Meina entra dans la chambre d'hôtel de Dean - nous restions trop longtemps à Stockholm pour dormir dans le tourbus.

« - Merci à vous tous d'être ici. Mh, Laura, tu peux disposer.

- Nope, répondit mon amie en accentuant le « p ». Vous avez convoqué l'équipe et je fais partie de l'équipe légalement parlant.

- D'accord, soupira Meina en se massant les tempes. Ça n'a aucun rapport mais d'accord. »

Elle lança sur nous un regard épuisé.

Nous avions toujours trois chambres mais cette fois-ci, c'était Dean qui était seul alors qu'Eze et moi partagions et de même pour Will et Loam. Le nouveau couple envisagé par les fans - par là, comprendre Eze et Dean - était installé sur le lit de ce dernier, Laura était élégamment assise dans un fauteuil, Will les bras reposant sur le dossier, Loam près d'eux adossé au mur et moi, assis aux pieds de Dean et Eze. Avec un des pieds de l'écossais qui passait par-dessus mon épaule - je tenais son mollet entre mes bras.

Andrew, ce cher Andrew, tira la chaise du bureau et la plaça face à nous. Dans la chambre, nous étions tous au même endroit, puisque le fauteuil de Laura et le lit de Dean étaient côte à côte.

Non loin de nous, dans nos poches, Frank et Jonah étaient joignables par téléphone.

Il était tard, après notre deuxième nuit ici. La première, bien que fatigante, avait été absolument magique, presque plus que ce que ce soir avait été.

D'une part, j'adorais la quantité de drapeaux, d'arcs-en-ciels et de messages d'amour, c'était vrai. Je m'en délectais. C'était un sentiment magique. C'était comme avoir la référence de quelque chose dit par une personne dans une pièce bondée. C'était un lien particulier et silencieux. Ça réchauffait mon cœur de la meilleure des façons possibles. Les fans et nous, on se comprenait.

D'autre part, Loam aussi avait été merveilleux. Je ne pouvais m'empêcher de repasser le même moment de la soirée encore et encore dans ma tête.

Nous étions le 5 octobre, et nous avions annoncé hier soir la sortie de notre nouvel album.

Juste entre « Crowd » - seule chanson d'une de nos carrières solo que nous chantions tous ensemble - et « Promises », de notre deuxième album. C'était Loam qui l'avait annoncé.

« - Stockholm, avait-il dit. Ces derniers mois, les gars et moi avons écrit l'Histoire. Grâce à vous. Grâce à votre soutien. Grâce à votre amour. On ne vous en remerciera jamais assez. Mais on essaye. En écrivant l'Histoire. Littéralement. Stockholm, laissez-moi vous présenter « History », notre nouvel album ! »

Il était placé au centre de la scène, nous légèrement en retrait. J'avais pu l'observer de ma place, discrètement - et je savais que j'avais été discret parce que j'avais vérifié tous les gros comptes d'actualité sur notre présumé couple et aucun n'en parlait.

Dernière nous s'était affichée la couverture de l'album ainsi que la liste des titres.

Nous, marchant de dos dans la rue.

« History, 4 novembre 2023 » en lettres cursives.

Such A Good Time (4:00)
Evening (3:12)
One More, Please..? (3:50)
Don't Let Me Go (4:09)
Completely Defenseless (3:14)
Paint (3:50)
Spit It Out (3:12)
Be Brave (3:33)
Sinking Ships (2:57)
Pay Attention (3:20)
Half Of Me Is Missing (3:16)
2010's Summers (2:59)
Don't Trust A Narcissist (3:07)
Crowded Kitchen (2:55)
I Can Feel You (3:22)
Snow Globe (4:01)

Nous avions chanté « Be Brave » hier et ce soir, et ça serait le cas jusqu'au 4 novembre, donc à Paris, Bruxelles, au Luxembourg, à Munich, Berlin, Prague, Vienne, Budapest et Varsovie - oui, ça faisait beaucoup.

Là où ça devenait problématique, c'est que la chanson avait été écrite par Loam (et Eze, histoire de dire) et que donc elle parlait discrètement de la difficulté d'être gay dans un environnement homophobe. Le problème, c'était qu'être discret avec une communauté comme la nôtre... C'était impossible. Ils interprétaient parfaitement ce qui devait être interprété comme une confirmation de notre couple, oui, mais ils avaient aussi trouvé des preuves que Dean et Eze étaient ensemble dans leurs paroles. Sauf que mes deux amis étaient parfaitement hétérosexuels et en couple avec deux magnifiques jeunes femmes jusqu'à preuve du contraire. Donc, forcément. Ils avaient assez vite compris les interlignes.

Par conséquent, la fin du concert - « Be Brave », « Promises » et « Beauty » - avait été plutôt impossible à chanter, que ça ait été hier ou aujourd'hui. Enfin, la deuxième soirée avait été pire, et de loin.

Les fans criaient, nous interrompaient, chantaient des hymnes gay.

Et franchement.

J'adorais.

En aucun cas, aucun, je ne les blâmais. Le management ne faisait que récolter ce qu'il avait semé. On les avait prévenus. Ils avaient refusé de nous écouter.

Les fans, ces gens merveilleux, avaient fait exactement ce que j'attendais silencieusement d'eux. Ils étaient juste parfaits, mais apparemment, ça n'allait pas à Meina et Andrew, donc ils avaient convoqué une réunion de crise après le concert.

Ce qui était pourquoi nous nous retrouvions tous dans cette petite chambre d'hôtel.

« - Bon, commença Meina. Vous êtes tous là pendant les concerts, vous voyez aussi bien que nous, c'est juste pas possible de continuer comme ça. On doit trouver une solution pour que ça s'arrête.

- Encore une preuve que vous êtes incapables de faire votre taff, glissa Loam.

- Je propose, l'interrompit presque Eze d'un regard appuyé. Je propose, puisque le public ne demande qu'à voir Zoran et Loam libres, qu'on les laisse annoncer qu'ils sont ensemble. C'est la solution la plus logique, puisque vous avez poussé la situation trop loin.

- Non, souffla Andrew.

- Non, confirma Meina en levant les yeux au ciel.

- Parce que vous avez mieux ? répliquai-je.

- On est là pour réfléchir, Zoran, répondit Meina.

- Après, intervint Laura. Ezechiel n'a pas totalement tort. Vous vous inquiétez beaucoup pour la réputation du groupe, n'est-ce pas ?

- Oui, confirma Meina. C'est un peu notre travail. Ceci dit, je ne vois pas le lien.

- Oh, simple. La réputation du groupe dépend de l'avis du public ?

- Majoritairement, oui. Mais je...

- Demandez-leur, » l'interrompit la blonde.

Meina serra les lèvres.

« - Aux fans ? Tu veux qu'on leur demande s'ils veulent que Loam et Zoran rendent leur couple public.

- Non, tourné comme ça c'est terriblement con, soupira Laura. Regardez; tous les membres de ce groupe sont en couple. Faites un sondage. Demandez-leur quel couple de Five Hearts ils préfèrent. Ce qui compte, ça sera pas tant le résultat du sondage, parce que « Loam et Zoran » ne sera même pas une option. Mais regardez les commentaires, les messages générés. Vous verrez. »

Meina lança un regard à Andrew.

Il pinça les lèvres mais acquiesça, ce qui provoqua un soupir de la part de l'anglo-russe.

« - D'accord. Faites votre sondage. Sachez juste que ça ne définira pas si oui ou non il y aura une annonce. »

Annonce ou pas, ça restait une réussite.

Tout le monde se leva à l'entente du « D'accord ».

Loam enlaça spontanément Laura avant que je ne puisse le faire - de toute façon, un écossais et un mancunien m'avaient englué dans une étreinte de groupe.

Le management nous regardait avec dépit, fatigue et résignation. Le paradis était de plus en plus proche chaque jour. J'avais foi en l'avenir.

Loam relâcha notre amie française, qui appuya son dos contre le torse de son partenaire. Will lui donna son téléphone et passa ses mains autour de la taille de Laura. Je me doutais qu'il s'était connecté sur le Twitter - X - du groupe, et, puisque c'était l'idée de Laura, ça me paraissait légitime que ça soit elle qui écrive le Tweet - le post ?

Elle nous le montra lorsqu'elle eut fini.

@FiveHearts

Salut les gars - oui, il est tard, et on promet qu'on va au lit dans pas longtemps - mais on a actuellement un débat avec le groupe. D'après vous, qui est le meilleur couple du groupe (et comme vous connaissez pas certaines personnes, on va dire que vous vous baserez sur la façon dont on parle de nos partenaires) ?
@DeanErskinee & @MoiraaLgn_

@Lauramerryl & @WillTay
@EzechielL & sa copine
@zoranevans & son copain
@LoamDavies_off & le célibat
Oh, et d'ailleurs ! Bonne nuit tout le monde, en espérant que vous avez aimé le concert ! On se revoit samedi à Paris
5 <3

En-dessous, un sondage reprenait la question.

Chaque membre du groupe valida le post - Laura récolta un doigt d'honneur de la part de mon copain -, et le management aussi. Will le publia.

Meina et Andrew nous quittèrent en promettant de revenir une heure et demi plus tard.

Heure et demi que nous passâmes plus ou moins dans le silence à nous endormir lentement.

Enfin, au début nous étions tous sur nos téléphones respectifs, Laura et Will dans le fauteuil - ils rentraient à deux, Laura n'était pas bien grande - Dean et Eze sur le lit, Loam et moi sur des coussins au sol. J'avais ma tête dans son cou, il lisait un livre sur son téléphone; je lisais avec lui même si je n'avais pas le contexte. Il m'avait parlé de ce livre-ci. J'arrivais à me repérer.

Puis, au fur et à mesure que le temps s'écoulait, l'éprouvante journée nous rattrapa. Dean piqua du nez en premier et Eze dut les repositionner tous les deux afin que l'écossais puisse être lové contre lui.

Ce fut ensuite au tour de Will de se mettre à somnoler, suivi de près par sa copine, qui s'endormit littéralement en lui caressant le bras. La pensée me fit silencieusement rire.

Pas bien longtemps, car je fus le prochain à sombrer.

Je me réveillai une heure plus tard, plus ou moins, d'après le téléphone de mon partenaire qui avait été abandonné sur le sol. Nous avions changé de position, étant donné que Loam m'avait littéralement encastré contre lui, avec moi entre ses jambes, ses mains autour de mon corps et sa tête dans mon cou, déposant de légers baisers ici et là.

Dean et Eze chuchotaient calmement, toujours enlacés, et Laura dormait toujours. En revanche, Will était introuvable. J'étais encore trop englué dans ma brume post-sommeil pour avoir envie de demander où il était.

Je finis par émerger complètement et le confortable brouillard se dissipa.

« - Bienvenue parmi nous, nota Loam.

- Ouais... Dis, il est passé où Will ?

- Il est allé appeler Jonah pour lui expliquer la situation. Notre situation. Complètement. Entièrement. De A à Z. Il est parti y'a cinq minutes. Ou peut-être bien dix, maintenant. »

Comme si nous avions été entendus, on toqua à la porte. Dean se détacha à contrecœur de notre ami et se leva pour aller ouvrir. Bien entendu, pas de William en vue, derrière la porte se tenaient Meina et Andrew.

Eze grogna et s'étira, je me levai pour faire de même et tapoter l'épaule de Laura et la réveiller. Elle papillonna des yeux et me sourit doucement en murmurant quelques mots en français.

Derrière moi, j'entendis Loam bâiller. Il était définitivement trop tard pour nos pauvres muscles, heureusement que la journée de demain était une simple journée de pause avec voyage en avion dans l'après-midi. Il était une heure et demi passée.

Meina reprit sa place sur sa chaise et lança.

« - Bon, les résultats actuels sont... Je vous laisse regarder. »

Nous n'étions pas les seuls à être épuisés et j'avais la sensation que ce sentiment de fatigue ne venait pas seulement de l'heure tardive. J'avais aussi le sentiment que cette lassitude allait jouer en notre faveur.

Nous sortîmes tous nos téléphone pour aller consulter le sondage sur X, sur notre compte commun.

Dean & Moïra 20%
Laura & Will 17%
Eze & sa copine 13%
Zoran & son copain 47%
Loam & le célibat 3%

« - Regardez les commentaires, » nous rappela Laura.

Je fis défiler les commentaires sous le post.

« 🏳️‍🌈 clairement »

« Et donc on est supposés croire que le copain de Zoran n'est pas Loam ?? »

« Tout le monde est adorable mais les gays >>> »

« Les gars, Dean a écrit un album entier sur Moïra, donc... »

« On sait 🏳️‍🌈 »

« Les yeux ne mentent pas, Loam aime Zoran de façon indéniable »

« Ma chanson pref, c'est "Skies" donc je suis à 100% pour Laura et Will ! »

« Z+L pour toujours »

« 🏳️‍🌈🏳️‍🌈 »

« Eze parle de sa copine de façon discrète et adorable »

En gros, globalement, les gens étaient avec nous.

Putain, les gens étaient avec nous.

Les montages, les fanarts, les fanfictions, les pancartes, les chants, les posts, les comptes fan, les messages d'amour, les vidéos théories et explications, les tenues, les drapeaux, tout. Les gens étaient avec nous.

Comment, comment on pouvait nous nier le droit d'être ensemble avec tout ça ? Comment pouvait-on ne serait-ce que penser que notre relation pouvait ruiner notre réputation quand tout le monde n'attendait que notre annonce ?

« - Tout le monde est pour les gars, nota Dean. Donc, vous les laissez ?

- Non, » commença Meina mais elle fut interrompue par un toquement de porte.

Andrew ouvrit la porte à Will, il avait son téléphone à la main, toujours en appel avec Jonah. Il vint s'asseoir au milieu de la pièce, par terre. L'épuisement avait gagné tout le monde. Nous étions tous à bout. C'était la fin. De quelque chose. De quoi ?

« - Euh... Oui, rebonsoir. Bon sang, j'ai aucune idée de l'heure qu'il est. Mais. J'ai Jonah en haut parleur.

- Bonsoir, les garçons, Laura. Meina. Andrew. »

Tout le monde le salua en retour dans une sorte de cacophonie. La brume ensommeillée m'avait regagné.

« - Et on a discuté et... Jonah arrête moi si je dis n'importe quoi. Donc, on a rapidement revu les. Les. Les contrats. Uhm... Zoran, Loam, c'est effectivement dit que les relations entre membres sont à éviter. À éviter, pas à interdire. Meina, Andrew, celle-là, elle est pour vous, ajouta-t-il avec un regard pointu vers notre management. Ah, et elles sont à éviter pour ne pas entacher la dynamique du groupe en cas de rupture. Aucun rapport avec la réputation du groupe. Et c'est tout, je crois.

- Non, le contredit Jonah.

- Ah oui, euh, par rapport à avant, les trucs... On a le droit de porter plainte. Enfin, non, pas tout de suite, mais après décembre, on pourra porter plainte. Non, toujours pas. Y'a un délai d'un certain nombre d'années. Mais on pourra porter plainte.

- Pourquoi ? demanda Laura d'une petite voix inquiète.

- Je t'en parlerai, un jour. Peut-être. Ou pas. Je verrai.

- Et le dernier point, pour en revenir à Loam et Zoran, fit Jonah pour recentrer la discussion qui était en train de dériver.

- Ah, oui. Les copains. On a... Enfin, on avait raison, quoi. »

Il se tourna vers Meina et Andrew.

« - Vous, là. Vous avez jamais officiellement reporté la relation entre Loam et Zoran à Jonah. Juste à Frank. Et les directives que vous avez « reçues » n'ont rien de... Jonah...

- Rien d'officiel ni légal. Sachez qu'en ma qualité de producteur, je me vois obligé de vous dire que bien que la relation entre deux membres du groupe ne me plaise pas, je ne me vois pas la refuser. Pour des raisons légales, premièrement. Et ensuite, parce qu'indéniablement, la relation entre Loam et Zoran fait beaucoup parler tout le monde. Vous voyez, la publicité, c'est important. D'autant que les circonstances sont... Positives, disons. Comprenez-vous, ce sont des choses dont nous aurions dû discuter. Avoir ainsi omis de me donner des informations primordiales, c'est...

- J'ai tout reporté à Frank, se défendit Andrew.

- Andrew, vous connaissez mon partenaire.

- Donc, quoi ? On les laisse être ensemble ? s'offusqua Meina.

- Meina, Meina, Meina. Je pense qu'il en est grand temps, oui.

- Mais le groupe...

- Très chère Meina, laissez-moi reformuler. Soit vous acceptez de laisser ces enfants être libres, soit nous allons nous trouver dans l'obligation de vous... remercier de vos fonctions, déclara Jonah d'un ton sans appel.

- Vous me menacez ? s'exclama-t-elle.

- N'est-ce pas ce que vous avez passé des mois à faire ? »

Elle choisit intelligemment de ne pas répondre. La discussion ne nous concernait plus. C'était une vraie discussion d'adultes. Notre sort avait été décidé. Les gens de tout en haut avaient parlé.

« - Meina, Andrew, reprit Jonah à travers le téléphone. Comprenez bien que nous allons maintenant scruter la moindre de vos actions, et qu'au plus simple des manquements, vous serez virés. Les garçons - et Laura, d'ailleurs, au vu de ta fonction de collaboratrice -, dans le cas où votre management actuel devrait vous quitter, sachez que nous rechercherons ensemble des entreprises de management plus... acceptantes, disons. Bien ! Sur ceci, je constate qu'il est bien tard ici. Je ne vous embêterai pas plus. Passez une bonne fin de soirée. A priori, nous vous revoyons à votre retour au Royaume-Uni à la fin du mois. »

Après lui avoir brièvement souhaité un bon mois, il raccrocha. Will rangea son téléphone.

Meina se leva.

« - Bon. Vous avez gagné, euh... Gérez votre annonce comme vous le voulez, mh... Carte blanche. Demain dans le hall de l'hôtel à treize heures pile. L'avion part à quinze heures. Mh... Bonne nuit. »

Elle hasarda un mouvement de la main et elle sortit de la chambre, suivie par son ombre Andrew.

Le silence et le calme retombèrent sur la chambre, tout comme les larmes roulèrent sur les joues.

Mes joues.

Mes joues ?

C'était fini. Des mois, des années - deux années. Et juste comme ça... Fini. On était libres. Comme ça. Enfin.

Je tentai maladroitement de relever la brume de fatigue qui voilait mes sens, et juste comme ça, je me retrouvais dans des bras, enlacé et embrassé de toute part. Par tout le monde. Des mèches blondes, blanches, châtaines.

J'enlaçai et embrassai en retour, serrant contre moi. Murmurant, sanglotant, acquiesçant.

Après un temps indéfini, tout le monde se sépara.

Will nous quitta, annonçant qu'il allait suivre Laura. Elle n'était même pas dans notre hôtel, elle payait elle-même sa chambre, elle n'était pas avec nous, elle avait elle-même payé ses billets d'avion Londres-Stockholm. Il ajouta aussi qu'au moins, ça libérait la chambre pour Loam. Donc cette nuit, j'allais dormir avec lui pour la première fois depuis... Ouais.

Eze se leva également pour retourner dans notre chambre. Je l'accompagnai pour prendre mes affaires avant de me rediriger vers la chambre de mon copain.

En nous glissant sous les couvertures pour un repos mérité, nous discutâmes beaucoup. Du futur. Proche. De la façon dont on voulait annoncer notre vérité. Maintenant que le temps était nôtre. Maintenant que nous avions le droit d'être. D'exister. D'être nous. De nous aimer.

Maintenant que notre histoire ne ressemblait plus à une tragédie.

***

Ce qui était pratique avec le tourbus, c'était que les trajets ne se transformaient pas en rencontre avec les fans. Parce que c'était vraiment simple de chercher les vols de Stockholm vers Paris.

Même s'il y avait trois aéroports à Stockholm. C'était une communauté de fans ou le FBI ? Probablement un peu des deux. Je les adorais. Enfin bon, notre court passage dans la salle d'embarquement s'était vite transformée en « meet and greet ». Pas que ça me dérange.

Les garçons et moi souriions, parce que nous aimions ces moments de rencontres et de partages presqu'autant que les concerts. C'était largement différent, presque plus personnel, sur certains points. Parce que oui, nous ouvrions nos cœurs quand nous étions sur scène; mais dans un sens, nous jouions aussi des rôles. Là, à l'aéroport, c'était juste nous.

Laura glissa son bras autour du mien et je déposai un baiser sur sa tête. Elle avait un petit badge avec un écriteau « Laura - équipe FH » tout comme tous les gens qui nous accompagnaient.

« - Five Hearts, nous interpella-t-on. C'était quoi le sondage d'hier soir ?

- Oh, vous savez, juste une discussion post-concert classique, répondit Loam en avançant avec Eze.

- Par contre, ajouta Will en s'arrêtant pour répondre à la personne qui avait posé la question, on apprécie l'amour que vous avez envoyé à Laura, Moïra, la dame d'Eze et le monsieur de Zoran.

- Vous êtes adorables, répondit Laura en nous faisant nous arrêter à côté de lui.

- C'est les meilleurs, y'a pas de débat, lança Dean.

- Bon, les mecs - et notre reine à tous -, vous venez ? nous appela Greg.

- Pourquoi l'entièreté de mon groupe drague ma copine ?

- Elle mérite, suggéra Anton, notre batteur.

- Je vais rougir, fit Laura en me lâchant pour s'accrocher à son copain. Non mais t'inquiète, je t'aime quand même, hein, » ajouta-t-elle en l'embrassant.

Le hall d'embarquement retentit des applaudissements, aidés par Loam qui siffla de loin en les observant.

« - Vous êtes mignons mais on vous attend, » rappela de nouveau Greg et je pris Dean par la main pour nous diriger vers le guitariste.

Il était temps de laisser les fans et les pauvres passagers qui n'avaient rien demandé tranquilles.

***

Consignes de sécurité, décollage. Comme d'habitude. Avec notre activité professionnelle, ce n'était pas facile de garder la peur de l'avion. Heureusement, je ne l'avais pas - mais j'avais pris mon premier avion avec le groupe pour notre première tournée. Je vivais dans un orphelinat dans une pauvre petite ville en plein milieu du Kent, dans un village de près de sept cents habitants. Non, on n'avait pas les moyens de voyager en avion.

Bon - maintenant mes frères et sœurs les avaient, notamment grâce à nos nombreuses donations.

La célébrité avait de nombreux privilèges. Nous étions dans un vol à moitié vide et la première classe était réservée uniquement par nous. Nous avions une certaine intimité, puisque seuls les hôtesses et stewards passaient parmi nous.

Juste après le décollage, Andrew vint nous voir pour nous donner quelques instructions de la part de notre agent de communication. Apparemment, Moïra et Maria avaient tourné une vidéo où elles répondaient aux questions d'Internet, auxquelles nous devions également répondre. La vidéo serait éditée et diffusée peu avant la sortie de notre album.

En gros, pour nous, ça voulait dire qu'on pouvait parler de Loam et moi librement, de toute façon, on planifiait de nous annoncer avant.

Ça me faisait vaguement de la peine, la façon dont Andrew et Meina restaient dans leur coin depuis ce matin. Vaguement. Presque. Parce que toute l'empathie dont j'étais capable avait atteint ses limites et franchement j'en avais assez d'eux.

***

3699 mots apparemment.

Tudum.

Ouais.

J'aime bien ce chapitre. De base il devait pas se finir là, mais écoutez, la scène suivante fait ~3500 mots, donc c'était un peu trop.

Y'aura 29 chapitres à ce livre si je fais pas d'erreur d'organisation.
Oui ça fait mal de dire ça.
Aujourd'hui j'ai atteint le bout de ce que j'avais prévu, donc j'ai dû finir le script.
Et aie ça fait mal, hein.

M'enfin bref. J'espère que le chapitre vous a plu. Un peu de calme ("calme") en ce TTPD release day.

Bonne soirée,

- Alex.

(aussi, je vous mets au défi de trouver toutes les refs dans l'album de FH. Bonne chance)