Chapitre 13 - Vinegar

« - Et donc, ma prochaine question concerne plus Zoran et Loam. »

Mon blond resserra sa prise sur mes doigts.

Cette interview remplaçait celle que nous avions faite à deux. Sauf que, cette fois, nous étions tous ensemble et pas chez nous. Le média nous avait demandé de venir dans leurs studios, donc nous étions là, au beau milieu de Londres, dans un grand immeuble aux fenêtres de verre.

Le groupe était réparti dans deux canapés, perpendiculaires l'un à l'autre. Ils étaient recouverts d'un tissu gris qui grattait mes bras nus. Les bras de mon partenaire aussi étaient dévêtus et il abordait clairement son tatouage avec les premiers mots que je lui avais adressés. J'avais hâte d'avoir dix-huit ans pour porter un « Euh. Salut ? ». Parce que, euh... Nous n'avions pas tous été surexcités à l'idée de rencontrer des inconnus un froid matin d'automne.

J'étais bloqué entre l'accoudoir droit du sofa et Loam, qui lui-même était compressé avec moi à sa droite et Will à sa gauche.

« - Nous vous écoutons, » déclara mon copain d'un air conspirationniste.

Dean et Eze étaient quant à eux confortablement assis dans l'autre canapé. Presque pour nous narguer, Eze avait les jambes écartées dans un bel exemple de manspreading. Ah, celui-là... Les hommes, en général...

« - On entend beaucoup parler de votre relation, vos fans débattent sur si oui ou non vous formez un couple.

- Effectivement, ça dure depuis le début, » confirmai-je.

Depuis la photo annonçant la formation du groupe sur Instagram et Twitter. Oui, ça avait été rapide. Sur un des deux clichés, Loam me regardait. Oui, ça avait suffit pour les fans. Oui, ça me rendait encore plus amoureux de Loam chaque jour.

« - Et vous avez débuté il y a deux ans et demi. Donc, ma question concerne ces rumeurs et votre amitié. Est-ce que ces rumeurs, est-ce que tout ce qui tourne autour de votre relation, que ce soit des fanarts, des fanfictions, des photos faites par intelligence artificielle... Est-ce que tout ça vous dérange ? »

Loam resserra sa prise sur sa main.

« - On a discuté avec quelqu'un, il n'y a pas si longtemps, et notre conclusion c'est..., commença Loam.

- C'est non, continuai-je. À partir du moment où on connaît la vérité, j'aurais tendance à dire qu'on s'en fiche. »

Tiens, j'avais déjà dit ça, quelques mois plus tôt.

« - Si on doit être honnête avec vous et avec les fans, ça nous fait plus rire qu'autre chose, confia Loam même si ce n'était pas totalement vrai. C'est pas frustrant ni rien. Alors, peut-être que parfois, oui, c'est un peu agaçant quand on nous soutient qu'on est en couple, mais vraiment, on ne croise pas souvent des gens qui forcent à ce point. Je pense que dans un sens, ça nous prouve que la connexion, l'amitié qui existe entre moi et ce p'tit brun, elle est tellement forte qu'elle était visible depuis le début et personnellement, ça me fait vraiment plaisir. »

Je me penchai légèrement. J'avais maintenant une vue parfaite sur les visages de Dean et Eze. Ils acquiesçaient à tout ce que Loam continuait à raconter, avec de grands sourires. Récemment, je sentais qu'ils étaient très proches. Je savais - j'avais vérifié - que les rumeurs d'un couple entre eux devenaient de plus en plus populaires et je savais que, pour le coup, il ne se passait rien. Juste deux meilleurs amis qui avaient emmené leur confiance en l'autre encore plus haut. Et c'était beau.

Je savais que le fait que je voulais absolument que notre réponse à cette question soit entendue était visible sur mon visage, et lisible dans la façon dont je hochais vivement la tête aux propos de mon copain. Je voulais que ça soit dit. Je voulais que ce soit compris.

L'interviewer continua avec des questions dans la même veine auxquelles je laissais mes partenaires répondre alors que Loam avait commencé à me caresser doucement le bras. Je savais que ses doigts sur ma peau étaient apparents mais je n'en avais rien à faire, me délectant de son toucher qui créait de la chair de poule sur son passage.

Il continua ses légers contacts jusqu'à la fin de l'interview. En voyant la main d'Eze autour des épaules de notre écossais, je m'étais autorisé à reposer ma tête sur l'épaule de Lo.

L'interviewer finit par quitter la pièce.

Nous nous apprêtions à nous lever pour nous aussi sortir, mais le management en décida autrement. Ils attendirent patiemment que tout l'équipe parte avant de fermer la porte.

« - Les garçons, commença Meina. Nous avons quelques petites choses à changer dans votre dynamique de groupe. »

Compris. Je me décollai de Loam et m'appuyai contre l'accoudoir.

Andrew plaça son dos contre la porte. C'était un schéma familier. Andrew nous bloquait et Meina s'occupait de nous engueuler. Ça arrivait un peu trop souvent.

« - Premièrement, vous deux, Zoran et Loam. »

Je savais que toute la conversation allait concerner seulement nous deux. La précision était inutile.

« - Votre petite interview à deux a beaucoup trop plu au public persuadé que vous êtes en couple, donc vous allez tout simplement ne plus en faire. C'était une exception et ça en restera une. »

Étrangement, Loam resta silencieux, ce qui était... Inquiétant, le connaissant. Je lui glissai un regard. Il gardait ses yeux baissés vers le sol.

« - Ensuite, lorsque vous ferez des interviews de groupe, comme celle-ci, vous ne vous mettrez plus à côté. Vous ne parvenez pas à garder vos mains pour vous pour la durée des entretiens et nous ne pouvons pas nous permettre de vous laisser faire. Vous avez eu des libertés mais vous ne savez pas vous réguler. Donc nous vous les retirons. Sommes nous bien clairs ? »

Je gardai mon regard fixé sur mes mains. J'acquiesçai silencieusement et dans le silence pesant, j'étais sûr que le bruit sourd de mon cœur était audible. Il venait de se briser en mille morceaux, juste aux pieds de celle qui était supposée nous protéger.

« - Bien. Allons-y ! »

Où trouvait-elle les ressources pour paraître aussi enjouée après avoir agi aussi froidement que le zéro absolu ? Aucun de nous n'essaya de paraître joyeux ou même neutre.

Je me pris à penser aux paparazzis en bas, aux photos qu'ils vendraient. Aux questions que ces dernières susciteraient. Je me pris à espérer qu'elles fassent du bruit. Qu'elles déclenchent des questions.

On nous rendit nos affaires et nous sortîmes du bâtiment pour nous diriger vers notre van. Meina en tête, suivi par le duo Will-Loam. Le plus âgé avait son bras droit passé autour des épaules de mon partenaire, qui avait le visage tourné vers le sol afin de ne pas être vu outre mesure. Ensuite, Dean suivait le duo en refaisant son chignon, l'élastique glissé entre les lèvres. Il regardait délibérément l'asphalte, lui aussi. J'arrivai derrière, fixant son dos. Priant pour que le mascara qu'on m'avait appliqué en coulisse ait coulé, ne serait-ce qu'un peu. Eze me suivait, et Andrew fermait la marche. Les flashs des appareils photos nous accompagnaient.

Quel drôle de tableau, Five Hearts silencieux. Sérieux. Presque mélancolique. C'était rare. Nous étions jeunes, bruyants et terriblement vivants. Juste, pas aujourd'hui. Pas le dix-sept mai 2023. Pas lors de la journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie. Pas alors qu'on venait éhontément de nous reprocher de nous aimer. Pas lorsque nous n'avions pas le choix. Pas lorsque nous souffrions tous.

Le trajet fut tout aussi silencieux mais cette étrangeté-là resta entre nous sept.

En rentrant, Loam se rendit directement dans la salle de musique. Je retirai mes chaussures et commençai à monter les escaliers, la paire en main.

« - Meina, ces mesures sont juste débiles, lança William en croisant les bras. Elles sont injustes pour les gars.

- Et en quoi ? répliqua Meina.

- Euh, Moïra, Laura et Maria ? hasarda Dean. Sérieux, on a tous le droit d'être vus avec nos partenaires et si certains ne le font pas c'est parce qu'ils ne le veulent pas spécialement.

- Là, on parle de moi, » indiqua Eze.

Je m'arrêtais dans mon ascension.

À présent invisible depuis le bas, j'observai la scène. Tous les protagonistes se trouvaient en bas, éparpillés aléatoirement dans le hall.

« - Vous avez fini ? soupira Meina. On ne reviendra pas sur notre décision, point final. »

J'entendis un soupir collectif venant de mes partenaires. Je terminai mon ascension. Au même moment, Will ouvrit la porte de la salle de musique.

« - Vous êtes débiles, » soupira-t-il avant de refermer la porte derrière lui.

Je traversai le couloir jusqu'à ma chambre.

***

Loam m'avait envoyé un message.

Il était fatigué.

Alors il dormait, et mon Dieu, j'avais envie d'être avec lui.

Mais bon, je ne pouvais pas. Alors j'étais juste... Assis dans les escaliers, à quatre heures du matin. Qui était réveillé à quatre heures du matin ? Visiblement, moi.

Oh, et Eze, Meina et Andrew.

Heureusement que nos murs étaient bien isolés, bordel. Ils ne semblaient pas savoir se disputer silencieusement et je ne voulais pas qu'ils réveillent les trois autres. Nous avions tous terriblement besoin de sommeil.

« - Il faut se rendre à l'évidence, vous êtes juste homophobes, soupira mon mancunien d'un ton blasé.

- Non, bien sûr que non, répliqua Meina.

- Mais, dans ce cas là, s'il vous plait, expliquez-moi pourquoi vous vous sentez obligés de leur retirer toutes leurs libertés ? Pourquoi nous, on a le droit d'être publiquement en couple et pas eux, mh ?

- Un contrat a été signé, Ezechiel, expliqua Andrew. Un contrat créé notamment pour protéger la réputation du groupe et de la compagnie.

- Mais pas pour protéger des ados, hein ? Soyez un peu ouverts d'esprit et réalisez que ce que vous faites là n'est bon ni pour eux, ni pour votre salaire.

- Nous sommes ouverts d'esprit, Ezechiel, là n'est pas le problème. »

J'entendis Eze frapper dans ses mains.

« - Je l'ai, j'ai compris. Vous êtes juste pas ouverts à la discussion, j'ai compris. Je vais retourner me coucher. »

Je me levai rapidement et traversai le couloir en toute hâte avant de refermer la porte derrière moi. Je m'étendis sur mon lit et envoyai un message à Loam, un simple « Je t'aime » puisque j'en avais envie. Je pris mon casque et laissai la seule voix de Loam emplir mes oreilles, je l'écoutai chanter au monde ces mots écrits pour moi.

Un peu plus tard, je répondis à quelques tweets. Les fans internationaux me demandèrent si nous étions aux États-Unis ou quelque part d'autre - pas en Europe en tout cas. Je répondis que non, nous étions toujours en Angleterre, que je m'étais réveillé tôt. Alors que je n'avais simplement pas dormi.

Le lendemain - ou plus exactement quelques heures plus tard -, je descendis pour faire le petit-déjeuner. Dean me rejoignit et entama la préparation de pancakes. Je fis cuire des haricots, du bacon et des œufs, puis je me perchai sur le plan de travail pour l'observer (comprendre : pour l'aider). L'écossais avait bien progressé en matière de cuisine. Il n'avait pas le niveau d'Eze, ou même le mien, mais au moins, maintenant, il mettait l'eau avant les pâtes.

Il fit cuire le premier pancake et le roula. Il le glissa dans ma bouche sans que je n'aie rien demandé. Et wow, ça c'était bon.

« - Explore la voie pâtissière, je t'en prie, mec.

- Si jamais tu te demandais comment j'ai séduit Moïra..., répondit-il avec un sourire en coin.

- Non, sérieux ?

- Absolument pas, elle m'a appris à en faire la dernière fois que je suis allé chez elle. Je l'ai séduite en... Ouais, non oublie. »

Je lui volai un second pancake. Il se vengea en me dérobant une tranche de bacon.

« - Je veux l'histoire, maintenant.

- En aucun cas.

- Tu sais que j'ai le numéro de ta copine ? Et tu sais qu'elle sera ravie de me raconter l'anecdote ?

- Je faisais des claquettes. »

Je m'étouffai sur ma fin de pancake. Les larmes furent rapides à monter et je ne savais pas si c'était mon réflexe vomitif ou mon fou rire qui agissait. Dean leva les yeux au ciel et chippa une autre tranche de bacon.

« - Est-ce que des vidéos existent...? osai-je demander.

- Oui. Oui et non, elles ne sortiront jamais. Ça reste entre ma soeur, Moïra, sa meilleure amie et moi, me prévint-il.

- Bien entendu, acquiesçai-je. Je rappelle juste que nous avons un concert le premier juin. Et que, euh... Moïra, mon héroïne. Elle sera là. Et le premier juin, c'est dans dix jours. Je n'aurai pas oublié cette discussion.

- Tu n'oserais pas...

- Moi ? Non... Elle, par contre...

- Je te paye combien ?

- Je ne suis pas corruptible sur ce sujet, désolé. J'ai à peu près neuf mois à rattraper, affirmai-je. Neuf mois, ça vaut bien une vidéo de toi à quinze ans qui fait des claquettes. Et une remise en question des goûts de Moïra en matière d'hommes.

- Quatorze.

- Mh ?

- Moi à quatorze ans. En 2019. Le sept avril.

- Attends, pause. Tu lui as demandé de sortir avec elle le jour des claquettes ? »

Dean ferma les yeux et acquiesça - faussement - douloureusement en pinçant les lèvres.

« - J'ai deux choses à dire. D'un part, j'ai besoin d'appeler Moïra tout de suite. Deuxièmement, cette femme, tu la gardes jusqu'à la fin de ta vie et t'as pas intérêt à merder parce qu'elle a accepté de sortir avec un garçon de quatorze ans après que ce même garçon lui ait fait une démonstration de mpfff... »

M'étouffer avec un pancake était donc sa façon pacifique de me faire taire. Ce que, honnêtement, j'acceptais. Parce qu'encore une fois, ils étaient bons.

« - Pourquoi j'arrive sur cette scène ? demanda Will, nous faisant tourner la tête vers la porte.

- Pose pas de question, répliqua Dean.

- Il est consentant, au moins...?

- Non, mais j'apprécie, répondis-je après avoir avalé la crêpe. Je ne redirai jamais ça, mais c'est super bon et ça a été fait par Dean.

- Vraiment ? redemanda Will.

- Va te faire foutre, Zoran.

- On m'appelle ? nous interrogea Loam en restant à la porte, depuis derrière l'épaule du plus vieux.

- Pitié, se plaignit William en entrant dans la cuisine.

- Tututu, tu restes dehors, on apporte tout à la table. Et va réveiller Ezechiel, ordonna Dean.

- Je suis là, signala le mancunien.

- Superbe ! s'exclama Dean. Du coup, allez mettre la table et installez vous. »

Les garçons acquiescèrent et prirent des couverts et des assiettes. Dean et moi nous occupâmes de remplir des assiettes. L'ancien serveur me prouva son équilibre en plaçant quatre assiettes sur ses bras. Je levai les yeux au ciel et portai moi-même la panière remplie de pain grillé.

Loam était installé contre le mur et Will avait pris place à ses côtés. En face d'eux, dos aux escaliers, Dean était assis en face de Loam, Eze à sa gauche et une dernière place libre à gauche d'Eze m'attendait. Je déposais le pain sur la table et je m'y installai. Le petit-déjeuner débuta dans la bonne humeur, je ne mentionnai pas la discussion dont j'avais été témoin quelques heures plus tôt et tout se passait bien.

Meina et Andrew descendirent quelques minutes et nous annoncèrent qu'ils partaient pour la journée, et encore une fois, je ne comprenais pas pourquoi on nous avait assigné deux adultes s'ils étaient obligés d'être à deux aux réunions. D'un autre côté je n'en n'avait rien à faire parce que c'était idéal pour nous.

Après quelques instants, bel et bien sûr que les adultes avaient quitté la propriété, Eze lança :

« - Will, elle arrive à quelle heure, Laura ?

- Demain, hasarda le plus âgé.

- On est le vingt-deux, fit remarquer le deuxième plus âgé.

- Oh, merde... Bah, vers treize heures dans ce cas-là, répondit Will.

- Parfait, souffla Eze. Dean, la pause de Moïra est de quelle heure à quelle heure ? »

Et, oh. Si on impliquait les filles, soit ça sentait très mauvais, soit il avait une idée de génie. Je ne savais pas vraiment quel cas préférer.

« - Le lundi... Attends, je vérifie. De midi trente à quatorze heures trente. Pourquoi ? Que se passe-t-il dans cet énorme cerveau, Eze ?

- Il faudra que tu l'appelles. J'ai eu une idée.

- Qui est ? » pressa Loam.

Eze laissa planer un silence dramatique sur la pièce, nous noyant dans le suspense, avant de suggérer :

« - Et si vous sortiez du placard ? »

Loam bégaya vaguement avant de lâcher un rire de nez. Dean pencha sa tête sur le côté et Will haussa les sourcils. Quant à moi, j'essayais de démêler les mots qui se bousculaient dans ma tête. Ce fut Loam qui les résuma à ma place :

« - J'adorerais sincèrement mais logistiquement c'est trop compliqué.

- Pareil, renchéris-je.

- Non mais sérieux, vous en avez pas marre de ce truc de 1950 qu'ils veulent de vous ? répliqua Eze.

- Les gars, les gars, je comprends vos points de vue, intervint Will. Je comprends que vous ne vouliez pas prendre de risque, vous deux. Et Eze, je comprends que tu veules les aider, mais s'ils n'en n'ont pas envie, on va pas les forcer.

- Si vous voulez, on peut faire ça, proposa Dean. Vous avez jusqu'à ce que Laura arrive pour en discuter, pour peser le pour et le contre. Si c'est non, on fera rien. Si c'est oui, on appelle Moï et on écoute le plan d'Eze.

- Ça me va.

- Moi aussi. »

Nous finîmes de manger et rangeâmes le tout. Loam et moi nous retrouvâmes dans la salle de musique, seuls.

« - On en a tous les deux envie ? demanda mon copain.

- Ouep.

- Liste des contre ?

- Pas envie de risquer notre carrière, notre santé mentale, notre santé physique, les carrières de Laura et Moïra si elles sont impliquées. Oh, et pas envie de perdre les toutes petites libertés qu'on a. Genre, vivre ensemble.

- Liste des pour ?

- Liberté. Entre autres. Liberté. »

Loam était adossé au mur et moi assis en face de lui, sur le banc du piano, dos au clavier.

Il acquiesça.

« - Et si..., commençai-je avant de me raviser. Non, rien.

- Non, non, vas-y, Bee, je t'écoute.

- Et si on faisait notre coming out, mais pas en couple ?

- Développe ?

- Moi, gay; toi, ce que tu veux. Moi, en couple, et toi, céliabataire ?

- Pourquoi je serais célibataire ? Loam fit la moue.

- J'ai envie que les gens sachent que je t'appartiens, expliquai-je. Mais si on est tous les deux en couple, ça devient louche. Oh, et je pense qu'Eze veut qu'on le fasse à ce festival, le premier juin.

- Pourquoi ? demanda mon copain.

- Premier juin, d'une part c'est notre prochaine apparition publique officielle mais c'est aussi notre prochaine interview et le premier jour du mois des Fiertés. C'est un peu symbolique et je suis quasiment sûr qu'au moins un des journalistes va nous poser la question, donc... Mais c'est si ça te va, bien évidemment. »

Loam se décolla du mur et s'agenouilla devant moi. Il passa ses doigts sur ma mâchoire et releva mon menton avant de murmurer :

« - Bien sûr que je suis partant. »

Il déposa ses lèvres sur les miennes, étouffant le sourire qui commençait à s'y former.

***

« - Salut,Gràdh, fit doucement Dean lorsque le visage de Moïra apparut sur l'écran.

- Coucou, mon amour. J'ai cru comprendre que tout le monde était là ? Tu me montres ? »

Dean s'exécuta, tournant la caméra de son téléphone vers nous. Les yeux verts de Moïra se mirent à pétiller alors qu'elle agitait les mains vers nous.

« - Hey les gars ! Oh wow, Laura, ma chérie, tu es là aussi ! Tu es trop belle. J'ai trop hâte de vous revoir, tous ! »

Laura sourit et envoya des baisers au téléphone.

« - Okay, donc, mh... Le plan, commença Eze.

- On t'écoute, fit Loam.

- Ok, donc. On a fait notre concert le premier juin, on fait l'interview par la suite. Un interviewer pose une question sur le mois des Fiertés, ils font leur coming out. Le management nous laisse faire parce que tout sera filmé en direct. À la fin, les filles, vous retenez le management et on se dépêche d'aller vers des voitures qui nous attendent, vous arrivez, on s'en va.

- Attends, attends, on s'en va ? Où ? l'interrompis-je.

- Oui, on s'en va. On prend des petites vacances. Genre, juste deux ou trois semaines. Et j'ai trouvé un corps de ferme sympa dans le Yorkshire Dales. C'est à louer. Si vous êtes... Prêts, toutes et tous, à prendre le risque. »

Et d'un coup, ça devenait un poil trop réel à mon goût. Je ne pouvais m'empêcher de penser aux conséquences et je ne savais pas si je voulais y faire face. Mais Loam posa sa main sur la mienne et d'un coup tout me parut plus clair. Ce que nous allions faire, c'était nous battre pour notre liberté. Et je n'étais pas seul, j'avais Loam avec moi.

« - Si vous êtes okay, je peux vérifier si c'est bon pour moi aussi et prendre deux ou trois semaines de congé. C'est la fin d'année, c'est bon. Zoran, t'as pas tes examens finaux bientôt ?

- Si, le vingt-cinq et le vingt-six. J'ai plus de travail à rendre depuis une semaine et je passe une partie de mon temps libre à réviser. »

Je n'étais pas très inquiet, ceci dit. J'avais toujours obtenu de bons résultats ces dernières années alors je pensais m'en sortir.

« - Si ça convient à tout le monde, je peux demander à Adé de nous aider, proposa Laura. Vous savez qu'elle dira oui. Elle peut amener une voiture et nous aider à distraire Kasanov et Gaflica.

- Elle ferait ça ? demanda Loam avec une once d'espoir.

- Agis comme si tu connaissais pas Adeline, répliqua Moïra.

- Elle a un point, souligna Will.

- Donc c'est décidé, on fait ça le premier juin pendant l'interview ?

- Oui, confirmai-je.

- Je vais réserver la maison, Eze, donne-moi l'adresse, demanda Laura. Je la prends pour trois semaines ?

- Je t'envoie ça tout de suite, et, oui, trois semaines.

- Parfait ! »

Le couple franco-britannique se leva et sortit du salon, saluant tout le monde et Laura ne manqua pas l'occasion de passer sa main dans mes boucles. Ils allaient passer l'après-midi chez les parents de Will et y rester ce soir, après le retour de Laura qui revenait tout juste de France. Line était actuellement de passage chez leurs parents après son retour de Nouvelle-Zélande.

Ezechiel les suivit, pour aller chez Maria. Nous avions rencontré la jeune femme quelques semaines plus tôt. C'était une jolie femme à la peau sombre et aux longues tresses serrées, qui correspondait bien à notre ami aux cheveux colorés.

Il ne restait plus que Dean, Loam et moi dans la pièce, ainsi que la rousse au téléphone. Je lançai donc innocemment :

« - Dis-moi, Moïra... Ça fait bien quatre ans que toi et Dean êtes en couple, hein ?

- Oui, c'est ça, répondit Moïra en croquant dans son sandwich, manquant totalement le grognement de Dean et le sourcil haussé de Loam.

- Comment vous vous êtes mis ensemble ? Tu peux me raconter ton point de vue ?

- Oh, c'était une petite soirée chez Dean. On était amis alors c'était pas si étrange. Il y avait ma meilleure amie, sa sœur, lui et moi et on discutait tranquillement et..., elle s'arrêta afin de créer du suspense. Je ne sais pas pourquoi, mais Dean a commencé à faire des claquettes, expliqua-t-elle avec un sourire en coin. Si tu veux, je pourrai te montrer des vidéos dans dix jours.

- Moïra, dis-je en plaçant la main sur mon cœur. Je ne sais pas si tu sais à quel point tu es l'amour de ma vie- hey ! »

Concrètement, je venais de recevoir deux coussins venant de deux directions différentes droit dans ma tête.

« - Ne t'en fais pas, Zoran, je t'aime aussi, » me rassura-t-elle.

Une fois que Dean eut raccroché, je réalisai que le paradis - où ce que j'espérais être le paradis - se rapprochait de plus en plus.

***

1958 mots.

J'ai rattrapé mes 3 chapitres de retard en littéralement une semaine. On aime être en vacances. Et en parlant de vacances, il Y AURA finalement un chapitre la semaine prochaine, ouep. Vu que j'en suis au chapitre 17 en terme d'écriture, je pense que je peux me le permettre.

J'espère que vous avez passé une bonne soirée/journée/nuit, perso je viens d'écouter toutes les track 5 de Taylor Swift et c'était pas une bonne idéeeeee... évitez.

Enfin bref, j'espère que le chapitre vous a plu,

Bonne soirée,

- Alex.

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