Chapitre 31 : Footing matinal
Japon, Tokyo, Yuei, Heights Alliance, bâtiment des secondes A, salon, 25 octobre 2500, 6h40
« Dra... non, on dirait la rune pour dire « chat »... », murmura Mitsune en gribouillant sur une feuille.
Perplexe, elle observa la rune de Vulpinique qui lui posait problème. Peu après son retour à Mondstadt la veille, Miko était venue la voir pour lui demander de voir si elle pouvait savoir à qui appartenait le journal qui était actuellement sur une table en face du canapé. Apparemment, un sort protégeait l'objet pour qu'on ne puisse pas le décrypter, mais quand elle avait essayé, il ne s'était rien passé.
« C'est bien la première fois que je vois une rune pareille... je sais que c'est une langue très complexe, mais comment une rune peut-elle ressembler à deux autres complètement différentes ? »
Sans doute devrait-elle aller se reposer, mais c'était plus fort qu'elle. Dès qu'elle avait ouvert ce journal, elle avait été happée par les informations qu'elle trouvait en le traduisant, et elle avait ainsi passé la nuit à étudier ce livre.
« Mitsune ? C'est toi ? », souffla la voix ensommeillée d'Izuku. « Je n'hallucine pas ? »
Mitsune sourit en l'entendant et se tourna vers lui. Il était en tenue de sport, sans doute comptait-il aller courir un peu.
« Non, tu n'hallucines pas, je suis de retour. Tu vas courir ? »
« Shoto va être tout content alors... », bâilla Izuku en se rapprochant de son amie. « Il était de plus en plus déprimé chaque jour. Enfin, il mettait son masque d'impassibilité, mais je le connais bien, je sais que ce n'était qu'une façade. Il était déçu de te sentir partir hier... et oui, je vais courir, pourquoi ? Tu veux m'accompagner ? »
Mitsune regarda un instant ses notes et le journal et décida qu'un peu d'air frais ne lui ferait pas de mal.
« Avec plaisir, ça me fera du bien. »
Elle se leva et transforma ses notes en chaîne de collier et le journal en pendentif qu'elle pendit sur cette dernière. Elle attacha ensuite l'ensemble autour de son cou, par prudence.
« Tu aurais juste pu monter tout ça dans ta chambre... »
« Pas vraiment. Ce cahier m'a été confié par Miko, c'est un journal assez particulier, écrit en Vulpinique. Elle a essayé de le lire mais le journal a voulu la mordre, alors que ce n'est pas mon cas. Je ne sais pas pourquoi moi, mais si un sort protège le journal, c'est qu'il renferme des informations très importantes, je ne peux laisser quiconque tomber dessus, encore moins sur la traduction que je suis en train de faire. »
« Mais je croyais que seuls les Hakushin peuvent comprendre cette langue... »
« Et je croyais que Nyx était enfermée pour toujours. Les choses ne sont pas toujours ce qu'on croit. Je préfère prendre mes précautions, même si le journal est protégé par de l'ancienne magie et que le Vulpinique n'est compris que par les Hakushin. On y va ? J'ai besoin de me dégourdir les pattes. »
Izuku sourit et hocha la tête, avant de venir faire un gros câlin à la Kitsune, qui lui avait beaucoup manqué. La blonde le lui rendit en souriant, puis Mitsune utilisa son alter pour remplacer sa tenue habituelle par une brassière de sport rouge et des leggings de la même couleur, accompagnés de ses éternels baskets bicolores. Elle ne prit pas le temps de s'attacher les cheveux, l'ayant déjà fait depuis plusieurs heures en raison du début de l'apparition de sa fourrure d'hiver, qui rendait ses cheveux de plus en plus impossibles à laisser détachés.
« Tu risques d'attraper froid... », s'inquiéta Izuku.
« On va vite se réchauffer. Et puis, mon pelage d'hiver est en train d'apparaître, donc ça ira. »
Le vert hocha la tête et les deux amis sortirent dehors, ravis de se retrouver.
Japon, Tokyo, quelque part sur le campus de Yuei
« A qui appartient ce journal ? », voulut savoir Izuku.
Avant, il n'aurait pas pu parler tout en maintenant le même rythme de course que son amie. Mais maintenant, il embrassait de plus en plus la part animale qu'il avait, grâce à l'aide de Fenrir. Il n'avait donc aucun mal à suivre la cadence de Mitsune sans trop s'essouffler.
« A un des tous premiers Hakushin, ça c'est certain vu que le journal est écrit en Vulpinique. Il aurait appartenu à une certaine Titania. Elle a écrit au début du journal que c'est son véritable prénom mais qu'il n'est plus utilisé, que tous les humanoïdes qui la connaissent la connaissent sous un autre nom, mais elle ne le donne pas. Qui qu'elle soit, elle s'est montrée très prudente en ne révélant pas le nom par lequel on la connaissait, ce qui ne fait que prouver que les informations que renferment son journal sont vitales. »
« Tu as pu apprendre des choses ? »
« Rien de transcendant pour le moment, je peux certes lire le Vulpinique mais je mets beaucoup de temps, car il faut décrypter chaque rune. En gros, le Vulpinique, c'est comme le japonais : selon les runes utilisées, un même mot peut vouloir dire des choses extrêmement différentes. C'est pas mal plus compliqué que ça, mais tu as une référence au moins. Je n'ai pu lire qu'une dizaine de pages actuellement, et il est sacrément épais, et très conséquent en terme de runes. Apparemment, cette Titania avait pas mal de temps à tuer... »
« Et tu bloques sur une rune, apparemment. Je t'ai entendu pendant que je me préparais pour aller courir. »
« Effectivement, je bloque sur une rune. La page raconte la rencontre de Titania avec... une créature ? Je ne sais pas encore ce que c'est, vu que je n'arrive pas à traduire la rune, mais cette rencontre se serait déroulé presque un millénaire avant qu'elle n'arrive « ici », au moment où elle a écrit. »
« De quand date le journal ? »
« D'avant la Première Guerre des Archons, on n'en sait pas plus. »
« Eh ben... », murmura Izuku, surpris. « Je ne pensais pas que le clan était aussi vieux ! Je veux dire... un millénaire avant la Guerre des Archons, minimum ? Je pensais que le clan datait de quelques centaines d'années avant la guerre, mais de mille ans... »
« Ce n'est pas très surprenant, les Sept originels étaient très vieux lors de la Guerre de Archons, même s'ils semblaient avoir la vingtaine. L'immortalité, ça aide pas mal. »
« Les Hakushin étaient immortels, avant ? »
« Pas immortels, mais ils vivaient très longtemps. A l'époque, chaque né Hakushin était un Kitsune mais, avec le temps, cette caractéristique s'est raréfiée, surtout avec l'apparition des alters. D'après les écrits qu'on a, on pouvait connaître l'âge d'un Hakushin en comptant le nombre de queues qu'il avait : une queue poussait à chaque centenaire. Autant te dire que des Kitsunes à neuf queues, y'en avait pas des masses, au moment de la Guerre des Archons. »
« Donc, en fait, tu as neuf cents ans ? »
« Bien sûr que non enfin ! J'ai une durée de vie plus grande que les autres mortels, mais pas à ce point. Théoriquement, je peux vivre deux ou trois cents ans en moyenne. C'est dû à la perte de puissance de la magie des Hakushin, qui s'amenuise en même temps que les Kitsunes sont de moins en moins nombreux. Si j'ai neuf queues, c'est parce que, désormais, chacune d'elle représente une année de ma vie en tant que Kitsune avec mon pouvoir contrôlé. Je contrôlais pleinement mon pouvoir quand j'avais cinq-six ans, même si je ne savais pas l'exploiter, donc j'ai neuf queues. Papa avait aussi neuf queues, et chacune avait des runes de Vulpiniques dans un poil plus foncé. Une fois qu'on a neuf queues, on a une rune qui apparaît sur une queue chaque année, au lieu d'une queue supplémentaire. »
Izuku resta silencieux quelques secondes, le temps de bien assimiler ces informations.
« Je vois... tu sais à quand remonte exactement la création du clan Hakushin ? »
« Hm... les premiers écrits parlant d'Ashaisha, la toute première Hakushin, nous permettent d'estimer qu'elle avait au moins mille cinq cents ans lors de la Guerre des Archons, si elle était toujours en vie. C'est elle qui a fondé le clan, donc on peut supposer qu'il a le même âge, à peu de choses près. »
« Tu as raison... il faudrait que tu regardes la tapisserie au temple, tu sais, celle qui t'a appris que tu avais une sœur ? Il faut que tu ailles la voir pour savoir les femmes Hakushin de cette époque qui avaient neuf queues. Grâce au journal, on sait qu'elle a au moins mille ans, donc au moins neuf queues. Ah ! Mais ça t'aide pas avec ta rune, pardon... »
Mitsune rigola, amusée par son ami.
« Relaxe ! Cela ne m'aide pas avec ce que je voulais, pas directement en tout cas, mais ça m'aide quand même. Ceci dit, il y a peu de chance que la tapisserie me laisse voir aussi loin, surtout si le journal est protégé de tel sorte que même Miko ne peut l'ouvrir et le lire... le journal me laisse le lire, mais j'ai l'intuition que la tapisserie ne m'aidera pas pour autant. »
Rassuré sur le fait qu'il avait quand même aidé son amie, Izuku sourit, avant de prendre un air plus sérieux.
« Tu as trouvé ce que tu cherchais ? »
« Oui ! Tout le monde n'a pas arrêté de me le dire, mais je crois que j'avais besoin que quelqu'un que je ne connais pas personnellement me le dise... alors merci Izuku. »
« P-Pourquoi tu me remercies ? », rougit Izuku, gêné.
« Parce que c'est toi qui as envoyé Hitoshi, et que ça m'a beaucoup aidé. »
« Je savais que ça t'aiderait ! », s'enthousiasma Izuku. « Donc, tu es de retour ? »
« Oui et non. Oui, je reprends ma place à Yuei, mais non parce que j'ai encore un truc à régler avant que que cette histoire soit terminée. Mais je reviens, oui. Je te l'ai dit tout à l'heure. »
Le jeune Midoriya sourit, heureux de pouvoir revoir son amie tous les jours et heureux rien qu'à l'idée de la joie de Shoto lorsqu'il apprendrait la nouvelle.
« Après les cours, on va voir All Might tous les deux. », exigea Mitsune. « Je dois lui parler à propos de toi. »
« C'est grave ? », s'inquiéta le vert.
« Pour être franche... plus que tu ne l'imagines. Comme c'est All Might ton mentor, je dois lui en parler. Tu réussiras à tenir jusqu'à cet après-midi ou tu vas mourir d'inquiétude si tu ne le sais pas maintenant ? »
« Je crois qu'il est bien trop tôt pour aborder des mauvaises nouvelles... plus intéressant, quand est-ce-que tu vas te déclarer à Shoto ? »
Aussitôt, Mitsune piqua un fard, un large sourire ourlant ses lèvres malgré elle.
« Bientôt. J'ai profité de mon « exil » pour terminer la chanson qui va me servir de déclaration. Je dois encore peaufiner quelques trucs, mais le plus gros est terminé. »
« Tu es vraiment multi-tâches ! », pouffa Izuku.
« Héhé ! Sinon, en parlant de Perce-Neige, il n'a pas refait de crises ? »
« Cela dépend. Si par « crises » tu entends « pétage de câble avec énergie bizarre », non. Mais il n'arrête pas de me dire qu'il fait des rêves étranges, où il ne voit rien mais où une voix qui ressemble à la tienne lui parle en Vulpinique. Ce ne sont pas des cauchemars, ce sont même des rêves plutôt relaxes d'après ce qu'il m'a dit, mais le fait qu'il comprenne le Vulpinique de manière inconsciente le perturbe assez. Il ne sait pas lire cette langue, et il est incapable d'en discerner les sons lorsqu'ils les entend de manière consciente, Miko Yae a essayé. Mais dans ces rêves, il entend et comprend cette langue. Cela le perturbe au point qu'il ne dort pas très bien, il est de plus en plus fatigué, tu ne l'as pas senti ? »
« Je l'ai sûrement senti, mais mon esprit n'était pas vraiment dans le présent pendant que j'étais à Mondstadt. La majorité du temps, il était plongé dans des souvenirs et les œuvres que j'ai faites au cours de ma vie. Et puis, je suis habituée à être fatiguée, à force de m'entraîner. J'ai une endurance à toute épreuve. Avant d'être Archon, je vivais en permanence avec la douleur depuis mes quatre ans. A force, j'ai développé mes talents d'actrice pour masquer cette douleur, et j'ai appris à vivre avec. Maintenant, je ne la masque plus, parce que, quand j'ai mal, je sais que c'est bien. Je n'en ai pas honte, car cette douleur provient de mes entraînements, de mes combats contre des ennemis, ce genre de choses. Avant, elle venait du traitement que me faisait subir ma mère. Elle... elle n'est pas tendre avec les hybrides. A force de nous battre et de nous brûler de multiples façons, mon père est tombé dans le coma. Si tu la croises, évite de lui dire que tu es un semi-hybride. »
« Manami ne me fait pas peur ! Je suis très fier d'être lié à Lupi-chan et d'être un semi-hybride ! Si elle s'en prend à moi, je ne me laisserai pas faire ! », affirma Izuku avec véhémence. « Mais... pourquoi tu me parles de tout ça ? Je croyais que tu avais du mal... »
« C'est mon histoire. Aiko a fait de moi celle que je suis aujourd'hui, c'est à cause de sa violence que j'y suis aussi tolérante, c'est à cause de sa violence que je peux aujourd'hui protéger ce qui compte pour moi sans faiblir. Aujourd'hui, je ne souffre plus de ces mauvais souvenirs. Je suis toujours en colère au fond de moi, mais c'est la part en moi qui n'a pas grandi, qui a gardé sa rancœur et sa rage. »
« C'est ça, la chose que tu dois régler ? »
« Exactement. Donc je t'en parle parce que tu es un de mes plus proches amis et que ça ne me tourmente plus comme avant. »
« C'est grâce à Shoto ? »
« Je te mentirais si je te disais le contraire ! », rigola Mitsune. « Oui, c'est grâce à lui, et me retrouver avec moi-même m'a permis de me rendre compte de mon évolution depuis que je le connais. Je lui dois beaucoup, je ne sais pas encore comment le remercier... »
Izuku sourit simplement, sans répondre. A son humble avis, le cœur de Mitsune suffisait largement à le remercier, aux yeux de Shoto.
« Regarde, on est presque de retour à notre bâtiment. », indiqua Mitsune en pointant leur dortoir au loin. « On fait la course jusqu'à la porte d'entrée ? »
« Le dernier arrivé paie une tournée lors de notre prochain passage au Boar Hat ! », approuva Izuku.
« On fait comme ça alors ! Mais sans alter ! »
« Aye ! »
« OK ! Prêts ? Trois... deux... un... PARTEZ !! »
Aussitôt, les deux amis accélérèrent brusquement, exploitant pleinement leur part animale. Ils atteignirent leur dortoir en une poignée de secondes, Mitsune précédant Izuku de peu. Ils s'arrêtèrent, essoufflés, les joues rouges et en sueur, une fois arrivés devant les portes d'entrée.
« On dirait que c'est moi qui vais te payer une tournée ! », pouffa le vert en cognant son poing contre celui que Mitsune lui tendait. « Allez, viens. On va se mettre au chaud et prendre une bonne douche. »
« C'est vrai que je commence sérieusement à avoir froid... je tuerai pour un chocolat chaud ! »
« Haha ! Dépêchons-nous, ou on va choper la crève ! »
« Aye ! »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top