? On passe des fêtes de fin d'année classiques.

- Pardon ? s'indigna-t-il. Quand on va chez toi, on fête Noël avec littéralement tout Petham et vous êtes nombreux. Tout le monde se cotise pour offrir des cadeaux aux orphelins et vous organisez un atelier de pâtisserie géant ! Je trouve pas ça classique, moi. Et dans ma famille, on fête Noël au minimum quatre fois pour être sûrs d'avoir vu tout le monde : une fois dans la famille de mon père, dans celle de ma mère, dans celle de ma belle-mère et avec nos amis. On pourrait parler des rassemblements, de la foule, de la bienveillance, de la pâtisserie, de la chaleur...

- Honnêtement, Honey. Ça c'est le script d'un téléfilm de Noël, le coupai-je. Tu sais, où Holly, blonde aux yeux bleus, travaille à New York dans la publicité, mais elle retourne dans sa ville d'origine sans son fiancé. Elle rencontre le nouveau boulanger, Grant, brun aux yeux verts. Elle doit organiser un événement pour les enfants de la ville et Grant et elle tombent amoureux sauf que son fiancé lui fait la surprise de lui rendre visite etc. Tu m'as compris.

- Holly, blonde aux yeux bleus et Grant, brun aux yeux verts, mh ? Ça sonne un peu comme nous, ça. Raison de plus pour l'écrire, cette chanson.

- Hey, protestai-je mollement.

- Je le ferai sûrement, dans tous les cas. Et je la sortirai le jour de ton anniversaire. Puisque c'est littéralement le lendemain de Noël.

- Un grand jour pour les fans, ris-je. Mon anniversaire, notre tatouage et wow, le grand Loam Davies qui sort une chanson de Noël ? Tu vas en tuer deux ou trois.

- Le grand Loam Davies ? demanda-t-il et je l'entends presque hausser les sourcils.

- Ah oui, pardon. Le minuscule mais notable Loam Davies, si tu préfères.

- Je préfère les surnoms, si tu veux tout savoir.

- Genre le surnom par lequel tu m'as appelé aux BRITs cette année ? »

Je l'entends grogner. Il y eut un froissement à l'autre bout du fil. Je devinai aisément qu'il venait d'enterrer sa tête sous son oreiller. Je m'empêchai de rire. Je parviens donc à saisir son faible gémissement.

« - Pitié, non. »

Je ris, finalement. Les Brit Awards 2023 avaient eu lieu le mois dernier. Le onze février. Nous avions gagné le prix du Meilleur Groupe. La petite boulette de Loam avait été rattrapée rapidement. Si bien que peu de gens l'avaient réellement remarquée. Les fans de notre couple ne l'avaient bien entendu pas laissée passer, par contre.

« - Et le gagnant est... Five Hearts ! » avait annoncé Leigh-Anne Pinnock, chanteuse du groupe Little Mix.

La pièce s'était remplie de cris de joie et d'applaudissements. D'un même mouvement, Loam, Will, Eze, Dean, Moïra et moi nous étions levés pour se prendre dans les bras - les tables étaient rondes donc nous étions loin les uns des autres. Moïra s'était rassise alors que Jonah et Frank nous avaient serré la main. Puis nous étions montés sur la scène.

Leigh-Anne et Chloe Kelly s'étaient reculées, nous laissant deux micros et le trophée. En arrivant devant le pupitre, Eze avait pris le Brit Award et nous avait capturés dans une accolade de groupe sous un nouveau tonnerre d'applaudissements.

Notre écossais avait finalement pris un microphone et mon petit-ami l'avait imité.

« - Eh bien bonsoir, avait commencé Dean. C'est un honneur pour nous d'être ici et d'avoir pu gagner cet Award ce soir, » ajouta-t-il en désignant Eze, qui avait montré comiquement le trophée au public.

Je m'en étais rendu compte, il était d'une taille conséquente, le public. Des centaines de personnes. Et beaucoup de célébrités, dont mes idoles, par exemple, mais aussi certains des amis que nous nous étions faits en deux ans. Au sein de l'industrie.

« - Rien n'aurait pu être pu possible sans nos soutiens, avait dit Loam et sa voix m'avait ramené dans le présent. Alors, merci à nos familles, nos amis, nos voisins. Merci aussi à Jonah Stephen et Frank Semetra. Sans vous, notre groupe n'existerait pas.

- Merci à toutes les personnes avec lesquelles on a travaillé ce soir : les maquilleurs, les coiffeurs, les costumiers, les musiciens, les régisseurs, les directeurs artistiques. Bref, tout le monde. Aussi, merci aux fans, vous êtes les meilleurs. »

Will m'avait pris par le bras pour me serrer contre lui. Nous étions tous les cinq épaules contre épaules.

« - À titre personnel, j'aimerai remercier les autres membres de Five Hearts, avait déclaré Loam. Merci mon cœur, » avait-il commencé.

Dean s'était mis à rire, imité par Eze, Will, moi et une partie de l'assistance. Sans compter que le discours allait être diffusé sur les réseaux sociaux. Loam n'avait pas ri. De ce que j'avais vu, il avait même semblé calme et serein.

« - Alias Zoran, avait continué celui-ci, imperturbable. Merci, mon âme sœur alias Will; merci l'amour de ma vie, Eze, n'arrête jamais tes plats qui nous font tenir lors des longues sessions d'enregistrement; et merci mon héros, Dean, continue de nous faire rire et d'apporter de la joie dans notre groupe. »

Une nouvelle accolade et nous étions redescendus de la scène. Le public riait, bien sûr. De retour à nos places. J'avais mal, je m'en étais rendu compte assez vite. J'avais réalisé que la brûlure traînait dans le coin de ma tête depuis un moment. Depuis que notre victoire en tant que Meilleur Groupe avait été annoncée. Dean s'était levé et Moïra l'avait embrassé. Et j'avais eu envie de faire de même, puisque Loam était assis à côté de moi. Mais je n'avais pas pu.

Loam et moi étions un couple fusionnel, littéralement. Toujours ensemble. Même en tant qu'amis, avant ce quatorze septembre. Clairement, je ne pouvais pas me passer de lui. Être loin de lui ? Impossible. J'en deviendrais fou.

« - Quoi ? J'aime bien comme tu m'appelles comme ça. « Mon cœur », c'est mignon, soulignai-je.

- Pas au milieu d'une cérémonie comme ça, protesta-t-il. T'as vu les posts sur les réseaux après ?

- Oui, répondis-je. Tu sais, j'en ai parlé avec des fans. Sur mon faux compte. J'aime bien faire ça. Ils ont réussi à trouver un angle de caméra centré sur Moïra à ce moment-là. Je sais pas comment ils font pour trouver toutes ces vidéos. Me fait peur dans un sens.

- Oh, bah tu sais... Suffit de voir les vidéos-théories sur nous. Ça, ça fait peur. Mais c'est drôle de les regarder en sachant que tout est vrai. Tiens, en parlant de ça, fit-il et ses draps émirent un bruit à l'autre bout du fil. Je traînais dans la partie « Loran » de Twitter tout à l'heure et j'ai discuté avec des fans de ta relation avec Laura. On était trois, je crois. Une personne qui pensait que c'était faux - d'ailleurs ça y est, ils se sont donné un nom : Lories - et une qui était persuadée que c'était vrai. Et moi. Et la Lorie a démontré point par point en quoi votre relation était pas crédible et elle a réussi à convaincre l'autre.

- C'est normal, Honey. Ma relation avec Laura n'est pas crédible. Le timing était trop bon. Aussi, tu sais ce que j'ai lu ? Selon certains, je cite - parce que je l'ai appris par coeur tellement c'est lunaire - : « Zoran Evans a bien trop l'air gay pour sortir avec l'ex-baleine de William Taylor. » Hein ? D'accord, je veux bien « avoir l'air gay », parce que c'est un peu ce que je recherche, mais est-ce qu'insulter Laura est nécessaire pour ça ? Non, sérieux.

- On revient au problème général de la vie, mon coeur. Soit c'est pas assez, soit c'est trop. Les gens ne savent pas défendre une cause sans partir dans les extrêmes, m'expliqua-t-il doucement.

- Je sais... Et c'est pas juste à elle que ça arrive. Globalement, toutes les stunts se font insulter. Parfois même les vraies partenaires. M'enfin, j'imagine qu'on ne peut rien y faire. J'essaye de prendre la parole sur le sujet assez régulièrement quand même. Laura est mon amie. »

Loam n'ajouta rien. Pendant de longues minutes, il n'y eut que sa respiration, forte et régulière. Apaisante. Je pensais qu'il s'était endormi alors je me contentai de respirer calmement, moi aussi. Le rythme de ses inspirations, expirations et l'alcool aidant, je m'endormis presque. Jusqu'à ce qu'il murmure tout bas, d'un ton presque timide :

« - Tu dors ? »

Je ris doucement. Il faisait ça souvent, lorsque nous dormions ensemble. D'abord, il me prenait dans bras et nous nous embrassions longtemps. Ensuite, nous parlions front contre front. Je finissais par placer mon dos contre son torse et il entourait mon corps de ses bras. Il me chuchotait des mots doux. Son nez calé contre la peau juste derrière mon oreille et ses lèvres effleurant mon cou. Savourant les frissons qu'il y parsemait. Puis il se taisait. Au bout de quelques minutes, il me demandait « Tu dors ? » d'un ton doux. Je pressais sa main et il répartissait de petits baisers entre mon oreille et ma mâchoire. Nous finissions toujours par nous endormir, ses lèvres dans mon cou.

« - Non. »

Il répondit quelques mots que je ne saisis pas, murmurés trop bas. Puis il continua, plus haut.

« - Je t'aime, Zoran.

- Moi aussi, Honey.

- Dis-le, s'il te plait.

- Je t'aime Loam. Vraiment. Beaucoup. Tu es tout pour moi. Tout mon univers. »

Parfois, je m'imaginais Loam comme un chat. En demande d'attention constante, câlin, joueur, parfois. Là, il aurait ronronné, je le savais. Et ça me faisait du bien, d'avoir cette certitude. Pour rien au monde je ne retournerais à notre période d'avant, celle avant d'être ensemble. Ça avait été drôle, oui. Se regarder tomber amoureux, essayer de se séduire, les petits moment de gêne, les taquineries. Mais rien ne valait la certitude d'avoir l'autre. De pouvoir se le dire.

« - Je t'aime.

- Je t'aime.

- Je t'aime.

- Je t'aime.

- Je t'aime.

- Je t'aime.

- Je t'aime.

- Je t'aime. »

L'alcool avait fini par déserter mon sang et la voix de Loam se faisait de plus en plus lente. Je roulai mollement sur le côté pour lire l'heure sur mon horloge. L'idée de regarder mon téléphone ne me traversa même pas la tête. Il était presque une heure du matin.

Loam continua de divaguer, changeant de sujet au gré de ses pensées. Il réfléchissait à voix haute. J'eus le temps de saisir quelques mots qui me firent sourire avant de finalement sombrer dans le sommeil.

« - Et il y tes cheveux aussi. J'aime... Les aime. Parfois ils sont dorés avec la... Le. La lumière. Ressembles à un ange... » 

***

Et hop, 3645 mots, et une grosse partie de fluff. Et un flashback parce qu'on aime les flashbacks. Si vous aimez pas, c'est moi l'auteur. 

Donc oui, ça se voit que j'ai écrit ça autour de Noël ? Ouais. J'avais Christmas Tree Farm dans la tête pendant une semaine.

Au fait, bonne année 2024 !

Je vous laisse avec ce petit chapitre, celui d'après est un peu plus consistant. Aussi, j'ai encore pris du retard parce que j'ai été super malade mardi donc j'ai dormi de 5h à 17h et quand je dormais pas j'étais pas dans la possibilité d'écrire. Donc le prochain chapitre est fini mais celui d'après... Pas encore commencé. Normalement j'aurais des semaines chargées mais pas trop, et je prévois déjà pas de chapitre le 23 février (oui c'est dans longtemps mais eh).

Bonne soirée, 

- Alex.

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