Chapitre 35 : Gardiens de savoirs capitaux
Japon, Tokyo, Yuei, Heights Alliance, bâtiment des secondes A, chambre de Mitsune, 26 octobre 2500, 6h
« Je retrouve souvent cet ensemble de runes depuis que j'ai commencé à lire ce journal. S'il apparaît autant, c'est que ça doit être important... », songea Mitsune en plissant les yeux, comme si cela allait lui permettre de comprendre la signification de ces fameuses runes.
Elle avait le même problème que pour l'ensemble de runes que Shoto avait déchiffré comme signifiant « Sithragon » : cet ensemble de runes ressemblait à deux autres complètement différents qu'on aurait fusionné pour créer un néologisme.
Cet ensemble pouvait être divisé en deux morceaux qui avaient du sens séparément. Le premier semblait davantage faire référence au feu, et le second plutôt à la glace. Mais, comme en japonais, un même mot en Vulpinique pouvait avoir nombre d'écritures différentes, de sorte qu'on pouvait obtenir « flamme », « courroux » ou « guerre » selon comment on agençait l'ensemble de runes « feu » avec d'autres. Autant dire que la présence de néologismes dans ce journal ne facilitait pas la compréhension du Vulpinique, déjà complexe en elle-même.
« Tu es vraiment une bête de travail, Sweetie... », murmura Shoto d'une voix ensommeillée en s'approchant du bureau, sur lequel avait élu domicile la Kitsune.
Il lui caressa avec tendresse les cheveux avant de venir l'embrasser avec tout autant de douceur. Mitsune en sourit tout en rendant son baiser à son désormais petit ami.
« Bonjour Inari... il est encore tôt, tu peux continuer à dormir, tu sais ? »
« Je sais. Qu'est-ce-qui est plus important que ton sommeil, Sweetie ? »
« Le journal que m'a donné Miko. Plus je continue à le lire, plus j'ai le sentiment que ses pages renferment la clé de notre victoire contre Nyx, et probablement les réponses sur ton probable lien avec les Hakushin. »
« Sweetie, rien n'est plus important que de dormir quand tu en ressens le besoin. Alors, lâche ce maudit journal et va dormir un peu. Je parie que tu n'as même pas dormi cette nuit... »
« Si, quelques heures. Tu m'as bien fatigué... », rougit Mitsune, gênée.
Shoto lâcha un léger ricanement avant de lui embrasser la tempe.
« On dirait qu'il va falloir que je fasse plus qu'un round doux et deux rounds enflammés pour que tu dormes une nuit complète... sérieusement Sweetie, lâche ce journal. Il ne va pas s'envoler. »
« Mais je suis certaine qu'il y a toutes les réponses qu'on cherche à l'intérieur ! »
« Ce n'est pas une raison. Quoi que contienne ce carnet, ce n'est rien de plus que des événements qui datent d'il y a extrêmement longtemps. Quand bien même il contiendrait quelque chose qui pourrait nous aider contre Nyx, n'oublie pas que ce journal a été écrit bien avant la Première Guerre des Archons. Ce que tu pourrais y trouver à ce sujet a peu de chances d'être valable aujourd'hui. Les Sept sont des personnes différentes d'autrefois, et six des sept nations sont sous le joug de notre ennemie. Nous n'avons pas les mêmes ressources que les Sept d'origine. », argumenta Shoto. « Cela ne vaut vraiment pas le coup que tu brûles tes heures de sommeil pour ça. Tu as traduit combien de pages jusqu'à présent. »
« Une trentaine, mais j'ai encore beaucoup de travail. Et quand bien même ce que je trouverai ne nous sera finalement pas utile, je te rappelle que ce journal est protégé par de la magie de Kitsune antique, de sorte que personne ne sachant lire le Vulpinique ne puisse découvrir les informations couchées sur ses pages. Je persiste à croire qu'elles sont extrêmement importantes, voire vitales. »
Shoto secoua doucement la tête, à peine surpris de la voir aussi têtue à cause d'un simple journal. Il la connaissait bien, et il devait avouer qu'il était tout de même d'accord avec elle sur le fait que les informations que renfermaient l'objet étaient sans doute d'une importance capitale. C'est pourquoi il n'insista pas plus et préféra s'installer à ses côtés.
« Bon, laisse-moi t'aider alors. Maintenant que notre lien est sacré et non plus profane, je devrais pouvoir lire le Vulpinique. »
« Tu veux que j'allume la lumière ? », lui proposa Mitsune.
« Pas besoin. Pour avoir expérimenté, la perception à travers tes sens quand notre lien était profane, celle que j'ai depuis quelques heures semble être tout aussi importante. Je vois parfaitement malgré l'obscurité. »
Mitsune ne répondit pas tout de suite, hésitant à se pencher également sur la question, car un semi-hybride ne pouvait pas avoir une part animale égale à un hybride, mais laissa rapidement tomber. Elle avait bien d'autres chats à fouetter, d'autant plus que cela avait sûrement un rapport avec le lien qui existait entre Shoto et les Hakushin.
« Tu es sûr que tu veux t'y essayer ? Le journal a essayé de mordre Miko... »
« Elle est ta parente, pas ta liée. Laisse-moi au moins tenter. »
Elle pinça les lèvres, réticente à l'idée qu'il se fasse dévorer par ce journal, mais elle lui tendit quand même l'objet, ouvert à la page qu'elle était en train de déchiffrer. Le bicolore le récupéra et l'ouvrit avec prudence, prêt à lâcher le carnet au moindre signe de son désaccord. Pourtant, le journal ne réagit pas et se laissa diligemment lire par le jeune Todoroki, qui comprenait désormais le Vulpinique grâce à la fusion de leurs connaissances respectives.
« Tu ne bloques sur aucune rune ? », s'enquit Mitsune en se penchant un peu vers Shoto, rassurée qu'il ne se fasse pas attaquer, fait tout autant questionnable que la finesse actuelle des sens de son lié.
« Non, ça va. Il faut être bien attentif pour comprendre, mais ça va. Tu bloquais sur quelles runes ? »
« Celles qui veulent dire en même temps « feu » et « glace ». J'avais le même problème pour l'alliance des runes « dragon » et « chat ». »
« Hmm... ça ressemble à un prénom, tout de même. La première rune est plus grande que les autres, comme à chaque fois qu'on commence une nouvelle phrase. C'est sûrement l'équivalent d'une majuscule. Et comme ces runes sont en milieu de phrase, c'est forcément un prénom. »
Mitsune s'abstint de tout commentaire, n'ayant pas remarqué ce détail pourtant évident. La fatigue la rendait de moins en moins attentive, mais elle devait absolument traduire ce satané journal en entier ! Qui savait ce qu'il renfermait ?
« Tu arrives à le lire ? Je me souviens que tu as su instinctivement lire « Sithragon ».
« On va voir... »
Il se pencha un peu plus sur l'artefact et recommença sa lecture en haut de la page, redoublant d'attention. A proximité des runes qui les intéressaient, il commença à lire à voix basse avec une aisance plus que discutable mais tout de même compréhensible.
« Sera... Seraf... Serafrost... ce prénom, c'est Serafrost. »
« Je te fais confiance. », sourit Mitsune en s'empressant de remplir les trous de sa traduction en japonais. « Cela explique pourquoi j'ai retrouvé tout aussi souvent un ensemble de runes que j'ai traduit par « Frost ». J'avais relevé que ce « Frost » faisait référence au Sithragon qu'elle mentionne régulièrement. Il devait sans doute occuper les pensées de Titania autant que tu occupes les miennes... Serafrost doit être le nom complet du Sithragon. »
« Tu sais, je commence à penser que ce serait plus judicieux de seulement relever et traduire les informations qui te semblent importantes, plutôt que de tout traduire. Tu gagnerais pas mal de temps je pense, et tu serais plus productive. »
« Et si je rate une information importante ? »
« J'en doute, tu as du flair pour trier ce qui est important de ce qui ne l'est pas. Tu viens justement de prouver que tu avais déjà retenu des informations sur le Sithragon pendant que tu traduisais le journal. Cela veut dire que ces informations te semblaient importantes, tout comme le contenu du carnet te semble vital en raison de la protection qu'il y a dessus. »
« Je croyais que ça ne valait pas le coup de l'étudier... »
« Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Cela ne vaut pas le coup de passer des nuits blanches à l'étudier aussi peu efficacement, mais même si les informations contenues ne sont plus valables pour nous, je sais qu'elles t'inspireront d'une manière ou d'une autre. En plus, maintenant, on peut se relayer pour le lire, donc raison de plus pour ne pas s'épuiser dessus. »
Percevant instantanément ce qu'il avait en tête, Mitsune céda de bonne foi. Après tout, il avait déjà abdiqué à peine quelques minutes plus tôt... c'était son tour.
« Bon, OK, je vais dormir un peu. Je te laisse avancer un peu sur le déchiffrement du journal. »
« Je préfère ça. Je vais te noter tout ce qui me semble important. »
« Et pour les mots que tu ne comprends pas ? »
« Notre lien est sacré maintenant, je compte bien le mettre à profit. », sourit légèrement Shoto. « S'il y a des trucs que je ne comprends pas, c'est que tu ne les comprends pas non plus. A ce moment-là, je les noterai ou les prendrai en photo pour qu'on puisse faire des recherches plus poussées au temple ou auprès des dieux alliés. »
« Tu as pensé à tout, on dirait. »
« J'ai eu la meilleure des professeures, Sweetie. », lui souffla-t-il tendrement. « Allez, viens. »
Il tapota ses cuisses et elle ne perdit pas de temps pour se transformer en petit renard et s'y installer. De sa main gauche, il commença à la papouiller avec tendresse, son alter activé pour dégager une chaleur apaisante sur son ventre et derrière ses oreilles. Tel qu'il s'y attendait, cela eut pour effet de la précipiter d'autant plus vite dans un sommeil plein de rêves doux comme de la barbe à papa.
Lorsqu'elle commença à ronronner paresseusement dans son sommeil, Shoto eut un sourire si doux qu'il aurait pu faire fondre le plus gelé des cœurs. Il se contenta de la détailler avec amour pendant quelques minutes, sans cesser ses papouilles, puis se décida à se concentrer sur sa tâche. Parmi la pile de feuilles contenant la traduction du journal, ce qui en avait été lu tout du moins, Shoto récupéra celle que Mitsune avait utilisée en dernier. Celle-ci était écrite sur seulement une demi-page. Avec un crayon à papier, il traça donc un trait approximativement droit puis reprit la lecture du journal là où la traduction s'arrêtait. Il comptait bien mettre à profit la nouvelle nature de son lien avec sa belle pour l'aider d'autant plus. Ils n'avaient plus que deux mois environ avant la nouvelle année, et donc le gros de la guerre...
Japon, Tokyo, Yuei, Heights Alliance, bâtiment des secondes A, salon, 16h
« Terminé les cours, pour le reste de la journée du moins... », souffla Shoto en s'étirant, les entraînements endolorissant de plus en plus ses muscles. « C'est quoi, la suite du programme ? On doit aller à Mondstadt pour continuer à s'entraîner, c'est ça ? »
« Toi, non. Techniquement parlant, tu as toujours été l'un des meilleurs. Tu es à la fois intelligent, vif d'esprit, malin tout en étant quasiment un génie du combat. Tout ce que tu peux faire actuellement, c'est diversifier au maximum les possibilités de ton alter et t'entraîner le plus possible au corps-à-corps, parce que c'est là que tu as un manque. Mais je m'en occupe déjà personnellement lors de nos entraînements à Yuei, donc non, tu n'as pas davantage d'entraînement. Les Seven Deadly Sins, Oneechan, Imouto-chan, Wolfy et Izuku si, par contre. Mes amis de Liones savent peut-être utiliser leurs alters pour se battre, mais cela devait toujours être à titre exceptionnel, ils doivent affiner leur maîtrise tout en faisant ce que tu fais actuellement en entraînement. Ne parlons même pas d'Imouto-chan, qui ne sait utiliser son pouvoir que pour soigner. Quant à Izuku, il est toujours en retard par rapport aux autres élèves de notre classe en terme de maîtrise d'alter. Intellectuellement, tout y est, mais physiquement, son alter lui fait encore défaut. Il l'utilise a un très bas pourcentage en terme de puissance, mais il aura besoin d'en user au maximum en continue pour avoir une maigre chance de survivre plus de deux secondes si jamais nos ennemis s'en prennent à lui. Ils ont davantage besoin de l'entraînement à Mondstadt que toi. Et Miko préfère que je me concentre sur le décryptage du journal. »
« Donc c'est ce qu'on va faire. », sourit Shoto, ayant deviné que c'était ce qu'elle allait dire.
« Pas tout de suite les tourtereaux ! »
Dans une nuée de bulles, Nereus apparut devant eux, les mains cachées dans son dos.
« Je ne sais pas de quoi vous parliez, mais c'est forcément moins important que la raison de ma venue. Après de très longues recherches, voici le Saint Graal de l'Archon Hydro ! »
Très fier, il sortit de derrière son dos un épais grimoire dont les feuilles semblaient jaunies. La couverture semblait être faite de divers matières aquatiques tel que du corail, des algues, des perles, des coquillages, etc, qui n'avaient pas été altérés par le temps. A droite, un solide morceau de nacre reliait la première et la quatrième de couverture, de sorte à le maintenir fermé. Il y avait cependant sur le nacre une drôle d'encoche circulaire, de la même taille que la pierre de la chevalière d'un Archon.
« Ton grimoire ! », annonça triomphalement le Lochfolk. « La précédente Nymphe Watatsumi l'avait vraiment bien caché, j'imagine qu'elle a dû apprendre d'une manière ou d'une autre le fléau qui allait s'abattre sur Fontaine et qu'elle a mis le grimoire en sûreté en conséquence. »
« Génial ! », commenta Mitsune en récupérant l'artefact. « Inari, avec ça, vous allez tous avoir un tout autre niveau que celui que vous avez ! Vous pourrez vraiment combattre avec moi, enfin, si c'est toujours ce que vous voulez. Merci Nereus ! »
« Avec plaisir. On travaille encore sur la façon de mettre ton plan à exécution, mais on t'enverra des troupes dès qu'on le pourra. »
« Ne vous précipitez pas non plus, la vie des rebelles est plus importante que cette mission... »
« Ne t'en fais pas, on le sait. Sinon, je pense que Sinann a bientôt fini de faire l'inventaire des armes, alors tu risques d'en voir la couleur bientôt. »
« OK ! Au fait, avant que j'oublie ! Demande à Salacia quand est-ce-qu'elle peut me recevoir, je dois lui parler à propos de la Première Guerre des Archons. »
« Je lui ferai passer le mot, pas de soucis. Bon, je vais y aller, j'ai encore beaucoup de travail qui m'attends. A la prochaine ! »
Il les salua joyeusement avant de retourner dans l'océan.
« Je m'occupe du journal. », la devança Shoto. « Pendant ce temps, étudie ton grimoire. »
« On fait comme ça. On va se préparer des en-cas, puis direction ma chambre pour travailler. », approuva Mitsune.
« Aye ! »
Elle lui sourit puis ils allèrent en cuisine pour se préparer de quoi manger. Mitsune l'interrogea alors sur sa chanson-déclaration, ne sachant pas jusqu'alors quel bon compositeur et chanteur il était.
« Ne te méprends pas. », rougit Shoto. « Je n'ai fait qu'écrire ce que je ressentais pour toi, c'est Fenrir qui en a fait des paroles de chanson. Elizabeth et les Seven Deadly Sins ont composé la musique à partir de ce que je voulais pour accompagner les paroles. Et puis, Fenrir m'a aussi prodigué quelques cours de chant, histoire que l'ensemble soit un minimum potable aux oreilles d'un hybride aussi sensible que toi. J'ai reçu beaucoup d'aide. »
« J'ai surtout fait attention aux paroles, tu sais ? Même si Wolfy a retravaillé ce que tu as écris pour en faire une chanson, c'est toi qui as fourni la matière brute. C'était magnifique. C'était d'autant plus génial que c'était réellement une surprise, cette chanson. »
« Oui, Izuku m'a appris comment faire pour que tu ne saches rien des surprises que je te préparerai. C'est Fenrir qui lui a enseigné. »
« Je me doute. Je n'avais pas réalisé que cela pouvait être vraiment important, Fenrir et moi nous soucions bien trop de la vie privée, donc cette faculté ne nous sert à rien. Pardon... »
« T'inquiète, ce n'était pas non plus un truc très important. Pour en revenir à la chanson, je suis profondément heureux qu'elle t'ait plu. Tu m'en avais préparé une aussi, si j'ai bien compris, c'est ça ? »
« Oui ! Tu m'as piqué mon idée ! », s'énerva faussement Mitsune, avant de rire légèrement. « Mais elle n'est pas tout à fait prête. Quand elle le sera, je te la chanterai. Ce ne sera pas dans le but pour laquelle elle a été composée, mais ce n'est pas très grave... je t'aime Inari. »
« Je t'aime au moins autant Sweetie. », lui répondit Shoto en cueillant un bref instant ses douces lèvres.
Elle lui offrit un sourire tendre qui se répercuta sur le visage du bicolore, avant qu'ils ne se saisissent tous deux de leurs provisions.
« On y va ? », proposa Mitsune.
« Je te suivrai jusqu'au bout du monde Sweetie, tu le sais bien. », rétorqua Shoto, taquin.
« Je vais prendre ça pour un oui ! », rigola la blonde. « Au travail ! »
« Aye ! »
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