Japon, Tokyo, Yuei, Heights Alliance, bâtiment des secondes A, salon, 25 octobre 2500, 7h40

« Je ne pensais pas qu'on avait couru aussi longtemps... », fit remarquer Izuku en regardant sa montre. « Si on ne se dépêche pas, on sera en retard en cours... »

« C'est vrai... en plus, je n'ai pas prévenu Aizawa de mon retour ! », sourit Mitsune en tirant la langue, amusée.

Le vert sourit en retour.

« Allons manger ! Je meurs de faim ! »

« Moi aussi ! On doit prendre des forces ! Crois-moi, tu vas en avoir besoin. Après les cours, j'emmènerai notre petit groupe à Mondstadt, c'est Miko qui vous entraînera puisque les Sept ne le peuvent plus. Fais-moi confiance, son entraînement sera pire que celui des Sept. »

« Mais pourquoi... »

Mitsune haussa les épaules.

« Il vous faudra au moins ça pour ce qui vous attend. Je dois m'avouer vaincue devant votre entêtement à vouloir participer à la guerre. Pour le moment, vous ne combattrez pas au front directement, vous serez à l'arrière-garde, c'est là que vous aurez le moins de chances de croiser un dieu ennemi. Quand vous pourrez combattre avec moi « sans » danger, vous passerez au front. Mais pour ça, Nereus doit trouver mon grimoire, et c'est une autre paire de manches. »

« Pourquoi tu acceptes, d'un coup ? », interrogea Izuku en fronçant les sourcils. « C'est pas une ruse pour nous pousser à renoncer, comme l'entraînement avec les Sept, hein ? »

« Je te promets que ce n'est pas une ruse. », rétorqua Mitsune, rassurant aussitôt le vert. « Perce-Neige est bien trop têtu, et toi aussi. Il a su se montrer convaincant, j'avais juste besoin de me poser et de faire du tri dans ma tête pour réaliser qu'il avait raison. Mais tu as raison, ce n'est pas la principale raison. Disons que c'est l'une des raisons, mais pas la principale. »

« Qui est ? », insista le jeune Midoriya.

Mitsune lâcha un soupir et chercha ses mots.

« Je compte bien mettre un terme à cette guerre, mais à ma façon. Et, pour ça, j'ai besoin d'avoir dans mon « armée » des personnes qui me font confiance et qui me suivront, même si ce que je fais est contre-productif, contre-nature ou quoi que ce soit du genre. Je n'ai pas encore de plan en tête, mais je ne fais les choses comme personne et... on va pas se mentir, j'ai toujours eu des idées un peu extrémistes, que ce soit en bien ou en mal... »

Izuku hocha doucement la tête, repensant à ce qu'il avait compris en regardant la pièce le jour du championnat sportif de Yuei. Unir tout le monde, même les vilains, était un projet extrémiste et dangereux pour la société actuelle, mais c'était un projet bienveillant, il le savait.

« C'est pour ça que j'ai besoin de gens qui me suivront et qui auront confiance en mes décisions, parce que je ne vais certainement pas répondre à la violence par la violence. Et pour ça, personne n'est mieux placé que mes plus proches amis et mes liés. La voilà, la raison principale. »

En réponse, Izuku vint l'enlacer et la serra de toutes ses forces.

« Tu peux compter sur nous ! Je t'ai fait une promesse, non ? Et mes promesses, je ne les rompt jamais ! »

Mitsune sourit et lui rendit son étreinte, touchée.

« Merci Izuku ! Maintenant, allons manger ! »

« Aye ! »

Les deux amis se dirigèrent vers la cuisine pour se préparer un petit-déjeuner rapide à avaler mais nourrissant, ne pouvant se permettre de prendre leur temps pour manger. Ils devaient encore prendre une douche, et les autres élèves étaient déjà probablement en train de se préparer.

« Ah Izuku, tu es rentré ? Fenrir s'inquiétait, tu mettais plus de temps à rentrer que... »

Le nouveau venu s'interrompit alors que Mitsune et Izuku s'étaient tournés vers lui, bol de céréales en main et la bouche pleine. Le silence plana à peine un instant, avant qu'un large sourire prenne place sur les lèvres de celui qui venait d'entrer. Izuku se dépêcha d'avaler ce qu'il avait dans la bouche et de terminer son bol.

« Bonjour Shoto ! Oui, je n'ai pas vu le temps passer, du coup je vais être en retard si je ne me dépêche pas ! A plus ! »

Il déguerpit en un coup de vent, laissant son bol vide et sa cuillère sur le plan de travail de la cuisine. Mitsune rigola devant cette tentative absolument discrète de la laisser seule avec Shoto. Elle mit sa propre cuillère dans son bol, qu'elle déposa sur le plan de travail avant de se lever. Sans dire un seul mot, elle ouvrit les bras, dans lesquels se jeta presque instantanément le bicolore. Il l'enlaça de toutes ses forces, alors qu'elle refermait ses bras sur lui. Elle lui caressa le dos d'une main et monta l'autre dans les cheveux de Shoto, ces cheveux doux qui lui avaient tant manqué.

« Ça va ? », souffla-t-elle en le sentant trembler contre elle.

Quelques larmes s'écrasèrent sur la peau de Mitsune, alors que Shoto la serrait un peu plus contre lui.

« Maintenant, oui. », susurra le jeune Todoroki.

Avec douceur, il se détacha et la regarda quelques instants.

« Tu m'as manqué... »

« Toi aussi... mais je suis de retour maintenant, j'ai encore une chose à régler mais je n'ai pas besoin de partir pour ça. »

« C-C'est vrai ? Si c'est encore un faux espoir comme hier, je vais pas y survivre Sweetie... »

En réponse, elle lui sourit avec beaucoup de tendresse. Il écarquilla légèrement les yeux et écrasa prestement, sans douceur, ses lèvres sur celles de Mitsune. Celle-ci gémit légèrement, le contact du bicolore lui ayant manqué plus que tout. Shoto l'embrassa fiévreusement, sans lui laisser le temps de respirer, comme si elle allait s'échapper, comme si plus rien d'autre n'existait, ce qui était un peu le cas à ses yeux. La Kitsune lui rendit avec enthousiasme son baiser en prenant son visage en coupe, plus que ravie de cet accueil chaleureux. Cependant, au bout d'un moment, elle tapota ses joues et il décolla presque aussitôt ses lèvres pour la laisser amener de l'air à ses poumons.

« A-Après les cours... il f-faudra q-que je te m-montre q-quelque ch-chose... », souffla Shoto, le souffle court.

« Je dois... parler à All Might... à propos d'Izuku... mais après... je suis tout à toi Inari... », répondit Mitsune sur le même ton.

Il hocha la tête en rougissant un peu, puis il s'éloigna pour laisser Mitsune terminer de manger. Elle lui sourit une nouvelle fois, les lèvres rougies par les baisers, puis reprit son bol.

« Tu es sûr que c'est raisonnable d'aller en cours alors que tu es épuisé ? », s'inquiéta Mitsune en le voyant bâiller.

« Mais oui... t'inquiète... », marmonna Shoto en étouffant un autre bâillement. « Je vais bien. »

« Ne me mens pas. Non seulement tu sais que je le sens grâce au lien, mais tu te doutes aussi qu'Izuku m'a parlé de tes rêves étranges qui t'empêchent de bien dormir la nuit. Je suis désolée de t'avoir autant délaissée... après tout ce que tu as fait pour moi, je devrais m'occuper de toi, mais j'ai fait tout le contraire... »

« Tu n'y es pour rien Mitsu... tu ne peux pas contrôler mes rêves. Il t'a vraiment tout raconté ? »

« Je ne sais pas, mais je sais que, dans ces rêves, tu ne vois rien mais tu entends une voix semblable à la mienne qui te parle en Vulpinique et tu comprends ce qu'elle dit, mais cela n'arrive que lorsque tu n'es pas conscient. De manière consciente, tu n'entends ni ne comprends cette langue. »

« Il t'a vraiment tout dit... », soupira Shoto. « Je m'y attendais, il s'inquiète beaucoup pour moi depuis que j'ai pété un câble contre Venti... Mitsu, c'est la même voix que lors de ma crise et... c'est la tienne... mais tu m'as jamais parlé dans cette langue... alors pourquoi ? »

« Qu'est-ce-que cette voix te disait, Perce-Neige ? »

« Je... c'est compliqué à expliquer. J'ai plutôt l'impression qu'elle s'adresse à moi sans que ce ne soit moi... un genre d'autre moi, d'alter-ego. Elle... elle me dit toujours quelque chose de différent, mais je n'ai jamais beaucoup de souvenirs de ce qu'elle me dit. Cela m'angoisse de ne pas savoir qui c'est alors qu'elle a ta voix, ni savoir ce qu'elle me veut. »

Avec douceur, elle posa une main sur celle de Shoto et lui fit un sourire rassurant.

« On va le découvrir, ne t'en fais pas. Peut-être que la réponse se trouve dans ce que m'a confié Miko. »

« Elle t'a confié quoi ? »

« Un journal appartenant à une certaine Titania, c'était certainement l'une des Kitsunes les plus anciennes avant la Guerre des Archons. Je suis en train de le déchiffrer. Ce qu'il contient est tellement intéressant que je n'ai pas dormi cette nuit... je bloque sur une rune qui m'empêche de poursuivre le reste de la traduction. »

« Tu ne peux pas passer à la suite sans la traduire ? »

« Je pourrais, mais ce journal a été protégé par de l'ancienne magie et je suis apparemment la seule à pouvoir le lire, Miko n'a pas pu. Ce qui veut dire... »

« ... que les informations contenues sont vraiment importantes... », comprit Shoto. « Chaque détail peut être crucial. »

« Exactement. Regarde. »

Elle détacha le pendentif de la chaîne, et ce fut à ce moment que Shoto vit sa tenue qui sublimait chacune de ses courbes. Il déglutit et se força à se concentrer sur autre chose que le corps absolument divin et délicieux de l'élue de son cœur. Celle-ci rendit au pendentif sa forme de journal et l'ouvrit à la page où elle s'arrêtait.

« C'est cette rune. », indiqua-t-elle à Shoto, avec son doigt. « Elle ressemble à la rune pour dire « chat », mais aussi à celle pour dire « dragon »... »

Le bicolore se pencha pour venir étudier le journal, même s'il ne savait pas lire le Vulpinique.

« Sithragon... », dit Shoto.

« « Sithragon » ? Shoto, tu sais lire le Vulpinique ? »

« Bien sûr que non ! C'est juste que... j'ai l'impression de reconnaître cette rune... ah ! Je deviens fou, c'est pas possible ! », gémit Shoto en se prenant la tête entre les mains.

« Tu n'es pas fou, c'est possible que tu dises vrai. Nos connaissances des premiers Hakushin sont extrêmement lacunaires, beaucoup de savoirs n'ont pas survécu à la Première Guerre des Archons. Ton lien avec le clan provient sans aucun doute de cette période. On va trouver ce qu'il se passe, je te le promets. »

Ne sachant que répondre, il se contenta d'un sourire reconnaissant, qu'elle lui rendit. Ayant fini son bol, elle le mit dans l'évier après avoir récupéré celui d'Izuku. Elle déposa ensuite un baiser sur le front de son lié.

« Tu vas dormir avec moi cette nuit, d'accord ? On verra si cela change quelque chose. »

« O-OK. »

« On fait comme ça alors. Maintenant, je vais aller me doucher avant le début des cours, je suis collante de transpiration ! Et, ne t'en fais pas trop, d'accord ? Je doute sincèrement que cette Kitsune qui te parle dans tes rêves soit malfaisante. »

Elle pinça légèrement les lèvres tout en se rendant dans sa chambre pour se doucher, jalouse qu'une Kitsune morte depuis des millénaires occupe tant les pensées de son lié. S'il devait avoir l'esprit occupé par une Kitsune, cela devait être elle, pas une femme morte depuis longtemps !

Shoto la regarda partir, sans la quitter des yeux. Malgré sa fatigue, il sentait une telle énergie courir dans ses veines qu'il pourrait mettre la pâté aux Sept ! Il était tellement heureux qu'elle soit là ! Il avait cru à une hallucination en sentant son passage récent dans le salon, en se levant. Avec cette ancienne Kitsune qui l'empêchait de bien dormir et sa dépendance envers Mitsune, il avait tendance à se réveiller le matin en ayant l'impression que cette dernière était belle et bien là, avant de se rendre compte que ce n'était qu'un mirage. Le quotidien avait été tellement dur sans elle, il était réellement soulagé qu'elle revienne enfin.

Il ne la laisserait plus jamais repartir.