Chapitre 60 : Promesse du passé, Serment de l'avenir
Japon, Tokyo, repas de Noël solidaire, 24 décembre 2500, 21h
« Itoko-kun a vraiment fait des merveilles, encore une fois. »
« Merci !! Je fais de mon mieux ! »
Mitsune se retourna, surprise, et un sourire se peignit sur son visage. Elle ouvrit grand les bras et son cousin vint l'enlacer.
« Je savais pas que tu devais venir ! », s'enthousiasma la blonde.
« Je voulais te faire la surprise ! Je savais que tu voulais pas t'imposer en apprenant que Karma venait chez moi demain, donc j'ai convaincu mes parents de venir ce soir ! Bon, ils m'ont dit non parce qu'ils travaillaient ce soir, mais ma mère m'a déposé avant de partir à l'hôpital ! Du coup, me voilà !! », s'excita Nagisa. « Allez viens ! Tout le monde est là ! Et je t'ai collé de garderie avec les enfants ! T'es tellement douée avec eux !! »
Nagisa poussa sa cousine, toujours excité comme une puce, et elle se laissa faire en riant, contaminée par l'éclatant sourire du bleu. Elle ne le savait pas, mais il avait reçu une mission bien particulière : celle de la tenir éloignée du sapin jusqu'à au moins vingt-trois heures. Il l'entraîna donc vers l'aire de jeu, située cette année derrière le bâtiment chauffé où le dîner aurait lieu.
Dès qu'ils la virent, les enfants se jetèrent sur elle, en criant de joie, ravis de la revoir. Mitsune déploya ses neuf queues avec un tendre sourire et ils se mirent aussitôt à jouer avec, comme lors de l'examen provisoire.
Après quelques minutes, les enfants se lassèrent et réclamèrent plutôt un spectacle, ce qui surprit Mitsune. Nagisa lui glissa alors à l'oreille qu'il leur avait dit qu'elle ferait une démonstration de son pouvoir. Avec la vérité qui avait éclaté au grand jour et étant celle qui menait les troupes divines, Mitsune était devenue la coqueluche des Japonais.
« La neige, c'est plus Cryo, tu sais Itoko-kun ? »
« Mais la neige, c'est de l'eau, non ? »
Avec un sourire faussement résigné, Mitsune leva une main et la neige sur le sol s'éleva en une myriade de minuscules flocons. Avec de petits mouvements de la main, les éclats blancs se réorganisèrent en différentes formes, de la plus simple comme le bonhomme de neige à la plus compliquée comme les sept éléments animés. Les petits criaient de joie et de ravissement, un sourire si grand aux lèvres que des rires s'échappaient de leur bouche par moment.
Laissant sa cousine s'amuser avec eux, Nagisa utilisa sa discrétion de serpent pour s'éloigner et faire un signe à quelqu'un. Celui-ci le lui rendit, lui indiquant qu'il l'avait vu, et s'attela aussitôt à sa tâche.
« Au fait, tu as pu t'occuper de tu-sais-quoi pour tes amis ? », voulut savoir Nagisa après être revenu.
La blonde eut un sourire amusé lorsqu'il employa « tu-sais-quoi » pour parler des cadeaux, afin de laisser les enfants croire au Père Noël. Cependant, elle hocha la tête.
« Oui, mais ce n'est pas aussi réfléchi que ce que j'aurais voulu. J'ai tout fait à la dernière minute pour être honnête... c'est réglé pour tout le monde, grâce à Aizawa qui m'a donné un petit coup de pouce. Mais je n'ai pas encore trouvé d'idée pour Wolfy, en fait. Ni pour Inari et Imouto-chan. Quoi que... la laisser entre les mains d'Aizawa pour qu'elle fête Noël avec Eri lui fera sûrement plaisir. Toi, c'est prêt depuis longtemps. Je m'y prends toujours un an à l'avance pour toi. Quand je pense que je n'ai rien préparé pour les deux hommes les plus importants de ma vie, après Papa et toi... je suis vraiment une meilleure amie et une petite amie exécrable... »
« Mais non ! », s'offusqua Nagisa. « Itoko-chan, ils comprendront, d'accord ? Et puis, rien que ta présence est un cadeau pour eux. »
« Pour Inari, peut-être, mais pour Wolfy... »
« Ce qui est un cadeau pour lui, c'est de te voir toute rayonnante de bonheur ! », affirma le bleu. « Tu as avancé depuis l'an dernier, et tu as trouvé un amour sain et véritable auprès de Shoto. Tu as enfin pu regarder dans les yeux d'Aiko et lui dire « non », tu as enfin su t'imposer auprès d'elle pour ce en quoi tu crois. Tu as mûri, tu as grandi, et tes blessures se sont refermées. Pour quelqu'un comme Fenrir, il n'y a pas plus beau cadeau que de voir sa meilleure amie guérie et aussi heureuse après une existence entière de violence et de malheur tels que rien ne pouvait y remédier. C'est le plus beau cadeau que tu pouvais lui offrir, et à moi aussi. Quant à Shoto, il a déjà eu le plus beau des présents venant de toi. »
« Lequel ? »
« Ton coeur, Itoko-chan. Il détient ton cœur, et c'est tout ce qu'il pourrait vouloir. »
« Pas juste mon coeur, il détient tout ce qui fait de moi Katsuko Shiota. », murmura Mitsune avec un petit sourire.
Nagisa fit un « oh ! » muet, surpris qu'elle emploie son véritable prénom pour parler d'elle.
« Je croyais que tu n'aimais pas ce prénom... »
« C'est vrai. Mais il signifie « enfant de la victoire », alors j'ai envie de m'accrocher au minuscule espoir qu'il ne m'a pas été donné pour rien, et que je suis capable de remporter cette guerre avec le minimum de pertes possible. »
« Pour ça, je ne m'en fais pas ! », assura Nagisa. « Tu gagnes toujours chacun de tes combats, quand ils sont importants pour toi. On sera derrière toi ! Tu es sûre de ne pas vouloir que je t'accompagne sur le champ de bataille ? »
« Certaine. Toi aussi, tu as eu ton lot de malheur, alors veille sur Karma et prends soin de lui, pendant que je veille sur l'humanité avec Inari. Et les autres, bien sûr ! »
Nagisa eut un petit sourire en coin moqueur, caractéristique de son petit ami. Shoto avait pris une telle importance dans la vie de sa cousine que tout ne tournait qu'autour de lui à ses yeux, que ce soit inconscient ou non. Ce qu'elle venait de dire le confirmait : avant, elle aurait dit « avec mes amis » et pas « avec Inari » avant de rajouter précipitamment la présence des autres. Le bleu connaissait bien trop Mitsune pour louper les signes, surtout lorsqu'ils n'étaient jamais apparus avant.
« Bon, d'accord. Mais si tu as besoin d'aide d'assassins... »
« Ouais, je viendrai voir la classe de Koro, promis ! »
Ravi de sa réponse, Nagisa se glissa derrière des enfants pour les chatouiller et les faire rire.
« Bon, et si on allait manger ? », proposa le bleu au bout d'un moment.
« OH OUIIII !!! », crièrent les enfants.
« Y'a vraiment que toi pour transformer des gamins en petits soldats Itoko-kun ! », pouffa Mitsune.
« Tu parles ! C'est toi qui les a changés en armée de l'Unité, prêts à répandre ton idéologie aux quatre coins du monde. Et j'exagère à peine. »
En réponse, la Kitsune lui tira la langue, puis ils guidèrent tous les petits au chaud pour dîner.
Japon, Tokyo, repas de Noël solidaire, sapin, 24 décembre 2500, 23h30
« Mais pourquoi il m'a jeté dehors ?! », pesta Mitsune en enfilant son bonnet rouge par-dessus des cache-oreilles de la même couleur.
Elle lâcha un éternuement lorsqu'un flocon de neige se posa sur le bout de son nez. Elle n'avait pas spécialement froid, mais elle appréciait moyennement d'être jetée dans la neige depuis une salle chauffée sans manteau pour contrebalancer la différence de température.
« Je trouve que ce serpent prend bien trop exemple sur le démon qui lui sert de petit ami ! »
« En fait, c'est moi qui prend exemple sur toi Sweetie. »
Shoto sortit de derrière le sapin, un tendre sourire sur les lèvres. Il lui tendit la main et elle s'avança pour la prendre, lui rendant son sourire.
« Je lui ai demandé un petit coup de main. J'avais besoin d'un peu de temps pour tout préparer. Pour une fille qui peut tout avoir avec un sourire, c'est difficile de vraiment te surprendre. »
« Je comprends mieux pourquoi il m'a fait m'occuper des enfants. Pas que je les aime pas mais bon, normalement, c'est moi qui supervise le déroulement de la soirée... je peux savoir ce qui a valu que je me retrouve le nez dans la neige ? »
Shoto lâcha un petit rire et lui embrassa le bout du nez. Il passa ensuite sa main libre devant les yeux de sa belle, qui les ferma mécaniquement.
« Garde les yeux fermés Sweetie. »
« Euh... OK ? »
Le bicolore eut un sourire amusé lorsqu'elle pencha la tête sur le côté, perplexe, les yeux clos. Il se plaça à la hauteur de la blonde et la guida lentement de l'autre côté du sapin. Il remua ensuite les doigts de sa main libre, faisant s'illuminer toute son installation.
« Tu peux ouvrir les yeux. », lui souffla Shoto.
Mitsune ouvrit lentement les yeux et son souffle manqua de se couper devant le tableau qui se peignait devant elle.
Devant le sapin de Noël géant, à l'endroit même où elle avait embrassé Shoto pour la toute première fois, il y avait un petit kiosque qui, elle en était certaine, n'était pas là avant. Les piliers du kiosque étaient décorés de guirlandes de fleurs qui alternaient chrysanthèmes à aubes et fleurs de cerisiers givrés. Elles brillaient d'une douce lumière grâce à l'habile maîtrise du feu de Shoto, car les flammes brûlaient juste sous le givre pour émettre une lumière, sans que le givre ou les fleurs ne disparaissent. Cela créait une petite bulle d'intimité dans laquelle le plus jeune des Todoroki entraîna avec douceur sa belle.
Sur une des rambardes du kiosque, deux poinsettias en tissu étaient posées. Elles avaient perdu leur belle couleur écarlate et étaient devenues ternes, mais la promesse gravée dans leurs fibres était toujours clairement visible.
« Inari... »
« Ces fleurs en tissu ont été maltraitées par les années, mais la promesse qu'on a inscrite dessus n'a pas bougé. Elle est inaltérée par le temps qui fuit, tout comme notre amour. »
Touchée, Mitsune devint rouge comme une tomate, consciente que cela avait dû lui demander un temps monstre rien que pour retrouver sa propre poinsettia. Elle l'avait enterrée dans une des trois boîtes contenant les objets et œuvres les plus importantes à ses yeux, boîtes entreposées dans une cachette de son atelier à la Liones Academy. Alors, pour construire en moins de trois heures et dans le noir de la nuit un kiosque aussi joliment décoré, elle n'imaginait même pas.
« Ce soir, une page se tourne. Qui aurait cru que je rencontrerai l'homme de ma vie ici-même, sous le sapin, lors du Noël de mes cinq ans ? Les amours de jeunesse sont si fugaces... »
« Mais pas le nôtre. Malgré les années, on s'aime toujours. On n'a sans doute jamais cessé de s'aimer, depuis le tout début. Et je t'aimerai toujours, même lorsqu'on sera de vieux croulants vivant des jours paisibles à Mondstadt. »
« Tu vas me supporter longtemps alors, j'ai une espérance de vie plus importante que les humains en raison du fait que je suis une Kitsune. », plaisanta Mitsune. « Mais tu as raison. Je t'ai aimé, dès le début, et jamais je n'ai cessé de t'aimer. »
« Même quand tu sortais avec Xiao ? »
« Même. Je me rends compte aujourd'hui que je ne l'aimais pas vraiment, parce que je suis tout bonnement incapable d'éprouver de l'amour pour quelqu'un d'autre que toi. Tu es le seul qui soit plus important que l'art à mes yeux, le seul qui a toujours été plus important que n'importe quoi d'autre. Je t'aime plus que quoi que ce soit dans ce monde ! N'en doute jamais. Tu possèdes tout ce qui fait de moi celle que je suis, j'ai besoin de toi dans ma vie. Sans toi, elle n'a aucun sens. Et j'ose espérer que c'est pareil pour toi... »
« Je te l'ai dit un million de fois Sweetie : j'affronterai les dieux juste pour tes beaux yeux. Toi non plus, ne doute jamais de l'amour que je te porte, de l'importance que tu as pour moi. Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai toujours. Avec toi, je me sens enfin complet, comme si tu étais la seule chose qui manquait à ma vie. J'ai l'impression d'avoir erré une éternité avant de réussir à t'enlacer de nouveau... »
Serrant tendrement la main de sa belle une seconde, il retira temporairement la sienne pour la plonger dans une des poches de son manteau et en retira une petite boîte rouge nacrée.
« Qu'est-ce-que... », murmura Mitsune en devenant presque violette tant elle rougissait.
D'un geste timide et hésitant, preuve d'à quel point le bicolore redoutait la réaction de sa Kitsune, il ouvrit la boîte. Une bague atypique se dévoila alors. L'anneau était constitué de tiges tressées et une petite chrysanthème à aubes le surmontait fièrement. Figée dans une glace si fine qu'elle était invisible, de légers reflets dorés accrochaient la douce lumière des fleurs du kiosque.
« Qu'on ne se méprenne pas... je sais qu'on est encore très jeunes, et qu'on n'a même pas encore l'âge légal pour ça. J'estimais qu'après dix ans à s'aimer malgré la distance et tout ce qui nous a éloignés durant tout ce temps... eh bien, je pensais... argh ! Pourquoi c'est si difficile à dire ?! »
Mitsune rit doucement, amusée par la gêne de son petit ami. C'était rare de voir son Shoto perdre à ce point ses moyens. Son cœur, lui, semblait vouloir concurrencer la vitesse de la lumière depuis qu'il avait sorti la petite boîte.
« Ce que je veux dire, c'est que je pense qu'on a suffisamment passé de temps à s'aimer pour pouvoir envisager la suite, pour quand on aura l'âge. », reprit sérieusement Shoto, un sourire tendre sur les lèvres. « Sweetie, cette bague est un serment, le serment que je passerai ma vie avec toi et que je t'épouserai dès qu'on le pourra, si c'est ce que tu souhaites aussi. Bien sûr, je ne t'oblige à rien, c'est à toi de choisir. Sache simplement que je te serai toujours entièrement dévoué Sweetie, parce que tu as toujours régné sur mon coeur. »
« ... une dévotion et un amour éternel, qui ne faiblira jamais... tu connais la symbolique des chrysanthèmes à aubes ? »
« Je n'ai rien laissé au hasard pour ce soir. Une page se tourne, mais on peut commencer un nouveau chapitre. Ensemble, si tu veux bien de moi... »
Toute rouge, Mitsune esquissa un sourire timide mais débordant d'amour. Elle avait les larmes aux yeux tant les efforts de Shoto la touchaient. Comment faisait-il pour être si parfait, en tout temps ?
Sans voix, elle hocha doucement la tête et le soulagement et un bonheur immenses se peignirent sur les traits du bicolore. Ravis, elle mit sa chevalière sur son annulaire droit et il lui passa la bague au doigt, juste avant de se retrouver avec la même à son annulaire gauche.
« Inari, je te fais le même serment. Marchons vers l'avenir, ensemble. »
« Ensemble, Sweetie. »
Tendrement, ils s'embrassèrent, entrelaçant leurs doigts, scellant ce serment et rendant par la même occasion aux gens qui les connaissaient les souvenirs scellés par Kazuto dix ans auparavant. Ils s'installèrent ensuite contre un pilier, se câlinant un peu.
« Je comprends mieux l'allusion d'Imouto-chan d'il y a cinq jours, du coup ! Elle était dans la confidence ! »
« Jamais je n'aurais réussi à réaliser ces guirlandes de fleurs brillantes grâce au feu sans son aide, et ne parlons même pas de créer une telle bague pour toi. Elle était la seule à être dans la confidence totale, même Nagisa ne savait pas. Je lui ai juste dit que je voulais te faire une surprise. »
« Eh bien, c'est très réussi Inari. », sourit Mitsune. « Je t'aime. »
« Je t'aime aussi Sweetie. Pour toujours... »
« Et à jamais. »
Tendrement, ils s'embrassèrent, entrelaçant leurs doigts. Ils quittèrent ensuite le petit kiosque, laissant derrière eux leur promesse du passé pour se tourner vers leur serment de l'avenir.
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