Chapitre 14 - It's A Solo Song And It's Only For The Brave

Je mets le média parce que j'ai eu du mal à décrire le tout - s'il vous plaît, ne faites pas attention à ce qu'il y a derrière, le cahier est vieux :')

***

« - Tout est bon, tout est prêt, vous êtes sûres ?

- Ta gueule, Will. Ça fait exactement sept fois que tu leur a demandé ça et il s'est écoulé vingt-sept minutes depuis la fin de notre performance, » m'informa gentiment Loam.

J'entendis Laura rire au bout du fil et j'adorais le fait que ma copine soit amie avec mes meilleurs amis mais parfois, cette amitié créait des monstres, sincèrement.

« - Si tu veux vérifier une dernière fois... On a les deux voitures. Dans la voiture de ma sœur, il y a les sacs de Zoran, Loam et Adé, plus des provisions pour environ une semaine, plus des jeux. Dans la voiture de Moïra, il y a tes affaires, celles de Dean, Eze, Moïra et les miennes.

- Tu es parfaite, mon cœur.

- Bien sûr qu'elle est parfaite, commenta Loam. C'est la perle.

- Loam est mon préféré du groupe, affirma ma copine.

- Hey ! protestai-je.

- Loam, Will, interview dans deux minutes, soyez prêts, intervint Andrew.

- Parfait, on arrive, répondit Loam et Andrew referma la porte.

- Je te laisse, on se revoit dans deux minutes, informai-je ma copine.

- Parfait, je serai au fond de la salle avec Moïra. Bisous, je t'aime !

- Je t'aime. »

Je mis mon téléphone en mode avion et quittai la pièce suivi de Loam. Andrew nous guida au-travers des couloirs pour nous amener dans un des halls de l'endroit où nous nous trouvions. Il y avait un mur noir et cinq tabourets noirs. Devant les tabourets, des dizaines de chaises étaient alignées et sur les chaises, des journalistes et des photographes nous attendaient.

On nous fraya un chemin parmi la foule et nous rejoignîmes les tabourets. Il restait une place à l'extrémité gauche à côté d'Eze, je la pris, laissant l'extrémité droite à Loam. Seul Dean séparait le couple. Nous avions deux micros pour cinq.

Alors que la valse de questions commençait, je jetai un coup d'œil vers le fond de la salle avant de repérer une blonde et une rousse, côte à côte.

Ma blonde portait un cardigan beige - un produit dérivé Taylor Swift, pour être honnête - sur un débardeur noir et une jupe noire avec de petites fleurs beiges. Un collier retombait joliment sur sa poitrine. Des bottines noires complétaient la tenue. À ses côtés, Moïra portrait un tee-shirt orange à manches longues rentré dans un pantalon vert forêt tenu par une large ceinture noire. Elle portait une chemise blanche à carreaux du même vert et orange ouverte par-dessus. Nos copines allaient bien ensemble.

Dès qu'elle me vit, Moïra donna un coup de coude à son amie qui se tourna vers moi et me fit un signe de la main en rougissant.

Je revins dans le moment présent avec les questions.

« - Dean, Dean, ça fait longtemps qu'on a pas vu Moïra, elle va bien ? Vous êtes toujours ensemble ? demanda un anonyme, faisant sourire nos écossais.

- Ah, bah elle est là, dans cette pièce, répondit Dean en envoyant un baiser à Moïra qui l'attrapa et le rangea dans une des poches de sa chemise avec un clin d'œil. Elle est là, elle va bien, on est toujours ensemble et c'est toujours la femme de ma vie. »

Puis, il ajouta en sortant un collier avec un pendentif en forme de clé de dessous son tee-shirt blanc :

« - Elle m'a offert ce collier pour nos quatre ans et je le porte tous les jours depuis. »

Moïra sourit affectueusement au son des « Ohhh » de l'audience.

Les questions continuèrent alors que les micros se baladaient de main en main, tant parmi nous que dans le public.

« - Quand est-ce que vous sortez votre prochain album ?

- Il sera annoncé en temps et en heure.

- Êtes-vous excités pour le début de votre tournée ?

- C'est dans deux mois et demi mais oui, on a hâte de vous montrer les choix scénographiques, la set-list et tout.

- Vous avez aimé votre performance précédente ?

- Oui, même si Loam a encore raté un de ses débuts.

- Hey !

- Est-ce que vous savez quel jour on est ? » glissa une dame au premier rang.

Eze partagea mon regard et cacha mon sourire. Bingo. Parfois les questions étaient très prévisibles et Eze avait vu juste.

« - Premier juin, répondit Dean.

- Exactement, le premier jour du mois des Fiertés, acquiesça la dame. Est-ce que vous avez quelqu'un à célébrer aujourd'hui, un ou une proche ?

- C'est une vision très binaire de la chose, commentai-je. Mais en fait, oui.

- Oh ? fit la dame et je sentis que j'avais l'intérêt de toute la salle.

- Oui, mais c'est pas à moi de le dire.

- Exact, fit Zoran, se penchant vers Dean. Dean, le micro, s'il te plaît ? Merci. Je suis gay, » annonça-t-il haut et fort, dans le micro, si clairement que ses mots ne pouvaient pas être pris pour d'autres.

Un sourire était visible sur mes lèvres. Même si je ne doutais pas de Zoran, j'avais gardé en tête la possibilité qu'il annule tout à la dernière minute. Et pourtant, l'information était là, elle flottait dans l'air et j'étais heureux.

Je fixai mon regard sur Meina et Andrew et- oh.

Eze suivit mes yeux et étouffa un éclat de rire.

La colère, ça ne leur allait vraiment pas. Ils étaient moches.

« - ... quand ?

- Bah, d'après certaines études, depuis avant ma naissance, mais je suppose que c'était pas le sens de la question ? Depuis que j'ai trois ou quatre ans, à peu près.

- Et votre relation avec Laura Merryl ? demanda un monsieur un peu plus loin.

- Écoutez-moi bien à ce propos. Laura est une de mes meilleures amies et ce que je ressens pour elle est très proche de ce que je ressens pour mes frères et sœurs de l'orphelinat. Je ne sais pas ce que c'est, comme sentiment, mais j'en ai parlé avec ces garçons à mes côtés, et ils m'ont expliqué que c'était ce qu'ils ressentaient pour leurs fratries. J'en ai déduis que je considérais Laura comme ma grande sœur. Et laissez-moi vous dire qu'il n'y a jamais rien eu de plus plus entre Laura et moi que de la fraternité. C'est la partenaire d'un de mes frères de cœur. Rien de plus.

- Pourquoi avoir fait croire à une relation entre vous, dans ce cas ?

- Il y a des choses qu'on ne choisit pas forcément, répondit Dean après avoir récupéré le micro. Des choix qu'on aurait pas fait ou qu'on ne veut pas faire mais qu'on fait pour nous.

- Et puis, ajouta Zoran après un nouvel échange. Je ne pouvais pas encore faire de coming out à cette époque mais vous avez tous vu les photos et vidéos de moi dans cette voiture. J'étais pas seul. J'ai un copain depuis un petit bout de temps. »

La nouvelle information mit moins de temps à faire son chemin dans les cerveaux, donc un homme demanda immédiatement :

« - Loam ?

- Non. Aucun de mes frères ici présents, honnêtement, vous ne le verrez probablement pas.

- Comment a réagi ta famille de l'orphelinat ?

- Ce sont les religieuses qui m'ont appris le terme « homosexualité » et vous ne pouvez pas vous attendre à de l'homophobie de la part d'enfants en bas âge qui n'y connaissent rien, donc elle a bien réagi. J'ai eu de la chance, je l'avoue, et j'envoie de la force à toutes les personnes dans le monde qui n'ont pas eu cette chance. »

Il y eut un voyage de micro dans l'audience.

« - Comment les garçons ont réagi en l'apprenant ? Sont-ils à l'aise ?

- Posez-leur la question, fit le plus jeune avant de tendre le micro à son copain dans le dos de Dean alors que je confiais le mien à Eze.

- Il nous l'a dit avant même qu'on connaisse son prénom, vous savez, donc pas de grande surprise, révéla-t-il. Et si on est à l'aise ? Zoran est le petit frère que je n'ai pas, comme les deux autres à ma droite et Will est comme mon grand frère. Donc oui, on est à l'aise.

- De plus, se permit Loam, étant moi-même bisexuel et je vous arrête tout de suite, ajouta-t-il précipitamment en tendant la main devant lui afin de stopper les questions qui effleurait les lèvres des gens, je suis célibataire, et ça aurait été bête d'être bi et de ne pas accepter Zoran. Ceci dit, pour le public et la partie de communauté qui n'est pas contente, parce que je sais qu'il y en aura. Regardez Zoran. Il a les cheveux bouclés, n'est-ce pas ? Vous l'avez toujours connu avec les cheveux bouclés. Ça lui va bien, affirma Loam alors que Dean passait sa main dans les cheveux du brun. Il pourrait se les lisser, oui, peut-être même que ça lui irait bien, oui. Mais en attendant, ses cheveux sont comme ça et ça n'impact personne, n'est-ce pas ? Qui, dans l'audience, s'est déjà dit « Zoran Evans a les cheveux bouclés donc je vais me boucler les cheveux » ? Levez la main, s'il vous plaît. »

Il attendit quelques secondes et personne ne leva la main.

« - Personne. Eh bien, l'homosexualité, c'est pareil. Zoran a toujours été gay, j'ai toujours été bi. Maintenant que vous le savez, est-ce que le monde va s'arrêter ? Est-ce que votre vie est ruinée ? Non, parce que ça n'a rien changé.

- Et vous confirmez qu'il ne s'est jamais rien passé entre vous deux ?

- Oui, arg, fit Eze en levant les yeux au ciel. C'est cliché à dire mais visiblement c'est utile : ils sont queer, pas désespérés. Tous les hommes hétérosexuels ne sautent pas sur toutes les femmes hétérosexuelles et vice versa, on est d'accord ? Pareil pour les gays. »

Dean nous jeta un regard et j'acquiesçai. Il récupéra le micro que Loam lui laissa.

« - Une dernière question ? »

Je vis Moïra et Laura se déplacer vers le management, cette question étant leur signal.

« - Comment vous sentez-vous après ce coming out ? Tous, je veux dire.

- Heureux, très heureux, commença Eze.

- Je suis super fier, » continua Dean.

Laura et Moïra entamèrent une conversation détournant l'attention du management.

Eze me glissa son micro.

« - Soulagé, confia Zoran.

- Heureux.

- Soulagé, comme Zoran. »

Il y eut des applaudissements et un des organisateurs nous escorta vers nos loges. Me sentant désolé pour lui, je ne le suivis pas jusqu'au bout. En fait, aucun de nous ne le suivit, choisissant de courir dans le sens inverse à la place.

Les gens nous laissèrent passer, trop pressés ou émerveillés pour se rendre compte de l'anomalie de l'action. Ils s'écartaient, jusqu'à ce que Dean ouvre une porte étiquetée « employés uniquement » et je m'autorisai à souffler. À partir de là, je connaissais le trajet par cœur. Je pris la tête du groupe jusqu'au parking privé du festival. Je repérai rapidement la voiture de notre amie actrice et la voiture de Moïra.

Loam et Zoran montèrent à l'arrière de la voiture de Line, qui démarra le moteur presque immédiatement. Dean, lui, prit la place conducteur de la voiture de sa partenaire, ayant laissé la porte côté passager ouverte. Eze monta à l'arrière et je le suivis, laissant moi aussi la portière ouverte. Dès que la porte des escaliers que nous avions précédemment empruntés s'ouvrirent sur Laura et Moïra, la voiture de Line quitta le parking. Moïra se précipita vers son siège et Laura se laissa tomber sur la banquette à ma droite. Dean démarra et suivit notre amie.

Une fois sortis complètement du festival, Loam appela Eze.

« - Re, tout se passe bien de votre côté ?

- Oui, et vous ? Pas de problème pour sortir ? Pas trop d'appels ? demanda Eze.

- Non, Zo est toujours en mode avion et Adeline n'a pas été vue donc ils ont pas de raison de l'appeler. Moi, je viens juste d'enlever le mode avion, j'ai vu quelques messages mais sans plus.

- On est tous en « ne pas déranger » ou en mode avion ici, donc ça va. Par contre, qui s'occupe de poster sur Twitter ?

- Je peux, intervint Zoran. Je le fais maintenant, d'ailleurs.

- Parfait, lança Eze. On se revoit dans cinq heures, du coup !

- À tout' ! »

Je pris mon téléphone et retirai le mode avion. Quelques notifications silencieuses apparurent, notamment des appels manqués, des messages de mon frère (il était supposé être en cours, ce voyou) et le tweet du compte du groupe.

Tout va bien, vous inquiétez pas :)
Merci pour votre bienveillance.
- Z & 4 <3

Je ne lus pas les réponses, ne voulant pas nécessairement perdre foi en l'humanité ici et maintenant, alors je remis le téléphone en veille.

« - Musique ? » proposa Moïra.

Après avoir obtenu notre approbation, elle tapota quelques mots sur son écran et le connecta aux enceintes de la voiture. Elle lança l'album « Wet Leg » du groupe du même nom. Nous aimions beaucoup les filles, mais je n'avais jamais spécialement écouté leur musique. Elle nous fit également écouter la version française de « Chaise Longue » et je pris comme résolution d'apprendre le français au vu des fous rires dont avait souffert ma copine tout le long de la chanson.

La route consistait d'abord en un décor urbain auquel nous étions habitués mais il fut bientôt remplacé par des étendues d'herbes, de fleurs et des exploitations agricoles. Moïra avait ouvert sa fenêtre parce que de toute façon, nous n'allions pas passer par les grands axes, et avait le bras sorti dehors. Laura s'était endormie contre mon bras alors que je discutais calmement avec Eze.

Après cinq longues heures, Dean se gara dans une petite cour devant un grand bâtiment en L. La maison était en fait deux corps de fermes rassemblés.

La grande bâtisse en pierre trônait fièrement au beau milieu des prés verdoyants. Elle était située à une dizaine de minutes de voitures du village le plus proche et nous avions convenu que c'était Line qui s'occuperait d'y aller pour acheter des vivres.

Le premier groupe était arrivé une demi-heure avant nous et nous attendaient devant la porte. En entrant, nous arrivâmes directement dans un couloir. À gauche se trouvait une cuisine et devant nous, quelques marches menaient à un salon. En tout, il y avait trois salles de bain, cinq chambres, une cuisine et une pièce de vie spacieuse avec une grande table rectangulaire noire. Des plaids en fausse fourrure dans des tons blanc cassé et beige recouvraient presque toutes les surfaces, dont les rebords des fenêtres.

Eze et Adeline choisirent les chambres du bas, qui leur permettaient d'avoir accès à une salle de bain chacun. Laura choisit la chambre la plus proche des escaliers, au premier étage. Dean et Moïra, pour leur part, avaient choisi la chambre au bout du couloir, laissant la plus grande et la plus reculée à Zo et Lo.

Bon, ça ne s'était pas exactement passé comme ça.

Peut-être bien que ça s'était joué à Mario Kart à base de mauvaise foi, de triche et de bataille de coussin. Conclusion, Zoran et Loam avaient gagné la « meilleure chambre » - elles étaient toutes parfaites, j'aimais beaucoup cette maison.

***

J'étais en train de raconter le scénario du dernier livre que j'avais lu à Laura, confortablement lovée contre moi dans le canapé, alors que nos amis jouaient à Fifa en fond sonore. Le livre était complètement absurde et je n'avais rien compris mais étrangement, il m'avait plu.

« - C'est... ubuesque, fit Laura.

- Ubu... Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? »

Moïra s'exclama, elle venait de marquer un but. Adeline s'écria à son tour, de joie. Eze et Dean grognèrent. Ils faisaient un match filles contre garçons.

« - Ubuesque ? Genre, absurde, cruel et grotesque.

- D'où est-ce que ça vient ?

- Ubu roi, d'Alfred Jarry. Une pièce de théâtre de la fin du dix-neuvième siècle.

- Quel puits de science !

- J'ai étudié, idiot.

- Va te faire foutre, mon amour. »

Laura éclata de rire et me frappa mollement le bras. Je souris et embrassai sa tête. Quelques minutes plus tard, le minuteur sonna et Eze se leva pour se rendre dans la cuisine.

« - On va passer à table j'ai besoin de quelqu'un qui mette la table et que quelqu'un aille chercher les deux autres.

- J'arrive, Eze, répondit Line.

- Je vais les chercher, » ajoutai-je en tapotant la cuisse de Laura afin qu'elle me libère.

Elle consentit et je me levai. Je descendis les quelques marches et traversai le couloir à droite de la porte d'entrée. Tournant à gauche, je montai les escaliers, tournai à droite puis de nouveau à droite et toquai à la porte.

« - Oui ? fit doucement Zoran. Tu peux entrer. »

Je poussai la porte. La pièce était bercée dans la pénombre. Zoran était allongé sur le lit placé contre le mur, et Loam était allongé sur son ventre, menton calé sur son estomac, les bras croisés sur son torse. Zoran déposait de façon régulière des baisers sur le front de son partenaire.

« - On va passer à table, les amis, vous venez ?

- On arrive. »

Zoran tira Loam pour le mettre à son niveau et l'embrasser sur les lèvres. Je secouai la tête en levant les yeux au ciel et tournai les talons pour redescendre, accompagné par la mélodie de leurs deux rires.

En arrivant en bas, j'aperçus ma copine debout devant une chaise, les deux mains posées sur le dossier. Je saisis l'opportunité et passai les mains autour de sa taille et plongeai mon nez dans son cou et parsemai la petite parcelle de peau de baisers.

« - Ew, » lança Dean.

Moïra le frappa avec un torchon rouge et blanc.

« - Chut. Laisse-les être amoureux, merde !

- Pardon, Gràdh...

- C'est fou à quel point ce sont les femmes qui dirigent vos relations, » fit remarquer Eze.

Je relâchai Laura et me tournai vers mon ami, tout en restant près de ma partenaire.

« - On parle du joug de Maria ?

- Il marque un point, fit observer Line en prenant sa sœur par les épaules.

- Qui marque un point pour quoi ? demanda Zoran en arrivant dans la pièce avec Loam.

- Eze dit qu'on porte la culotte dans nos relations - nous, les femmes - et Will a fait remarquer que ça vaut aussi pour son cas avec Maria, expliqua Laura.

- Attends, attends, l'arrêta Dean. Du coup, vous, qui mène la danse ? »

Zoran et Loam échangèrent un regard et le plus jeune se précipita vers son partenaire afin de le faire taire et étouffer un rictus naissant en le bâillonnant avec ses mains. Loam haussa un sourcil et Zoran lui frappa la tête en marmonnant :

« - Il m'a léché la main, ce con... »

Loam leva les yeux au ciel.

« - Je propose qu'on passe à table, » suggéra Eze.

Je me tournai vers la table et repérai les plats préparés par notre ami.

« - Je pense que c'est une excellente idée, très cher, approuvai-je et mon ventre gargouilla, faisant rire Laura et sourire Line.

- Eh bien, asseyez-vous, » proposa-t-il.

Je tirai la chaise la plus proche de moi pour que Laura s'assoie.

Après le repas, nous nous retrouvâmes de nouveau dans les canapés, à l'exception de Loam et Zoran qui partageaient un large fauteuil en discutant calmement, dans leur bulle.

C'était agréable de les voir évoluer aussi librement.

« - Ils ont l'air tellement heureux, fit remarquer Dean, à côté de moi.

- Ils ont l'air relaxés, vraiment, ajoutai-je.

- Vous savez, à partir du moment où ils peuvent avoir un rythme de sommeil décent et dormir ensemble sans angoisser, expliqua Eze. Forcément, ils ont l'air en meilleure forme. Ils sont en meilleure santé.

- Toi aussi, t'as l'air bien, soulignai-je. Tu dors mieux ?

- Ouep, acquiesça mon ami. L'air du nord de l'Angleterre, ça me fait du bien. J'ai hâte qu'on aille en tournée, pour partir de Londres, un peu.

- On commence par quoi, déjà ? demanda l'écossais.

- Deux dates à Londres, une à Manchester, une à Glasgow, une à Dublin et après on part en Europe, on a deux dates au Portugal et deux en... En Espagne, répondit Eze.

- T'as appris tout ça par cœur ? l'interrogea Dean.

- Écoute... Y'a des nuits où je m'ennuie. Je sais que je connais les lieux dans l'ordre par cœur mais pas toutes les dates. Londres, Manchester, Glasgow, Dublin, Lisbonne, Porto, Madrid, Barcelone, puis on fait une pause, puis Milan, Athènes, Amsterdam, Helsinki, Oslo, Copenhague, Stockholm, Paris, Bruxelles, Luxembourg, Munich, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Varsovie, récita Eze.

- Vu comme ça... Ça fait beaucoup, murmurai-je.

- Trente-trois dates, ça fait beaucoup, rappela Eze en haussant les épaules. Mais après, on a deux mois de pause, puis on va aux États-Unis.

- On a combien de dates avant les Grammys ? demanda Dean, de nouveau.

- Vous en avez treize, intervint Moïra. J'ai vérifié l'autre jour. Par contre, Eze, j'ai pas ta mémoire.

- C'est normal, tu dors la nuit, souligna ce dernier.

- C'est pas faux. »

Laura et Adeline revinrent dans la pièce, elles étaient allées appeler leurs parents quelques minutes plus tôt. Laura se plaça derrière le canapé et passa ses mains dans mes boucles. Je lui attrapai les poignets pour déposer de doux baisers dessus alors que les autres débattaient de je-ne-savais-quel sujet.

Nous étions ici depuis environ une semaine et les effets du repos et l'éloignement des grandes villes faisaient déjà voir leurs effets. Les cercles sombres sous les yeux de Zoran et Eze avaient disparu, Loam était de bien meilleure humeur et beaucoup moins sur les nerfs, Dean faisait beaucoup plus de blagues et moi-même, j'avais une posture moins crispée et plus relaxée.

***

Dix-sept jours après le coming out de Zoran et Loam, je me retrouvai dans le van familier, pressé entre Zoran et Ezechiel. Dean et Loam étaient assis à l'arrière.

Tout était silencieux.

Tout n'avait été que silence.

Depuis leur arrivée jusqu'à maintenant.

Aucun mot n'avait été échangé. Nous n'avions pas été réprimandés. Aucune remarque. Rien. Juste un silence terriblement puissant.

Mais le silence disait beaucoup plus que n'importe quel cri.

***

3614 mots.

Je vais donc me cacher. Ah, et j'espère que la publication programmée a marché :')

La maison c'est plus ou moins la maison d'une de mes connaissances, j'ai donc bien pu me rendre compte que je connaissais absolument pas la bâtisse et je comprends toujours pas comment ce bâtiment est construit T-T.

Non, j'espère aussi que le chapitre vous a plu, il est gentil et calme. Vous allez aimer celui d'après, il est pareil, ahah. Allez.

Bonne soirée, 

- Alex.

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