Chapitre 25 - Basking In The Low Sun

Concert, sieste, avion, interview. C'était un peu violent à mon sens, mais j'étais ravie d'avoir les garçons avec moi de nouveau. Mais quand même. Organiser une interview deux heures après l'arrivée du groupe à Heathrow, c'était rude. Qui faisait des interviews à huit heures du matin ?

Bien entendu, les garçons avaient passé la journée de ce vingt-six octobre à dormir et se reposer après l'interview alors que Maria et moi préparions le dîner dans l'appartement de Zoran. Nous ne voulions pas les réveiller, donc hors de question de cuisiner dans les appartements occupés, mais puisque Zoran comptait squatter celui de Loam, le sien était vide. N'étant pas revenus à Londres depuis leur coming out, toutes ses affaires étaient encore ici. Ça serait un problème pour plus tard.

Nous nous étions tous réunis dans l'appartement inoccupé pour dîner, amenant une chaise depuis l'appartement de Dean, seule autre habitation située au même étage.

En tant que jeunes très désorganisés auxquels il manquait un sens des priorités, nous avions décidé avec Zoran, Loam et Will, de s'organiser un double-rendez-vous le lendemain, le vingt-sept. Les garçons étaient en vacances jusqu'à janvier et pourtant, nous nous sentions obligés de tout faire tout de suite. J'en étais ravie, ils m'avaient tous manqué

C'était donc dans la joie et la bonne humeur que nous avions préparé des lasagnes en suivant la recette de mes parents, et que nous avions attendu avec impatience que l'autre couple traverse le hall pour nous rejoindre. Dean était dans un train pour Glasgow, accompagnant Maria et Eze qui, eux, s'en allaient en direction de Manchester. Tout ça pour dire que malgré les dix pauvres mètres qui constituaient le hall, Zoran et Loam étaient en retard. Ce n'était vraiment pas grave puisqu'un certain monsieur avait décidé de me faire des moustaches de farine.

Mh.

(Il avait fini avec une touche de sauce tomate sur le nez - bien fait (j'avais vingt ans, pour rappel, mais pour ma défense, il en avait vingt-et-un)).

J'ouvris la porte en plein milieu d'un éclat de rire, Will ayant à moitié formulé une menace de mort en direction de ma personne.

« - Uh, on vous laisse ? suggéra Zoran avec un sourire.

- Non, entrez et sauvez-moi, suppliai-je en les faisant entrer.

- Nuh-uh, j'pense que c'est Will qui doit être sauvé, » répondit Loam.

Zoran lui frappa l'épaule en levant les yeux au ciel.

« - Tu connais Will depuis plus longtemps que tu me connais, moi, et tu penses que des deux, il doit être sauvé ? s'indigna Zoran.

- C'est lui qui a commencé, affirmai-je en refermant la porte, m'appuyant contre le panneau de bois.

- C'est pas faux, » répondit Will en haussant les épaules depuis la cuisine ouverte.

Zoran éclata de rire en s'ayant dans le canapé.

« - Non mais tu m'aides pas, aussi, protesta Loam en se laissant tomber à côté de son partenaire.

- En même temps, il est cent pour cent coupable, ajoutai-je en me déplaçant avec la cuisine ouverte sur le salon, passant mes bras autour de la taille de Will.

- La sauce tomate, mon cœur.

- Légitime défense, répliquai-je.

- Mh, fit-il.

- Il est cinquante pour cent coupable, corrigeai-je.

- Tu m'apprendras ton talent de manipulation ? demanda Loam.

- Ah bah super, commenta Zoran.

- Avec plaisir ! s'exclama Will.

- Seigneur..., fis-je, en amenant un bol de chips, le posant sur la table basse. Bière ?

- Coca pour moi, demanda Zoran.

- Bien entendu. »

Les lasagnes étaient bonnes, le repas était agréable, mais on était le vingt-sept. Will et Loam n'étaient pas dupes. Zoran et moi nous étions retenus d'écouter « 1989 (Taylor's Version) » toute la journée et en tant que Swifties que nous étions, c'était horrible. Je m'étais interdit de regarder les réseaux sociaux et c'était dur.

Le responsable communication du groupe avait précédemment glissé à Zoran qu'il devrait filmer une vidéo sur le sujet qu'il voulait pour ses réseaux sociaux. Il voulait donc qu'on filme nos réactions, ce qui ne me gênait pas vraiment.

Nous nous installâmes donc sur le tapis du salon, entre un fauteuil et un pouf. Nos partenaires passaient de temps en temps dans le champ de la caméra pour aller chercher des boissons ou aller aux toilettes. Ils s'étaient installés dans notre chambre - techniquement, celle de Will, mais je passais plus de temps ici que chez moi quand les garçons étaient en Angleterre.

« - Donc, cet album, il est sur quoi ? demanda Zoran.

- La joie d'être célibataire, la vie avec les amis et tout sur fond de rupture avec Harry Styles, résumai-je.

- Il revient bien trop en ce moment, lui, pouffa-t-il.

- Tant que ça ?

- Très chère, je suis un homme gay en 2023, bien évidemment qu'Harry Styles revient régulièrement dans mes conversations.

- Je suis obligée de t'accorder un point.

- Parfait, parce que c'est réel. »

Les chansons normales furent écoutées dans le calme, avec une apparition de Loam sur « Bad Blood » pour déposer un petit baiser sur la joue de Zoran. Vinrent les chansons « From The Vault », qui nous avaient coûté, pour rappel, trente-trois millions de puzzles à résoudre sur nos moteurs de recherche.

Commençant doucement par la première, nous écoutâmes « "Slut!" ». Nous nous accordâmes pour dire que la chanson était plus douce que ce à quoi nous nous attendions.

« Say Don't Go » nous laissa bouche bée quelques secondes. D'une part, la voix grave de la chanteuse me faisait ressentir des choses et les paroles faisaient beaucoup. C'était le contraste entre le rythme et les paroles.

« - Si vous traversez une rupture, c'est la chanson la plus relatable, déclara Zoran.

- Vrai. Elle fait super mal au cœur. »

« Now That We Don't Talk ».

« - Oh, ça s'est explicitement Harry, nota Zoran et je haussai un sourcil. Les cheveux longs, tout ça tout ça.

- Tu t'y connais trop.

- 'Scuse-moi, je suis en couple avec un Directioner.

- Je suis pas un Directioner ! cria Loam depuis la chambre.

- Si, » chuchota Zoran en hochant la tête.

Ensuite, « Suburban Legends » installait une pause dans l'écoute, c'était clairement une chanson que j'aimais un peu moins. Je fis néanmoins remarquer qu'on entendait « Midnights » dans le rythme.

Finalement, « Is It Over Now?», que Zoran appela d'office « le grand final », vint clore l'album et Loam nous rejoignit pour démanteler toutes les références au grand chanteur anglais tout en soulignant encore une fois qu'il n'était pas fan. La chanson nous laissa tout de même sans mot et quand « Welcome To New York » se relança, nous étions toujours silencieux.

« - Wow. Bon bah, j'annonce, avec « History », on a aucune chance.

- L'album sort dans une semaine, ne l'enterre pas si tôt, mon cœur, » le contredis-je.

« History » était leur troisième album et le meilleur à mes yeux, avec ses thèmes plus honnêtes et ses chansons plus touchantes tout en restant entraînantes. J'étais sûre qu'il serait superbement accueilli. J'en étais persuadée, je le savais.

« - On en fera un meilleur après, au pire, fit Loam en haussant les épaules.

- Vous avez déjà commencé à écrire ?

- J'ai deux-trois trucs en stock, j'attends juste que Meina et Andrew démissionnent pour les proposer. C'est des chansons qui datent de juin ou juillet mais qui allaient pas avec l'esprit d'« History », répondit Loam. C'est un peu trop rock. « History » c'est...

- « History », c'est globalement Will qui se lamente parce que vous avez rompu, Loam et moi qui nous battons contre le monde dans un coin et les deux autres qui sont là, dans le fond. C'est plus axé sur la mélancolie, expliqua Zoran.

- Celui d'après sera plus dans l'énergie, le renouveau, tout ça, acquiesça Will.

- Exact, répondit Loam. Puis-je proposer un titre ?

- Absolument, très cher, répondit joyeusement son copain.

- Je propose comme titre pour notre quatrième album : « Tied ».

***

Le lit de Will était donc devenu ma deuxième maison, même - surtout - en son absence. Comme aujourd'hui, début novembre, à deux jours de la sortie de leur album, le groupe était en petit tour de promotion. Certes, ils étaient censés être en vacances jusqu'à janvier, mais ces jours-ci constituaient l'exception. À partir de samedi, ils seraient complètement libres, jusqu'au vendredi deux janvier, jour où ils s'envoleraient pour Dallas afin de se préparer pour le concert du trois.

D'ici là, ils étaient à nous.

D'ici là, ils devaient se reposer et profiter.

D'ici là, ils devaient attendre patiemment que Kevanov et Gaflica disparaissent du tableau. Ce qui, encore une fois, ne saurait tarder, il était plus que temps que ces merveilleux êtres humains, si on pouvait les considérer comme tels, démissionnent et rendent leur liberté totale au groupe.

La chambre de Will - non, vraiment à ce rythme-là, je pouvais parler de notre chambre - était grande, bien plus grande que celle d'avant, faisant partie d'un appartement entier. Le mur directement à gauche de la porte de la pièce constituait une grande penderie dans laquelle une importante partie de mes vêtements avaient trouvé leur place et un grand lit moelleux occupait le mur en face de l'entrée.

Ledit lit était excessivement confortable, j'en avais donc fait ma maison, mon nid.

Les gouttes d'eau roulaient tranquillement sur la vitre, j'avais hâte de pouvoir utiliser le balcon du salon au printemps. En attendant, j'étais glissée sous la lourde couette chaude, adossée aux coussins avec mon ordinateur portable sur les genoux. Pas du travail, cette fois, je faisais du shopping en ligne. Le temps ne me donnait pas envie de sortir mais j'avais envie d'acheter de nouveaux vêtements pour l'hiver.

Au détour d'un clic sur le site, je tombai sur une adorable salopette verte sapin qui me fit instantanément penser à ma rousse préférée. Cette salopette lui irait à merveille. Je décidai de lui envoyer un message pour lui demander sa taille, il était midi, elle devait être en pause. En effet, au lieu de me répondre par message, mon téléphone se mit à sonner.

Je répondis immédiatement.

« - Salut Laura ! Comment ça va ?

- Hey, je vais bien et toi ? Tout se passe bien ?

- Ça va super, ici. Bon, par contre je vais devoir commencer à chercher un stage pour la fin de ma deuxième année mais ça va, c'est pas encore super urgent. On est en novembre, j'ai le temps. Enfin, j'espère.

- Si tu veux, je peux avoir des contacts, je pense que mon avocat connaît des gens qui ont besoin d'un stagiaire.

- Sérieux ? s'exclama-t-elle. Si je trouve pas d'ici février, je te recontacte. M'enfin bon, c'est pas le sujet !

- Oui, souris-je. J'ai trouvé une salopette que je trouve fort sympathique, du coup je voulais te l'offrir parce qu'on se voit dans, quoi... Deux semaines ? Du coup je voulais savoir pour pas me planter.

- Arrête, c'est vraiment super adorable ! Je fais du M en général. Attends, je t'ai parlé de mon prof de droit civil ?

- Je crois me souvenir que tu m'avais dis qu'il était taré et qu'il avait l'air sous drogue les trois quarts du temps, mais à part ça, non. Il a fait quoi, encore ?

- Il a encore frappé - une de mes amies lui a fait dire que la seule solution durable pour l'égalité femme-homme, c'était de faire mourir les femmes à partir de soixante-douze ans.

- Mais non mais...

- Bah je sais ! »

Il existait un cliché selon lequel les femmes restaient environ cinq cents ans au téléphone pour se raconter à peu près tout et n'importe quoi. Est-ce qu'on pouvait parler de cliché lorsque c'était une réalité ? Je ne le savais pas. Toujours était-il que mon amie et moi restâmes le temps de sa pause déjeuner à papoter de ses profs, de ses amis, de mes démarches administratives pour publier mon livre, de la vie en général et de concepts philosophiques.

Si vous vous demandiez pourquoi Dean était fou amoureux de cette femme, c'était parce qu'il était juste impossible de ne pas l'adorer.

Je finis donc par rallumer mon ordinateur et enfin commander cette salopette verte et je terminai mon shopping. Au moment d'entrer l'adresse dans la case indiquée, je m'arrêtai et réfléchis. Devais-je mettre l'adresse de ma maison ou celle d'ici ? Dans le doute, je saisis mon adresse de Darenth. De toute façon, je devrais y retourner bientôt pour m'occuper des plantes.

En attendant, le lit était confortable, et puis l'oreiller de Will sentait si bon... Le sommeil semblait accueillant et me tendait les bras. Je posai l'ordinateur au pied du lit et m'endormis.

Je fus réveillée par des bruits de pas et de porte.

« - Non, non, non, reste endormie, mon chat, il est tard. J'arrive, » chuchota une fois familière recouverte par un voile brumeux.

La voix m'inspirait confiance, alors je fis ce qu'elle m'avait dit. Quelques minutes plus tard, peut-être, je sentis le matelas plonger d'un côté, puis la couette se souleva et deux bras s'enroulèrent autour de ma taille.

Will, chuchota une petite voix loin, très loin au fond de ma conscience.

***

Je préparai le dîner pour Will et moi, ce soir. L'album était sorti hier et ils avaient eu une ultime interview prévue au dernier moment aujourd'hui. Ils n'étaient pas encore rentrés. J'étais seule dans le complexe d'appartement. Seule avec mes patates, super.

Je dansais dans la cuisine ouverte en épluchant mes pommes de terre, quand j'entendis la porte d'entrée de la grande maison s'ouvrir, puis des rires et enfin une clé fut glissée dans la serrure de l'appartement.

« - Oui, bah je propose que t'ailles te faire foutre, Loam ? » fit Will.

Pardon ?

« - Je m'en occupe, » s'exclama Zoran.

Mais.

« - Hey, » protesta celui dont on parlait.

Bah oui, « hey ».

« - Allez, bonne nuit à vous ! fit Will en refermant la porte sur un éclat de rire. Bonsoir, mon cœur.

- Et bien bonsoir ! Est-ce que je veux le contexte de cette conversation ? répondis-je alors que mon partenaire déposait son manteau dans le placard de l'entrée.

- Non, tu ne veux pas, » répliqua-t-il en me rejoignant.

Il déposa ses mains sur ma taille et me fit doucement pivoter vers lui une fois que j'eus déposé ma patate et mon couteau. Je pris le temps de poser ma main gauche sur sa joue, touchant le début de barbe qui n'avait pas été rasé ce matin. Je pris le temps de caresser sa pommette, de déposer ma main droite dans son cou. Finalement, finalement, il posa ses lèvres sur les miennes, me poussant légèrement contre le comptoir.

Il me laissa finir mes patates puis récupéra mon attention une fois que je les eus mises à cuire. J'étais adossée au comptoir et lui, en face de moi, s'appuyait contre le frigo.

« - Du coup, on est passés à Covent Garden, tu vois ? déclara-t-il, une main dans la poche de son sweatshirt.

- Mh, mh, oui, c'était sur votre trajet, je crois, fis-je en croisant les bras.

- Je t'ai acheté un petit truc...

- Sérieux ?

- Oui..., » répondit-il en rougissant sous ses tâches de rousseur.

Il était adorable alors je m'avançai vers lui et cachai mon visage dans son cou, déposant des baisers çà et là sur sa peau claire. Il referma ses bras sur moi.

« - C'est trop mignon, merci, murmurai-je dans sa nuque.

- T'as pas encore vu le collier.

- C'est un collier ? C'est trop bien !

- C'est effectivement un collier. Je peux te le mettre ? »

Je m'écartai et vis qu'il avait une petite boîte dans les mains, elle avait dû se cacher dans ses poches.

« - Bien sûr ! »

Je me retournai et dégageais mes cheveux de mon cou, les rassemblant d'un côté. Je portais déjà un collier, une petite médaille argentée offerte par mes parents pour mes quinze ans. Je ne portais pas beaucoup d'argent, l'or m'allait mieux, mais j'avais eu cette période, à l'adolescence. Non pas que je ne sois plus une adolescente. J'avais tout juste vingt ans. Will détacha le bijou et le déposa soigneusement sur le plan de travail. Il attacha doucement le nouveau collier et en profita pour laisser un baiser en plus du bijou, baiser qui provoqua une vague de frissons dans mon dos.

« - Je dois finir le dîner.

- Mh. »

Quelle éloquence ce jeune homme avait.

***

Quinze novembre voulait dire beaucoup de choses.

Quinze novembre voulait dire que c'était l'anniversaire du groupe. Ça faisait trois ans qu'ils s'étaient rencontrés - à l'exception du duo Will-Loam - et avaient signé leur premier contrat.

Cependant.

Quinze novembre voulait aussi et surtout dire que Dean avait dix-neuf ans aujourd'hui. Ce qui signifiait : fête.

Depuis ce matin, Zoran, Eze et moi étions aux fourneaux dans l'appartement du mancunien. Zoran préparait quatre gâteaux de son côté tandis que j'assistai mon aîné dans la confection d'un déjeuner pour quatorze. Dean avait eu comme consigne d'aller chercher Moïra à la gare et de se laisser guider par elle, puisqu'elle avait préparé quelques activités avant le déjeuner. En attendant, Will et Loam décoraient l'appartement vide, bougeant les meubles, montant des chaises et des tables pour nous faire tous entrer dans le salon. Ce n'était pas une tâche longue, alors ils allèrent également récupérer les parents et la petite sœur de notre écossais, puis les trois meilleurs amis de Dean et la meilleure amie de Moïra. Les six avaient été dans la même classe quelques années d'affilée, et, à l'exception de Moïra, les meilleurs amis avaient tous été dans le même train.

Cette nuit allait être un drôle de chaos de matelas. Oui, ils auraient pu dormir à l'hôtel mais nous étions tous jeunes, dormir par terre ne faisait de mal à personne. Avec ce que nous avions tous pu ramener, ça devait se passer ainsi : nous devions accueillir la meilleure amie de Moïra dans notre canapé-lit, Loam et Zoran hébergeaient un des meilleurs amis de Dean, Eze en recevait un aussi, Dean logeait le troisième en plus de Moïra, bien entendu. Les parents de Dean et Annabel séjournaient dans l'appartement vide. C'était une organisation compliquée, mais c'était une organisation quand même. Le groupe de conversation qui avait mené à tout ça était phénoménal.

Cette petite fête me faisait rencontrer un petit paquet de personnes. Même si je connaissais déjà Aileen, la meilleure amie de Moïra, à travers les anecdotes de mon amie et de Dean, et que ce dernier parlait de temps en temps de ses amis écossais, c'était quand même la première fois que je les voyais tous en vrai.

J'étais en train d'aider Zoran à faire un glaçage quand des voix entrèrent dans l'appartement. C'était la famille de Dean, ses parents vinrent serrer la main de Zoran et Eze, me faisant une accolade, et sa sœur fit un check à tout le monde. Ils s'étaient déjà installés et venaient nous aider ou tout simplement discuter. Ensuite, Will et Loam retournèrent à la gare chercher les quatre autres jeunes.

J'adorai d'office Aileen, qui était aussi gentille et drôle que Moïra le disait. C'était une jeune femme un peu plus grande que moi avec un carré bouclé court. C'était une fausse blonde, ses racines étant brunes, elle portait une petite robe noire sur une blouse blanche. Quant aux trois autres, Fingal, Lachlann et Neil, ils étaient sympathiques également.

Moïra et Dean firent leur apparition pile dans les temps, nous dégustâmes le déjeuner, puis la moitié des gâteaux, puis Dean ouvrit ses cadeaux et l'après-midi se poursuivit dans la bonne humeur.

Assez rapidement, des groupes se formèrent afin de pouvoir échanger, et bon, la composition de ces groupes était assez prévisible d'avance.

Moïra, Aileen, Annabel et moi discutions dans un coin partageant expériences de vie, conseils et anecdotes. J'étais la plus vieille du groupe mais nous restions dans la même tranche d'âge puisque Moïra et Aileen avaient dix-neuf ans et Annabel en avait dix-huit. Nous avions toutes cliqué rapidement et étions devenu une bande de copines en littéralement sept minutes trente-deux.

Le deuxième groupe était composé de Loam, Will, Fingal, Lachlann et Dean. À vu de nez, ça parlait jeux vidéos et choses que je ne comprenais pas - et que je ne voulais pas comprendre, soit dit en passant.

Du côté d'Eze, Zoran et Neil, ça parlait... Ça parlait. Je saisissais des mots au hasard sans pour autant pouvoir les relier pour former une conversation normale et entière. « Bleu », « vert », « ongle », « sortie », « boucle », « beurre », « comté », « étiquette ». Bref, ils semblaient s'apprécier et avoir des points communs.

Les parents de Dean, de leur côté, nous regardaient comme s'ils étaient fiers de nous, alors que vraiment, nous étions juste douze jeunes adultes qui faisaient connaissance. C'était touchant.

Sur les coups de dix-huit heures, le téléphone de Will sonna, donc il quitta son groupe et sortit dans le couloir. Il revint bien vite pour appeler ses collègues.

« - Oh, Laura, viens aussi.

- C'est pour le groupe, tu penses ? me demanda Moïra.

- Si c'est eux cinq et moi, sûrement, » répondis-je en reposant mon verre sur la table.

Je rejoignis le groupe dans les escaliers.

« - Tout le monde est là ? demanda Jonah Stephen depuis le téléphone.

- Oui, confirma Will. Laura, Ezechiel, Zoran, Loam, Dean et moi, on est tous là.

- Très bien, répondit le producteur. J'ai quelques bonnes nouvelles pour vous.

- On t'écoute, fit Dean.

- Parfait. Dans un premier temps, je vous appelle pour annoncer que Meina Kevanov et Andrew Gaflica ont déposé leur démission ce midi...

- Oui ! »

J'étais incapable de dire de qui provenait l'exclamation de bonheur, probablement de nous six en même temps. Dean prit instantanément Loam et Zoran dans ses bras. Ils étaient libres avant, mais maintenant c'était officiel à cent pour cent.

« - C'était la première bonne nouvelle. En conséquence de cette information, j'ai actuellement commencé à rechercher un management remplaçant. Je vous soumettrai bien entendu mes choix, vous aurez le dernier mot quant au choix final, énonça Jonah. Les deux nouveaux membres commenceront leur mission au premier janvier, après la signature de vos contrats renouvelés. J'écarte bien entendu Frank de la recherche. Pour finir, Laura, si tu l'acceptes, nous te proposons un emploi à temps partiel avec le groupe dans la gestion en tant que médiatrice entre le management et le groupe. Rien de vraiment important, c'est ce que tu fais déjà. Ça sera juste officiel et donc rémunéré. Tu peux bien sûr refuser, sachant que de toute façon, cette qualification ne changera rien à ta présence actuelle au sein de l'équipe.

- Oh, euh... Si ça change rien, j'accepte. Ça tombe bien, je l'aime bien, ce groupe, » acquiesçai-je.

Loam me donna un petit coup dans l'épaule.

« - Tu nous aimes juste bien ? Non, je veux pas d'elle, plaisanta-t-il.

- Juste pour t'emmerder, je vais rester, répliquai-je.

- Oh, non, fit-il sans trop de conviction.

- Bon, et bien c'est parfait. Il faudra que tu viennes avec le groupe et le nouveau management le trente-et-un décembre prochain, afin de modifier ton contrat, réfléchit Jonah. Il regroupera tes appellation de parolière et de manageuse.

- Je viendrai, c'est impeccable. Merci de m'offrir cette opportunité.

- Ça ne nous pose aucun problème, c'est important pour nous d'avoir une personne de confiance pour s'occuper du groupe.

- C'est vrai, nota Eze. C'était vraiment pas le cas avant.

- Dans quelques années, vous obtiendrez justice vis-à-vis de Frank. Pour l'instant, on ne peut rien faire. D'ici quelques années, on déposera plainte, on prendra vos témoignages et on engagera un procès. D'après toutes les informations que j'aie reçues, on a suffisamment de témoins pour gagner. D'ici là, ce label sera devenu plus sûr pour vous et tous nos autres clients. »

Je n'avais toujours aucune idée de ce dont on parlait. Je fis un petit signe en direction de Zoran, mais il haussa les épaules.

« - On est impatients, fit Loam en haussant les épaules.

- Honnêtement, moi aussi. Je n'ai rien à ajouter de mon côté. »

Le groupe se concerta visuellement rapidement.

« - Nous non plus, acquiesça Will. On va te laisser, du coup, bonne soirée.

- Bonne soirée à vous aussi, et bon anniversaire à Dean.

- Eh bah merci beaucoup, bonne soirée. »

Jonah raccrocha et nous regagnâmes l'appartement.

« - C'était pour quoi ? me demanda Aileen.

- Des bonnes nouvelles, et j'ai un nouveau job.

- Tout est bien qui finit bien ? demanda Moïra.

- Tout est bien qui finit bien, » répondis-je en trinquant.

***

4015 mots de domestic bliss et de bonnes nouvelles.

Pas de chapitre la semaine prochaine. Voyage, tout ça tout ça.

Je vois le bout mais je veux pas voir le bout !! Aled. J'adore mes petits idiots, là. Je veux pas les quitter.

J'espère que vous avez aimé.

Bonne soirée,

- Alex.

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