Japon, Tokyo, Yuei, Heights Alliance, bâtiment des secondes A, salon, 31 octobre 2500, 10h

La porte du bâtiment s'ouvrit brusquement, ce qui mit les trois hybrides et semi-hybride présents en état d'alerte.

« C'est bon, c'est Jenna. », rassura Fenrir à peine un instant plus tard.

Comme pour appuyer ses propos, la super-héroïne d'Istar arriva en trombe, faisant écho au fracas que la porte fit en claquant.

« Shoto ! Shoto ! »

L'interpellé fronça les sourcils et se détourna du journal de Titania pour offrir sa pleine attention à la jumelle de Zaneli.

« Jenna, qu'est-ce-qu'il y a ? Il s'est passé quelque chose ? »

« Tout va bien ! », rassura aussitôt Jenna. « Enfin, je crois. C'est juste que je ne sais pas trop quoi faire et tu me sembles la personne la plus à même de m'aider. Mais avant ça, Volpi-chan ne doit pas être au courant, pas tant qu'on n'a pas décidé quoi faire. »

Perplexe, le bicolore hocha néanmoins la tête et prit soin de fermer son esprit à celui de sa belle, qui était de toute manière sans doute bien trop occupée à faire plaisir à sa cadette.

« Que se passe-t-il ? », s'inquiéta Izuku. « Il y a un problème ? C'est Nagisa ? Il va bien ? C'est Lilith ? Non, c'est pas possible, elle est toujours à Yuei maintenant... »

« Du calme Mani, je suis certain qu'elle va nous dire pourquoi elle est là. », le coupa gentiment Fenrir.

Jenna approuva d'un signe de tête et adressa un regard à l'homme-loup, qui le comprit presque aussitôt.

« Allons dans ma chambre. », déclara le jeune Lykensen.

Japon, Tokyo, Yuei, Heights Alliance, bâtiment des secondes A, chambre de Fenrir

« Voilà, on est entre nous. », fit Fenrir en fermant la porte de sa chambre. « Qu'est-ce-qui a pu t'affoler autant ? »

Sans répondre, Jenna s'installa sur le tapis duveteux et invita les lycéens à faire de même. Ils s'exécutèrent et elle sortit du sac à bandoulière qu'elle avait emmené avec elle des papiers, qu'elle posa au centre du cercle.

« Ceci. »

Toujours perplexes, les trois amis se regardèrent, avant que Shoto ne prenne les papiers pour voir de quoi il s'agissait. En comprenant ce que c'était, il déglutit, encore plus abasourdi qu'une seconde plus tôt. Tout à coup, il comprenait beaucoup mieux ce qui avait ébranlé Jenna.

« Shoto ? C'est quoi ? Réponds ! », réclama Izuku, de plus en plus inquiet.

« Rien de grave, rassure-toi. », répondit le bicolore en lui tendant les papiers. « Mais je comprends mieux pourquoi tu es dans cet état Jenna. »

« Ce... c'est bien ce que je pense ? », bredouilla Izuku, après quelques secondes.

Jenna hocha la tête, pendant que Fenrir lisait par-dessus l'épaule de son petit ami.

« Je me disais bien que le coma de Kazuto était louche. », commenta Fenrir. « Aiko haït peut-être les hybrides, mais elle adore plus que tout les faire souffrir de sa main, et Kazuto était un bon levier sur lequel pousser pour contraindre Foxy. C'était complètement illogique de le faire plonger dans le coma, il lui était plus utile conscient qu'inconscient, dans sa logique complètement sadique je veux dire. »

« Eh bien, maintenant, tu sais pourquoi tu le trouvais louche... », fit Izuku.

« C'est complètement dingue... », murmura Shoto. « On va faire quoi ? Sweetie est au courant ? »

« Evidemment que non. », rétorqua Jenna. « Zaneli et moi les avons trouvés en donnant un coup de plumeau à l'atelier de Kazuto, Mitsune nous a demandé de l'entretenir un peu, plus que ce que l'on faisait déjà, pour que ce qui y est entreposé ne s'abîme pas à cause de la poussière. »

« Aiko ne l'aurait jamais accepté, j'imagine que Kazuto a dû ruser pour qu'elle les signe. », observa Fenrir. « Finalement, il est davantage Kitsune que ce que je croyais. »

« Qu'est-ce-que tu veux dire ? », voulut savoir Shoto.

« Le père de Foxy est très différent de Foxy. Il n'a jamais démontré une quelconque caractéristique des Kitsunes. Il ne chassait presque pas, enfin il jouait souvent au jeu de la chasse avec Foxy mais il était quasiment végétarien. Il n'a jamais semblé aussi malin qu'il le devrait parce que tous les plans vicieux pour permettre à Foxy de faire de l'art dans le dos de sa mère, ce sont les idées de Foxy, justement. Kazuto les a étoffées mais c'est Foxy qui est à l'origine des tactiques folles pour aller à l'encontre d'Aiko. J'ai toujours pensé que s'il était vraiment aussi malin qu'il était censé l'être, il aurait trouvé le moyen de couper les ponts avec Aiko dès les premiers signes de changements, dès qu'elle aurait commencé à s'en prendre à Foxy. Sur ce point-là, ils sont la copie conforme : c'est totalement intolérable qu'on touche un seul cheveu d'une personne qui leur est chère. », expliqua Fenrir. « Je ne dis pas que c'est mal, bien au contraire. Mais je l'ai toujours vu comme un grand sage, quelqu'un qui a beaucoup de sagesse et de patience, pas comme quelqu'un qui est aussi malin et stratège qu'un Kitsune. »

« C'est vrai qu'il ne m'a jamais fait cet effet-là... », admit Shoto, se remémorant les quelques fois où il avait croisé Kazuto Shiota durant son enfance. « Je vois où tu veux en venir, c'est vrai que c'est difficile de l'imaginer comme ça. »

« Depuis quand tu connais Kazuto ? », s'étonna Jenna.

« Il était le maître de Fuyumi quand j'avais cinq ans, et je l'ai croisé un peu après que Sweetie ait eu son alter. »

« Et au Noël de vos cinq ans aussi, non ? », se souvint Izuku. « Tu m'en avais parlé. »

« Attendez vous deux ! Pause ! », réclama Fenrir. « Tu veux dire que... la fausse poinsettia que Foxy a... c'est la tienne ? C'était toi ce Noël-là, c'était toi qui lui as promis d'être toujours son héros ? »

Timidement, Shoto hocha la tête.

« Elle l'a toujours ? »

« Evidemment ! Mais je ne sais pas où par contre, elle peut être vraiment bordélique quand elle le veut. Y'a vraiment un truc louche entre vous deux. »

« Lupi-chan !! »

« Quoi ? Ce gamin était le premier amour de Foxy, alors même qu'elle ne se souvenait pas de son visage ! », se défendit Fenrir. « Tu trouves pas ça bizarre que, justement, ce gamin de cinq ans soit actuellement son petit ami ? Quelle est la probabilité pour que ça arrive ? »

« C'est forcément une coïncidence. », réfuta Jenna.

« J'avoue que je suis d'accord avec Fenrir. Depuis qu'on a quatre ans, on n'arrête pas de se croiser dans nos vies respectives, Sweetie et moi, jusqu'à ce qu'on se côtoie au quotidien vu qu'on est dans la même classe. », reconnut Shoto. « Je trouve ça bizarre, et elle aussi, même si elle ne se souvient pas encore que c'était moi lors de ce Noël. Je ne sais pas trop comment lui dire... »

« On dirait que, d'une certaine manière, cela a toujours été vous deux, comme si l'un ne pouvait exister sans l'autre. », murmura Fenrir.

« Dis comme ça, on dirait Titania et Serafrost. Enfin bref, c'est pas le sujet. Tout ça pour dire que j'ai croisé son père quelques fois, et qu'il ne m'a jamais paru aussi malin que Sweetie. »

« Il cachait bien son jeu, ce Kitsune ! », s'exclama Fenrir. « Même si cela a manqué de lui coûter la vie. »

« C'est sûrement à cause de ça qu'il est dans le coma, Manami aurait perdu toute influence sur Sweetie, ainsi que toute la fortune des Shiota, et peut-être même sa notoriété, à terme. Surtout que je doute que Kazuto ne souhaitait pas en profiter pour dévoiler les abus de sa femme. », réfléchit Shoto. « Ces papiers n'ont pas encore été remis à qui de droit, donc Aiko a agi pour que cela reste ainsi. »

« Qu'est-ce-qu'on fait, maintenant ? », s'inquiéta Izuku. « On ne peut pas cacher ça à Mitsune. »

« Je ne sais pas si on devrait lui dire. Elle est déjà assez préoccupée par la guerre, ce qu'il se passe avec Shoto, avec le journal et avec son grimoire. », soupira Fenrir.

« La guerre ? », releva Jenna.

« C'est vrai qu'elle n'est pas au courant. », se souvint Izuku. « Mais c'est super long à expliquer tout ça... »

« Pas si Shoto utilise l'alter de Foxy. »

« Tu crois qu'elle serait d'accord pour que Jenna sache la vérité ? »

Fenrir haussa les épaules, l'air de dire qu'elle n'avait qu'à être là et que Jenna était une personne de confiance. Shoto se concentra donc pour avoir accès à l'alter de sa belle, n'ayant pas encore l'habitude, puis posa un doigt sur le front de Jenna afin de la mettre au courant de la Seconde Guerre des Archons.

« E-En effet... », bredouilla Jenna. « Il ne vaut sans doute mieux pas lui en parler... »

« Mais il faut bien qu'on les libère, tous les deux... », marmonna Fenrir.

A ces mots, quelque chose fit « ding ! » dans la tête de Shoto et Izuku. Les deux amis se regardèrent et sourirent en comprenant qu'ils avaient eu la même idée. Fenrir et Jenna les interrogèrent, ayant remarqué l'illumination de leur visage.

« Venti !! », firent les deux amis de concert.

« Que veux-tu qu'il fasse ? », voulut savoir Jenna.

« C'est l'Archon de la Liberté. Je suis sûr qu'il sera d'accord si on lui explique. », rappela Shoto.

« En plus, il nous a dit qu'il cherchait toujours à aider Mitsune du mieux possible parce qu'il n'avait pas pu le faire quand elle en avait vraiment besoin. Il va forcément sauter sur l'occasion. », renchérit Izuku. « Avec son statut d'Archon, ce sera réglé avant Noël. Et là, on pourra tout révéler à Mitsune, vu que tout aura été réglé. »

« Il n'y a pas meilleur cadeau pour elle, à part peut-être apprendre que son premier véritable amour est son actuel grand amour ! Je me souviens très clairement de ce qu'elle avait ressenti lors de ce Noël, même si je n'ai compris ce que ça signifiait que beaucoup plus tard. C'est comme ça que j'ai réalisé qu'elle n'aimait pas vraiment Xiao comme lui l'aimait, parce qu'elle avait vraiment aimé ce petit garçon, lorsqu'elle avait cinq ans. Et maintenant que je suis avec Mani et que je sais ce qu'on éprouve quand on est vraiment amoureux, je suis d'autant plus en mesure de le confirmer. », approuva Fenrir.

Shoto ne put s'empêcher de rougir. Elle avait été son premier amour également et il savait désormais que leur véritable tout premier baiser n'était pas aussi innocent qu'on pourrait le croire, mais qu'il était vraiment sincère et amoureux, malgré leur jeune âge. C'était comme s'ils s'étaient reconnus.

Il se souvint alors de ce que Kazuto leur avait expliqué, ce soir de Noël quand ils avaient cinq ans.

« Vous savez les enfants, il ne faut pas chercher des explications à tout. Certaines choses ont lieu parce qu'elles doivent avoir lieu, tout simplement. Il existe des personnes avec qui on se sent si bien et si en confiance qu'on a l'impression de les connaître depuis toujours, tout simplement. »

Leur rencontre, leur amour, devait avoir lieu. Cela lui semblait complètement évident maintenant. Ce qui lui semblait évident également, c'était qu'il connaissait sa belle depuis toujours. Cela pouvait paraître une exagération mais, et si, justement, cela ne l'était pas ? Et s'ils se connaissaient réellement depuis toujours ? Après tout, il ne savait toujours pas pourquoi cette Kitsune qui lui parlait en Vulpinique dans ses rêves avait les traits et la voix de sa chère et tendre. Etait-il possible qu'ils se soient connus dans une espèce d'autre vie et qu'ils se soient reconnus de la même manière que Stacia et Mitsune allaient se reconnaître le moment venu ?

Cela l'était, sans doute, puisque c'était ce qui allait se passer pour Stacia. Mais, concernant l'Archon des Hommes, il savait pourquoi. Si c'était aussi le cas pour Mitsune et lui, alors pourquoi ? Qu'est-ce-qu'il s'était passé dans leur première vie ?

« Donc, on laisse Venti s'en charger ? », conclut Izuku, pour être certain que tous étaient sur la même longueur d'onde.

Jenna, Fenrir et Shoto hochèrent la tête.

« Je vais y aller maintenant, puisque Sweetie ne risque pas de rentrer tout de suite. »

« Tu arriveras à convaincre Venti ? », s'enquit Jenna.

« Crois-moi, quand ça concerne Foxy, il sait se montrer convaincant. »

« Très convaincant, même... », frissonna Izuku, repensant à cette manifestation d'énergie à la fois familière et étrangère. « Shoto, reste calme d'accord ? »

« Tu dis ça comme si j'étais émotionnellement instable dès que Sweetie était loin de moi... » se vexa légèrement Shoto.

« Ose dire que c'est faux. », seconda Fenrir. « Mani a raison, rappelle-toi la dernière fois. »

« La dernière fois, Venti m'avait provoqué et je n'avais aucune explication quant à son départ. Cette fois, c'est différent. Ne vous inquiétez pas, tout ira bien. »

Il y eut un silence de quelques secondes avant qu'Izuku ne sourit.

« On te fait confiance. Après tout, tu ne ferais jamais rien qui ferait du tort à Mitsune, tu l'aimes trop pour ça. »

Shoto lui rendit son sourire, reconnaissant, puis récupéra les papiers avant d'utiliser son alter pour se rendre à Mondstadt. Comme l'avait souligné Izuku, cela ne devrait sans doute pas être compliqué de convaincre l'Archon de la Liberté de les aider, il suffisait juste d'employer les bons mots...

Mondstadt, Colline sifflante, Ventlevé, chêne de Vennessa

« Mais regardez qui voilà ! », s'exclama Venti d'une voix rieuse. « Salut Shoto ! »

« Coucou Venti. Tout va bien ? »

« Yep ! On a eu aucune attaque depuis celle qui a forcé les Sept et leurs troupes à faire de mes terres leur base. Pas que je m'en plaigne, mais c'est mauvais signe si tu veux mon avis. Zhongli et Shanilan pensent que Nyx cherche avant tout à découvrir l'identité de l'Archon Hydro avant de lancer une autre offensive. D'après Rauros, Nyx sait que Mitsune a rusé la dernière fois, quand elle a fait attaquer Izuku. Elle a pas encore capté que Mitsune est l'Archon Hydro, mais c'est qu'une question de temps. Si ça se trouve, ça va rester calme jusqu'à la nouvelle année... je m'ennuie un peu du coup. J'adore être ici, mais j'ai l'habitude de vadrouiller un peu partout dans Mondstadt, pas de rester tout le temps au même endroit... et toi ? Tout va bien ? »

« Oui, tout va bien. Dès demain, Sweetie et moi allons passer plusieurs jours à Mondstadt pour aider les jumeaux à Dosdragon, et parler à Dvalin. »

« Oh oui, Aether m'en a parlé. Il était super content d'ailleurs, ils ont du mal à avancer réellement dans leur exploration sans quelqu'un qui sache lire le Vulpinique. Et pourquoi vous voulez parler à Dvalin ? »

« Par rapport au journal que Miko a confié à Sweetie. Il parle d'un étrange dragon, sans donner plus de précision. Comme Dvalin était là du temps du premier Archon Anémo, on pensait qu'il pourrait nous aider un minimum. »

« C'est logique. Je l'ai affecté au sommet des Montagnes du guet, dans sa grotte habituelle. Il connaît cette zone comme personne, alors c'était le meilleur endroit où l'affecter. »

« Merci, mais je pense que Sweetie le sait. En revanche, elle ne doit pas savoir que je suis venu aujourd'hui. »

Soudainement intéressé, Venti se redressa, perplexe.

« Pourquoi ? »

« Pour ça. »

Il tendit les papiers au barde, qui sauta de la branche d'arbre pour se rapprocher du copain de son homologue Hydro.

« Je ne vois pas vraiment pourquoi vous auriez besoin de moi... »

« Sweetie a déjà bien assez à faire avec tout ce qu'il se passe en ce moment, et il est plus que temps de les libérer, elle et son père, de l'influence néfaste de cette femme. Ils ont déjà bien trop soufferts à cause d'elle, tu ne crois pas ? »

« Tu as raison... en plus, je suis l'Archon de la Liberté, c'est le moins que je puisse faire. », convint le barde, avant de voir le petit sourire en coin du bicolore. « Tu savais que j'allais dire ça ?! »

« Evidemment. Tu es l'Archon de la Liberté, et en plus tu te sens toujours coupable par rapport à quand elle te priait sans cesse, quand vous étiez enfants. »

« Cette Kitsune a une mauvaise influence sur toi, tu es de plus en plus malin et vicieux. », s'exaspéra faussement Venti.

« J'admets avoir été à bonne école. », sourit Shoto. « On peut compter sur toi ? »

« Bien entendu, tu n'avais même pas besoin de me le demander. C'est mon devoir en tant qu'Archon et en tant qu'ami. Si je ne m'en mêle pas, Aiko risque de trouver le moyen d'empêcher la procédure d'aboutir. Cette femme est aussi vicieuse qu'un Kitsune sans en être un... Mitsune le mérite. »

« Tu as bien raison. Merci Venti. »

« Avec plaisir ! Je vais m'en occuper tout de suite. Par contre, je te conseille d'en parler à Lilith aussi, une petite brise m'a dit qu'elle était plus proche de Kazuto que ce que notre chère Mitsune sait. »

Perplexe, Shoto hocha néanmoins la tête, reconnaissant.

« Je te tiens au courant. Et je ne dirai rien t'inquiète, tant que la procédure ne sera pas aboutie en tout cas, hé hé ! »

« On te fait confiance, Venti. »

« Aye ! »