Chapitre 27 - Mango

« - Et les deux dernières pages concernent les droits d'auteur. Normalement, elles sont identiques à celles du contrat précédent, je ne crois pas qu'elles aient posé problème.

- Non, normalement c'est bon, » acquiesça Will après avoir feuilleté les papiers.

Il y avait juste nous cinq et Jonah, dans cette pièce. Laura attendait dehors avec le nouveau management. Normalement, ils avaient eu le temps de faire connaissance : nous étions dans la salle de réunion depuis plus de deux heures, à relire en détail tous nos contrats, à revenir sur chacun des points. Nous nous étions fait avoir une fois, pas deux. Nous étions tous majeurs, moi y compris, donc aucun de nos tuteurs n'étaient présent, cette fois. Malgré la confiance que nous mettions en Jonah, nous nous efforcions d'être vigilants.

Nous signâmes chaque contrat, apposant religieusement nos signatures au bas des pages.

Date de fin : trente juin 2025.

Au trente juin, nous en signerions un de nouveau, moins contraignant, nous cesserions de vivre tous les cinq. Moi et Loam allions bien entendu continuer à le faire, même si nous n'y étions plus forcés. Will et Laura emménageraient officiellement ensemble. Même chose pour Moïra et Dean - l'écossaise viendrait en Angleterre. Et Eze continuerait sa vie de papillon de nuit, volatile et libre.

Tout ça, c'était pour dans un an et demi.

Actuellement, la porte du bureau s'ouvrait sur Laura et deux autres adultes. Un homme et une femme, comme avant. La femme était un peu plus grande que Laura, avec des cheveux châtains légèrement ondulés et des yeux vert-marron contrastant sur une peau blanche laiteuse. L'homme, lui, était plus grand que Loam, yeux bleus, cheveux bruns bouclés dans lesquels se baladaient des mèches argentées et une barbe de trois jours. Des tatouages erraient sur ses doigts et remontaient sûrement le long de ses bras, recouverts par un sweatshirt vert.

« - Vous voilà, s'exclama Jonah. Les garçons, votre nouveau management. Laura, que vous connaissez déjà, ainsi qu'Elsa et James. Elsa travaillera à temps partiel pour commencer, elle ne vous accompagnera pas dans votre tournée aux États-Unis dans les premières semaines.

- J'ai eu un petit garçon il y a un mois et quelque, » précisa-t-elle d'une fois douce.

Juste comme elle le disait, je remarquai qu'elle avait une main posée sur son ventre dans un geste inconsciemment automatique, protégeant la laine bleu clair. Le bébé n'était plus à l'intérieur d'elle mais le réflexe restait.

« - Quant à Laura, sa présence dépendra de son emploi du temps.

- J'ai un bouquin à promouvoir, quoi, expliqua Laura en haussant les épaules.

- Bien entendu, acquiesça Jonah. Bon, à présent, je vous invite à descendre à la cafétéria pendant qu'ils signent leurs contrats, ils vous rejoindront et vous pourrez briser la glace. »

Dean acquiesça et nous sortîmes de la pièce. Les couloirs étaient vides dans cette partie de l'établissement, personne n'enregistrait un trente-et-un décembre. Nous connaissions ces endroits grosso modo par cœur. C'était vide. J'avais l'impression d'être au lycée un jour où j'aurais pas dû avoir cours - je n'étais jamais allé au lycée mais c'était ce que je m'imaginais. Nous nous dirigeâmes vers la cafétéria. Elle était ouverte, oui, mais toutes les lumières étaient éteintes. Après quelques secondes de recherche au flash de téléphone, Eze trouva l'interrupteur et appuya dessus. Quelques clignotements, et les néons s'allumèrent.

Loam se dirigea vers le distributeur puisque rien d'autre n'était à disposition. Il acheta huit canettes de coca et les déposa à la table où nous étions assis. Loam s'installa à ma droite, Will à sa droite en bout de table. En face de Loam, une place restait libre pour Laura et en face de moi, Ezechiel s'était assis. À ma gauche se trouvait une place vide et en face de celle-ci était installé Dean.

« - Nous y revoilà, nota Dean. Comme il y a trois ans.

- On est juste plus vieux, répliqua Loam.

- Zoran est toujours gay, remarqua Will.

- Non, non, je suis pas Zoran, répondis-je. Juste gay.

- Mais il est même pas si tard, souffla Loam après un petit silence résigné. Pourquoi il part en couilles si vite ?

- Hey, mais je suis là, hein ! rappelai-je.

- Tu l'as laissé dormir cette nuit ? demanda Dean. Parce que bon, il est tout juste quinze heures, normalement il réagit pas comme ça en plein après-midi lorsqu'il a bien dormi.

- Bah oui, je l'ai laissé dormir, tu crois quoi ?

- Oh, juste que vous êtes deux jeunes avec une libido assez forte, fit Dean en haussant les épaules.

- Mais c'est super hors-personnage de ta part, remarqua Eze. Normalement, tu veux pas savoir les détails.

- Je veux pas savoir, je m'inquiète juste pour la santé de Zoran.

- Mais je vais super bien ! m'exclamai-je.

- Non, vraiment, je m'inquiète.

- J'ai juste un humour de merde, me défendis-je.

- Ça, c'est vrai, » répondit Dean en calculant enfin ma présence. Petite merde.

Sur ces mots excessivement gentils de la part de mon meilleur ami écossais, Laura ouvrit la porte de la cafétéria et laissa entrer Elsa et James. Laura s'installa à sa place désignée, James s'assit à ma gauche et Elsa en face de Will.

Dean glissa une canette vers Laura et une vers Elsa, je déplaçai la dernière en face de James.

« - Bon, on brise la glace ? » lança Loam, un peu sur la défensive.

Avec ce qu'on se traînait depuis trois ans, c'était normal et compréhensible de sa part. On savait depuis quelques temps qu'avoir une femme dans l'équipe n'apportait rien; Meina n'avait pas changé la dynamique de notre groupe. Mais je devais avouer que le fait qu'Elsa soit jeune mère me rassurait beaucoup. Quant à James, il avait presque l'air d'un chaton, ce qui était étrange à dire d'un homme qui devait avoir passé la trentaine.

« - Ça me va, acquiesça James.

- On fait un tour de table avec quelques faits sur nous et une rapide présentation ? Après on improvise, suggéra Eze. Je commence, fit-il une fois que tout le monde eut acquiescé. Je m'appelle Ezechiel, même si on m'appelle Eze, j'ai vingt ans et demi, je viens de Manchester, je compte me teindre les cheveux en rose clair quand on sera à Dallas. Dean, t'enchaînes ?

- Okay, uhm... Bah, je m'appelle Dean, j'ai dix-neuf ans, je viens d'Écosse et mon but dans la vie c'est d'avoir les cheveux aussi longs que Raiponce, donc je vais juste les laisser pousser le plus possible. Elsa, je vous laisse la parole.

- Te. Tutoyez-moi, s'il vous plaît. Je m'appelle Elsa, j'ai trente ans et j'ai un fils qui s'appelle Theo mais je ne suis plus avec son papa, uhm... Je suis la plus jeune d'une fratrie de trois, je suis plus proche de mon grand frère donc j'ai l'habitude du bordel.

- Je connais ça, fis-je remarquer.

- Le lot des plus jeunes, acquiesça-t-elle. C'est notamment pour ça que j'ai accepté ce poste, sourit-elle. James, tu peux continuer.

- Mh, mh. Je m'appelle James, j'ai trente-trois ans et vingt-sept tatouages. J'ai pas de... Famille. Enfin, j'ai des parents et tout, mais pas de partenaire ou d'enfant, c'est juste moi et mes deux labradoodles. Ils s'appellent Wilfried et Barbara. Mes parents vivent dans le nord de l'Angleterre, donc c'est juste nous trois. Et c'est à peu près tout.

- Euh, bah je suis gay..., commençai-je en faisant rire mes amis.

- C'est le premier truc qu'il nous a dit, indiqua Dean.

- Blague à part, je m'appelle Zoran, j'ai dix-huit ans et mon but capillaire, puisqu'on était partis là-dessus, c'est d'avoir les cheveux mi-longs, plus ou moins aux épaules. Mais c'est dur, je préviens dès maintenant, je vais me plaindre de mes boucles tous les jours. Surtout en tournée.

- Perso c'est Loam, je vis avec lui et il est horriblement chiant avec ça-aïe ! Loam, vingt ans et j'ai deux grandes demi-sœurs parce que ma famille est encore plus bancale que la politique française. Dean cuisine mal.

- Hey !

- C'est vrai, répondit Eze.

- T'es pas défendable, ajouta Will.

- Ils ont raison, soulignai-je.

- Donc, il ne faut pas laisser Dean près d'une cuisine, résuma Elsa.

- T'apprends vite, approuva Laura.

- Allez tous vous faire foutre, sauf James, maugréa notre écossais. Vas-y, William, sale traitre. Présente-toi.

- Il est pas vraiment en colère, expliqua Will. Il connaît ses capacités. Enfin bon, moi c'est William même si, s'il vous plaît, appelez-moi Will. J'ai vingt-et-un ans et je suis juste le plus vieux ? Je crois que c'est ma seule particularité. Et pour remonter l'égo de Dean : ses pancakes sont divins.

- Merci, t'es un vrai frère, toi, au moins. Laura, vas-y.

- Eh bien, je m'appelle Laura, j'ai vingt ans et je suis arrivée en Angleterre il y a quatre ans. Je suis écrivaine et j'ai un bouquin qui sort mardi prochain, donc je peux pas vous accompagner à Dallas, j'ai des séances de dédicace et tout...

- Excusez-nous, madame, se moqua gentiment Loam.

- C'est pas moi qui fais actuellement une tournée mondiale, répliqua-t-elle.

- C'est vrai qu'on est super connus..., commença Loam, mais Laura se pencha par-dessus la table et lui donna une pichenette.

- Fais gaffe à tes chevilles, prévint-elle.

- Connasse, répondit-il.

- Si vous vous prenez des insultes, vous inquiétez pas, c'est amical, confiai-je à Elsa et James. Vous avez l'air cool, tous les deux, donc je pense qu'ils feront pas gaffe. Vous faites partie du groupe, vous voyez le truc.

- J'adore votre dynamique, acquiesça James.

- Ils sont chiants, bruyants mais ils font du vaudou donc on les adore, intervint Laura.

- Super, commenta Will.

- Bah, après, je suis assez d'accord, ajouta Eze. C'est la faute de Dean, c'est lui le sorcier.

- Vraiment le seul qui est pas anglais, répliqua Will.

- Fleur Delacour est française, argua Laura.

- Pas faux, » concéda Will.

Après une petite heure de discussion, nous avions fait connaissance, plus ou moins, mais l'après-midi avançait et c'était la Saint-Sylvestre. Nous avions une soirée de prévue, et nous devions nous préparer. James nous avait confié qu'il avait une soirée du nouvel an également prévue avec quatre amis à lui et Elsa devait passer la soirée chez ses parents avec son fils, son frère et sa sœur.

On nous laissa donc partir et tout le monde rentra chez soi après avoir récupéré les numéros de téléphones de nos deux nouveaux managers.

Heureusement, pour la toute première fois de notre vie, nous avions été organisés, commençant les préparatifs hier. On devait être vingt-six, et hors de question de laisser les gens rentrer chez eux. Donc, comme pour l'anniversaire de Dean, ça allait être un joyeux bordel mais de toute façon personne ne serait sobre donc on partait du principe qu'on se fichait d'où on dormirait. Le principe c'était juste d'avoir un nombre confortable de couvertures et d'oreillers.

Ça irait.

***

Deux janvier.

Dallas.

Entre deux répétitions, on nous avait laissé une heure et demie dans la ville. Certains l'occupaient en se baladant ou en allant s'acheter de la teinture rose claire. Avec Loam, nous avions filé dans une librairie. On savait que Laura comptait nous envoyer une édition de son livre, mais nous voulions l'acheter tout de même.

Ici, aux États-Unis, tout était grand.

Rien que cette librairie consistait en un vaste hangar rempli d'étagères blanches rangées par ordre alphabétique. Il devait y avoir des centaines d'auteurs et, bien sûr, celle que nous cherchions avait un nom qui commençait par « M ». Nous avancions donc à l'aveugle, cherchant le centre du dédale de mots.

C'était fou ce que les gens se croyaient discrets lorsqu'ils parlaient de nous.

« - D'après toi, fit Loam en se penchant vers moi, on est gays ou on est célèbres ? »

Je jeta un œil dans sa direction. Il portait un bonnet et des lunettes de soleil, et un jogging noir avec une bande arc-en-ciel au niveau des chevilles. Quant à moi, j'avais les cheveux retenus par une casquette, les yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil et les ongles peints en noir. J'aurais pu appuyer sur d'autres détails, comme la doudoune noire de Loam, mon long manteau marron ou mon jogging beige, mais ce n'était pas l'idée.

« - On est gays et suspects, répondis-je.

- Mh, soupira Loam. Y'a aussi des pap'.

- On trouve le livre et on leur montre, décidai-je. On va faire de la pub à Laura. »

Nous avançâmes dans les allées et je trouvai enfin « Merryl, Laura » et ses trois livres. Il y avait deux éditions de son premier roman, trois du second et deux du troisième. J'en attrapai une, Loam aussi, puis nous nous dirigeâmes vers la caisse, placée dans un coin. Une seule caisse pour un si grand hangar ?

Il y eut des pas derrière nous, je me retournai juste pour apercevoir un appareil photo être baissé. Bien. Nous étions au courant que du moment où nous mettions un pied dehors jusqu'à l'instant où nous nous rentrions en sécurité, nous étions exposés aux paparazzis. C'était vrai n'importe où mais j'avais appris que les artistes étaient bien plus respectés en Europe - même si l'Angleterre n'y appartenait pas - qu'en Amérique. Spécialement aux États-Unis.

Je payai à la suite de Loam, puis nous nous dirigeâmes vers la sortie.

Je saluai quelques « clients » jusqu'à ce qu'un homme me demande gestuellement s'il pouvait prendre des photos. Loam lui répondit de la même manière que ça paraissait évident qu'il en avait déjà prises mais qu'il pouvait.

Quelques dizaines de minutes plus tard, nous étions dans la salle de concert. En notre absence, un certain haut-parleur avait subi un léger incident, donc on nous avait accordé une pause le temps que le problème soit réglé.

Je me rendis sur Twix, comme je le faisais toujours lorsque je savais que des photos récentes de moi traînaient en ligne.

La première que je trouvai était une photo de nous deux en train de lire les étiquettes des étagères avec en description « Loam & Zoran à Dallas cet après-midi ». Puis une de moi qui tendais un livre à Loam et nos doigts se touchaient, provoquant des vagues de cœurs et de papillons en réponse sur les réseaux. Nos doigts ne faisaient littéralement que se toucher, mais bon. On avait une communauté légèrement excessive, c'était pour ça qu'on les adorait. Sur la troisième et dernière photo, on voyait le dos de Loam et moi qui le suivait en agrippant la tranche du livre de Laura. Ça aussi, ça faisait parler et je laissai parler. En revenant sur le fil principal, je constatai que Loam avait déjà réglé la question.

@HistorybyFH
C'est le livre de Laura ? Elle vous l'a même pas donné ??? @zoranevans @LoamDavies_off ?

@LoamDavies_off en réponse à @HistorybyFH
Si. Elle nous l'a envoyé, à nous cinq, à Londres. Au cas où vous auriez pas remarqué, on est à Dallas. On rentre en février. Pour rappel : Laura est une âme merveilleuse.

Selon une partie des gens, Loam et Laura se détestaient puisqu'ils avaient tous les deux été en couple avec moi, parce que certaines personnes jugeaient que l'alchimie entre Laura et moi était trop forte pour qu'il ne se soit rien passé. Alors que c'était vraiment juste deux personnes qui pouvaient parler - mal - de Will pendant des heures sans s'ennuyer, en sachant que l'autre adorait notre aîné autant que l'un.

L'un et l'autre rappelaient constamment qu'ils s'entendaient bien, ce que je trouvais un peu triste, mais en tant que personnalités publiques, de toute façon, nous ne pouvions pas forcément vivre comme on le voulait, donc c'était juste une petite contrainte de rien du tout. Parfois c'était subtile, comme un des deux qui likait un post de l'autre, ou qui y répondait, ou plus frontal, comme là.

« - On reprend, me prévint Anton.

- J'arrive ! » m'exclamai-je en éteignant mon téléphone.

Je courus vers les coulisses pour ranger mon appareil et revins, attrapant mon micro au passage, juste à temps. Je savais qu'on m'aurait attendu, mais quand même.

Nous n'avions pas fait beaucoup de changements, juste ajouté quatre chansons du nouvel album. Aussi, cette fois, « Behind The Walls » était officiellement un duo - c'était enfin écrit quelque part - et Will, Eze et Dean avaient chacun une chanson de plus à chanter de leurs albums solo.

À la fin de la séance, après avoir dîner et répété quelques heures de plus, nous avions enfin fini. Nous recommencerions demain avant le concert. Pour le moment, nous étions cassé en mille morceaux, même si nous avions dormi, nous avions tout de même le voyage et le décalage horaire dans les pattes.

J'attendais dans un couloir, pas sûr d'où j'étais, mais je savais que Loam n'était pas loin et je l'attendais, lorsque James apparut à un angle de couloir, un paquet noir à la main - des cigarettes.

« - Oh, hey Zoran.

- Salut.

- Euh, oui, je voulais te dire. « Behind The Walls »... »

Il s'arrêta et acquiesça.

« - Vous avez déjà pensé à l'enregistrer ? Le duo, je veux dire. »

Je secouais lentement la tête. Factuellement, oui, mais la discussion n'avait jamais eu lieu.

« - On savait qu'on n'aurait pas le droit, donc, pas vraiment. Je me dis que ça serait pas mal, sinon.

- C'est-à-dire que votre duo donne tout son sens à la chanson. Si ça vous tente, vous devriez y penser.

- J'en parlerai à Loam, acquiesçai-je.

- Et moi à Stephen, si ça vous intéresse.

- Merci beaucoup, James.

- Pas de problème. »

Dean passa la tête à l'angle d'un autre couloir.

« - Oh, Girafe, t'es là.

- Va te faire foutre, Dean.

- Qu'est-il arrivé au bébé qui nous réprimandait pour notre langage ? demanda tristement Dean.

- Il a grandi, reniflai-je en retour.

- Tristesse, répondit Dean. Hey, James, tu viens avec nous, après ?

- Vous êtes supposés rester dans vos chambres, nous rappela James.

- Oui, oui, acquiesça Dean. En général, on se rejoint dans une des chambres et on discute, parfois on écrit. On va pas sortir, on est trop fatigués pour ça je pense.

- On parle de moi ? demanda Eze en apparaissant à son tour. J'ai entendu parler de fatigue. C'est moi, ça.

- Vous êtes sûrs que vous voulez veiller longtemps ? s'amusa James avec un rictus.

- Oui. Tu connais le rapport entre le sommeil et le surréalisme ? Personnellement, je trouve ça drôle d'explorer l'inconscient de cette façon. On me dit beaucoup que mes textes n'ont aucun sens, expliqua Eze. C'est normal.

- Ça me va de venir avec vous, alors, » décida James, rangeant son paquet.

Will et Loam arrivèrent finalement, discutant calmement. James nous guida jusqu'à la sortie, où nous montâmes dans nos taxis pour amener dans notre hôtel.

Cette nuit-là, nous apprîmes à mieux connaître James, dans les rires entre des mugs de thé d'hôtel. Lorsque Greg fit son apparition à la porte, il resta interdit devant le fait que notre manager était avec nous, puis, voyant que ça ne nous posait pas problème, il haussa les épaules et s'en alla.

Nous n'avions jamais vraiment invité Meina ou Andrew à partager nos soirées, c'était une première. Mais James était plus notre ami qu'un « adulte ».

***

Les États-Unis signifiaient que le bus était de retour.

Hier, nous avions fait notre concert à Orlando, demain ça serait à Miami, et nous devions récupérer Elsa à New York dans une semaine. Nous avions fait une nuit à Dallas, Houston, La Nouvelle-Orléans, et Orlando. Nous avions repris depuis onze jours. C'était intense. Mais magique.

Nous étions au beau milieu de quatre heures de trajet en Floride, allant vers le sud. La plupart des gens dormaient, parmi le groupe ou même James. Ce dernier suivait notre rythme, donc, bien entendu, il était épuisé.

Impossible pour moi de trouver le sommeil, alors je restai scotché à mon livre - à celui de Laura. Pour avoir un peu de lumière, je m'étais rendu à l'avant du bus. Le conducteur avait mis un peu de musique à la radio, constituant un fond sonore.

J'étais à la moitié de l'histoire, les personnages n'étaient pas encore ensemble et - d'accord, je voyais de quoi les gars parlaient quand ils disaient qu'on se tournait autour avec Loam, et que c'était frustrant. À chaque interaction de Willow et Jane, je voulais qu'elles se confessent.

Juste comme j'arrivais à une interaction rougissante à la boulangerie, j'entendis des pas descendre les escaliers derrière moi dans une démarche encore pleine de sommeil. Je cornai ma page et fermai le livre, juste pour me tourner vers le nouvel arrivant, un blondinet se frottant les yeux encore endormis. Je ne pus empêcher un sourire de se former sur mes lèvres à la vue de Loam.

« - J'me disais bien que t'étais pas en haut, » grommela-t-il.

Un gloussement m'échappa et Loam eut la force de m'adresser un doigt d'honneur avant de me rejoindre. Il s'installa à mes côtés et déposa sa tête sur mon torse. Silencieusement, je passai mon bras droit autour de lui afin de pouvoir garder mon livre ouvert. Mon copain glissa sa tête un peu plus bas afin d'ajuster sa position, me permettant de reposer confortablement mon visage dans sa chevelure, mes lèvres sur son crâne déposant de petits baisers dans les mèches blondes de temps à autre.

J'étais à peu près qu'il s'était endormi, jusqu'à qu'il me demande, d'une voix rauque, presque cassée :

« - On arrive dans combien de temps ? »

Je répétai la question à voix haute, pour que le chauffeur m'entende par-dessus les bruits du bus et de la radio.

« - Une heure si le trafic est bon, » répondit le chauffeur avec un accent bien... Américain.

Je répétai de nouveau les paroles, plus doucement, pour Loam, même s'il avait entendu la réponse.

« - Merci, Bee. »

Au bout d'une dizaine de minutes, la tête de Loam devint plus lourde et je compris qu'il s'était endormi pour de bon. Je m'arrangeai pour corner ma page de nouveau, refermer le livre et le poser de côté avant de passer mon bras gauche autour de Loam.

« - On aura du retard, » prévint le conducteur.

J'acquiesçai presque inconsciemment, remplaçant Loam plus haut contre moi, de façon à ce que je puisse poser ma tête dans le creux de son cou.

Le sommeil dont je manquai et que j'avais repoussé jusqu'ici me rattrapa enfin, et je sombrai joyeusement dans la spirale noire et blanche du sommeil sans rêve, caché en sécurité contre Loam dans un véhicule dans lequel j'avais confiance rempli de personnes que j'aimais.

***

3678 mots.

Appréciez mon humour douteux. J'adore le fait d'écrire et de vous imposer mes vannes.

Vous n'aurez pas de chapitres la semaine prochaine mais promis, l'avant dernier chapitre sort le 28 juin et le dernier sort le juillet. De toute façon ce soir, je suis en vacances et j'ai mon oral qui marque la fin de la fin le 28. Donc après, j'écris.

La fin est si procheeee ahhhh.

J'espère que vous avez aimé le chapitre 27. Nommé après le fruit le plus sucré d'après Google. Ouep, on en est là, mon historique est priceless.

Bonne soirée (j'suis malade),

- Alex.

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