Chapitre 21 : Elle est Mitsune Shiota, merde !
Japon, Tokyo, Yuei, salle des secondes A, 27 septembre 2500, 10h35
« Ça a l'air vachement complexe ce truc ! Euh... c'est quoi ? », demanda Eijiro, en regardant les multiples parchemins ouverts sur le bureau de Mitsune.
« Les plans de construction d'une baliste Guizhong, une arme antique construite par Guizhong et l'Adepte Souffle-Nuages. »
« Ce sont des dieux au service de Zhongli ? », s'intéressa Izuku.
« Oui et non. Souffle-Nuages est une Adepte, donc elle est effectivement au service de Zhongli, enfin de l'Archon Géo, mais Guizhong, déesse de la poussière, était un peu plus que ça... en fait, elle était la bien-aimée de Morax. De leur couple, elle était le cerveau et lui les muscles. Cette baliste est l'un des nombreux mécanismes qu'elle a conçu pour défendre Liyue. Elle aimait les Lys vernis, un type de fleur qui ne pousse qu'à Liyue, et elle est morte au milieu d'un champ de Lys vernis. »
« Tellement triste et poétique en même temps... », renifla Ochaco.
« Comment elle est morte ? », voulut savoir Shoto.
« De la même manière que vous mourrez si vous mettez un seul pied sur le champ de bataille divin dans votre état actuel. Pour parler plus clairement, elle est morte pendant la Première Guerre des Archons. C'était l'une des batailles les plus féroces et les plus meurtrières du camp des Septs : la bataille de Guili. Enfin bref, ce n'est pas le sujet. Je me disais qu'on pouvait construire ces balistes un peu partout dans Mondstadt, particulièrement au niveau des frontières. Mais je n'y comprends rien. Enfin, je comprends les mots hein, Zhongli a tout retranscrit personnellement en japonais moderne, mais l'explication dépasse mes compétences. J'imagine que je pourrais toujours demander à Souffle-Nuages de s'en occuper, et d'améliorer les balistes tant qu'à faire... »
« Mais en fait, c'est quoi ces balistes Guizhong, exactement ? », dit Denki.
« Les balistes sont d'immenses arbalètes, en quelque sorte. », expliqua Izuku. « Ce sont des armes de siège basées sur d'anciennes armes grecques. »
« Celles dont tu parles sont primitives, comparées à celles construites par Guizhong et Souffle-Nuages, alors même que ce sont elles qui les ont inventées. », réfuta Mitsune. « Les balistes Guizhong sont beaucoup plus maniables, grâce à une plateforme qui permet de faire pivoter la baliste. On peut ainsi changer la trajectoire sans avoir à déplacer l'ensemble. De plus, elles ne lancent pas des pierres ou des flèches, mais un condensé d'énergie généralement divine. »
« Quand bien même tu ferais construire ces balistes, tu aurais assez de soldats pour les utiliser ? », s'inquiéta Momo.
« Non, j'en ai peur. », avoua Mitsune. « C'est pareil pour les canons Kamuijima, ils nécessitent qu'au moins un dieu manie chacune d'elles et les charge en continue. J'essaie de réfléchir à comment on pourrait améliorer ces armes pour les rendre moins contraignantes, mais c'est très loin d'être mon rayon d'action. »
« Oï ! La Kitsune ! », gueula Katsuki. « T'as qu'à juste faire en sorte de stocker en grande quantité l'énergie dont ces conneries de machines ont besoin pour fonctionner ! J'le fais bien pour ma nitroglycérine ! »
Mitsune leva la tête, d'abord surprise qu'il l'interpelle, avant de réfléchir à son idée, pendant qu'Eijiro demandait à Katsuki d'être un peu plus sympa avec elle, car elle avait besoin de leur soutien plus que jamais.
« Laisse Eijiro. », l'interrompit Mitsune. « C'est une super bonne idée ! Tu sais comment fonctionne le système sur ton costume ? »
« Tch ! Comme si j'le savais ! J'suis pas en filière assistance, au cas où t'aurais pas remarqué ! »
« Katchan n'a pas tort, on ne connaît pas le fonctionnement précis de chaque pièce de nos costumes. », émit Izuku. « Mais si Souffle-Nuages a su construire les balistes avec Guizhong, je suis sûre qu'elle saura modifier les balistes et les canons. En plus, tu peux voir les esprits maintenant. »
« Seulement celui de Kokomi. »
« Alors tu ne perds rien à essayer d'invoquer l'esprit de Guizhong. », poursuivit Shoto, comprenant ce que voulait dire Izuku.
« Exactement ! Cela ne coûte rien de tenter le coup ! », approuva le vert. « Aussi, tu as pensé à une alimentation interne et autonome ? Il y a peut-être des pierres qui sont riches en énergie divine et qui pourraient alimenter ces armes. Comme ça, elles n'auront plus qu'à être simplement maniées, et des humains peuvent le faire. »
« Ce sont des pistes à creuser, en tout cas. Mais invoquer l'esprit de Guizhong risque de me vider de mon énergie puisque rien ne nous relie, ce qui veut dire que je ne pourrai pas m'entraîner pendant un moment. Et c'est juste impensable, je suis la plus novice des Sept, je ne peux pas me permettre de louper des entraînements. »
« Donc on oublie Guizhong... hm... tu as pensé à des antennes EMDP ? », reprit Shoto. « C'est une technologie snezhnayienne, non ? »
« L'Electro Magic Divine Pulsion... oui, c'est effectivement une technologie venant de Snezhnaya. Comment tu en as entendu parler ? »
« Il y avait un chapitre sur les technologies de guerre des sept nations, dans le livre que j'ai lu hier matin. C'est un appareil qui émet par intervalles plus ou moins courtes des vagues d'énergie divine offensive dans un très large périmètre, et qui n'affecte que ceux qui sont répertoriés en tant qu'ennemi dans la base de données. »
« Pas forcément, mais c'est son usage le plus courant. On peut aussi les utiliser pour soigner les gens par intermittence. Hollywinteria a eu le temps d'en faire construire un, avant l'attaque, et elle l'a emmené avec elle, donc on va pouvoir en construire plein d'autres et les disperser partout. Il faut encore qu'on détermine si on ne fait que des antennes de soin ou si on fait des antennes offensives également. Dans tous les cas, le même problème d'alimentation se pose... je vais transmettre ces idées à Souffle-Nuages, pour voir ce qu'elle en pense ! Merci les amis ! »
« Tch ! », se contenta de répondre Katsuki.
« Mitsune, tant que j'y pense ! », fit Momo. « Tu te souviens des endroits surélevés pour servir d'endroits de guet ? »
« Oui, pourquoi ? »
« Eh bien... vos ennemis risquent de les repérer de loin du coup, si on ne les camoufle pas... »
« Ah, je sais. », la rassura Mitsune. « Pour le grand chêne de Vennesa, cela ne pose pas de problème puisqu'il est naturellement là. Quant à la tour du Vieux Mondstadt, elle est à moitié en ruines. On va la consolider mais les morceaux de pierre encore présents serviront à camoufler nos sentinelles de l'œil de nos ennemis. Mais dans tous les cas, une illusion suffira, si les Sept combinent leur puissance. Ce qu'on cherche encore, c'est comment éviter que Nyx et ses troupes s'attaquent à d'autres endroits que Mondstadt. Après tout, elle veut s'emparer de toute la Terre, puisque c'est ce que Stacia a de plus cher. »
Izuku commença à marmonner, épluchant tout ce qu'il avait appris sur Nyx, ce qui commença à énerver Katsuki.
« Oh ! Je sais ! », s'écria le vert, avant que le blond ne l'explose. « Tu es celle que Nyx craint le plus après Stacia ! Après tout, elle a éliminé ta prédécesseure, pas le prédécesseur d'un des autres Archons, mais de toi. »
« C'est normal. », fit Shoto. « Theandras et les autres n'arrêtent pas de dire que l'Archon Hydro est la plus puissante des Sept, encore plus pour cette génération vu que Mitsune est une Kitsune du clan Hakushin. »
« C'est surtout parce que Kokomi excellait dans l'art de la stratégie. », réfuta Mitsune. « Pour une situation donnée, elle était capable de penser à tous les scénarios imaginables et à la manière de les gérer. C'est grâce à elle que la Première Guerre des Archons a pu être une victoire pour le camp de Stacia. C'est vrai que l'eau est un élément unique du fait qu'il est éternel, mais c'était surtout ce génie de la stratégie qui a permis à Kokomi de mener les troupes des Sept à la victoire. Je n'ai pas son niveau, et je ne l'aurai jamais. Je suis une bonne stratège, mais clairement pas à la hauteur de celle qu'a été Kokomi Sangonomiya. »
« Et t'as pas à être comme elle meuf ! », s'exclama Eijiro.
« C'est vrai ! », renchérit Izuku avec un sourire. « Elle a su exploiter au maximum ses forces ! Tu dois faire pareil ! »
« C'est vrai que Mitsune a ses forces, mais elle est la leader des Sept. C'est pas le pouvoir de l'amitié qui va pouvoir repousser des dieux déchus ramenés à la vie !! », s'affola Minoru.
Tsuyu le claqua avec sa langue pour lui intimer de se taire, mais le mal était déjà fait. Mitsune se leva prestement et attrapa livres et parchemins avant de les mettre dans son sac.
« Crois-moi, je sais très bien que la vie, ce n'est pas My Little Pony Minoru. Je vais aller à Mondstadt pour parler à Souffle-Nuages. Vous m'excuserez auprès d'Aizawa. »
Ne laissant à personne l'occasion de répliquer, elle disparut dans une nuée de bulles avec ses affaires. Aussitôt, Shoto adressa un regard meurtrier au plus petit de la classe, qui blêmit. Il commença à s'avancer vers lui, menaçant, mais Izuku s'interposa entre les deux.
« Hep hep hep Shoto ! Calme-toi ! »
« Que je me calme ?! Vous savez rien d'elle ! Vous savez pas ce qu'elle endure depuis toute petite ! Vous savez pas la pression qu'elle subit ! Vous savez pas ce qu'elle ressent ! Vous savez rien ! Vous savez rien, et ce p'tit con se permet de dire que Mitsu doit être une autre personne pour gagner cette foutue guerre à la noix ! Vous savez rien ! Vous comprenez rien ! Vous pensez tous qu'elle doit être comme Kokomi Sangonomiya pour mener les Sept à la victoire ?! Foutaise ! Mitsu n'est et ne sera jamais Kokomi Sangonomiya ! Elle est Mitsune Shiota, merde ! C'est pas une génie de la stratégie ! C'est une génie de l'art, une artiste qui excelle dans l'art d'unir les gens ! Et je sais que c'est ça qui fera toute la différence ! Parce que, moi, je sais qui elle est ! Et ça n'a rien à voir avec le fait qu'on soit liés !! On est devenus amis avant de se lier ! Je l'ai acceptée telle qu'elle était bien avant qu'on se lie ! Je sais ! Je sais ce qu'elle ressent, je comprends ce qu'elle traverse, parce que je fais de mon mieux pour l'aider et la soutenir dans tout ça ! Je veille à ce qu'elle ne manque de rien, à ce qu'elle ne s'égare pas elle-même en chemin ! Vous imaginez pas à quel point c'est difficile, parce que même Izuku n'est pas aussi borné qu'elle ! Et vous, vous foutez tout en l'air ! Elle a promis d'accepter notre aide parce qu'elle savait que vous la jugeriez pas ! », s'époumona Shoto, le visage déformé par la colère et des larmes au coin des yeux. « Vous savez pas ce qu'elle traverse, comment elle se sent vraiment ! Vous savez pas, parce qu'elle fait de son mieux pour nous donner espoir ! Elle sait que si elle se laisse aller, on croira que tout est perdu ! Elle sait qu'elle doit se montrer forte pour que nous gardions le moral ! Elle se force à garder le sourire en toute circonstance, comme le ferait All Might, pour qu'on continue à y croire ! Vous savez pas ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent ! Vous savez rien ! Rien ! Et vous vous permettez de la juger ?! Mais qu'est-ce-que vous savez vraiment d'elle ? »
Il s'apprêtait à continuer, mais un rugissement l'interrompit. Face à lui, Izuku avait sorti griffes et crocs, et ses yeux émeraudes étaient devenus un instant dorés. Sans un mot, le vert le tira derrière lui avec une force qui surpassait celle qu'il avait avec son alter.
Japon, Tokyo, Yuei, toit
« Izuku... »
« Chut. », répliqua sévèrement le vert. « Prends le temps de te calmer, avant de dire quoi que ce soit. »
Ils s'accoudèrent à la rambarde du toit de leur lycée, et le bicolore prit de longues bouffées d'air frais. Il laissa retomber sa tête, ses mèches masquant ses yeux qui retenaient à grande peine ses larmes.
« D-Désolé... j'aurais pas dû m'emporter comme ça... »
« Tu n'as pas à t'excuser envers moi, je sais à quel point cette situation est stressante pour vous deux, je comprends que tu ais craqué, surtout que Minoru n'a pas été gentil. On n'est pas dans un manga où l'amitié vient à bout de tout, c'est vrai, mais je pense que Mitsune a autant de ressources que Kokomi pour remporter la victoire, même si ce ne sont pas les mêmes. Tu te souviens de la fresque qu'elle a peinte ? Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il y a beaucoup moins d'hostilité envers la filière héroïque qu'avant dans l'enceinte de Yuei, et c'est grâce à Mitsune. Avec sa fresque, elle a su remettre sur un pied d'égalité tout le monde. Après tout, nous sommes tous élèves dans la même école, pourquoi les apprentis héros devraient être considérés comme supérieurs ? Parce qu'on est les futurs héros de la société ? Après tout, sans la filière assistance, on serait beaucoup moins efficaces. On sauve des vies quand elles ne sont pas engagées. Combien de vies ont été sauvées grâce aux médecins ? On ne parle pas assez d'eux. Sans eux, les héros ne pourraient pas faire correctement leur travail. Sans eux, beaucoup plus de vies auraient été perdues. Les héros ne sont pas des médecins, ils sont incapables de sauver la vie d'une personne dont le pronostic vital est engagé. Ce sont eux qui font en sorte qu'une grande partie des blessés graves d'un accident ou d'une attaque de vilains s'en sortent. Nous, on ne fait que les mettre en sécurité mais nous n'avons pas les compétences et le savoir nécessaires à leur survie. »
Izuku inspira un coup, cherchant ses mots.
« Ce que je veux dire, c'est que Mitsune a su donner à toutes ces petites mains de l'ombre la reconnaissance qu'elles méritaient. Les yeux de la société sont rivés sur les héros et les futurs héros, mais ils dépendent tous des autres organes de la société. C'est comme le corps. Nous ne sommes que les muscles de la société. Le cerveau, ce sont par exemple les policiers. Les poumons et le coeur, ce sont les gens du médical. Les veines, le sang, ce sont tout le reste... tu sais... j'aurais pu devenir un vilain, moi aussi... »
« Toi ? », s'étonna Shoto.
« Oui. Katchan était mon meilleur ami, avant l'apparition des alters. Je l'ai toujours admiré. Puis quand le mien ne s'est pas déclaré, je suis devenu le souffre-douleur de tout le monde. Il m'insultait, me brutalisait, et ça a duré jusqu'à ce que j'entre à Yuei. Pourtant, je m'accrochais encore à ce rêve de devenir un héros comme All Might. C'était un cercle vicieux. Je me souviens encore... l'an dernier, il m'a dit que si je voulais vraiment devenir un héros, je n'avais qu'à me jeter du haut du toit et prier pour renaître avec un alter. J'ai failli le faire... », admit Izuku d'une petite voix. « J'étais au bord du gouffre... et puis All Might m'a sauvé d'un vilain ensuite, et j'ai pu lui parler un peu. Tu imagines si quelqu'un comme All for One était venu avant All Might ? J'aurais pu mal tourner. C'est All Might qui m'a redonné espoir. Mon alter est apparu un peu après. C'est rare qu'il se manifeste aussi tard, mais ça arrive... »
Shoto choisit de ne pas relever le mensonge pour se concentrer sur ce qu'il venait de lui révéler.
« Mitsune n'était vraiment pas sympa avec moi au début, mais elle m'a quand même considéré dès le départ comme un héros, alors qu'elle les déteste. Je suis à ses yeux ce que les héros doivent être. Alors... je ne sais pas... je ne veux plus devenir le numéro un pour être à la hauteur d'All Might. Je veux devenir le numéro un pour lui prouver qu'elle a eu raison de croire en moi. Et je m'égare encore, pardon... », soupira Izuku. « En fait, ce que j'essaie de dire, c'est que son plus grand pouvoir, ce n'est peut-être pas son alter Kitsune ou son pouvoir d'Archon. »
« Et ce serait... »
« Nous. Ce serait nous, les gens qui sont liés à elle d'une manière ou d'une autre. Ce sont les gens qu'elle a aidé, les gens qu'elle aime, les gens qu'elle respecte, qui la respectent. Ce sont les gens sur lesquels elle a eu une quelconque influence. Ce serait les autres, tout simplement. Après tout, les gens s'unissent naturellement autour d'elle. Elle fait une fixation sur l'unité d'aussi longtemps que Lupi-chan la connaît ! C'est sûrement à cause de ce qu'elle a vécu, c'est vrai, mais je suis persuadé que ça va plus loin, que c'est encore plus profond que ça. Et c'est ça qui déterminera toute la guerre, j'en suis tout aussi certain. Alors... je comprends que tu te sois emporté. C'est vrai : tu es amoureux d'elle, en plus d'être extrêmement proche d'elle. Tu veilles constamment sur elle et tu es son lié, ce qui fait que tu es le plus à même de ressentir à quel point toute cette situation stresse Mitsune. Mais je ne pouvais pas te laisser péter un câble devant tout le monde et dire des choses qui auraient dépassé ta pensée. La violence ne résout rien, et cela n'aurait qu'apporté de la discorde au sein de la classe alors qu'on doit tous être plus unis que jamais. On doit l'être, pour Mitsune. »
Shoto inspira profondément et essuya ses larmes du revers de la main. Izuku eut un sourire compatissant et fit des va-et-vient sur son dos pour l'aider à se calmer.
« Tu as le droit de flancher aussi, tu sais. Tout le monde a besoin de craquer un peu de temps en temps. Repose-toi sur Mitsune quand tu en ressens le besoin. Tu ne la dérangeras jamais. »
Il ne répondit pas mais se força à respirer calmement.
« Il a raison, tu sais ? »
Les deux lycéens sursautèrent et se tournèrent d'un même mouvement vers le nouveau venu, qui n'était autre que le dernier Yaksha encore en vie. Sans un mot, l'Adepte s'accouda également sur la rambarde, juste à côté de Shoto.
« Tu n'imagines même pas à quel point tu es chanceux, Shoto. », fit Xiao en levant le regard vers le ciel. « Combien aimeraient être à ta place, avoir cette relation privilégiée avec Kokomi ? Tu n'imagines pas la chance que tu as. Elle n'a jamais regardé personne comme elle te regarde. Elle ne m'a jamais regardé comme elle te regarde, alors qu'elle disait m'aimer à l'époque. »
« Xiao... tu es jaloux ? », murmura Izuku.
« Bien sûr que je suis jaloux. Je suis jaloux depuis la première fois que j'ai vu Shoto, parce qu'elle le regardait déjà d'une façon unique. Je suis jaloux, parce que je n'ai jamais pu lui offrir ce dont elle avait besoin, ce dont elle méritait. Je n'ai jamais pu la combler autant qu'elle me comblait. Je n'ai jamais pu occuper une place dans son cœur aussi importante que celle qu'occupe Shoto actuellement. Elle ne m'appelle même plus par mon prénom, alors qu'elle était l'une des seules à avoir la permission de l'employer. Chaque jour qui passe, vos cœurs, vos âmes, vos esprits se fondent un peu plus l'un dans l'autre. Petit à petit, vous ne devenez plus qu'un, tout comme Fenrir et Izuku, pour ne citer qu'eux. Alors, ne gâche pas ta chance Shoto. Laisse-la te voir dans ta faiblesse autant que tu la voies dans la sienne. »
Sur ces derniers mots, l'Adepte s'évapora, laissant perplexe les deux mortels. Cependant, ils ne purent y songer davantage car la cloche sonna, annonçant la reprise des cours.
« Qu'est-ce-que tu veux faire, Shoto ? », l'interrogea Izuku.
« Je... je crois que je vais rester encore un peu là, mais tu peux y retourner. Ne t'inquiète pas, je retournerai en classe plus tard. »
« Tu es sûr ? »
« Oui, j'ai besoin d'être un peu seul. »
Izuku voulut protester, mais il capta soudainement l'odeur de Mitsune sur le toit, ce qui fit qu'il accepta de le laisser « seul ». Il fit un rapide câlin à son ami pour lui apporter son soutien puis retourna en classe. A peine eut-il fermé la porte conduisant au toit que Mitsune se matérialisa. Elle se transforma en chaton et s'approcha en miaulant de son lié.
En entendant un miaulement, Shoto se retourna, surpris. Il vit alors un adorable chaton assis près de lui, un chaton blanc aux yeux bleus surnaturels. Il ne put s'empêcher de rire de l'approche atypique de sa liée, l'ayant évidemment reconnu, et il se baissa pour la prendre dans ses bras et la câliner. Elle se mit très vite à ronronner et elle prit appui sur ses pattes avant pour atteindre le visage de Shoto et lui faire plein de léchouilles.
« Tu sais vraiment comment me réconforter, toi ! », rigola le bicolore.
Mitsune sauta de ses bras pour reprendre sa forme humaine, préférant nettement l'enlacer de ses bras.
« Que veux-tu, j'aime t'entendre rire. », murmura-t-elle à son oreille.
Il rougit alors qu'elle se détachait, un air soucieux au visage.
« Comment tu te sens ? »
« Tu n'es pas allée à Mondstadt ? »
« Si, mais c'était rapide. Souffle-Nuages n'est pas quelqu'un avec qui on aime papoter de longues heures durant à propos de mécanique. Elle croit farouchement que la mécanique Adepte est bien plus poussée et évoluée que celle des humains, ce qui n'est pas faux... enfin bref ! Tu n'as pas répondu à ma question. Je t'ai senti péter un câble. »
« Désolé... », soupira Shoto. « C'est sorti tout seul... je n'aime pas qu'on te pousse à changer celle que tu es juste pour les besoins de la guerre. Il y a mille et une façons de remporter une guerre, mais celle-ci n'est clairement pas la bonne... »
« Ne t'excuse pas, j'aurais dû m'en rendre compte plus tôt... je t'impose un stress monstre avec toute cette histoire, je n'aurais pas dû... »
« Je t'interdis de continuer. », la coupa Shoto. « Tu as très bien fait de te confier à moi. J'aime que tu me fasses autant confiance. C'est juste que j'aimerais que les autres se mettent un peu plus à ta place. Je suis stressé et à cran, parce que j'ai peur que tu te perdes en cherchant à remporter la guerre à la façon de Kokomi. Cela n'a rien à voir avec toi, enfin pas au fait de te soutenir, bien au contraire. Je t'ai dit que je serai toujours là pour toi, je t'ai promis d'être toujours ton héros, non ? Me crois-tu incapable de tenir cette promesse ? »
« Bien sûr que non, tu déchaînerais la rage des Anciens Kitsunes, et la mienne également... »
« Alors, effectivement, je tiendrai mes promesses. Je tiendrai cette promesse, mais pas pour cette raison. »
« Pour laquelle alors ? », interrogea la blonde en inclinant la tête sur le côté, ne comprenant pas.
Avec un sourire tendre, il lui caressa la joue et déposa un baiser sur son front.
« Pour toi, tout simplement. », susurra-t-il, la faisant rougir.
Avec douceur, elle l'embrassa sur la joue avant de l'enlacer et de les faire glisser au sol. Elle le colla contre elle, le visage dans sa poitrine, et elle l'entoura de ses bras comme si elle cherchait à le protéger du monde extérieur.
« Tout le monde a ses faiblesses Perce-Neige, tu as le droit d'avoir les tiennes. Alors, n'ais pas peur de flancher ou de craquer. Si tu as envie de pleurer ou de crier, ne te cache pas. Tu te souviens de ce que tu m'as dit avant qu'on se lie ? « Je suis là, maintenant. Tu peux t'appuyer sur moi. Quel que soit le fardeau, je le porterai avec toi. ». Alors, est-ce-que ça va ? »
Il ne fallut que quelques secondes pour que Shoto laisse couler les larmes qu'il retenait avec peine. Il serra sa liée, qui l'enlaça encore plus fort en retour. Elle lui caressa avec douceur ses cheveux sans chercher à réengager la conversation, le laissant évacuer le trop-plein d'émotions en lui. Ils restèrent ainsi une bonne dizaine de minutes, avant que Shoto ne commence à se calmer doucement. Pour autant, il ne quitta pas les bras réconfortants de l'élue de son cœur.
« Désolé... je sais que je dois te soutenir plus que jamais, maintenant que la guerre a commencé... au lieu de ça... je flanche moi aussi... »
« C'est normal, tu sais. On subit énormément de pression ces derniers temps. »
« Comment tu fais pour ne pas t'effondrer ? »
« Tu sais, c'est justement parce que je sais que je peux flancher quand je suis avec toi que je tiens le coup. Je sais que, quand j'en aurais besoin, je pourrais relâcher la pression, je pourrais pleurer sans qu'on ne me juge. Je sais que, quand j'en aurais besoin, tu viendras m'enlacer pour me laisser pleurer tout mon soûl. Je n'ai plus à endurer quoi que ce soit toute seule, dans mon coin, sans avoir le droit de craquer. Tu es là, et ça fait toute la différence. Alors, accorde-toi le droit de flancher toi aussi, quand tu en as besoin. Je serai toujours là pour te soutenir et pour te réconforter. Maintenant, dis-moi ce qui te tracasse. »
Surpris, Shoto leva le regard vers elle.
« Ce qui me tracasse ? »
« Oui. Tu te concentres tellement sur moi, sur ce que je ressens, sur ce dont j'ai besoin, que tu t'oublies toi-même. Cela fait quelques temps que quelque chose te turlupine. Je pensais que tu viendrais m'en parler si tu en ressentais le besoin, mais tu n'avais visiblement même pas conscience que quelque chose n'allait pas en toi, tellement tu te concentrais sur moi. C'est sans doute la principale raison pour laquelle tu es à cran, plus qu'à cause du stress de la guerre. Il ne faut pas non plus que tu t'oublies dans toute cette histoire Perce-Neige. Tu veux m'en parler ? »
Shoto soupira et se blottit davantage contre elle. Elle n'avait pas tort. Il avait fui le problème en se consacrant corps et âme – littéralement – à sa belle, tellement qu'il ne s'était pas écouté. Il avait tout simplement refusé de se laisser perturber par lui alors même que quelqu'un de beaucoup plus important avait besoin de lui. Mais la réalité l'avait brusquement rattrapé.
« Je... », soupira-t-il. « Il se passe tellement de choses en ce moment... je... mon père est venu me voir durant l'un des cours de rattrapage pour l'examen provisoire... il a dit qu'il était fier que je sois son fils. J'ai réagi froidement mais il m'a simplement dit qu'il essaierait d'être un meilleur héros, un meilleur père, un homme dont je pourrais être fier. Je... je ne sais vraiment pas quoi en penser. Pourquoi il veut changer soudainement ? Est-il seulement sincère ? Pourquoi il recherche autant mon approbation tout à coup ? Qu'est-ce-que je suis censé faire ? Lui accorder mon pardon alors qu'il ne le mérite pas ?! Dois-je seulement lui accorder la moindre attention ? Il n'a jamais compté pour moi. Alors que toi, oui. Tu comptes tellement pour moi. Si quelqu'un mérite que je m'occupe de lui, c'est bien toi, bien plus que lui en tout cas... »
« Inari... plutôt que de te demander ce que tu dois faire, demande-toi ce que tu veux faire. Tu n'as pas à lui pardonner ou à faire attention à lui si tu ne le veux pas, ou si tu ne te sens pas prêt. Quant à ses raisons, je pense qu'il a simplement ouvert les yeux, s'il est sincère. Attends simplement de voir comment les choses évoluent. Donne-lui sa chance, tout comme tu m'as donné la mienne. »
« Comment ça ? A quel moment j'ai fait ça ? »
« Eh bien, en choisissant de me pardonner de ma méchanceté. Tu aurais très bien pu ne pas me pardonner, mais tu l'as fait. »
« Parce que tu m'avais prouvé que tu le méritais, et que tu n'étais pas toi-même jusqu'alors. »
« Dans ce cas, laisse Endeavor te prouver qu'il peut changer. S'il se moque de toi, je le lui ferai regretter, promis. Alors laisse évoluer les choses. De l'eau a peut-être coulé sous les ponts de son côté. Tu n'as pas besoin de lui, tu ne dépends pas de lui. Tu n'es pas Shoto Todoroki. Tu es juste Shoto, tout comme moi je suis juste Mitsune. Je ne serai jamais Aiko ou Kokomi. On peut juste... être nous-mêmes. »
« Tu... tu as raison... une rose embaumerait autant sous un autre nom... »
« Shakespeare. Tu connais tes classiques. Mais tu as raison, notre nom ne fait pas qui nous sommes. On peut m'appeler Katsuko, Mitsune, Mimi, Mitsu, Maat ou Kokomi, je reste la même personne. C'est pareil pour toi. Sois juste toi-même, comme tu t'efforces que je reste moi-même. »
Shoto ne répondit pas mais enlaça encore plus la blonde si c'était possible, puisant en elle la force dont il avait besoin, comme elle l'avait toujours fait pour elle. Elle lui caressa les cheveux avec tendresse, posant sa tête contre la sienne.
« Et si on retournait en classe ? Ils doivent s'inquiéter... », murmura-t-elle au bout d'un moment.
« Non... je veux rester comme ça... », protesta Shoto. « Encore un peu, s'il te plaît. »
« Je risque de ne jamais te lâcher, alors. »
« Je m'en fous. »
A son grand bonheur, elle rigola de son rire si cristallin avant de resserrer la pression de ses bras sur son corps. Vraiment, il se damnerait pour elle, pour la voir sourire et l'entendre rire...
Japon, Tokyo, Yuei, bureau de Lilith, 17h35
« Ma chérie, tu peux encore reculer, si tu le veux... », dit doucement Lilith en caressant les cheveux de Mitsune.
« Non, je... je dois le faire. Je veux le faire. Je n'ai pas peur, parce que Perce-Neige et toi êtes là. Enfin si, j'ai peur, mais vous me donnez la force dont j'ai besoin pour faire ce qui doit être fait. Je dois affronter mes peurs, mon passé, aussi douloureux soit-il. »
Lilith enlaça sa fille adoptive, tandis que Shoto entrelaça ses doigts avec ceux de Mitsune.
« Je serai toujours là Mitsu, ne l'oublie pas. Dès que tu veux rentrer, tu me le dis. »
Mitsune hocha la tête et rendit son étreinte à l'argentée. Elle s'allongea ensuite sur le canapé et Shoto l'aida à se détendre pour qu'elle puisse plonger avec Kokomi au fond d'elle-même, au fin fond de son passé.
« A ton retour, on sera là. Bonne chance, ma tendre petite renarde. », lui souffla Lilith en lui embrassant le front.
Mitsune sourit et serra la main de Shoto, qui ne s'était toujours pas détachée de la sienne. Elle puisa un peu de force en lui, dans son amour pour lui, puis elle ferma les yeux pour rejoindre la Chambre de l'Unité, où l'appelait Kokomi. Elle était prête pour le grand saut...
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