Chapitre 12 - Bitter Beers
« - Bon, Will pense rester avec Laura un petit bout de temps pour prendre soin d'elle le temps qu'elle guérisse, mais dans l'ensemble, elle va bien, » annonça Loam en descendant les escaliers.
Il s'était réfugié dans sa chambre pour répondre à l'appel de notre meilleur ami alors que discutais avec les deux autres. Ils étaient frustrants. Ils n'arrêtaient pas de se regarder et de pouffer comme des adolescentes. Tout ça parce qu'ils avaient leur petit duo et que c'était un secret pour Loam, Will et moi. Par conséquent, je leur avait interdit de s'approcher des instruments dans la salle de musique. Nous y étions et Dean ne semblait pas capable de s'empêcher de prendre une de ses guitares pour jouer des accords, jusqu'à ce qu'Eze le réprimande en lui faisant les gros yeux avant d'exploser tous les deux de rire.
Donc, j'étais au piano et mes doigts jouaient des mélodies de leur propre chef pendant que nous parlions. De Moïra et de ses études en l'occurrence, puisque notre écossais avait eu un appel visio avec sa partenaire plus tôt dans la journée. La jeune rousse voulait travailler dans le domaine juridique de l'industrie musicale. Elle faisait actuellement sa première année à Glasgow.
« - Combien de temps environ ? demanda Dean.
- Quatre à cinq jours j'imagine ? Pas beaucoup plus, on a des rendez-vous après.
- Alors, d'après le planning que nous a partagé Andrew, on a même une interview le dix-neuf, nous informa Eze en grimaçant. Je pense pas que Will soit revenu d'ici et c'est l'anniversaire de ma mère, donc je serai probablement pas là non plus.
- Attends, l'interrompit presque Dean. Je vais devoir tenir la chandelle ? Non, gémit-il.
- Tu veux pas passer une journée avec tes deux meilleurs amis ? glissa Loam en direction du brun.
- Journée entre meilleurs potes ? Aucun problème, mec. Journée avec vous deux, alias le couple le plus adorable et fusionnel, qui me fait me sentir célibataire alors que je suis en couple avec la femme de mes rêves depuis quatre ans ? Absolument hors de question, débita-t-il en réponse.
- Ce qui nous fait une journée à deux, déduisit Loam en passant ses bras autour de mes épaules par derrière.
- Vous deux et le management, nuança Eze.
- Non, le contredit Dean en rangeant une mèche derrière son oreille. Ils ont une réunion ce jour-là et de toute façon l'interviewer a dit qu'il préférait nous avoir au naturel.
- Attends, l'arrêtai-je. Ils ont pas engagé deux personnes pour nous superviser spécifiquement pour ne jamais nous laisser seuls ?
- Que veux-tu ? Ils. Sont. Pas capables. De faire. Leur taf. Correctement, me répondit mon copain en séparant chaque morceau de sa phrase par un baiser dans mes cheveux sous le regard - faussement - dégouté de Dean.
- Te plains pas, tu viens de gagner un date, » répliqua ledit dégouté.
Je ne le vis pas mais je sentis que Loam avait levé les yeux au ciel.
« - Soirée pizza sans le vieux, du coup ? proposa Eze pour changer de sujet.
- Oh, oui, bonne idée, mec, approuva Dean en se levant de là où il s'était posé. Comme d'habitude, les tourtereaux ? »
Loam acquiesça pour nous deux et Dean pris Eze par la main pour aller commander notre dîner.
Je me levai du petit tabouret devant le piano pour me placer devant Loam. J'entendis la porte de la maison claquer, puisque l'autre duo allait commander directement sur place - un petit restaurant niche où nous pouvions nous permettre d'aller sans craindre trop de paparazzis.
Je passai mes bras autour de son cou et il enroula les siens autour de ma taille. Son souffle s'échouait sur mes lèvres et l'instant d'après, je les déposais sur les siennes avant de m'éloigner un peu. Loam fit de son mieux pour me garder contre lui mais je parvins à mes fins. Je passai le bout des doigts sur le col de son - mon - sweat-shirt, avant de le tirer doucement vers le bas. Une ribambelle - trois, en fait - de suçons se baladaient autour de son cou.
« - Tu me portes comme un collier, fis-je remarquer.
- C'est pas à ça qu'elle fait référence, » marmonna-t-il contre ma peau puisqu'il avait réussi à placer ses lèvres dans mon cou.
Je fis un bruit d'approbation en réponse avant de m'éloigner pour de bon.
***
Nous avions bougé les canapés pour les mettre côte à côte devant la télévision. La table basse était à leurs pieds, des morceaux de pizza éparpillés dans des boîtes sur sa surface. Des bouteilles de bière et une canette de coca solitaire les accompagnaient. Nous étions presque littéralement laissés tomber dans les sofas. Les garçons parlaient de nos récentes réussites, dont notamment mon album. Je ne savais jamais vraiment où me mettre avec tous les compliments, et c'était d'autant plus compliqué avec mon petit-ami qui m'encensait en me caressant les chevilles.
À nos côtés, sur le canapé à notre droite, Eze était presque allongé sur Dean, qui avait le bras passé autour de son cou et la main qui reposait sur le torse du mancunien. Moi, j'étais adossé au dossier gauche, les jambes passées sur celles de Loam, à l'autre bout, qui glissait ses doigts de haut en bas sur mes chevilles.
Dean finit par rire et dire que j'avais complètement le contrôle sur Loam, qui se contenta de m'adresser un sourire que les deux autres ne virent pas, heureusement. Le brun continua sur sa lancée, nous annonçant qu'il avait trouvé une vidéo d'une heure et demie sur nous deux. Il attrapa la télécommande, difficilement à cause d'Eze, et alluma la télévision. Il se rendit sur Youtube et lança la vidéo. Elle avait pour description « Juste Zoran Evans et Loam Davies agissant comme de 'très bons amis' pendant une heure et trente-quatre minutes. Personnellement, j'agis comme ça avec ma petite-amie mais c'est à vous de tirer vos conclusions. » ce qui eut le mérite de nous faire rire. La vidéo était composée d'extraits de Loam et moi accompagnées de quelques lignes de contexte.
Par exemple :
« Dublin, première nuit, tournée 'How' (octobre 2021). Juste Zoran qui s'approche de Loam pour l'embrasser sans raison sur la joue. Notons qu'il ne l'a fait pour personne d'autre. »
« Interview (mai 2021) Juste Loam qui demande Zoran en mariage. »
« Avant-première d'un film ou le groupe était invité (juin 2022). Juste Zoran qui fait un baisemain à la journaliste. Et Loam qui semble RAVI. »
« Concert caritatif - juste avant (mars 2022). Juste - et vraiment juste eux - Zoran et Loam qui ont les lèvres gonflées, les joues roses et les cheveux décoiffés. »
Et oui, ça nous fit bien rire. Le fait que tout était vrai. J'adorais le sarcasme de la personne, alors quand elle laissa ses pseudonymes sur les réseaux sociaux en fin de vidéo, je fis attention à bien être sur mon compte privé pour m'abonner à elle.
Eze frappa bruyamment la cuisse de Dean, qui grogna à l'impact.
« - Ça me fait penser ! J'ai une copine. »
Dean éclata de rire et je me mordis les lèvres. La première question qui me vint à l'esprit fut « Pour combien de temps ? » mais je la gardai pour moi. Ezechiel préférait s'amuser et il en avait parfaitement le droit. C'était simplement rare qu'il se mette en couple.
« - Non, c'est vrai, argumenta-t-il. Elle s'appelle Maria.
- Photo ou faux, plaisanta Loam, faisant rire Eze qui secoua la tête. Tu l'as rencontrée où ?
- En soirée.
- Pas étonnant, commenta Dean en tapant l'épaule d'Eze avec la main qui était posée sur son torse. Non, félicitations, frère.
- Ouep, bonheur à vous, ajoutai-je et Loam acquiesça.
- Merci, merci. On voulait tous les deux se poser et avoir un truc un peu sérieux, mais dès que l'un de nous veut retourner s'amuser, on sait qu'on peut se quitter. Elle a la même philosophie de vie que moi, donc c'est bien.
- Oh, oui , tranquille. On la rencontre quand ? demanda Dean.
- Dès que vous voulez, en soi. J'attendrai juste que Will revienne avec nous, quoi.
- Bien sûr, approuva Dean. Lo, tu parles pas beaucoup par rapport à d'habitude, » fit-il remarquer.
Et pour cause, mon petit blond me fixait amoureusement depuis sa dernière prise de parole.
« - Hey, je te parle, l'amoureux transi ! fit Dean en étendant le bras pour frapper Loam à l'arrière de la tête et le sortir de sa transe.
- Ta gueule, laisse-moi admirer la huitième merveille du monde. »
Je soufflait bruyamment en levant les yeux au ciel alors que Dean marmonnait un « Plus amoureux, tu meurs » juste avant de s'écrier :
« - C'est l'heure du mario kart ! »
Loam perdit lamentablement - regarder dans ma direction toutes les trente secondes n'avait sans doute pas aidé.
***
Les jours s'enchaînèrent rapidement et le samedi soir se transforma en dimanche, qui lui-même se métamorphosa en mercredi, jour de l'interview. Will n'était toujours pas revenu, et, comme prévu, Eze était à l'autre bout du pays pour fêter l'anniversaire de sa mère. Pour faire bonne mesure, Dean avait carrément quitté l'Angleterre pour trouver refuge chez Moïra à Glasgow.
De toute façon, l'interviewer nous avait dit par message qu'il aimait l'idée d'interviewer seulement deux membres du groupe, qui plus est sans management chez nous. Selon lui, ce cadre nous aiderait à être véritablement nous-mêmes.
Nous avions déjà préparé le coin interview, et c'était une question de minutes avant que l'interviewer n'arrive.
« - Salut, Gorgeous, » fis-je en m'asseyant à côté de mon meilleur ami.
C'était toujours étrange de penser que Loam était mon meilleur ami. Je ne pensais pas vraiment qu'embrasser son meilleur sur les lèvres était normal, ou au moins pas autant que nous le faisions. Et, du haut de ma faible expérience, j'étais sûr que gémir son prénom était tout aussi inapproprié - mais c'était un autre sujet. Les « amis ++ » existaient.
« - Salut Bee. Si tu as une petite-amie, je suis jaloux d'elle, répondit-il avec un rictus - je savais qu'il adorait Laura mais que, comme à tout le monde, la merde de relation publique lui avait déplu.
- Si t'es célibataire, c'est pire, ajoutai-je en haussant les épaules alors qu'il passait son bras autour d'elles.
- Parce que je suis tellement magnifique que ça fait mal, » sourit-il malicieusement.
Nos « conversations Taylor Swift » étaient un bon signe que nous passions trop de temps avec Laura, ou que nous écoutions sa musique en trop grande proportion. Et c'était un peu étrange sachant que nous avions rencontré la chanteuse quelques fois. Elle était gentille et, d'une façon ou d'une autre, elle avait immédiatement compris la nature de ma relation avec Loam. Je ne savais toujours pas pourquoi, mais peut-être était-ce parce qu'il m'avait tenu la main, m'avait embrassé sur la joue et que j'avais rougi. Peut-être.
« - Mh, mh, on va dire ça, » répondis-je en embrassant le coin de sa bouche juste comme son téléphone sonnait.
Il déposa un rapide baiser sur mes lèvres avant de répondre.
C'était l'interviewer, il était en train d'arriver, alors j'allai l'accueillir.
Je le laissai passer devant moi quand il entra et me serra la main. Il était accompagné d'un ingénieur du son, armés de leurs différents accessoires. Je leur indiquait de poser leurs vestes sur le porte-manteaux prévu à cet effet avant de les guider vers notre coin spécialement prévu pour les interviews. Le canapé était poussé contre le mur, en face d'un fauteuil de la même couleur. L'ingénieur du son prépara son matériel alors que Loam apportait un thé à l'interviewer qui s'installait.
« - Je m'appelle Mark, nous précisa-t-il. Et voici Tommy, ajouta-t-il avec un geste à son collègue qui nous fit un signe de la main.
- Zoran, répondis-je presque par réflexe. Et euh, Loam, » dis-je en désignant mon copain d'un geste de la tête.
Mark acquiesça avec un sourire parce que bien évidemment qu'il connaissait nos prénoms. Il sortit son téléphone et consulta l'écran quelques secondes avant de l'éteindre et de relever la tête vers nous.
« - Déjà, je voulais savoir si ça vous dérange de faire l'interview juste à deux...
- Non, du tout, répondit Loam.
- Parfait, parce que ça m'arrange aussi dans un sens - vous avez lu les messages.
- Oui, oui effectivement. On n'a pas l'occasion de faire beaucoup ça, donc ça nous fait toujours plaisir.
- Je peux comprendre. De plus, l'interview de vous cinq sera reportée, mais je ne peux pas promettre que ça sera avec moi, malheureusement.
- C'est dommage, commenta Loam. Vous avez l'air plus, euh. Gentil que les autres, si j'ai le droit de dire ça. »
Je savais qu'il faisait référence à Jeremy, un peu moins d'un mois plus tôt.
« - Ah ? Merci, je suis flatté, répondit Mark avant de boire une gorgée de thé. Vous faites un excellent thé, si je puis me permettre.
- Eh bien, remercions feu ma mère pour ce qu'elle m'a appris, » fit le blond avec un sourire.
Mark acquiesça et jeta un rapide regard au plafond - et au ciel, par extension. La mère de Loam était une femme incroyable que j'avais connue quelques semaines avant son décès et je considérais que tout le monde aurait dû la rencontrer.
Tommy nous aida à attacher nos micros et Mark lui demanda :
« - Tout est bon, Tommo ?
- Tout est bon, Marko. »
L'interview qui suivit se passa étonnamment bien. Loam avait raison, Mark était gentil, doux et prévenant, il faisait des blagues hors caméra et ne nous prenait pas de haut. Il devait sûrement avoir l'âge du père de mon copain et s'adressait à nous comme un parent à ses enfants, sans nous faire ressentir de supériorité par rapport à son âge.
A ma grande surprise, également, il ne posa aucune question quant aux rumeurs à propos de moi et Lo. C'était pourtant un sujet qui revenait continuellement, explicitement ou implicitement à l'exception de l'interview avec Jeremy. Je savais que mon ami - ou ancien ami, considérant que nous ne nous parlions plus - était le plus grand fan de ma « relation » avec Laura, et que donc il pensait que toute cette affaire n'était que des rumeurs. La plupart de ces références explicites ou implicites nous demandaient discrètement de toujours dénier tout aussi explicitement ou implicitement.
C'était un sujet récurrent. Qui, pourtant, ne fut pas abordé. Bien que Loam ait tendu le bâton pour se faire battre.
« - Merci, s'était-il exclamé en appuyant son propos d'un claquement de ses mains. Je lui dis constamment et il me croit pas. En plus, ajouta-t-il en tournant mon visage vers lui d'une douce pression de son index droit sur mon menton, il a deux tâches de rousseur sur le visage. Vraiment juste deux. Elles sont cachées entre un coin de son nez et sa joue, il faut vraiment être dans le bon angle pour les voir, » avait-il expliqué.
J'avais senti mes joues rougir sous ses doigts et, le remarquant aussi, il avait lâché mon visage, se tournant de nouveau vers la caméra pour continuer sa discussion avec Mark. J'avais retenu mon éclat de rire en pensant à ce que Meina ou Andrew dirait. Parce que vraiment. Loam n'avait pas été subtile. Ces tâches de rousseur - ou grains de beauté, je n'avais jamais su -, mon copain les avait découvertes après m'avoir embrassé et observé longuement pour la première fois. Parce que, comme il l'avait dit, il fallait être dans un certain angle pour les voir. Il fallait avoir exploré mon visage. Parce que même moi, j'avais mis du temps à les trouver.
Je fis la réflexion à Mark, après l'interview, une fois sûr que les caméras et micros étaient éteints.
« - Vous êtes bien le premier à nous interviewer, juste Loam et moi, et à ne pas poser de questions sur les rumeurs à propos d'une relation entre nous, fis-je remarquer.
- Ah ? Oui, peut-être. J'imagine que c'est à moi qu'on pose ces questions. Qu'on me demande constamment si je suis en couple avec mon meilleur ami me dérangerait, alors j'imagine que pour vous c'est pareil ou au moins similaire, répondit le brave homme en haussant les épaules.
- Oh, c'est... Je pense que vous êtes un des seuls à le faire, alors, assura Loam.
- Et c'est dommage, on ne devrait pas vous mettre mal à l'aise. »
Mark était donc un homme que j'appréciais.
Nous raccompagnâmes le duo à leur voiture avant de rentrer profiter de notre après-midi.
Quelques jours plus tard, l'interview avait été éditée et publiée sur la chaîne Youtube du média pour lequel Mark travaillait. Et les gens... Eh bien, les gens avaient subi un fou rire collectif.
La situation pouvait être résumée en quelques commentaires :
« Je connais le visage de Zoran par cœur et j'ai jamais remarqué ces tâches de rousseur. Loam, faut qu'on parle. »
« Loam lâche une dinguerie et Zoran rougit ?? »
« La remarque de Loam est dite avec tant d'affection ! »
« Et vous voulez nous faire croire qu'ils sortent pas ensemble ? »
« Donc, je résume : Zoran et Loam ne sortent pas ensemble bien entendu, mais Loam fait un commentaire affectueux à propos des tâches de rousseur de Zoran, qui rougit juste après. De plus, Loam admet par lui-même qu'il faut être dans un bon angle pour les voir, ce qui signifie donc qu'il s'est placé dans un angle particulier par rapport à Zoran et- Quoi ? »
Et oui. « Quoi ? », je comprenais mais ça me faisait énormément rire de voir les fans paniquer et devenir fous.
***
C'était parti en vrille assez vite et je ne comprenais pas nécessairement pourquoi ou comment.
Will et Dean étaient dans la salle de musique en train de pratiquer pour la séance d'enregistrement de demain soir. Les deux autres et moi étions dans les escaliers en train de discuter d'un sujet quelconque dont je ne parvenais plus à me rappeler. Malheureusement, Eze avait le malheur d'être à l'étage, penché vers nous par-dessus la rambarde, tandis que j'étais assis dans les escaliers, alors que Loam était debout sur la marche juste en-dessous de la mienne, la main plongée dans mes boucles. Il me massait et grattait mon cuir chevelu et je n'étais pas loin de ronronner. Cette configuration faisait en sorte qu'on ne voyait pas notre ami aux cheveux colorés d'en bas. Il fallait lever la tête. Ce que nous faisions, avec Loam.
Ce que n'avaient pas fait Meina et Andrew.
Ils avaient ouvert la porte brutalement, avant de s'arrêter net. Andrew avait soufflé bruyamment alors que Meina secouait la tête.
« - Les garçons, avait-elle commencé.
- Dans vos chambres, l'avait interrompue Andrew. Tout de suite. »
Il s'était placé devant les escaliers, comme pour ne nous laisser aucune issue de fuite. Meina en avait profité pour retirer sa veste et l'accrocher au porte-manteaux dans un geste aérien. J'avais alors remarqué qu'elle portait une robe bleue faite d'un tissu vaporeux qui virevoltait autour d'elle. Mon cerveau était encore bien loin, perdu dans la chaleur du contact entre ma tête et les doigts de mon partenaire. J'avais constaté au passage que lesdits membres n'avaient pas arrêté leurs mouvements.
« - Non, » avait refusé Ezechiel.
Les deux adultes avaient levé la tête à ces mots, remarquant enfin sa présence.
« - Comment ça ? » avait demandé Andrew, finalement bel et bien énervé.
Ezechiel avait soupiré avant de se décoller de la rambarde pour se diriger vers les escaliers.C'était le signal que Loam avait visiblement choisi pour se baisser, passant sa main de mon crâne à mes doigts et m'aider à me relever. Il s'était ensuite collé contre le mur pour laisser Eze passer.
« - Ils ont pas trois ans, merci bien. Ils étaient juste en train de parler. Parler, juste parler ! Avec moi. C'est terrible ! » avait-il répliqué une fois en face de l'adulte.
Andrew avait reculé et désigné la porte du salon, avant de s'y engouffrer avec notre meilleur ami.
« - Les garçons, commença Meina. Venez par ici. »
Elle s'adossa contre le mur perpendiculaire à la porte, nous laissant descendre des marches. Loam s'accota au panneau de bois. Je restai sur le côté, pressant mon dos contre le bout de la rampe, le laissant sans aucun doute rougir ma peau et même, peut-être, créer un bleu. Je m'en fichais royalement.
« - Je ne vais pas vous demander d'aller dans vos chambres comme Andrew l'a fait, le choix vous appartient. Je tenais juste à vous rappeler que vous avez des règles et que vous en avez déjà suffisamment enfreintes ces derniers mois. J'espère bien que tout ceci ne se reproduira pas, » ajouta-t-elle durement.
Loam soupira et leva les yeux au ciel. Meina resta là, les bras croisés, alors que les cris d'Andrew et Eze nous parvenaient depuis le salon. Ça me rendait triste que, quelque part, nos relations avec notre équipe soient aussi détériorées juste parce que Loam et moi nous aimions. Il n'y avait pas que ça, bien sûr - vous ne pouviez pas vous attendre à ce que nous soyons amicaux avec des gens qui nous faisaient du mal intentionnellement - mais quand même.
Loam se tourna vers moi et je m'attendais à ce qu'il monte, mais il posa sa main droite contre ma joue gauche et il déposa un doux baiser sur mes lèvres. Il jeta un dernier regard à Meina, puis il se dirigea vers l'étage.
Je l'imitai, quelques secondes plus tard. D'abord, le regard de Meina. Si elle avait été un chien - avec tout le respect que je lui devais (ou pas) - elle aurait grogné et montré les dents.
Pourtant, ça n'avait presque même pas été un baiser. Juste ses lèvres pressées contre les miennes. Un simple contact. Bon, peut-être bien que c'était un baiser, mais quand même, être aussi manifestement agressif envers deux personnes qui s'aimaient... Jamais je ne comprendrai le principe.
Je montai ensuite à mon tour, m'arrêtant silencieusement devant la porte de la chambre de mon petit-ami. Doucement, je frappai un coup court puis trois long, une pause, un court, une pause, un long, une pause, un court et un long, deux courts, deux longs, un court. J'entendis Meina monter les escaliers et me hâtai jusqu'à ma chambre, refermant la porte derrière moi.
***
3660 mots.
Et je suis en vacances donc je vais en profiter ! J'arrive à la partie du script qui me faisait pleurer pendant l'écriture du scénario donc uh- bonne chance. Genre le chapitre de la semaine prochaine, là... Miam.
Oui, je publie tôt ce soir, où va le monde ?
Allez, bonne soirée et n'oubliez pas que j'ai une playlist dédiée au angst~
- Alex.
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