Chapitre 85 : Ahtohallan

Egypte, catacombes, sous la Bibliothèque perdue d'Alexandrie, Ahtohallan, 2 mai 2501, 10h

« Shoto, bienvenu à Ahtohallan. »

Le bicolore laissa tomber sa capuche dans son dos et regarda tout autour de lui. Il était dans les souterrains de l'Egypte, plus précisément dans un bâtiment souterrain construit dans l'architecture égyptienne antique. Les colonnades qui entouraient le hall menaient en réalité à des étagères remplies de livres.

« Une bibliothèque ? »

« Pas n'importe laquelle. », rétorqua Titania, transformée en Aizawa.

« La Bibliothèque perdue d'Alexandrie... elle n'avait pas été détruite par les flammes ? »

« Probablement, j'avoue ne pas avoir eu le temps de me mettre à jour concernant les événements historiques que j'ai manqué. Mais tu as bien vu que nous sommes passés par un hall identique, mais en ruines. J'imagine que, sans le savoir, les humains ont construit par-dessus Ahtohallan cette bibliothèque que tu dis détruite par les flammes, et que c'était ce hall en ruines. Ils n'avaient aucune chance de tomber sur celui-ci, l'énergie Géo que j'y ai insufflé le scelle à tous ceux qui n'entrent pas dans les conditions d'entrée tout en contenant la magie afin qu'elle n'affecte pas l'humanité.. Je ne sais pas si Izuku t'en a parlé, mais ce sont les mêmes que pour entrer dans la chambre de stase que je partageais avec Frost, à l'exception que je peux y entrer toute seule et que quiconque accompagnant Maman ou moi peut également y entrer. Si la Bibliothèque perdue d'Alexandrie a été détruite par les flammes, l'énergie Pyro a d'autant plus camouflée la présence d'Ahtohallan. »

« Donc... Ahtohallan est une bibliothèque ? Je croyais que c'était une rivière... »

« Les bibliothèques sont des rivières de savoir. Celle-ci est magique, elle génère des livres qui se mettent à jour continuellement, ce qui permet d'avoir toutes les réponses sur le passé, que ce soit sur des évènements ou des personnes. Il faut juste penser à refermer la porte quand on y entre. », indiqua Titania en désignant l'entrée, qui s'était transformée en mur. « Si elle reste ouverte plus de quelques minutes, tout s'effondre, ce qui noie tout sous les décombres. Et si Ahtohallan détecte qu'on fouille trop comparé à ce qu'on cherche, c'est pareil. »

« Mais c'est immense... on ne sait même pas où chercher. »

« On ne va pas éplucher chacun de ces livres enfin, il y en a un pour chaque humain existant ou ayant existé, ainsi que pour chaque événement ayant lieu ou ayant eu lieu. Même moi j'aurais pas assez d'une vie pour tout lire. On va aller dans la Salle Divine. Tu n'auras qu'à annoncer haut et fort ce que tu veux savoir, et la magie d'Ahtohallan te fera voir absolument tout ce qui est concerné. Si tu demandes quel fruit sont les cerises, cela te fera voir tous les fruits qui font partie du même groupe, pour faire simple, donc framboises, fraises, mûres... bref, tu vois le genre. Ce sera beaucoup plus rapide et pertinent. »

« C'est une sorte de moteur de recherche, en fait... »

« Eh oui, les humains n'ont pas inventé l'eau chaude, tu penses bien que les dieux étaient largement précoces sur leurs idées, qu'elles soient stratégiques ou non. Le plan de ma descendante qui consistait à encercler les troupes ennemies, c'était une stratégie dont j'avais parlé à Maman avant mon enfermement. Je savais que la guerre allait arriver, donc je me suis dit que cela pourrait les aider, mais elle ne l'a pas fait appliquer correctement... »

« Je me demande comment Hannibal Barca a pu avoir cette idée, alors... »

« Va savoir. Shoto, tu peux encore faire marche arrière. Ce que tu vas voir va très certainement t'ébranler. Je ne sais pas ce que tu vas découvrir, mais cela va te faire te remettre en question. N'y va pas si tu n'es absolument pas certain de toi. », prévint la Kitsune.

« J'en suis sûr. C'est ce que Sweetie désirait plus que tout pour moi, elle savait à quel point cela me torturait. Si je renonce maintenant, je ne serai qu'un lâche. Et puis, j'ai besoin de savoir. »

Titania hocha la tête puis lui fit signe de la suivre. Elle l'emmena alors dans une petite salle secrète d'Ahtohallan, dans des tons de rose et de violet. Au centre, il y avait un socle au-dessus duquel lévitait une orbe de lumière rose-violet.

« Lorsque tu voudras retourner au camp, tu n'auras qu'à t'y téléporter directement. Depuis Ahtohallan, tu peux te téléporter vers l'extérieur, mais tu ne pourras jamais faire l'inverse. Je vais rester ici un bon bout de temps, je dois aller dans une autre salle. Il faut qu'on sache quoi faire. »

Shoto hocha la tête et Titania le laissa ainsi dans cette salle. Doucement, il s'approcha de l'orbe. D'une main, il agrippa délicatement l'Echarpe de l'Espoir et la serra entre ses doigts, anxieux. Puis, après quelques secondes, il leva la tête, déterminé.

« Je souhaite savoir quel est mon lien avec le clan Hakushin, et si ce lien a quelque chose à voir avec tous les trucs bizarres chez moi. »

La sphère s'illumina d'un coup, l'éblouissant à un tel point qu'il ferma les yeux par réflexe. Il se sentit alors partir.

Esprit de Shoto, Tianlong, tanière de Titania

« Je peux vraiment rester avec toi ? Aussi longtemps que je le veux ? Pour toujours si je veux ? »

« Il est vrai que j'en serai ravie, mais si un jour tu veux partir, je ne te retiendrai pas. Tu es libre de vivre comme bon te semble. »

« Je n'ai aucune raison de te quitter. Tu es la seule personne sur qui j'ai l'impression de pouvoir réellement compter, la seule personne qui me comprend vraiment. Je ne me sens plus seul maintenant. Mais ce n'est peut-être pas pareil pour toi... »

« Etrangement... si. Comme tu l'as dit, j'ai l'impression d'être enfin comprise et acceptée comme je suis... cela fait du bien ! Je te promets de ne jamais te quitter Serafrost, du moment que tel est et reste ton vœu ! »

« ... je te le promets aussi Titania... merci... »

Elle essuie délicatement les larmes qui coulent sur ma fourrure avant de transformer le verre d'eau en coupelle, pour que je puisse boire plus facilement.

« Non, merci à toi. J'ai l'intuition que ma vie va changer pour toujours, à tes côtés. »

***

« Sweetie ! »

La renarde blanche, qui sommeillait à l'ombre d'un arbre à l'extérieur de la tanière, dresse tout à coup les oreilles avant d'ouvrir les yeux et de se relever. Elle s'étire en bâillant à s'en décrocher la mâchoire puis vient me rejoindre en trottinant, toute joyeuse. Désormais adulte, je ressemble davantage à un tigre avec d'immenses ailes de dragon qu'au chaton aux petites ailes rouges qu'elle a recueilli il y a déjà bien longtemps.

On se fait un bisou esquimau en frottant nos museaux, ravis de se retrouver. Après avoir passé un siècle à ses côtés, j'ai décidé de retourner auprès de Dadvalin, afin que je puisse apprendre à réaliser et maintenir mes transformations. J'ai fait ce choix pour être en mesure de la protéger comme elle le mérite, mais surtout pour pouvoir la prendre dans mes bras comme elle le faisait avec moi. Aujourd'hui, cela fait à peu près un siècle que j'ai quitté la tanière pour aller m'entraîner. L'attente a dû lui paraître aussi longue que pour moi, mais on est enfin réunis !

Je m'assoie et Titania prend forme humaine avant de venir me papouiller derrière l'oreille, ce qui me fait ronronner de plaisir. Voulant lui faire la surprise, je me transforme dans une fumée blanche, sans la prévenir. Elle retire sa main, hébétée, alors que je relève la tête pour la regarder. J'ai un genou à terre, tel un chevalier au service de sa dame, et je suis un peu plus vêtu qu'elle. Tout comme elle, des oreilles et une queue sont visibles, sauf que les miennes sont celles d'un chat. Mais ce n'est pas ce qui m'importe, maintenant que je peux prendre forme humaine et la garder. Plus rien n'a d'importance, sauf ma Sweetie.

« Frost... »

« J'ai tenu ma promesse, Sweetie. Je sais maintenir mes transformations, maintenant. Rien n'aurait été possible sans toi. », je murmure en se relevant.

Je prend en coupe son visage, et de légères rougeurs apparaissent sur ses joues. Trop mignonne...

« Je n'ai rien fait pourtant. »

« Tu m'as attendu et tu as cru en moi, c'est tout ce qui compte. Tu es ma seule raison de me battre, de continuer à me relever. Je veux être ton héros Sweetie, me laisseras-tu l'être, maintenant que je suis assez fort ? »

Titania devient toute rouge et s'échappe de mon emprise, complètement gênée.

« Tu l'étais déjà... », marmonne-t-elle, fuyant mon regard.

Un petit sourire amusé habille mes lèvres. La gêne et les joues rouges de ma Sweetie m'ont énormément manqué, plus que ça, elle m'a manqué. Elle n'a pas changé et, je l'espère, sa visible attirance pour moi non plus.

« Tu m'en vois ravi. »

Un peu maladroitement, du fait que je ne suis pas encore habitué à être sous cette forme au quotidien, je fais apparaître la chevalière qu'elle m'a donné avant de partir, afin qu'une part d'elle soit toujours avec moi. Je lui ai promis de la lui rapporter, ce qui sous-entendait à l'époque que je lui promettais de revenir.

« Garde-la... », dit doucement Titania. « Elle te revient. »

Je regarde la bague en forme de renard enroulé puis un sourire se dessine sur mes lèvres. Ce petit objet m'a aidé à surmonter l'entraînement épuisant de Dadvalin, et Barbatos sait à quel point il est sévère sur ce genre de choses...

Je la passe doucement à mon doigt, puis, avec un brin de malice, je ramène ma belle contre moi et colle nos fronts. Je dois incliner un peu le visage, la dépassant désormais d'une bonne demi-tête. Elle devient alors tellement rouge qu'elle aurait facilement pu rivaliser avec la partie écarlate de mes cheveux. Néanmoins, un ravissant sourire rempli de tendresse se dessine sur ses lèvres.

« Bienvenu à la maison, Inari. »

***

Tianlong, chambre secrète

« Sweetie, qu'est-ce-que tu fais ? »

Elle lève les yeux de son matériel de couture, avant de me sourire et de dévoiler une écharpe aussi blanche que son pelage de renard.

« Je me disais que ce serait une bonne idée qu'on ait chacun quelque chose qui appartient à l'autre ! Maman disait souvent que les humains faisaient ce genre de choses, pour donner plus de force à leur lien. C'est comme un pacte, une promesse, un serment. Du coup, je me suis dit qu'on pourrait faire pareil. »

« Mais cette écharpe n'est pas à toi, si ? »

« Pas vraiment. », admet-elle. « Mais on fait que de perdre nos poils, et nos écailles en ce qui te concerne. C'est notre seul réel repère temporel. On ne veut pas les détruire, donc autant les utiliser de manière différente. J'ai confectionné cette écharpe à partir de ma fourrure de Kitsune qui est tombée l'année dernière. J'ai utilisé à la fois ma fourrure d'hiver et ma fourrure d'été, comme ça tu pourras la porter en toute saison ! Si tu n'aimes pas la couleur, je peux la teindre, même si elle va devenir de plus en plus verdoyante au fil du temps. »

« C'est vrai, tu m'avais expliqué que vos poils verdissaient avec le temps. Mais là, ils ne sont plus rattachés à ton corps, si ? »

« Non, donc ils deviendront verts beaucoup plus vite, mais j'ai utilisé ma magie pour qu'ils deviennent éternels une fois qu'ils auront leur couleur verte. Blanc, cela aurait fait trop ton sur ton avec tes cheveux, c'est toi-même qui me l'a dit. »

Je lui souris et dépose un baiser sur sa joue. Comme toujours, elle rougit légèrement et affiche un petit sourire timide.

« C'est une excellente idée, j'approuve totalement Sweetie. »

J'adore l'appeler comme ça, elle devient toujours aussi rouge qu'une fraise, et encore plus adorable et mignonne. Porter une écharpe conçue avec sa fourrure est parfait, je vais pouvoir porter son odeur sur moi tout le temps, et montrer avec fierté à tous que mon cœur et mon âme lui appartiennent. Enfin, quand on sera dehors, quand la guerre sera terminée. J'aime quand elle essaie de marquer son territoire, sans pour autant le dire haut et fort, car j'ai l'impression d'être vraiment important, indispensable et, surtout, d'être unique, aimé tel que je suis, d'être à ma place. Et ma place, elle est auprès d'elle. Si c'est pour être avec elle, j'accepte volontiers de rester enfermé ici pour toujours. Sa compagnie n'a pas de prix, j'en suis totalement dépendant, même si j'essaie de le cacher un peu.

Avec un sourire ravi, elle me montre alors ce qu'elle a fait des écailles et de la fourrure que j'ai perdu l'an dernier. Avec, elle s'est confectionné un long manteau de la même couleur que ses fleurs préférés et bordé de fourrure blanche.

« J'ai utilisé les écailles pour faire la base du manteau, et j'ai tissé dessus ta fourrure blanche et rouge afin d'obtenir cette couleur ! Il est magnifique ! »

« Et les bordures en fourrure blanche ? C'est pour le style ? »

« Evidemment ! Et, comme toi, je pourrais le porter tout le temps ! D'ailleurs... »

Elle se lève prestement et l'enfile avec une grande délicatesse. Elle rabat ensuite la capuche sur ses oreilles.

« Ah... c'est hyper confortable... », soupire-t-elle, ravie.

Je ris légèrement et mets à mon tour le vêtement qu'elle m'a confectionné. Je ne sais pas comment elle a fait, mais le tissu est tout doux, et vraiment agréable à porter, on ne dirait pas du tout de la fourrure. Je remonte l'écharpe sur mon nez et hume sa douce odeur, qui est bel et bien présente.

Je reporte mon regard sur elle et je la vois devenir encore plus rouge, si c'était possible, ce qui me fait sourire.

« Frost... »

Je penche légèrement ma tête sur le côté pour l'inviter à continuer, retenant un soupir contrarié. Quand est-ce-qu'elle va m'appeler Inari tout le temps ? Cela lui échappe de temps en temps, mais bon sang, qu'est-ce-que j'aime quand elle m'appelle comme ça ! Quand ça arrive, j'ai vraiment l'impression qu'une relation plus intime est possible entre nous. J'espère un jour avoir le courage de lui avouer ce que je ressens vraiment, et de ne pas me prendre une douche froide. Je tomberais vraiment de haut si jamais j'apprenais que je me méprends sur ses sentiments depuis toujours... c'est peut-être ça qui me fait vraiment peur...

Ah ! Je finirai bien par y arriver, on a toute la vie devant nous, de toute manière.

« Cela me fait plaisir que tu acceptes de la porter... », murmure-t-elle, gênée.

« Et moi, que tu ais eu cette idée brillante... quand on sera dehors, tout le monde saura que tu m'appartiens, Sweetie. »

Elle sursaute et s'éloigne d'un bond, encore plus rouge (c'est vraiment possible ?), puis se cache le visage de ses mains. Un petit cri de gêne lui a échappé, mais je discerne un petit sourire derrière ses fines mains. J'ai peut-être été un peu trop direct, je ne veux pas qu'elle s'enfuie en courant ou qu'elle me boude. Ce serait difficile, ici...

« Sweetie ? »

« N-Ne te m-méprends p-pas !! », crie-t-elle d'une voix suraiguë, faisant se coucher mes oreilles. « Je... j'ai f-fait ça e-exactement p-pour ça ! Mais... je... je ne pensais pas... dire comme ça... »

Ce qu'elle dit n'a pas vraiment de sens, mais je comprends quand même. Il est vrai que je n'ai pas pris l'habitude d'être aussi direct avec elle, par peur de la brusquer et qu'elle me tourne le dos, sûrement. Cela l'a prise au dépourvu. Mais au moins, elle a dit clairement son intention en faisant ces vêtements, pour une fois. Et cela me fait très plaisir !

Haha ! Sweetie, prise au dépourvue... si on m'avait dit ça un jour... remarque, il n'y a que moi qui ait le privilège de voir toutes les facettes de sa personnalité exceptionnelle. C'est un grand privilège, et un grand bonheur, je ne cesse de le comprendre jour après jour.

« Sweetie... »

« Hum ? »

« Je suis heureux. Tu es le soleil d'espoir qu'il manquait à ma vie. »

« ... tu es la tendresse qu'il manquait à la mienne... », souffla-t-elle, trop gênée pour me regarder.

Son aveu fait s'emballer mon coeur, et je la prends dans mes bras sans réfléchir. Elle me rend aussitôt mon étreinte, me serrant contre elle. On se blottit l'un contre l'autre, se laissant bercer par le silence et la présence apaisante de l'autre.

Par tous les dragons, qu'est-ce-que je l'aime, cette Kitsune...

***

« Inari ! Reste réveillé !! »

Sous ma forme originelle, celle de félin ailé, tant je suis épuisé, je fais de gros efforts pour garder les yeux ouverts.

C'est la fin. Je le sais. Mais si je veux que cette fin ne soit qu'un début, je dois rester éveillé. Juste quelques minutes, le temps que le sort soit lancé. Ensuite, on pourra se retrouver et être heureux ensemble dans nos vies suivantes. Mais Sweetie est tout aussi épuisée que moi, elle a plus de mal à lancer des sorts sous sa forme de renarde alors sa fatigue ne l'aide pas.

« Sweetie... je ne veux pas... te perdre... »

« Moi non plus ! Et on restera ensemble... je te le promets ! »

Quoi qu'il se passe dehors, je sais que c'est la fin. On ne reverra jamais le soleil, pas dans cette vie en tout cas. Dans la prochaine, si les Archons le veulent bien...

« Inari ! Reste avec moi ! », me supplie Titania.

« Ne crie pas... tu uses tes forces pour... rien. »

« Pas pour rien ! Pour te maintenir éveillé. »

« Je lutte... mais je me sens partir... toi aussi, pas vrai ? »

Elle secoue la tête pour chasser les larmes qui envahissent son regard doré. C'est vraiment la fin. Même les dragons et les Kitsunes ne peuvent vivre éternellement. Mon seul regret est de ne pas avoir pu trouver le courage de lui dire ce que je ressens pour elle... ai-je encore le temps pour ça ?

« Sweetie... »

« Oui ? »

« ... je t'aime... »

Je me sens tellement plus léger, d'un coup. J'ai dû rassembler mes dernières forces pour lui dire ces trois petits mots, mais au moins je ne rejoindrai pas les cieux avec des regrets.

« Inari ? Inari !! Ne me quitte pas !!

Je n'ai plus la force de parler, ni même de soulever mes paupières, mais j'arrive à entendre encore. Bientôt, je quitterai définitivement ce monde, mais pour le moment, je peux encore entendre sa voix.

« Tu m'entends... », soupira-t-elle, un brin soulagée.

J'entends des larmes dans sa voix, et mon cœur se serre. Je n'aime pas être à l'origine de ses larmes, elle est tellement plus magnifique quand elle sourit.

Je l'entends s'agiter pendant de rapides secondes, avant de revenir près de moi. Je sens alors que mon corps reprend sa forme humaine sans mon consentement, probablement l'œuvre de ses pouvoirs. Qu'est-ce-qu'elle...

J'ouvre avec difficulté les yeux quand je sens quelque chose de doux sur mes lèvres. Elle... elle est en train de m'embrasser ? Vraiment ? Je ne suis pas déjà au paradis, si ? Pourtant, les larmes qui éclatent sur mon visage indiquent que non, je suis toujours dans le monde des mortels.

Sans réfléchir, je puise dans mes dernières forces (j'en avais encore ?) pour essayer de lui rendre son baiser, ne serait-ce qu'un peu. Malheureusement, je n'y arrive pas, mais elle semble comprendre mon intention car je la sens sourire contre mes lèvres. Une douce chaleur nous enveloppe et nous lie, mais je ne sais pas si c'est parce que son sort à fonctionner ou si c'est parce que nous éprouvons la même chose l'un pour l'autre.

Puis, brusquement, on reprend tous deux notre véritable forme. Je peine à maintenir mes yeux ouverts, mais je distingue qu'elle est clairement épuisée.

« Je t'aime... aussi... Inari... »

J'ai envie de sourire, mais je n'en ai pas la force. A la place, je vois ses yeux se fermer lentement, en même temps que les miens.

« On se retrouvera... toujours... Sweetie... »

« C'est une promesse... Inari... »

Egypte, catacombes, sous la Bibliothèque perdue d'Alexandrie, Ahtohallan, Salle Divine

Shoto revint brusquement à lui et il agrippa aussitôt son haut au niveau de son cœur, le souffle court. Ses yeux étaient écarquillés de stupeur. Il se passa frénétiquement la main libre dans ses cheveux longs. Les révélation d'Ahtohallan l'avaient paralysé, il n'arrivait plus à penser, tandis que son esprit rassemblait les pièces du puzzle avec une clairvoyance qu'il aurait aimé avoir plus tôt.

Tout... tout s'expliquait par cette hypothèse que sa belle avait mentionné mais à laquelle il n'avait pas vraiment cru... cette hypothèse qui affirmait qu'il était...

« ... Serafrost. »

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