Chapitre 10 : Je serai toujours ton héros

Japon, Tokyo, Yuei, Heights Alliance, bâtiment des secondes A, chambre de Mitsune, 17 septembre 2500, 20h

« Mitsu ? »

Mitsune leva le nez du livre qu'elle était en train d'étudier et sourit à son lié.

« Perce-Neige, entre ! »

Toujours pas habitué à ce nouveau surnom, Shoto rougit légèrement mais s'approcha du lit de sa lié, sur lequel elle était allongée, la tête au pied de celui-ci.

« Qu'est-ce-que tu fais ? », voulut-il savoir.

« Je lis le journal de mon père. Je me disais qu'il y avait peut-être des indications pour savoir comment influer sur les rêves des gens. Miko est occupée en ce moment, Venti et les Quatre Vents la réquisitionnent souvent en vue de la guerre. »

« C'est pour la rébellion de Fontaine ? »

Mitsune tourna la tête vers lui, surprise.

« Comment... ah oui, tu as dû le découvrir pendant qu'on la mettait en place, je ne t'ai pas bloqué cette information. Oui, c'est pour la rébellion de Fontaine. Les gens et les dieux qui sont contre Nyx ne vont pas s'unir en mon nom s'ils n'ont aucune preuve que c'est bel et bien moi qui cherche à provoquer une rébellion. »

« C'est logique. Mais beaucoup vont se faire tuer... »

« Non, ne t'inquiète pas. Sinann et Nereus dirigeront la rébellion selon mes ordres, qui sont de faire couler le moins de sang possible. Officiellement, c'est pour reprendre Fontaine aux mains de Nyx, mais je ne suis pas idiote. Je ne reprendrai pas mes terres de cette manière. »

« Alors, pourquoi... », commença Shoto, ne voyant pas où elle voulait en venir.

« Le réel objectif de cette rébellion est de donner assez de fil à retordre à Nyx pour nous laisser le temps de nous préparer, sans qu'elle ne nous dérange et sans qu'elle ne se mette à chercher l'identité de la véritable Archon Hydro. Le jour où elle connaîtra mon identité, vous serez tous en très grand danger. Mais cela n'arrivera pas, j'y veillerai. »

« N'en fais pas trop, d'accord ? », dit Shoto avec douceur, en caressant sa joue.

Elle se blottit un instant contre sa main, avant de lui sourire.

« Ne t'inquiète pas. Je veux vous protéger. »

« C'est tout à ton honneur, mais n'oublie pas qu'on veut te protéger également. »

Elle lui servit un regard d'avertissement, n'ayant pas vraiment envie de se prendre encore la tête avec ses amis pour la énième fois.

« Je ne parle pas de ça, mais du fait que tu devrais te reposer, tant que tu le peux encore. », argumenta Shoto. « Tu te casses trop la tête avec tout ça. »

« Qu'est-ce-que tu veux dire ? »

« Que, plutôt que de chercher la parfaite mise en pratique théorique, tu devrais y aller à l'instinct. Cela ne t'a jamais réussi de te casser la tête, alors que quand tu suis ton cœur et ton instinct, le résultat est toujours parfait. »

Mitsune resta silencieuse, songeuse. Son père lui avait souvent dit la même chose. L'alter Kitsune s'accompagnait d'un instinct tel qu'il permettait au possesseur de savoir inconsciemment user de chacun des pouvoirs qui allaient avec l'alter. Il avait longtemps joué les cobayes pour qu'elle puisse trouver d'elle-même la façon de les utiliser.

« Tu peux essayer sur moi, si tu veux. », lui proposa Shoto, qui suivait le fil de ses pensées.

« Tu es sûr de toi ? »

« Certain. », affirma le jeune Todoroki.

« Tu sais que je ne peux pas te garantir que tout va se passer paisiblement ? »

« Avec toi, rien ne se passe normalement ou paisiblement Mitsu ! », plaisanta à moitié Shoto. « Mais c'est très loin de me déranger. La question est : est-ce-que tu acceptes que je te serve de cobaye ? »

« C'est que... j'ai peur de rater un truc et que tu m'en veuilles pour toujours. Imagine que je te fasse vivre ton pire cauchemar sans que tu ne puisses te réveiller par exemple ! »

« Cela ira, aie confiance en toi Mitsu. Même si ça arrive, je serai incapable de t'en vouloir, parce que cela n'aura pas été volontaire et que j'aurai été prévenu. Maintenant, c'est à toi de voir. »

L'Archon Hydro réfléchit encore quelques instants avant d'accepter la proposition de son lié.

« D'accord alors... tu veux aller dans ta chambre pour le faire ? »

« Non, ici ce sera très bien, si ça ne te dérange pas. Je me sens beaucoup mieux ici que dans ma chambre... »

Mitsune lui sourit, amusée, mais accepta bien volontiers. Elle referma le journal de son père et laissa la place à son lié.

« Hm... on va commencer par quelque chose de simple. Vu que tu es mon lié, il me sera plus simple de commencer par te refaire vivre un souvenir en particulier pendant ton sommeil, plutôt que de créer un rêve de toutes pièces. Il y a un souvenir que tu aimerais revivre ? »

Shoto, qui était en train de s'installer sur le lit, s'interrompit dans son mouvement. Il réfléchit un instant.

« Hm... tu es capable de me faire revivre un souvenir dont je ne me souviens pas vraiment ? »

« Oui, bien sûr. Tous les souvenirs sont stockés quelque part, y compris ceux qu'on oublie. Ceux-là sont stockés dans l'inconscient. Pourquoi ? »

« J'aimerais revivre le Noël de mes cinq ans. Enfin, la veille et le jour de Noël, pour être exact. »

« Aucun soucis ! », sourit Mitsune. « Allons-y. »

Shoto s'installa correctement puis fit signe à sa liée qu'il était prêt. Celle-ci, assise en seiza sur le sol, près de lui, se pencha légèrement pour déposer un baiser sur sa joue.

« Fais de beaux rêves, Perce-Neige. »

Le bicolore fut alors pris d'une inexplicable et intense fatigue, qui le fit sombrer dans un profond sommeil. Mitsune ferma les yeux à son tour et se concentra pour retrouver le souvenir que Shoto voulait revivre. Elle allait essayer d'employer la même technique que lorsqu'elle voulait montrer un de ses propres souvenirs à Shoto sans en parler, c'est-à-dire qu'elle allait essayer de récupérer le souvenir de son lié (sans le visionner, au cas où il voudrait que cela reste personnel) pour ensuite l'envoyer à l'esprit du bicolore.

« OK, faites que ça marche... », murmura Mitsune après quelques minutes, venant, elle l'espérait, de plonger Shoto dans un de ses souvenirs.

Une brume d'un doux bleu entoura un instant la tête de Shoto, avant de disparaître. Curieuse, elle passa une main au-dessus de son lié et y détecta sans peine la présence de sa propre énergie en bien plus grande quantité qu'elle n'aurait dû l'être si elle avait échoué. Endormir quelqu'un en l'ordonnant à son cerveau ne laissait pas autant d'énergie chez la personne endormie, ce qui indiquait qu'elle avait probablement réussi.

« Il ne reste plus qu'à attendre... »

Elle se transforma en renard et vint s'allonger en boule à côté de son lié pour dormir tout en restant vigilante. On ne savait jamais...

Rêve de Shoto, 24 décembre 2490

« Maman, où tu m'emmènes ? »

« Eh bien, nous ne fêtons pas Noël à la maison, mais je voulais que tu saches à quoi ça ressemble. Fuyumi m'a parlé d'un rassemblement de personnes qui n'ont personne avec qui fêter Noël, sur la place du centre-ville. Elle en a entendu parler par son maître, quand elle lui a dit qu'on ne fêtait pas Noël, et il l'a invité à venir avec sa famille si elle le voulait. C'est là que nous allons. », m'expliqua Maman.

« Ce sera toujours mieux que de rester à la maison, de toute manière. », fit remarquer Toya en cognant son poing contre celui de Natsuo.

« Allons, le maître m'a beaucoup parlé de ce rassemblement, je suis certaine qu'on va bien s'amuser ! », sourit Fuyumi.

Maman me fit un sourire rassurant. C'était la première sortie que je faisais avec mes frères et sœur, j'avais l'impression de ne pas me sentir à ma place. C'est pourquoi je serrai un peu plus la main de Maman.

« Tu ne parles que de lui, à croire que t'es amoureuse ! », se moqua Toya.

« Pfff ! Tu dis ça parce que ta maîtresse est sévère ! Mon maître est vraiment gentil. C'est une personne très douce, à l'écoute et empathique, même avec mes camarades de classe les plus turbulents. Il a une manière unique de nous enseigner les matières scolaires, parce qu'il adore l'art. Du coup, il nous apprend de manière ludique, à travers différents exercices d'art, des matières tout à fait scolaires. On s'amuse beaucoup tout en apprenant. »

« C'est un excellent enseignant. », affirma Maman.

« Oui ! Je crois qu'il a une fille, de l'âge de Shoto. », ajouta Fuyumi. « Il y aura au moins quelqu'un de ton âge Shoto ! »

Je lui répondis par un sourire timide, tout en sachant très bien qu'il y avait très peu de chance que je sympathise avec cette fillette. Je ne savais pas comment interagir avec les autres, puisque je m'entraînais tout le temps avec Papa...

« Regardez ! On voit déjà le sapin ! », s'enthousiasma Fuyumi.

Je levai légèrement la tête et un léger sourire admiratif étira mes lèvres. Au loin, éclatant dans le ciel nocturne, commençait à se dessiner le plus beau sapin de Noël qui m'était donné de voir. Il semblait gigantesque et brillait de mille feux. Une étoile aux couleurs de l'arc-en-ciel se dressait à son sommet, guidant les âmes égarées vers un lieu de joie, de chaleur. Et, plus on s'approchait, plus tout cela me contaminait, au point que, bientôt, ce fut moi qui tirai Maman vers le grand sapin et pas l'inverse.

« Doucement Shoto ! », rigola Maman. « Nous ne sommes pas pressés ! »

Cependant, je ne l'écoutai pas car une jolie voix d'enfant s'élevait du sapin. Mes frères et sœur rirent de mon impatience mais accélérèrent le rythme, tandis que Maman avait toujours son sourire si lumineux et aimant.

Lorsqu'on arriva, on remarqua une foule au pied du sapin. Je sautillai pour voir quelque chose, en vain à cause du monde. Maman me souleva et m'installa sur ses épaules pour que je puisse voir, au moment où la voix s'arrêtait de chanter. Elle venait d'une petite fille de mon âge. Elle avait des boucles blondes comme les blés qui étaient en bataille et cascadaient jusqu'à ses épaules, des yeux aussi verts et brillants que les sapins de Noël et une peau légèrement dorée. Sur sa tête, deux adorables oreilles d'animal se dressait et une petite queue blanche dépassait de sa robe rouge vif bordée de fourrure blanche.

Son regard rencontra le mien et elle sembla me sourire, avant d'entonner un autre chant que je reconnus dès les premières notes. C'était mon chant de Noël préféré : Carol of the Bells.

https://youtu.be/ZmKENOv21cI

Durant toute la chanson, je n'avais pu quitter du regard cette enfant en robe rouge et aux yeux vert sapin. Sa voix était claire, pure, enchanteresse, elle transmettait des émotions d'une puissance à couper le souffle. Elle transmettait la fragilité des moments comme Noël, leur importance, le bonheur de retrouver ceux qu'on aime, qu'on chérit, la joie de faire la fête avec des personnes qui nous aiment. La joie d'être ensemble, tout simplement. C'était ça, l'essence de Noël, bien plus que les cadeaux. En tout cas, sa voix m'en avait convaincu.

« J'en connais un qui est sans voix ! », se moqua Natsuo.

« Shoto, tout va bien ? », s'inquiéta Fuyumi. « Tu pleures... »

Surpris, je portai une main à mon visage et sentis avec surprise des larmes couler, des larmes quasiment gelées à cause du froid de décembre. Je les essuyai prestement alors que la foule s'éparpillait et que la petite fille partait, signalant la fin du spectacle. Dommage, j'aurais bien aimé continuer à l'écouter...

« Bonsoir Fuyumi, je suis ravi de te voir ici ! », fit une douce voix d'homme.

On se retourna et ma sœur sourit à l'homme qui s'était approché. Il avait des cheveux quasiment identiques à ceux de la fillette sur la scène, tout à l'heure, mais plus courts. Sa peau était cependant plus claire et ses yeux étaient d'un doux rouge houx. Il avait lui aussi des oreilles sur sa tête et une queue de fourrure blanche, bien plus grande que celle de la petite fille. Sûrement quelqu'un de sa famille...

« Bonjour Maître ! Joyeux Noël ! », sourit Fuyumi. « Shoto, Toya, Natsuo, voici mon maître d'école : Monsieur Shiota. »

« Ton maître super génial ? », demandai-je.

« Oui, c'est lui ! »

« Je fais simplement de mon mieux ! », rougit de gêne l'adulte. « J'adore les enfants. Bonsoir Madame Todoroki, et joyeux Noël à vous et à vos enfants ! »

« Merci, à vous aussi. Et merci d'avoir invité ma fille à venir ce soir. »

« C'est normal. », sourit l'homme.

« T'avais pas dit que ton maître était un chien ! », s'exclama Toya.

Personne n'eut le temps de le reprendre qu'une petite tornade blonde se jetait sur lui en grognant. C'était la fillette qui chantait tout à l'heure !

« Je t'interdis de parler comme ça de mon Papa !! »

« Mitsune, s'il te plaît... c'est Noël. », lui intima le concerné avec douceur, en s'approchant.

« Mais Papa... », râla-t-elle alors qu'il la forçait à se retirer.

Il mit un genou à terre pour être à sa hauteur et lui parler.

« Ma chérie, je sais que tu n'aimes pas ça, mais tu ne dois pas y faire attention. Les gens qui parlent comme ça sont soit ignorants soit peu ouverts d'esprit, mais ce n'est pas une raison pour les juger. »

Il lui caressa tendrement derrière les oreilles et elle pencha la tête sur le côté, visiblement contente.

« Tu as raison Papa, c'est à nous de les guider. C'est comme ça qu'on unit les gens ! », sourit la petite fille.

Son père lui sourit en retour puis se releva et se retourna vers nous, alors que Toya se redressait et mettait quelques prudents mètres entre lui et la fillette.

« Je suis navré pour cette scène, ma fille n'aime pas trop qu'on insulte les hybrides comme nous. Mitsune, présente-toi s'il te plaît. »

« Si tu veux, mais je vais rejoindre Itoko-kun après. Je ne le vois pas souvent... »

« Et si tu allais le chercher ? Vous pourrez jouer tous ensemble. », proposa Maman avec un doux sourire.

« Je ne sais pas. Je n'aime pas les humains. »

« Mitsune ! », la réprimanda son père.

« Quoi ?! Ils sont tous pareils ! Qu'ils soient héros ou non ! Maman, Tonton, Tatie et Itoko-kun sont les seules exceptions ! C'est juste toi qui ne vois pas la vérité Papa ! », s'énerva la petite fille.

Elle commença à s'éloigner d'un pas furieux, mais s'arrêta un instant.

« Je suis Mitsune Shiota, et je suis une Kitsune ! Tâchez de ne pas l'oublier ! »

Son père soupira de découragement alors qu'elle partait en courant.

« Je sais qu'elle n'en a pas l'air, mais elle est vraiment adorable quand on la connaît. Mais elle n'a que cinq ans, les discriminations qu'on subit ne la laissent pas de marbre. Je vais essayer d'aller la calmer. »

« Maman, fais-moi descendre s'il te plaît. », quémandai-je.

Elle s'exécuta et, avant de pouvoir me retenir, je m'empressai de suivre le père de Mitsune, ce qu'il sut aussitôt car ses oreilles bougèrent avant qu'il ne se retourne.

« Tu dois être le petit frère de Fuyumi, Shoto, c'est ça ? »

« Oui. »

« Je te déconseille vraiment de me suivre pour lui parler, pour le moment. Les Kitsunes sont très émotifs, il ne sera pas simple de la calmer. »

« Ce n'est pas grave, je veux juste lui parler à propos du spectacle. »

« Tu pourras lui parler plus tard, mais... »

Je n'entendis pas la suite, car j'avais arrêté de l'écouter pour chercher la petite Kitsune. Je la repérai avec un petit garçon de quatre ans aux cheveux et aux yeux bleus qui la câlinait.

Je m'approchai alors que son père soupirait de désespoir, me trouvant aussi têtu que sa fille. Cette dernière, en me voyant, enlaça farouchement le petit garçon comme si elle voulait le protéger.

« Qu'est-ce-que tu veux ?! », grogna-t-elle.

« Juste te dire que tu chantes super bien. Noël n'avait pas de sens pour moi. Je l'ai jamais fêté, mais tu m'en as fait comprendre le vrai sens juste en chantant. Alors merci ! Et merci d'avoir chanté Carol of the Bells, c'est ma chanson préférée. L'entendre chantée par une voix comme la tienne, c'était magique ! »

Elle sembla se détendre un peu et ses joues rougirent, à moins que ce ne soit à cause du froid.

« Je vais te laisser, pardon de t'avoir dérangé. Passe un bon Noël Mitsune. »

Je lui fis un petit signe de la main pour la saluer avant de partir pour rejoindre ma famille.

« Attends ! », m'arrêta-t-elle au bout de quelques secondes.

Surpris, je me retournai pour savoir ce qu'elle me voulait. J'avais dit quelque chose de mal ?

Cependant, je fus rassuré en voyant un joli sourire sur ses lèvres.

« Tu t'appelles comment ? »

« Shoto. »

« D'accord. Merci Shoto, pour ce joli compliment. Ça me rend heureuse ! »

Je mis un moment à réagir, surpris qu'elle me parle avec autant de chaleur alors qu'elle me grognait dessus à peine une minute plus tôt. Je finis malgré tout par lui rendre son sourire, les joues aussi brûlantes qu'elle.

« Je... de rien. Désolé pour mon frère. Il n'a pas sa langue dans sa poche, mais il n'est pas méchant... »

Elle haussa les épaules et hissa l'enfant de quatre ans sur ses cuisses. Celui-ci rit aux éclats, ce qui amusa la petite blonde.

« Tu vas voir Shoto, tu vas te plaire ici. », me dit Mitsune. « Il n'y a pas meilleur endroit pour fêter Noël ! Pas vrai Itoko-kun ? »

« Mimi avoir raison ! », s'écria joyeusement l'enfant. « Toi être qui ? »

« Je m'appelle Shoto. Et toi ? »

« 'Agi'a ! »

« Agia ? »

« Non, Nagisa. », me reprit gentiment Mitsune. « Il a encore du mal avec la prononciation du N et du son « se ». Qu'est-ce-que Papa fait planté là ? Papa, viens ! »

Tout en tenant Nagisa, elle lui fit signe d'approcher, ce que fit son père. Il semblait clairement surpris.

« Eh bien, pour une surprise... tu sympathises avec Shoto ? »

« Oui, mais je ne sais pas pourquoi. C'est comme si je le connaissais depuis toujours... »

Son père me regarda, comme pour savoir si je ressentais la même chose. Étrangement, j'avais en effet le sentiment de la connaître depuis tellement longtemps qu'il était impossible de donner une période précise. Mais c'était peut-être juste l'atmosphère festive qui régnait ici...

« Je ne pense pas que ça ait un rapport... », fit remarquer Mitsune.

Je la regardai, surpris, et ses attributs de Kitsune se tendirent lorsqu'elle prit conscience de quelque chose.

« Oups, pardon ! », rougit-elle. « Je ne maîtrise pas encore ma télépathie, du coup je ne sais pas encore distinguer les pensées des gens de ce qu'ils disent en vrai... »

« Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas. », la rassurai-je. « Mais si cela n'a pas de rapport, d'où est-ce-que ça vient ? »

« Vous savez les enfants, il ne faut pas chercher des explications à tout. Certaines choses ont lieu parce qu'elles doivent avoir lieu, tout simplement. Il existe des personnes avec qui on se sent si bien et si en confiance qu'on a l'impression de les connaître depuis toujours, tout simplement. »

« Comme avec Maman ? »

« Comme avec Lilith, oui. », confirma le père de Mitsune.

« Vous parlez de ma maîtresse ? »

« Oh, tu es un élève de Maman ? », s'étonna la petite Kitsune.

« Oui, pourquoi ? »

« Pour savoir ! Bon, je te fais confiance Papa ! »

« Parfait ! », sourit le Kitsune adulte en embrassant le front de sa fille. « Et si tu raccompagnais Shoto auprès de sa famille, pour qu'il fête Noël lui aussi ? »

Mitsune regarda son cousin.

« Tu en penses quoi, Itoko-kun ? »

« 'On ! », décréta le petit bleu en croisant ses minuscules bras potelés sur sa poitrine.

« Non ? », releva son oncle, amusé.

« Au moins, nous sommes d'accord. », affirma Mitsune. « Shoto, si tu veux, ta famille peut manger à notre table. Comme c'est Papa et Tonton qui organise ce réveillon, notre table est un peu à l'écart des autres, afin que les gens puissent nous repérer facilement en cas de problème. T'en dis quoi Itoko-kun ? »

« Oui !!! »

« Mitsune chérie, je ne sais pas si... », commença son père.

« Tu ne sais pas si quoi ? »

« Si c'est une bonne idée. Je ne veux pas que tu fasses de vagues ce soir. »

« Je n'en ferai pas, promis Papa. », marmonna Mitsune.

« Mitsune, qu'est-ce-que je t'ai déjà dit ? Ne fais jamais de promesses à tout va. Les promesses, c'est fait pour être tenu. Ne promet jamais quelque chose qui est au-dessus de tes moyens. Les promesses doivent être tenues, tu le sais mieux que quiconque ma chérie. »

« D'accord. Mais je serai tranquille, je te le promets. Du moment qu'ils ne nous insultent pas... »

Son père s'apprêtait à protester de nouveau, mais je l'interrompis dans sa lancée.

« Ne t'inquiète pas Mitsune, je veillerai à ce que mes frères et sœur soient gentils. Je te le promets. »

« Jeune ami, n'as-tu rien écouté de ce que je viens de dire à ma fille ? Les promesses ne se font pas à tout va. »

« Alors, je ferai tout mon possible pour que mes frères et sœur soient gentils. Après tout, on est là pour fêter Noël, pas pour provoquer une guerre. Mitsune, allons demander à Maman. »

« Aye ! », s'enthousiasma la Kitsune en sautant sur ses pieds après avoir posé son cousin.

« Par contre, je ne sais pas où elle est... »

« Pour ça aucun soucis. Papa ? »

« Ah non Mitsune ! C'est ton idée, donc c'est à toi d'utiliser tes sens pour la trouver. »

La petite blonde fit sa plus belle tête de chien battu mais son père ne céda pas.

« C'est une occasion comme une autre de t'entraîner ma chérie. Tu ne voudrais quand même pas rester dépendante de moi toute ta vie ? »

« Non, bien sûr que non... mais... je veux que tu restes avec moi... »

Son père eut un tendre sourire, et mon coeur se serra. Si seulement je pouvais avoir un père comme le sien... cela a l'air génial de vivre avec lui.

« Et je le serai toujours Mitsune. Je serai toujours ici, dans ce cœur si grand que presque personne ne saura le combler. Mais viendra le jour où je ne serai plus là, où il faudra que tu te détaches de moi pour sauver quelqu'un d'encore plus précieux, quelqu'un qui affronterait le pire pour toi, quelqu'un qui combattrait avec toi même s'il devait mourir une seconde après t'avoir suivi sur le champ de bataille. »

Il essuya les larmes qui coulaient sur le visage de sa fille (c'est vraiment hallucinant la façon dont elle passe d'une émotion à une autre) et déposa un baiser sur son nez.

« Allez, maintenant, retrouve Madame Todoroki et ses enfants. Je compte sur toi pour les ramener à bon port, à notre table. »

« A-Aye ! », renifla Mitsune, en essuyant ses larmes.

« Mimi... », geignit Nagisa, triste que sa cousine pleure.

Il l'enlaça maladroitement, ce qui acheva de convaincre ses larmes de rester dans ses yeux.

« Je vais bien Itoko-kun, je vais bien. »

Sans vraiment savoir pourquoi, je m'approchai doucement et mis ma main droite sur son front, en activant légèrement l'alter de Maman. On était si proches que je pouvais presque compter les nuances de vert dans son regard. Mes joues chauffèrent sans que je ne sache vraiment pourquoi, et elle devient toute rouge également. Cependant, le froid émanant de ma main sembla l'aider à se calmer car son sourire reprit assez vite place sur son visage. En l'observant attentivement, je pouvais voir deux petites quenottes plus longues que les autres.

« Tu as des crocs ? », demandai-je en retirant ma main.

« Et des griffes aussi, pourquoi ? Ça te répugne ? », marmonna-t-elle sur un ton acide.

« Non pas du tout, je trouve que c'est cool, au contraire. Dans les dessins animés, les gens à moitié animal sont toujours plus cools que les gens normaux. »

Elle me regarda un instant, surprise, et elle baissa le regard en se grattant la joue. Quelque chose en moi la trouvait absolument adorable avec cette bouille gênée, mais je ne savais pas ce que cela voulait dire.

« Tu es bien le premier enfant qui me dit ça... mais... merci, Shoto. Merci ! »

Elle me fit un sourire si large qu'il se répercuta sur mes lèvres, moi qui n'ai jamais vraiment souri.

« Euh... d-de rien... », balbutiai-je, presque aveuglé par son sourire aussi éblouissant que le soleil.

« Bon, retrouvons ta famille ! Itoko-kun, tu me tiens bien la main et tu ne la lâches surtout pas, d'accord ? », demanda Mitsune avec sérieux. « C'est très important, tu peux remplir cette mission pour moi ? »

« Aye ! », s'excita Nagisa, tout content de se voir confier une, visiblement, aussi importante mission.

Elle lui sourit puis redressa la tête et sembla humer l'air. Euh...

« Qu'est-ce-que tu fais ? »

« J'essaie de repérer l'odeur de ta mère. Je débute encore, et il y a plein d'odeurs différentes, j'ai un peu de mal à la repérer, surtout que je ne la connais pas... »

Je voulus faire une remarque mais me retins à temps, trouvant la comparaison avec l'odorat des chiens particulièrement insultante.

« C'est vrai, mais ça fonctionne de la même manière. J'entends aussi à des kilomètres à la ronde, mais c'est la première chose que Papa m'a fait travailler pour que ça ne me dérange pas... », m'expliqua Mitsune, ayant sûrement encore confondu mes pensées avec mes paroles. « Ah pardon ! Il faut vraiment que je travaille ça, c'est vraiment trop gênant de m'immiscer dans la vie privée des gens, comme ça ! »

« Y'a pas de mal, t'en fais pas. Je me doute que la télépathie doit être un peu compliquée à contrôler au début. C'est comme pour tous les alters. Mais comment ça se fait que tu ais autant d'alters ? »

« En fait, c'est plus des sous-alters, car ils sont compris dans le pack « alter Kitsune ». », plaisanta à moitié la Kitsune. « En théorie, cet alter permet d'avoir les pouvoirs de la métamorphose, de la télépathie, de l'illusion, de l'espace-temps, du contrôle mental, de la prédiction de l'avenir et d'influer sur les rêves des gens en plus de capacités physiques hors du commun et de sens extrêmement développés. Je crois qu'on peut aussi voir les auras des gens ou un truc du genre, ce qui permet de déterminer s'ils sont gentils ou méchants ainsi que l'usage qu'ils font de leurs alters. Mais je suis très très loin d'en être là pour le moment. »

C'est... wow ! Un seul alter permettait vraiment de faire tout ça ?! Bien utilisé, cet alter pourrait aider tellement de gens, en servant la cause héroïque.

« Je déteste les héros, ils sont tous pourris jusqu'à la moelle. Mais c'est vrai que mon alter pourra aider beaucoup de gens, quand je l'aurai perfectionné. »

« Tu détestes même All Might ? »

« Lui, non. Je sais pas pourquoi, mais je le sens différent des autres. Comme toi. Je te sens différent des autres enfants. »

« Mimi... », fit Nagisa en tirant sur la main de sa cousine.

« Itoko-kun ? »

« Maman Shoto à retrouver. »

« Oui, tu as raison Itoko-kun. Au travail ! »

Elle huma de nouveau l'air, avant qu'elle ne vienne me renifler. Par réflexe, j'esquissai un mouvement de recul, ce qui la fit s'écarter aussitôt, honteuse, la tête basse.

« Désolée... je ne connais pas bien l'odeur de ta mère, alors j'ai besoin de mieux connaître la tienne pour la retrouver... »

« J'ai la même odeur qu'elle ? »

« En partie. Les personnes d'une même famille qui sont liées par le sang ont des fragrances en commun. L'odeur d'une personne, c'est un peu comme son ADN d'après Papa... pardon... »

Je me passai la main sur la nuque, honteux de ma propre réaction. Ses attributs de Kitsune étaient bas, signe qu'elle était vraiment désolée. Je ne savais pas quoi faire, mais je me sentais étrangement mal à l'aise de la voir aussi triste. Je ne voulais pas la voir triste, mais je ne savais pas pourquoi. Maladroitement, je vins l'enlacer du mieux possible pour la réconforter. Nagisa m'imita, alors qu'elle s'était tendue durant un instant. Je calai sa tête contre mon torse en caressant ses boucles folles.

« Ne t'excuse pas, tu n'as rien fait de mal. Si cela peut t'être utile, tu peux me renifler. »

« Je... tu es sûr ? »

« Certain. »

« O-OK... »

Elle se blottit un peu plus contre moi alors que je rougissais. Pourquoi je ne fais que rougir ? Et pourquoi je me sens aussi bizarre avec elle ? Je la connais depuis même pas une heure !

Après quelques minutes, elle se détacha en me remerciant, les joues rouges. Elle huma à nouveau l'air et son visage s'éclaira peu après.

« Je l'ai trouvé ! Venez ! »

Elle me prit la main de la sienne libre, l'autre étant toujours maintenue par Nagisa, et elle nous entraîna tous les deux à travers la foule, se laissant guider par son petit nez qui remuait par moment. En très peu de temps, on retrouva Maman, Fuyumi, Natsuo et Toya.

« Maman ! Le voilà ! », signala Fuyumi en me voyant.

Soulagée, Maman vint me prendre dans ses bras, m'obligeant à lâcher Mitsune.

« Tu m'as fait une de ces peurs, à partir comme ça ! Ça va pas de partir comme ça, sans rien dire ?! »

« Pardon Maman, je... »

« C'est ma faute, désolée. », intervint Mitsune, contre toute attente. « J'avais des questions à lui poser parce que son alter sent le chaud et le froid en même temps. J'apprends encore à identifier si les personnes sont gentilles ou méchantes juste avec l'odeur de leur alter. Pas vrai Shoto ? »

Ma famille me regarda, attendant que je confirme ou non.

« Euh... oui, c'est ça. », répondis-je mécaniquement, surpris qu'elle couvre ma « fuite ».

« J'peux savoir pourquoi elle causerait à des humains alors qu'elle nous a insulté tout à l'heure ? », fit Toya.

« Parce que si tu étais un peu plus respectueux, tu verrais qu'elle est gentille. », rétorquai-je en croisant les bras sur ma poitrine.

« J'en connais un qui est amoureux ! », me taquina Natsuo.

« Tu dis des bêtises ! Elle est vraiment gentille, elle nous a invité à manger à la table de sa famille ! », m'offusquai-je, les joues rouges.

« C'est vrai. », confirma-t-elle. « Et je voulais aussi m'excuser pour m'être attaquée à votre fils Madame Todoroki. »

« Ta réaction était légitime Mitsune, c'était très irrespectueux de sa part de tenir de tels propos. Tu as compris Toya ? Les hybrides sont nos égaux ! »

« Ouais M'man ! », répondit Toya, sans avoir vraiment écouté.

« Désolée... », s'excusa Maman. « C'est avec plaisir que nous acceptons ton invitation Mitsune. Ton père est d'accord ? »

« Euh... je serai incapable de le dire... », émis-je.

« Je lui ai promis de rester tranquille, donc oui, il est d'accord. Je connais mon Papa. Il aime juste pas que je fasse des vagues quand c'est Noël. C'est sa fête préférée, parce qu'elle unit les gens, peu importe leurs origines. J'espère pouvoir devenir aussi tolérante que lui un jour... encore désolée pour avoir été méchante tout à l'heure... »

« Ce n'est rien, mais ne recommence plus. Ce n'est pas en usant de la violence que tu feras comprendre aux autres qu'ils sont comme toi, même s'ils n'ont pas d'oreilles ou de queue. », lui dit gentiment Maman en lui ébouriffant les cheveux.

En réponse, la petite Kitsune eut un grand sourire, avant de décrocher son cousin, qui s'était collé contre elle.

« Je vous présente mon cousin, Nagisa. Itoko-kun, dis bonjour à la famille de Shoto. »

Le petit bleu fit un timide « salut » de la main avant de retourner contre sa cousine.

« Suivez-moi, on va retrouver Papa et les parents d'Itoko-kun ! »

« Et ta Maman ? », demanda Fuyumi.

« Maman passe les fêtes avec sa famille. »

« Et Tante Aiko ? », fit Nagisa, avec un air innocent.

Mitsune prit à part son cousin mais, comme j'étais à proximité, j'entendis quand même ce qu'elle lui dit.

« Ecoute-moi bien Itoko-kun : cette femme n'est ni ma mère, ni ta tante. Elle n'a rien fait, à part gâcher notre vie, à Papa et moi. Alors, on va afficher un sourire pour que Papa passe le meilleur Noël de sa vie, d'accord ? »

« D'accord Mimi. », répondit le bleu en hochant la tête d'un air grave.

Elle lui sourit puis ils revinrent vers nous. Comment ça, sa mère avait gâché la vie de son père et la sienne ? Elle semblait l'aimer, pourtant...

« Celle que j'appelle Maman n'est pas ma vraie mère. », me souffla simplement Mitsune, avant de reprendre plus fort. « Suivez-moi ! »

Elle reprit la main de son cousin et je pris sa main libre de mon propre gré, au grand étonnement de ma famille qui ne m'avait jamais vu aussi familier avec quelqu'un.

« On te suit. », dis-je avec un petit sourire.

Elle hocha la tête et nous conduisit à leur table, à l'intérieur d'une salle des fêtes. Son père nous y attendait déjà, avec un autre homme blond, aux yeux bleus comme ceux de Nagisa, et une femme aux cheveux bleus foncés et aux yeux noirs. Malgré la différence de couleur des yeux, elle ressemblait beaucoup à Nagisa.

« Mama ! », s'enthousiasma Nagisa.

Il se détacha de sa cousine et courut faire un câlin à sa mère, qui l'accueillit avec chaleur.

« Coucou ma chérie, tu t'es fait des amis ? J'espère que tu n'embêtes pas ta cousine. »

« « Ma chérie » ? », murmurai-je, perplexe.

« Elle le traite comme une fille, mais je n'ai jamais compris pourquoi... », répondit Mitsune sur le même ton. « Ne t'inquiète pas Tante Hiromi, il ne m'embêtera jamais, bien au contraire. »

« Bonjour Katsuko, comment vas-tu depuis la dernière fois ? Tu peins toujours ? », lui sourit la dénommée Hiromi.

Mitsune grimaça lorsque la mère de Nagisa l'appela Katsuko.

« Appelle-moi Mitsune Tantine, je ne veux rien avoir à faire avec... avec elle ! », quémanda Mitsune en disant « elle » sur un ton complètement dégoûté.

« Oh oui, Kazuto m'en avait parlé. », sembla se souvenir le deuxième blond. « Qui nous amènes-tu Mitsune ? »

« La famille Todoroki. Ils vont manger avec nous, cela ne vous dérange pas ? »

« Plus on est de fous, plus on rit ! Nous, les Shiota, nous sommes toujours open-bar pour ceux qui le veulent ! », plaisanta celui qui devait être le père de Nagisa, pendant que celui de Mitsune terminait d'installer le couvert pour ma famille.

« C'est bien vrai, Tonton Akihiko ! », affirma Mitsune. « Installez-vous ! »

« Mimi... à côté de moi ! », réclama Nagisa.

« J'arrive ! »

Mitsune lâcha ma main et je me sentis aussitôt étrangement vide, ce qui me perturba. Elle alla s'installer entre son père et Nagisa, et Maman vint me pousser gentiment vers une place libre, en face de la petite Kitsune aux yeux verts.

« Mimi ! Tran'forma'ion !! » s'excita Nagisa en tapant joyeusement dans ses mains.

Mitsune se gratta la joue, gênée.

« Désolée Itoko-kun, mais je ne maîtrise pas encore la métamorphose. Je n'arrive même pas à me transformer en renardeau plus de quelques secondes... quand je saurai tenir ma transformation, je te ferai une démonstration, promis. »

« Mais... tran'forma'ion ! », bouda Nagisa.

« Ma chérie, non. », décréta le deuxième Kitsune de la table, en s'adressant à sa fille qui était sur le point de céder. « La métamorphose n'est pas un talent dont il faut abuser. Tu n'es pas une bête de foire. »

« Mais c'est Itoko-kun ! »

« Peu importe ce que tu diras Oniichan, rien ne l'en dissuadera ! », rigola Akihiko. « Tu étais comme elle, à son âge, d'après Maman et Papa ! »

« Moque-toi... », soupira faussement le père de Mitsune. « Mits... »

Il ne put continuer car la petite Kitsune avait profité de la distraction offerte par son oncle pour se concentrer. Lentement, son visage commença à se recouvrir de fourrure blanche et ses yeux devinrent entièrement verts, y compris le blanc des yeux. La seconde d'après, elle s'était transformée en petit renard blanc. Nagisa rit joyeusement et, à peine quelques instants plus tard, sa cousine reprenait sa véritable apparence, épuisée.

« Pfff ! Qu'est-ce-que je ferai pas pour toi Itoko-kun... »

« C'était vraiment impressionnant ! », commenta Maman. « Mitsune est la seule à pouvoir se transformer ? »

« Non Maman, tous les Kitsunes le peuvent, en théorie. L'alter Kitsune vient avec plein de pouvoirs différents et variés. »

« Et dont il ne faut pas abuser. Les alters doivent toujours... », commença le père de Mitsune.

« ... toujours être utilisés avec parcimonie et uniquement pour venir en aide aux autres. », compléta la petite Kitsune, comme si elle récitait une leçon. « Tu me le dis déjà bien assez Papa. »

« Alors là, je ne peux pas donner tort à votre fille Maître... », fit remarquer Fuyumi, avec un sourire.

On alla à tour de rôle remplir nos assiettes au buffet dans un coin de la salle, puis Hiromi posa une question à Maman.

« Vous êtes la famille du super-héros Endeavor, c'est ça ? »

Le visage de Maman s'assombrit un peu, comme celui de mes frères et sœur (et le mien), mais elle répondit tout de même à l'affirmative.

« Et alors ? Endeavor fait peur, mais pas eux. », intervint Mitsune.

« Mitsune, il sauve notre société, au même titre que les autres héros. », fit Akihiko.

Son frère agita les mains pour lui signifier de se taire, mais il ne sembla pas comprendre le message.

« En plus, ta mère est une héroïne aussi, et l'une des meilleures. Nous n'avons pas à nous plaindre d'eux. »

« Cette femme n'est pas ma mère ! », s'énerva Mitsune. « Aucun des héros n'est un véritable héros ! Ils veulent tous être super riches et super connus, y'en a pas un qui fait ça de bon coeur ! Les héros comme les gens les définissent aujourd'hui, c'est dégoûtant ! Les vrais héros sont pas comme eux ! Les vrais héros, ce sont ceux qui aident les gens au péril de leur vie, sans rien attendre en retour ! »

« Et c'est reparti... », soupira son père. « Akihiko, ne reparle plus jamais d'Aiko ou des héros devant elle, ce n'est pas la première fois que je te le dis... »

« Désolé, j'avais oublié... »

« Hm... Mitsune ? Qu'est-ce-que tu voudrais faire, plus tard, quand tu seras grande ? », demandai-je de but en blanc.

Le visage rouge de colère de la petite blonde reprit graduellement ses couleurs, alors qu'elle se rasseyait, s'étant levée au cours de sa tirade. Elle semblait tout à coup nettement plus détendue.

« Oh... j'aimerais devenir une artiste qui unira les gens. Un jour, j'unirai tout le monde, au point qu'on n'aura même plus besoin des héros pour faire régner la paix, parce que l'unité la fera régner. J'ai encore beaucoup de chemin à faire pour en arriver là, mais j'ai la chance d'avoir la meilleure source d'inspiration au quotidien ! »

« Ah oui ? », fit Natsuo. « Qui ? »

« Mon Papa ! Il m'encourage toujours à devenir meilleure, à aider même ceux qui sont méchants, parce qu'on ne naît pas méchants d'après lui. La version grande de moi, je voudrais qu'elle lui ressemble ! »

C'est beau, de voir à quel point son père peut l'inspirer. Ses oreilles bougeaient de joie et de fierté. Elle était fière de l'avoir comme père. N'importe qui le serait, à sa place. Il a vraiment l'air d'être un amour. Tout le contraire du mien, en fait, même si elle semblait aussi avoir des problèmes avec un de ses parents.

« C'est qui, ta mère ? », voulut savoir Toya.

« Manami. On peut arrêter de parler de... de cette femme, s'il vous plaît ?! »

C'est la fille de la numéro trois ? Elle ne lui ressemble pas, pourtant. Le sourire de Manami, le peu de fois où j'avais vu des images d'elle, me semblait terriblement faux alors que celui de sa fille était magnifiquement sincère, capable de nous toucher en plein cœur. Non, décidément, je n'y crois pas. Elle ne peut pas être sa fille. C'est impossible. Elles ont les mêmes yeux mais... elles ne dégageaient pas du tout la même chaleur et la même gentillesse. Mitsune, même quand elle avait « agressé » Toya, j'avais senti en elle une gentillesse incroyable.

« Tu es bizarre, Shoto Todoroki. »

« H-Hein ? », fis-je, émergeant brusquement de mes pensées sous la remarque de la petite Shiota.

« J'ai dit que tu étais bizarre. »

« Et en quoi il serait plus bizarre que toi ?! », s'exclama Natsuo.

« Je ne disais pas ça méchamment. », se défendit-elle. « C'est la première personne qui me voit différemment de ma mère, à part ma famille et mon meilleur ami. Les autres enfants me voient comme la fille d'Aiko ou comme un animal. Pas lui. C'est pour ça qu'il est bizarre. Il est différent des autres, lui aussi. »

« Entre bizarres, on s'entend ! », plaisantai-je en lui tendant mon verre.

Elle me sourit et cogna son propre verre contre le mien, les faisant tinter, en riant.

« Tu as raison ! »

Le repas se déroula dans la joie et la bonne humeur, dans l'insouciance caractéristique des fêtes de fin d'année d'après les propres mots de Toya. Pourtant, j'aimais beaucoup cette insouciance et cette bonne humeur. Le dîner avec les Shiota avait été aussi animé que chez nous, mais pas du tout de la même manière. Chez nous, il était violent, terrifiant, angoissant. Avec eux, la bonne humeur et les rires primaient avant tout. Mitsune était une petite fille pleine d'énergie, toujours avec le sourire aux lèvres, un sourire si large qu'on voyait ses petites canines, au même titre que son père. Nagisa rigolait en tapant joyeusement dans ses mains, deux petites quenottes plus longues que la normale visibles par moment. Il sera probablement lui aussi un hybride.

Après le repas, les adultes discutèrent entre eux et on obtint l'autorisation d'aller s'amuser. Nagisa était endormi dans les bras de sa mère et mes frères et sœur décidèrent d'aller voir d'autres enfants, qu'ils avaient reconnu.

« Tu veux aller voir le sapin ? », me proposa Mitsune.

« Pourquoi pas. »

On enfila alors nos manteaux et on sortit dehors, malgré le froid. D'autres enfants avaient eu la même idée que nous, mais on n'y fit pas attention. On se mit au pied du sapin, le regard tourné vers le ciel car l'arbre était immensément haut.

« Il n'y a que pour Noël que j'aime l'hiver. »

« Tu n'aimes pas l'hiver ? », demandai-je.

« Non, il fait trop froid. J'ai mon pelage d'hiver quand même, mais je suis frileuse. Il va s'en doute falloir que je grandisse un peu plus pour qu'il me tienne vraiment chaud en hiver, cela ne fait que presque deux ans que j'ai mon alter. Papa dit que d'ici un an ou deux, je n'aurais plus besoin de vêtements d'hiver car mon pelage hivernal sera assez fourni pour me tenir chaud. Et toi ? Quelle est ta saison préférée ? »

« Je n'ai pas vraiment de saison préférée. »

« C'est vrai que chacune est belle à sa manière ! »

Je lui fis un petit sourire, et elle me le rendit.

« Tu veux devenir quoi, plus tard, Shoto ? »

Je décidai de ne pas répondre, pour ne pas l'énerver. Elle n'aimait pas les héros, je ne voulais pas gâcher cette soirée...

« Tu veux devenir un héros ? », s'étonna-t-elle. « Ah, il va vraiment falloir que j'apprenne à contrôler ma télépathie, désolée Shoto ! »

« Ce n'est rien. Je ne voulais pas te le dire pour ne pas t'énerver, mais j'avais oublié que tu ne contrôlais pas ta télépathie. »

« Pourquoi tu veux devenir un héros ? »

« En fait... je veux devenir le numéro un sans utiliser l'alter de mon père, pour lui prouver que je n'ai pas besoin de lui. Je n'aime pas vraiment mon père non plus, pour être honnête. »

Elle hocha la tête, compréhensive.

« Je comprends, mais ce n'est pas une bonne raison. L'essence même du héros, ce sont les autres. S'il ne vient pas en aide aux autres, il ne sert à rien. S'il ne pense qu'à lui, ce n'est qu'un méchant déguisé. Si tu veux devenir un héros, deviens un vrai héros, un héros pour les autres. All Might, c'est un vrai héros, et Papa me dit souvent que quand on veut très fort quelque chose et qu'on s'en donne les moyens, on peut tout accomplir. Alors, je sais que tu peux devenir un vrai héros. Tu es fort Shoto, et tu es aussi gentil qu'un nounours. Je ne veux pas que tu l'oublies. Ta force doit servir pour les autres. »

Je rougis légèrement sous son regard sérieux, avant qu'elle ne me fasse un câlin. Je le lui rendis maladroitement, avant que des enfants ne lui jettent des boules de neige. Elle tressaillit aussitôt à cause de la neige gelée et sauta presque au plafond en criant. Les enfants se mirent à l'insulter de tous les noms, juste parce qu'elle était à moitié animal.

Sans vraiment réfléchir, je serrai un peu plus la petite blonde contre moi et élevai un petit mur de feu autour de nous, alors que je m'étais juré de ne jamais utiliser mon feu pour autre chose que faire fondre ma glace. Les flammes n'étaient pas très chaudes, mais assez pour que la neige se transforme en fumée bien avant d'atteindre la Kitsune. Je fis un regard sombre et menaçant à ces idiots et ils s'enfuirent en courant.

« Des tapettes... », murmurai-je.

J'activai une nouvelle fois mon côté gauche pour réchauffer la petite Shiota, puis j'éteignis le mur de feu.

« Tu n'étais pas obligé... »

« Laisse-moi être ton héros, d'accord ? », lui répondis-je avec un petit sourire.

« Mais on se connaît à peine... pourquoi tu veux me protéger ? »

« Il faut bien commencer à protéger des gens, pour devenir un héros. Et je veux commencer par toi, parce que j'aime ton sourire. Tu veux bien ? »

Elle me regarda longuement, comme si elle voulait être certaine que j'étais sérieux. Je n'avais pas été assez clair ?

« Tu me le promets ? », m'interrogea-t-elle finalement.

« J'ai compris la valeur d'une promesse pour ta famille Mitsune, alors je te promets que je serai toujours ton héros, je te protégerai toujours, du mieux que je peux. »

Elle me fit un sourire si doux que je crus fondre sur place. Pourquoi est-ce-que je me sens si bien avec elle ? Pourquoi je veux la protéger, elle plus que ma propre mère ? Pourquoi je ne peux m'empêcher de sourire quand je la vois, alors que je ne la connais que depuis quelques heures ? Pourquoi ?

« Je compte sur toi, Shoto... », me souffla-t-elle.

Je hochai la tête et, pris d'une impulsion soudaine, me penchai pour venir l'embrasser. Cependant, elle sembla avoir la même idée que moi car nos lèvres se rencontrèrent brièvement, bien trop vite pour que je comprenne ce qu'il se passe. Je me sentis alors très bizarre, mais tellement bien en même temps. Mes joues étaient rouges, les siennes aussi, mais on se souriait.

Dans un silence apaisant, on s'assit sur un banc près du grand sapin, et elle se blottit contre moi pour fuir le froid. Je la serrai dans mes bras comme je pus, comme si je ne voulais pas qu'elle parte. Peut-être était-ce un peu le cas...

« Tu fais quelque chose, demain ? », me demanda-t-elle.

« Non, et toi ? »

« Je pars de Tokyo en fin de journée, mais sinon non. Si tu veux, on peut se rejoindre demain ici. Enfin, je ne veux pas te forcer à me tenir compagnie mais... »

« D'accord. », la coupai-je gentiment. « Et tu ne me forces pas. Je sais qu'on se connaît que depuis quelques heures, mais je t'aime vraiment bien. »

« Moi aussi. Et pourtant, je déteste les non-hybrides, en dehors de Maman, Tante Hiromi et Tonton Akihiko. »

« Ton meilleur ami est un hybride ? »

« Oui, un loup-garou. Et je sais qu'Itoko-kun sera un hybride aussi. Il a déjà des canines plus longues que la normale. On ne devrait pas tarder à découvrir quel hybride il est. »

« J'avais remarqué par rapport à ses dents. Donc, on se donne rendez-vous à quelle heure ? »

« Dix heures ? On ouvrira ensemble les cadeaux que le Père Noël nous a apporté, d'accord ? »

« Ça me va. Je les apporterai. Tu n'habites pas ici ? »

« Non, j'habite à Mondstadt, pour le moment. C'est à deux heures d'ici, je crois. Papa utilise son alter pour être à l'heure à l'école, mais je ne sais pas encore comment il l'utilise... ou alors, c'est Miko qui le téléporte, elle peut le faire grâce à son alter Electro... »

« Oh... », murmurai-je, déçu sans savoir pourquoi.

« Ne sois pas déçue, la probabilité que je ne m'installe pas à Tokyo dans les prochaines années est nulle, avec la femme qui me sert de mère... », tenta de me rassurer Mitsune.

Je ne réagis pas, alors elle se leva et s'approcha du sapin. Elle attrapa deux énormes poinsettias rouges avant de revenir. Je vis alors que les fleurs étaient factices et qu'elle avait aussi récupéré une sorte de marqueur.

« Que... »

« On va passer un contrat, un pacte si tu préfères. »

Elle se rassit sur le banc et écrivit d'une élégante écriture des mots.

« Tu sais écrire ? »

« Un peu, Papa m'a appris pour que je puisse signer mes œuvres et écrire moi-même leurs titres. »

Après quelques minutes, elle me tendit une des fleurs. Elle me lut ce qu'elle avait écrit avec le marqueur doré : « Promesse de se retrouver, 25 décembre, dans 10 ans, à 10 heures, sous le sapin. ». Elle avait ensuite signé. Elle me montra aussi l'autre fleur, où elle avait sans doute écrit presque la même chose, mais sans la signature.

« Signe. », me demanda-t-elle.

Sachant écrire mon prénom, je hochai la tête et m'efforçai de l'écrire correctement. Elle récupéra par la suite la fleur que je venais de signer.

« Et voilà ! Promesse faite, promesse due ! Quoi qu'il arrive, on se retrouvera ici, dans dix ans, à cette date et à cette heure indiquées sur la poinsettia. Et là, on ne se quittera plus jamais, d'accord ? Tu seras mon héros tout le temps ! », sourit joyeusement la petite blonde.

Je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour.

« Promesse faite, promesse due. », répétai-je avec un regard tendre à ma première amie.

« Héhé ! »

Elle revint se blottir contre moi, serrant délicatement sa poinsettia contre sa poitrine. Je l'enlaçai d'un bras, la main de l'autre tenant ma propre fleur en tissu.

« Mitsune, tu veux bien chanter encore une fois Carol of the Bells ? », fis-je au bout d'un moment.

Elle ne répondit pas, mais s'exécuta quand même. Elle chanta beaucoup moins fort que plus tôt dans la soirée, elle chanta très bas, comme si sa voix n'était destinée qu'à moi, ce qui rendait son chant encore plus magnifique. Je me blottis à mon tour contre elle, bercé par sa voix féerique, alors qu'on observait ensemble le sapin.

Nous étions restés très longtemps comme ça, jusqu'à ce qu'il soit l'heure pour nous de partir. On eut beaucoup de mal à se quitter, mais la perspective de se revoir le lendemain facilita tout de même les choses.

Le lendemain, je me suis donc levé à huit heures pour me préparer. Une fois habillé et coiffé par Maman, qui était contente que je me sois fait une amie, elle m'aida à ranger dans un chariot en plastique tous mes cadeaux, car ils étaient à la fois nombreux et énormes pour certains.

A neuf heures cinquante, je suis arrivé sur le lieu de rendez-vous. J'ai attendu longtemps, très longtemps, mais elle n'est jamais venue. J'étais déçu qu'elle ne soit pas venue, alors que c'était elle qui m'avait donné rendez-vous.

Au moment où j'allais enfin partir après de très longues heures d'attente (j'étais gelé et j'avais vraiment faim), un petit garçon s'approcha de moi, accompagné de sa mère. Il avait mon âge mais était tout frêle. Il avait des cheveux vert foncé en bataille et des yeux émeraudes, avec des tâches de rousseur sur les joues. Sa mère lui ressemblait beaucoup.

« Bonjour. Cela fait un moment que tu es dehors, tu n'as personne avec qui fêter Noël ? »

Le petit garçon regarda mon chariot plein de cadeaux et son visage s'illumina.

« Oh, c'est toi alors ! Une petite fille m'a donné un papier très tôt ce matin. Comme j'habite juste en face, elle m'a demandé de le donner à un petit garçon avec les cheveux rouges et blancs. Ce doit être toi, tiens. »

Il farfouilla dans ses poches et me tendit une feuille de papier pliée en quatre. Je le remerciai d'une voix monotone et dépliai la feuille. Je demandai à la femme de me lire le contenu, et elle s'exécuta gentiment, se mettant à côté de moi et lisant assez bas pour que son fils n'entende pas. Je reconnus l'écriture de Mitsune, très vite remplacée par une écriture beaucoup plus fine, celle de son père probablement. Elle me disait que ses parents (Aiko, en fait) avaient écourté leur passage à Tokyo parce qu'elle était censée voir sa Maman une petite heure ou deux dans l'après-midi. Elle ne savait pas comment Aiko l'avait appris, mais elle le savait et avait par conséquent décidé de retourner à Mondstadt bien plus tôt que prévu. Elle était donc désolée de ne pas pouvoir venir au rendez-vous qu'elle m'avait donné, mais qu'elle tiendrait la promesse qu'on s'était faite, que je vienne ou pas dans dix ans. En PS, elle avait marqué que son père l'avait aidé à écrire la lettre, parce qu'elle ne savait pas beaucoup écrire. Elle me disait aussi que je serai toujours son héros et me souhaitait un joyeux Noël, et aussi à ma famille (sauf mon père).

Je souris légèrement et me relevai, époussetant mes vêtements. Je m'inclinai ensuite devant le petit garçon aux cheveux verts et sa mère.

« Merci pour m'avoir livré ce mot. Joyeux Noël. »

« Avec plaisir ! », répondit le vert avec un large sourire. « Et joyeux Noël à toi aussi ! »

J'inclinai la tête pour saluer et attrapai la poignée de mon chariot pour rentrer chez moi ouvrir mes cadeaux au chaud et manger.

Dans dix ans... je serai là, Mitsune. Je ne manquerai ce rendez-vous pour rien au monde.

Dans dix ans, si on ne s'est pas encore retrouvés d'ici-là, nous serons réunis et je pourrai enfin être un véritable héros au quotidien, pour toi. Parce que ton sourire est plus précieux que n'importe quoi au monde, pour moi...

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