Chapitre 11 - Keep Your Head Up, Love
J'ouvris la porte du salon, quand, à ma grande surprise, j'y vis deux tourtereaux confortablement installés. Loam, les jambes étendues devant lui, les pieds posés sur la petite table et Zoran, appuyé contre lui, la tête placée dans le creux entre son épaule et son cou.
« - Oh, hey, » fis-je doucement pour les prévenir de ma présence.
Concentrés sur le téléphone de Loam, aucun des deux ne m'avait vu entrer.
« - Salut, Will, répondit le plus jeune des deux en se détachant seulement légèrement de l'autre et je tentai sincèrement de ne pas rire ou m'étouffer à la vue des deux petites morsures rouges à l'endroit qu'il venait de quitter - je réussis, en me mordant l'intérieur de la joue.
- Salut, mec, fit son compagnon.
- Vous avez pas... Enfin, Meina, » essayai-je.
Cette semaine, Andrew était en congé en Inde. Si je me souvenais correctement, il y fêtait ses sept ans de mariage. Il était supposé revenir dimanche. Meina, quant à elle, était supposée rester chez nous pour ladite semaine. Cependant, je ne l'avais pas vue ce matin, ni ce midi.
« - Meina ? Non, elle est partie super tôt ce matin. Avant que tout le monde se lève. J'étais réveillé, donc elle m'a dit qu'elle partait en Russie pour une urgence familiale, un décès dans sa famille, expliqua Loam. Elle revient dimanche, comme Andrew. En gros, là, on a quatre jours entiers tranquilles.
- Et comme, en plus, c'est l'anniversaire de Loam, continua Zoran, on a décidé de s'en battre royalement les couilles. »
Loam pencha la tête en direction de ce dernier alors que je m'avançais dans la pièce.
« - C'est pas toi qui passe ton temps à nous reprendre pour le langage ?
- Si ! répondit Zoran. C'est parce que je suis jeune et innocent, » expliqua-t-il.
Le blond laissa échapper un bruit indigné avant de désigner avec évidence son propre cou - et la morsure.
« - Innocent ? Toi ? Toi ?
- Les gars, vous voulez que je vous laisse...?
- Non ! répliquèrent-ils en même temps. Soutien psychologique, ajouta Loam.
- Pour quelle raison ?
- Petit-copain abusif, répondit Loam.
- Pardon ? s'insurgea Zoran. Mais va te faire foutre, ajouta-t-il en frappant gentiment son interlocuteur avec un coussin.
- Quand tu..., commença le plus vieux.
- Les gars, je suis toujours là, l'interrompis-je.
- T'es pas drôle, protesta Loam.
- Je suis traumatisé.
- Par quoi ? » demanda Zoran, un sourcil haussé.
Je lui désignai mon meilleur ami à ses côtés, et le brun fronça les sourcils et pencha la tête de côté, en une question silencieuse. Je fermai les yeux et hochai la tête, alors Zoran tourna rapidement la tête vers son partenaire pour le frapper de nouveau avec le coussin. Avec un peu plus de violence que la fois précédente.
Bien fait.
Pas de ma faute si mon ami me racontait des choses que je ne voulais pas savoir.
« - Vous avez bientôt fini ? demanda Loam, les bras croisés. J'ai toujours besoin d'une aide psychologique.
- Pourquoi, donc ? répondis-je en me laissant tomber dans le canapé en face d'eux, et Zoran reprit sa place calée entre le cou et l'épaule de son copain.
- Pour répondre aux messages.
- C'est pas des appels cette année ?
- Non, il a supplié sa famille, répondit Zoran.
- Non, mais sérieusement vous vous souvenez l'an dernier ? A midi, j'avais plus de voix. J'ai deux sœurs qui ont des copains, il y a mon père, ma belle-mère, mes six grands-parents, les trois frères de ma mère, le frère et la soeur de mon père, les cinq - cinq ! - frères et sœurs de ma belle-mère, et vous savez combien ça fait de cousins ? Dix-huit. Ça fait quarante personnes dans ma famille, plus mes amis et vos entourages.
- Plains-toi, plaisanta Zoran.
- Ah mais j'adore, se défendit Loam. C'est juste que répondre « merci » à tout le monde, c'est... Peu ?
- Oh, au fait, Sœur Mary t'appellera. À un moment. Plus tard. Quand on sera revenus.
- Vous comptez aller où ? les questionnai-je.
- Dulwich, répondit Zoran.
- Il veut faire de la photographie là-bas, expliqua Loam. Et il me veut comme modèle. »
Je me penchai vers Zoran pour faire semblant de lui chuchoter :
« - Bonne chance, mon pote. Un jour, il se réveillera et il comprendra que c'était un rendez-vous. »
Zoran acquiesça et pouffa alors que son copain, dans un geste vraiment moins gentil, me fit un doigt d'honneur. Je me levai en secouant la tête et sortis de la pièce.
Je me dirigeai dans celle juste à côté. Je fus accueilli par des accords à la guitare et une voix cristalline. Dès qu'ils me remarquèrent, Dean et Eze cessèrent. Je refermai la porte et m'adossai contre elle, les sourcils levés.
« - Pourquoi vous vous arrêtez ? demandai-je. Faites comme si j'étais pas là.
- Non, on a dit que personne écouterait mon projet secret tant qu'il n'était pas sorti, » répliqua Eze.
Je désignai Dean de la main.
« - Pourquoi lui et pas moi ?
- Parce que c'est moi qui écrit l'accompagnement ? hasarda l'écossais.
- C'est le principe du duo, avança notre ami aux yeux verts.
- Votre projet, c'est un duo ? fis-je avant de continuer une fois qu'ils eurent acquiescé. C'est incroyable. Ils vont tous péter un câble.
- On sait, répondit Dean en haussant les épaules. C'est pour ça que. Sors. T'auras la surprise en avant première. Mais pas maintenant.
- Je me fais chasser de partout, me plains-je.
- Ils t'ont chassé, eux ? demanda Eze en désignant du menton le mur qui séparait la salle de musique et le salon.
- Non. Mais on se comprend. »
Dean répondit par un éclat de rire avant de définitivement me chasser. Je trouvai refuge dans la cuisine. J'envoyai un message à Laura, puis préparai un thé pour nous cinq. J'en versai dans deux thermos, que le couple vint chercher avant de s'en aller. Les deux autres prirent également leurs tasses avant de continuer leur séance de musique. Je consultai mon téléphone. Pas de réponse. Haussant les épaules, je rangeai le bazar minimal que j'avais répandu dans la pièce et montai dans ma chambre.
Je posai la tasse sur le bureau et contemplai la pièce. Nous devions déménager en juillet. Ce qui nous laissait un temps resserré entre les répétitions et le début de la tournée, pour déménager et nous installer. Sans compter que la partie européenne de la tournée devait se terminer en octobre, soit en même temps que la sortie de l'album. Il avait bien avancé même s'il restait loin d'être terminé. Nous étions mi-avril, le temps se réchauffait doucement. Nous passions de plus en plus de temps dehors. Laura ne me répondait toujours pas.
Je ne redescendis que quelques heures plus tard.
Zoran et Loam étaient revenus de leur balade et l'autre duo les avait rejoints. Le quatuor était silencieux. Zoran et Loam avaient repris leur position de tantôt dans le canapé, mais cette fois-ci, les jambes du plus jeune étaient étendues sur celles de l'autre et un téléphone était posé sur leurs membres inférieurs entrecroisés.
« - Et où t'a-t-il emmené ? demanda une voix légèrement déformée par la qualité audio du téléphone, mais que je reconnus néanmoins comme étant celle de Sœur Mary, la tutrice légale de Zoran.
- Dans un petit bois, répondit Loam avec tendresse. Il avait tout prévu : une couverture, un panier avec des gâteaux...
- Il est bien élevé, mh ? taquina la religieuse.
- Absolument ! approuva le blond avec véhémence.
- Je suis heureuse d'avoir correctement fait mon travail, alors, » conclut-elle.
Loam pouffa, Dean et Eze éclatèrent de rire en fond. Zoran, quant à lui, tapa mollement l'épaule de son copain en protestant sans ferveur d'un « Hey... ».
« - Il vient de me frapper, ma Sœur, se plaignit Loam au téléphone.
- Zoran Evans, je ne pense pas t'avoir éduqué ainsi. Excuse-toi auprès de ton compagnon, ordonna Mary avec une douceur dissimulée sous son autorité.
- Pardon, Loam. Je te présente mes excuses, consentit le plus jeune d'un air contrit.
- Je les accepte même si tu ne le mérites pas, » répondit Loam, taquin, en déposant un baiser dans ses boucles sombres.
Eze et Dean étaient affalés dans le sofa en face du couple, je les observais, appuyé contre l'encadrement de la porte. À ces mots, Dean ouvrit les yeux qu'il avait fermés, la tête renversée contre le dossier du canapé. Eze avait déposé sa tête sur l'épaule de l'écossais. Zoran s'était contenté de tirer la langue au blond.
« - Je ne vais pas vous prendre plus de temps, déclara Mary à travers le haut-parleur. Les petits ont besoin de moi. Ce fut un plaisir de te parler, mon garçon, et encore une fois, bon anniversaire de la part de Sara, Eden, Eleanor et moi-même.
- Merci, ma Sœur.
- Et toi, Zoran, les autres ont très hâte de te revoir.
- Moi aussi, ma Sœur. Je viendrai vous rendre visite dans quelques semaines, je te le promets. Merci d'avoir appelé.
- C'est naturel. Au revoir aux trois autres garçons, aussi. »
Après un dernier « au revoir », elle raccrocha. Eze se leva et libéra Dean de son joug - il se leva également et m'attrapa la main en passant devant moi pour me tirer hors de la pièce et les laisser un peu seuls. C'était l'un des rares jours où ils le pouvaient.
Ezechiel me traîna dans sa chambre alors que Dean se dévouait pour préparer le dîner. Je protestai, connaissant le talent de Dean en matière de cuisine, mais ledit chef se contenta de m'adresser un charmant doigt d'honneur. Le mancunien me mena dans sa salle de bain.
« - J'ai besoin d'aide pour me teindre les cheveux, Will. Tu peux m'aider ?
- Tu veux pas les laisser se reposer un peu ? Je suis presque sûr que ça fait un an qu'on ne t'a pas vu avec ton blond naturel.
- Non.
- Dans ce cas, fis-je en haussant les épaules, bien sûr que je vais t'aider. Mais vite.
- Avant la catastrophe nucléaire ?
- Avant la catastrophe nucléaire. »
***
« - Elle est peut-être occupée ? Panique pas...
- Non, normalement, même si elle croule sous une montagne de travail, elle trouve le temps de me répondre. Au moins une fois en quatre jours. Son dernier message date du onze avril, on est le quinze. C'est pas normal.
- Tu veux que j'essaye de l'appeler ? demanda doucement Eze.
- Si tu veux ? J'ai déjà essayé, elle ne répond pas et ne reçoit plus mes messages, soupirai-je en remplaçant une boucle châtain derrière mon oreille tout en fixant mon téléphone d'un œil rageur. Et de même pour Line.
- Essaye encore, » proposa Loam.
Je soupirai et cliquai sur le contact, avant de toucher le bouton « appel ». J'entendis la sonnerie quelques fois, puis plus rien. Dean essaya silencieusement à son tour, pour un résultat similaire. Je penchai ma tête en arrière pour la faire heurter le mur avec douceur.
« - Vas-y, suggéra Zoran. Elle vit pas si loin. »
Au fond, je sentais bien que quelque chose n'allait pas. C'était inhabituel pour Laura de ne pas répondre dans une si longue période de temps. Mon esprit adorait errer vers toutes les possibilités auxquelles je pouvais penser, bien souvent les pires possibles. C'est pourquoi j'acquiesçai à la proposition de Zoran et fourrai quelques vêtements dans un sac de sport, ajoutai mon ordinateur, mes affaires de toilettes avant de saluer mes amis et de me diriger vers l'extérieur.
Je déposai mes affaires sur le siège passager et m'installai au volant. Je démarrai et quittai la propriété. Je connaissais son adresse par cœur alors je me laissai conduire sur les routes de la campagne de la banlieue de Londres pendant que mon cerveau créait des scénarios catastrophe à la pelle.
Je m'efforçai de laisser de côté tout ceux qui impliquaient la mort de Laura ou un possible kidnapping, ou bien un accident, tout simplement parce que je devais conserver un rythme cardiaque pendant que je conduisais.
Ce qui me laissait avec deux types de possibilités.
Soit elle s'était suffisamment engluée dans l'écriture pour oublier tout le reste - « le reste » incluant sans aucun doute toute notion d'alimentation, de sommeil ou de soin, sachant que la dernière fois que je l'avais vue, la veille des vingt ans de Loam, elle commençait à être malade.
Soit elle ne voulait plus entendre parler de moi. Mais dans ce cas-là, pourquoi ignorer Dean et sa sœur ?
Je m'obligeai à penser à la première des deux options. Une pensée en entraînant une autre, je m'arrêtai rapidement dans une supérette sans trop y faire attention. J'achetai des fruits, des légumes, quelques yaourts et du chocolat.
En arrivant devant chez Laura, je sonnai pour l'avertir de ma présence avant de sortir mes clés afin de ne pas rester trop longtemps stationné devant le portail. Je garai ma voiture à côté de la sienne À peine avais-je posé la main sur la poignée que la porte s'ouvrit sur une Laura pâle et grelottante, les yeux cernés, dans une vieille tenue de sport recouverte par une couverture.
« - Will ? Qu'est-ce que tu fais là...?
- Ça fait trois jours que personne n'a de nouvelle de toi, mon chat, lui expliquai-je doucement.
- Quoi...? Attends, entre. C'est quoi tout ça ? demanda-t-elle en désignant les sacs d'un mouvement mou de la main en refermant la porte derrière moi. Comment ça « trois jours » ?
- Ce sont des aliments pour toi. Tu sais quel jour on est ? lui glissai-je en la prenant par la main après avoir retiré mes chaussures et ma veste.
- Non, » avoua-t-elle entre deux quintes de toux.
Je l'amenai à l'étage pour déposer les provisions dans la cuisine.
« - Le quinze avril.
- Quoi ? s'exclama Laura, avant de se prendre la tête dans les mains. Oh..., » gémit-elle en pressant ses doigts contre ses tempes.
Je me retournai vers elle comme je la sentais perdre l'équilibre, et elle s'appuya contre moi. Je l'aidai attentivement à se déplacer vers le salon de l'autre côté du palier. Elle s'assit minutieusement dans le canapé et je m'installai à ses côtés, prenant ses mains gelées dans les miennes. Je les frottai entre mes doigts pour les réchauffer, puis je replaçai correctement la couverture sur ses épaules.
« - Tu veux bien m'expliquer ce qu'il s'est passé, ma belle ? »
Laura se recroquevilla dans son plaid et me regarda à travers ses longs cils marrons. Elle haussa les épaules.
« - Il y a quelques jours, visiblement, j'ai reçu un appel de... Euh. Tom.
- Ton éditeur ?
- Mon éditeur. Et il m'a dit que j'étais en retard sur le script, que j'écrivais pas assez, et il m'a pris la tête. Donc je suis descendue et je pense que j'ai pas fait trop attention au temps qui passait. Et le fait que je sois malade n'a pas dû m'aider, j'imagine. »
Elle laissa tomber sa tête en arrière contre la matière douce de son canapé. Elle ferma les yeux. Je levai ses doigts vers ma bouche et embrassai ses phalanges avant de me lever et de retourner dans la cuisine.
Là, j'ouvris mon sac et en sortis carottes, poireaux et pommes de terre. Je les fis cuire tout en fouillant dans les placards de la cuisine rouge pour trouver un mixeur. Il était toujours là où je pensais qu'il était. Je finis de cuisiner la soupe et la versai dans un bol. À côté, je préparai deux tasses de thé au miel.
Je déposai finalement le repas sur un plateau, que j'amenai dans le salon. Laura s'était endormie dans le canapé, alors je posai le plateau devant elle sur la table basse avant de m'asseoir à ses côtés. Je glissai le dos de ma main contre sa joue en lui chuchotant de petits mots doux de temps à autre pour qu'elle se réveille en douceur. Une fois sûr qu'elle était de retour avec moi, je l'aidai à se relever correctement, replaçant les oreillers dans son dos pour plus de confort, et pris son bol sur mes genoux pour l'aider à manger. Laura tombait de fatigue et luttait du mieux qu'elle pouvait pour rester éveillée. Après quelques cuillerées, elle avait regagné suffisamment d'énergie pour manger par elle-même, me permettant de pouvoir appeler les garçons. Je les rassurai, leur disant que la situation était sous contrôle, tout en gardant un œil sur la jeune blonde devant moi. Elle sirotait son thé, le buvant petites gorgées par petites gorgées.
Quand elle commença à papillonner des yeux et à se caler contre moi, je décidai qu'il était temps pour elle de dormir. Je la conduisis à sa chambre et l'assistai lorsqu'elle se mit en pyjama. Elle se glissa sous les draps et je fermai les rideaux après lui avoir déposé un baiser sur le front. Elle dériva rapidement dans le sommeil.
Je la regardai, le temps de m'assurer que tout allait bien, puis je fermai la porte et descendis les escaliers. Je ramenai le plateau dans la cuisine et remplis le lave-vaisselle. Je me rendis dans la petite salle de bain bleue du premier étage et fouillai son armoire à pharmacie. Elle était remplie, mais rien ne convenait aux maux de gorge dont je savais que Laura souffrait. Je laissai une note sur la petite table du salon, disant que j'allais aller à la pharmacie. Entre-temps, en cherchant le stylo, j'avais trouvé le portable de Laura, déchargé. Je l'avais branché à la prise située à côté du canapé, l'appareil posé sur l'accoudoir.
Je descendis encore d'un étage pour chercher mon sac de sport. Je le posai sur la grande table du salon et en sortis une écharpe, une casquette et des lunettes de soleil.
Quand je revins, je posai les médicaments avec les autres, dans la salle bleue et montai vérifier l'état de Laura. Elle semblait moins grelotter et elle avait repris des couleurs, toujours profondément engluée dans un sommeil guérisseur. Je dégageai quelques mèches de son front dans un geste tendre avant de redescendre allumer son téléphone.
Son téléphone était de nouveau chargé et, à peine le code tapé, il se mit à vibrer. Les notifications de mes appels, de celui de Dean, de nos multiples messages et textes inquiets de sa mère et de Line illuminèrent l'écran. Je cliquai sur les miens pour faire disparaître le point blanc sur l'icone de l'application puis balayai les notifications d'appel. J'allai envoyer un message à sa mère, mais elle me devança en m'appelant.
Je décrochai et elle m'assaillit de phrases qui me semblaient incohérentes puisque je ne comprenais que quelques mots sur le flot ininterrompu de paroles.
« - Hum, excusez-moi, Christine, réussis-je à placer et elle s'interrompit.
- Oh, William, mon garçon. Comment va Laura ? Pourquoi est-ce qu'elle ne me répondait pas ? me demanda-t-elle en anglais, cette fois-ci.
- Elle est malade, je suis arrivé chez elle il y a une heure et demie. Elle dort, actuellement. Et elle s'était enfermée dans une sorte de bulle de travail, d'où l'absence de réponse.
- Merci d'être venu et de prendre soin d'elle, dans ce cas. Avec sa sœur et John qui ont dû prolonger leur séjour en Nouvelle-Zélande et nous ici, en France... J'allais prendre des billets pour venir la voir.
- Si ça recommence, et je ferai en sorte que ça n'arrive pas, n'hésitez surtout pas à m'appeler, Christine. Vous savez que vous pouvez m'appeler en cas de besoin ou juste comme ça, je ferai en sorte d'être toujours disponible.
- Je retiendrai ça. Tu as toujours le même numéro ?
- Toujours, confirmai-je.
- Parfait, » conclut-elle avant de me saluer de raccrocher.
Mine de rien, j'avais le cœur réchauffé par le fait qu'elle ne m'ait pas demandé mon numéro; elle l'avait gardé.
Je remontai quelques minutes plus tard. Juste comme j'entrai dans sa chambre, Laura se réveilla. Je la laissa émerger en m'asseyant à côté d'elle et en frottant doucement son dos une fois qu'elle se fut redressée.
Elle décida de prendre une douche, alors je l'aidai à se lever. Elle prit des vêtements propres et sortit de la chambre, se tourna vers la droite et entra dans la salle de bain verte. En attendant qu'elle ait fini, je jetai un œil vers la bibliothèque située dans un coin de la chambre. Je repérai un de mes livres préférés. Je le pris et l'ouvris. Un marque page en bois que je lui avais offert pour son anniversaire l'an dernier était déposé entre la page cent-quatre-vingts et la page cent-quatre-vingt-un. Des post-its colorés parsemaient les cent-quatre-vingts premières pages, assortis de l'écriture de ma partenaire dans différentes couleurs. Des mots, des phrases entières étaient surlignées.
Je lus quelques-unes des inscriptions. Je réalisai rapidement que Laura s'adressait à quelqu'un, dans ses remarques. Avec de petites phrases du types : « Tu m'as dit ça un jour et tu avais raison ! », « Comme toi », « Ce serait bien un truc digne de toi, ça ». La chaleur commença à fourmiller dans ma poitrine alors que je feuilletais rapidement les pages et commentaires, de la fin vers le début. Elle se noua autour de mon cœur comme une pelote. Elle explosa finalement quand je parvins à la troisième page où, sous le titre, Laura avait gribouillé sa première note.
28/08/2023
Joyeux vingt-et-un ans !
Je t'aime,
Laura.
Je reposai le livre comme s'il m'avait brûlé. À sa place, entre deux éditions différentes de « Sweet, Sweet Thoughts », où je n'étais pas supposé le trouver. Cet étage de la bibliothèque, le plus bas, était dédié aux différentes éditions des deux livres de Laura. Différentes éditions et différentes langues. Je reculai et m'assis dans un fauteuil à l'autre bout de la pièce, patientant sur mon téléphone.
M'efforçant de ne pas penser au fait que j'avais trouvé le cadeau que Laura avait commencé à me préparer sûrement il y avait des mois de cela, m'efforçant de ne pas penser au fait qu'elle avait conservé ce cadeau malgré notre rupture. Nous en avions discuté juste après mes vingt ans. Elle voulait m'offrir un livre annoté. C'était ainsi que je savais que ce projet n'était pas récent.
Puis je réalisai que ne pas y penser signifiait que, pendant notre pause, j'avais perdu foi en notre amour. Et finalement, oui. Je n'avais jamais cessé de l'aimer, pas un instant, mais j'avais perdu l'espoir qu'elle puisse m'aimer en retour.
Et elle avait gardé le livre.
L'espoir d'un retour ensemble.
Cela rendait Laura encore plus superbe à mes yeux amoureux.
Quand elle revint de son expédition à la salle de bain, comme elle l'avait elle-même qualifiée, elle semblait en meilleure santé. Ses yeux bleu océan regardèrent dans les miens et j'eus envie de me noyer tellement elle était belle.
Elle était la meilleure chose qui me soit jamais arrivée.
***
Et après elle meurt.
(râlez pas, vous savez que j'en suis capable.)
Bref, merci d'avoir lu ces quelques 3734 mots !
Funfact : j'ai imaginé la scène avec Mary en visitant le château de Nantes, pendant les vacances de La Toussaint. Ouais, il est temps que je finisse d'écrire tous les passages que j'ai imaginés dès le tout début...
Enfin bref. Je reconfirme ici : pas de chapitre le 23 février. Je suis en voyage donc probablement pas le temps d'écrire, même si en soit, c'est chapitre que j'ai en tête presque entièrement mot pour mot depuis... Nantes. Oui, quand j'aurais fini tout ça, ça va me libérer de la mémoire.
Sur ce,
Bonne soirée,
- Alex.
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