Chapitre 67 : L'amour tel un orage

Japon, Tokyo, Koishikawa Kōraku-en, 29 août 2500, 10h

« Wow ! Il y a tellement de monde ! », s'extasia Elerinna.

« Oui ! », s'enthousiasma Izuku, en laissant son regard émeraude parcourir les allées du parc noires de monde. « Lupi-chan m'a raconté que le festival d'été avait pour la Liones Academy la même importance que le championnat sportif pour nous ! Cela promet d'être grandiose ! Je suis trop content qu'Aizawa ait accepté que notre classe profite des festivités ! »

« Le festival n'a même pas encore officiellement commencé, et l'ambiance est déjà incroyable ! », sourit Ochaco. « Mais j'espère qu'Elizabeth et les autres s'en sortiront au Boar Hat. »

« Ne t'en fais pas pour ça. Mitsu m'a dit que des élèves de Camp Rock allaient leur donner un coup de main, comme Diluc. Lui-même gère une taverne. Bon, ce n'est pas exactement un élève, mais il l'a été il y a deux ans, à la Favonius Academy. Du coup, il a accepté de donner un coup de main et de monter sur scène pour le festival. », expliqua Shoto.

« En parlant d'elle, tu sais où elle est ? », demanda Tsuyu en s'approchant.

« Un certain nombre d'élèves des quatre écoles vont monter sur scène pour interpréter l'hymne de Camp Rock. Mitsune et Fenrir sont les chanteurs principaux. », lui expliqua Momo.

« Sa collaboration avec Jay ouvrira le concert de cet après-midi. », confirma Shoto.

« Oh ! Regardez ! C'est Oneechan ! Deku, porte-moi ! », réclama Elerinna.

En riant, le jeune Midoriya s'exécuta et hissa la plus jeune des Shiota sur ses épaules. La seconde A s'approcha ensuite de la scène qui avait été construite pour l'ouverture du festival. Bartra Liones était sur scène, un micro à la main. Mitsune, Fenrir, ainsi que les autres chanteurs, étaient derrière lui.

« Bonjour à tous ! », commença Bartra. « Merci d'être venus aussi nombreux pour le centième festival d'été de Camp Rock, un camp d'été créé par la Liones Academy, la Favonius Academy, la Liyue Academy et la Inazuma Academy. Ce camp était initialement fait pour des artistes en herbe, puis est devenu un camp héroïque avant de s'ouvrir aussi à nos autres élèves qui voulaient s'essayer à divers arts et différentes activités qu'on retrouve dans le cursus héroïque en général. »

Pendant que Bartra faisait son discours, Shoto sourit légèrement en voyant les oreilles et la queue visibles de Mitsune. Elle avait apparemment décidé de ne pas cacher ses attributs de Kitsune, et il en était vraiment heureux. Celle-ci, qui écoutait les paroles du père d'Elizabeth d'une oreille, tourna la tête vers lui et lui fit un éblouissant sourire, visiblement très contente qu'il soit là, avant de se reconcentrer sur Bartra.

« Tu es sûr que tu n'es pas amoureux de Mitsune ? », se moqua Mina, alors que les joues du bicolore étaient devenues rouge pivoine sous le sourire de la blonde.

« Tais-toi Mina. », répondit-il simplement.

Après avoir expliqué l'importance que représentait l'unité pour Camp Rock, et particulièrement pour la Liones Academy, Bartra souhaita aux visiteurs de bien s'amuser, puis laissa le groupe derrière lui ouvrir les festivités. Il y eut alors beaucoup d'applaudissements, pendant que les chanteurs se déplaçaient pour rejoindre leur place. Nagisa, qui jouait les DJ pour la journée et qui était venu avec Karma, s'installa derrière ses platines et adressa un pouce levé à sa cousine, indiquant qu'il était prêt. Elle inclina la tête vers lui et il fit retentir les premières notes.

https://youtu.be/MsLTfqzEp20

Si Shoto devait être parfaitement honnête, il n'avait pas vraiment prêté attention à quoi que ce soit de cette chanson. Son regard hétérochrome n'avait fait que suivre la silhouette élancée et gracieuse de sa liée, détaillant ses cheveux bicolores, ses yeux d'un bleu surnaturel, son sourire éclatant qui dévoilait ses crocs de Kitsune, sa queue qui suivait les mouvements de son corps et ajoutait de la légèreté au moindre de ses gestes. Actuellement, elle ne portait rien de plus que sa tenue habituelle et, pourtant, il la trouvait aussi resplendissante que lorsqu'il l'avait vu sur scène au championnat, si ce n'était plus.

Après l'épisode de la chorégraphie, Shoto n'avait pas pu se voiler la face bien longtemps, encore moins face à Rei. Avec douceur, elle l'avait aidé à se rendre compte de ce qu'il ressentait, et depuis quand. Il s'était alors rendu compte de quelque chose qui avait, de manière inconsciente, influencé ses choix dès le début : le premier Baiser de la Mort, le lien, l'aider à tout prix, défier les dieux pour elle, etc.

Il aimait Mitsune. Passionnément. Un peu trop pour que ce soit raisonnable. Beaucoup trop pour que ce soit raisonnable. Son éblouissant sourire l'avait frappé en plein cœur le jour du championnat, mais il ne s'en était pas rendu compte. Il avait eu un coup de foudre qui ressemblait davantage à un orage : on ne l'entend pas vraiment, mais il gronde de plus en plus fort jusqu'à ce qu'il soit impossible de nier son existence. Ses sentiments étaient là depuis ce jour où sa propre vie avait changé, et ils n'avaient cessé de croître au fur et à mesure qu'il apprenait à connaître Mitsune et qu'il la côtoyait. Forte mais fragile à la fois, courageuse, maligne, dévouée, avec une détermination qui frôlait l'obstination, une volonté d'unir les autres envers et contre tout et capable de mettre le monde à ses pieds avec son sourire, il avait appris à aimer, à adorer, chaque petit fragment de sa personnalité. La vie avec elle n'était jamais de tout repos, mais ça lui plaisait. Elle le faisait se sentir vivant, important pour la personne qu'il était vraiment et ce qu'il avait à offrir aux autres, et pas pour son alter ou son ascendance.

Il l'aimait tellement qu'il perdait toujours le contrôle de lui-même avec elle, aussi bien le contrôle sur son esprit que sur son corps. Il connaissait Mitsune depuis toujours, en quelque sorte, mais ils ne s'étaient jamais vraiment parlé. Il avait toujours trouvé qu'elle dégageait quelque chose d'authentique que sa mère n'avait pas, mais il ne l'avait jamais vraiment regardé en tant que femme. Enfin, avant qu'Izuku ne lui conseille de se poser des questions sur ses sentiments. Il avait alors commencé à se rendre compte qu'il la regardait comme la femme qu'elle était depuis longtemps. Il la désirait depuis un bon moment déjà, ce qui expliquait enfin les petits problèmes de son corps à son réveil. Il la désirait et, bien qu'il ne savait pas si c'était juste parce qu'il était amoureux d'elle et si ce serait pareil pour tous les autres garçons, il n'avait pas pu ne pas réagir en la sentant danser en ondulant contre lui. Qu'est-ce-qu'il avait été soulagé qu'elle accepte qu'il fuit encore une fois...

« Je vais vraiment devoir travailler sur ça. Au bout d'un moment, elle risque de vraiment mal le prendre. », songea Shoto, en se mordant inconsciemment la lèvre, le regard assombri.

Izuku lui donna un léger coup de coude qui l'obligea à regarder le vert, sortant de sa contemplation presque obsessive de la Kitsune.

« Sois un peu plus discret. », conseilla Izuku dans un souffle, les chanteurs descendant de scène. « Tu ne voudrais pas qu'on te charrie. »

Shoto rougit légèrement, alors que le vert lui faisait un sourire indulgent.

« J'avais raison ? »

« Oui... », avoua Shoto. « J'ai quand même réussi à m'éprendre de la seule fille qui n'en a rien à faire de l'amour... »

« Avant, oui. Peut-être que ça a changé depuis. », réfléchit Izuku. « Les gens évoluent, et Mitsune évolue par palier. Soit elle évolue beaucoup d'un coup, soit elle évolue pas du tout pendant des plombs j'ai l'impression. Laisse le temps faire son œuvre, elle est bien moins ouverte à l'amour que je ne l'étais avant d'être avec Lupi-chan, donc c'est plus long. »

« Sans compter que ton « Lupi-chan » n'a jamais caché ses sentiments pour toi ! », retentit la voix moqueuse de Mitsune.

Les deux amis sursautèrent tandis que Shoto rougissait, inquiet qu'elle ait pu entendre leur conversation. La plus âgée des Shiota les rejoignit avec un grand sourire aux lèvres et Elerinna, juchée sur les épaules d'Izuku, tendit les bras à son aînée.

« Viens là ma chérie ! », dit tendrement Mitsune, la récupérant des épaules de son ami pour la porter dans ses bras. « De quoi vous parliez ? Quelqu'un que vous connaissez est amoureux d'une personne qui n'est pas ouverte à l'amour ? »

Shoto se détendit, comprenant qu'elle n'avait entendu leur conversation qu'après le conseil que lui avait donné Izuku. Les deux amis sourirent donc à Mitsune, et Izuku pria Elerinna du regard pour qu'elle se taise. En réponse, elle hocha très légèrement la tête.

« En quelque sorte. », dit simplement Shoto. « Tu vas profiter du festival ? »

« Oui, jusqu'à midi. Ensuite, je vais manger avec les autres artistes avant de passer par la case costume et mise en beauté. J'ai un peu peur de voir ce que je vais porter sur scène... », soupira Mitsune.

« Pourquoi Oneechan ? »

« C'est la styliste de Jay qui nous a choisi nos tenues, donc je vais sûrement ressembler aux pimbêches dans les films. »

« Ah bon ? », s'étonna Izuku.

« Oui. Je doute de pouvoir garder ma crinière folle et mon visage dépourvu de maquillage. Ni m'en sortir sans les inventions du diable, maintenant que j'y pense. »

Izuku et Elerinna la regardèrent, interloqués, pendant que Shoto riait légèrement, étant le seul à avoir compris de quoi elle parlait.

« Evite juste de devenir détestable à cause de ça ! », pouffa Shoto.

« Aucun risque ! Je vous apprécie bien trop pour ça ! En plus, j'ai l'habitude de danser avec des escarpins. J'ai appris beaucoup de styles de danse ici, dont la danse de salon. Et la danse de salon ne se danse pas sans chaussures à talons... bref, ce ne sera pas la première fois, surtout que les escarpins qu'on utilise pour la danse sont beaucoup plus confortables que la paire que je mettais au début de l'année. »

« Alors, pourquoi tu les détestes tant ? », voulut savoir Izuku.

« Je préfère mes inimitables baskets ! », plaisanta Mitsune. « Plus sérieusement, je trouve juste que ça ne va pas avec ma personnalité. Je fais tout de même un effort quand il s'agit de monter sur scène ou des soirées organisées à Liones. En parlant de ça, il faut que j'aille voir Oneechan pour savoir si elle m'a trouvé une tenue pour ce soir. Je n'ai pas eu le temps de m'en trouver une. »

« D'ailleurs, c'est un bal ? », interrogea Izuku.

« Non, pas du tout ! », affirma la Kitsune. « C'est une fête, peut-être un peu plus guindée que d'ordinaire cette année. Des tenues de soirée feront très bien l'affaire. »

« Je ne crois pas que j'en ai... il faudra que je regarde. Et toi Shoto ? »

« J'en ai une. C'est toujours utile. Je l'ai pendu à mon paravent avant de partir tout à l'heure. »

« Au pire Izuku, si tu n'en as pas, viens un peu plus tôt à Liones. », proposa Mitsune. « Je changerai ta tenue actuelle en tenue de soirée. »

« Aye ! Merci beaucoup ! »

« Mitsune ! », l'interpella Momo en s'approchant avec Kyoka.

« Salut vous deux ! »

« Vous étiez géniaux, comme toujours. », la complimenta Kyoka.

« Merci ! J'avais peur que ce ne soit pas bien puisque Fenrir et moi n'avions pas répété depuis le camp d'été. On aurait pu ne pas être synchros avec les autres, mais tout s'est bien passé. C'est cool que tout le monde soit venu ! »

« Oneechan ! », la pressa Elerinna. « On a que deux heures ensemble ! Qu'est-ce-qu'il y a à faire ? »

Mitsune rigola et fit un bisou esquimau à sa sœur, qui le lui rendit avec un adorable sourire.

« Eh bien... il y a la taverne d'ouverte, si vous voulez petit-déjeuner, ou manger tout court. Il y a aussi des ateliers d'art, principalement. La sœur de King anime un atelier qui nous apprend comment faire pousser des végétaux sans effort, ainsi que comment les agencer ou les sculpter pour en faire des œuvres d'art. Ensuite... le frère de Jericho nous apprend comment sculpter dans la glace facilement, et il m'a dit qu'il comptait apprendre à ceux qui avaient un alter de glace à faire de la glace constructive. Mais il y a surtout une arène de combat que Merlin gère, elle est située à proximité du Boar Hat. »

« C'est dangereux ! », s'inquiéta Momo.

« Pas du tout, c'est même excellent pour les affaires ! Les gens qui observent un quelconque match sont très enclins à dépenser pour manger et boire. En plus, rien ne peut ni entrer ni sortir du Cube Parfait de Merlin, à moins qu'elle ne le veuille. »

« Tu oublies les différents stands de tir sur cible, de cuisine, le concours du plus gros mangeur à midi, les stands de combat armé, ceux de battles verbales... »

« Lupi-chan !! »

Un immense sourire éclaira le visage d'Izuku, qui se jeta dans les bras de son copain avant même qu'il ne puisse rejoindre le groupe. L'homme-loup rigola mais accepta malgré tout l'étreinte. Il embrassa le jeune Midoriya, avant de le conduire vers les autres.

« Il était temps ! Je te jure, les loups mettent un temps fou à s'habiller ! », se moqua Mitsune, un sourire malicieux en coin.

« Excuse-nous, Lady Kitsune ! Nous ne pouvons pas tous changer d'apparence en se métamorphosant ! Et, contrairement à une certaine blondinette, j'ai choisi de porter mon costume de scène. », rétorqua Fenrir sur le même ton.

« Héhé ! J'y peux rien si je suis parfaite au naturel ! »

Son ton rieur indiquait qu'elle ne se prenait absolument pas au sérieux, mais Shoto rougit légèrement, car, lui, il pensait exactement ce qu'elle venait de dire.

« C'est pas double-face qui te dira le contraire, tch ! », marmonna Katsuki en passant près d'eux.

Piqué au vif, le concerné se força à ne pas réagir, pour ne pas que Mitsune se doute de quelque chose. Avoir conscience de ses sentiments était encore quelque chose de très récent, non seulement il ne voulait pas l'embêter avec ça mais il voulait surtout attendre de s'habituer un peu et qu'elle l'apprenne parce qu'il lui avait dit, pas autrement. Cependant, Mitsune ne prit pas sa remarque au sérieux.

« Et ce n'est pas moi qui te dirais de sourire, pétard mouillé ! », rétorqua l'aînée des Shiota sur un ton moqueur.

Le jeune Bakugo s'énerva aussitôt, alors que la blonde avait un sourire suffisant sur les lèvres. Cependant, Fenrir coupa court à cette dispute dans laquelle sa liée semblait prendre beaucoup de plaisir.

« Mani, par quoi tu veux commencer ? »

« Oh ! Le stand de la sœur de King !! », s'écria aussitôt Elerinna.

« Tu vas surtout la ridiculiser ! », rit sa sœur.

« C'est le but ! »

« J'aimerais bien savoir d'où vous vient ce sadisme... », soupira Fenrir. « Vous n'étiez pas comme ça avant, ta soeur et toi. »

« J'ai toujours été comme ça. », répondit Elerinna. « Les gens de Mondstadt n'y connaissent rien en plantes, mais certains font semblant qu'ils savent quand même. C'est mon devoir de montrer ce qu'est vraiment un connaisseur ! Tout comme c'est le devoir d'Oneechan d'apprendre aux gens à respecter les autres. »

« Bien dit ! », s'écria Mitsune.

« Itoko-chan ! Vous bloquez le passage ! », se plaignit la voix de Nagisa. « Je sais que je suis mince, mais même moi je ne peux pas passer. »

D'un même mouvement, les lycéens s'écartèrent. La seconde A décida de s'éparpiller par petits groupes pour profiter du festival, grâce au dépliant qui était distribué au pied de la scène. Il ne resta alors plus que la bande d'Izuku, les Shiota et Fenrir.

« Nagi-chan ! Je nous ai trouvé de la barbe à papa. », sourit Karma en arrivant avec deux gros nuages roses.

« Trop cool ! »

Le petit bleu en prit une et embrassa son copain, avant de l'inviter à se joindre au groupe.

« On est assortis, maintenant ! », sourit Nagisa à sa cousine, en parlant de son récent changement d'apparence.

« Oui ! Salut Karma ! »

Le rouge la salua avec un sourire, puisqu'elle ne montrait aucun signe d'agressivité. Nagisa trépigna de joie en les voyant échanger amicalement des banalités. Le bleu fit connaissance avec sa plus jeune cousine, qui s'impatientait.

« Oneechan ! On peut aller voir la sœur de King ? »

« Pour que tu la ridiculises devant tout le monde ? Hors de question. Ban va me massacrer après. »

« Et si je l'aide juste à animer l'atelier ? », insista Elerinna.

Mitsune la jaugea du regard, alors que sa cadette lui faisait une bouille absolument adorable pour la faire céder. Mais ayant été une fervente utilisatrice de cette méthode avant le coma de leur père, l'aînée ne se laissa pas attendrir.

« Promis ? », dit la petite blonde, comprenant qu'elle ne pourrait pas attendrir sa sœur.

« Tu sais ce que vaut une promesse faite à une Kitsune... », soupira l'Archon Hydro.

« OUI ! », s'écria joyeusement Elerinna. « C'est par où ? »

« Je vais t'y emmener. », sourit Fenrir, après avoir consulté Izuku du regard.

« Oui ! Cela a l'air très intéressant ! Ochaco, Tenya ? »

« On va faire le tour de notre côté ! », répondit Ochaco. « On se retrouve pour manger ? »

Ils hochèrent la tête et le couple partit avec Elerinna, après que Mitsune l'ait déposé au sol. Ochaco et Tenya saluèrent le groupe et partirent à leur tour. Les quatre adolescents restants décidèrent donc de rester ensemble pour le moment.

« Oh !! », s'extasia Nagisa au bout d'un moment. « Itoko-chan ! Regarde ! »

Le jeune Shiota pointa le stand tenu par Hauser. Il s'agissait en fait d'une vaste aire de jeux avec plusieurs tapis de Twister installés ici et là.

« Qu'est-ce-que c'est ? », demanda Shoto.

« Tu n'as jamais joué à Twister ? », s'étonna Karma.

« Non, et toi ? »

« Oui et non. Ma classe est allée à Okinawa avant de vous rejoindre à Mondstadt. La veille du départ pour Mondstadt, le poulpe nous a préparé une « épreuve de courage » qu'on devait relever par groupe de deux mais qui avait en réalité pour but de nous mettre en couple en nous faisant partager des émotions comme la peur. C'était dans une grotte et, à un moment, il y avait un Twister au sol. Nagi-chan et moi étions jumelés ensemble, et il a voulu y jouer. On n'a pas tenu très longtemps, je n'avais encore jamais joué avant ce jour-là. Par contre, lui, c'est un pro. Ou alors, ça vient juste du fait qu'il est à moitié serpent. », expliqua Karma.

« Oh Itoko-chan ! On peut faire une partie ? S'il te plaît ! », réclama Nagisa.

« Mais regarde-toi, on dirait un enfant. Tu es censé avoir quatorze ans Itoko-kun. »

« Tu veux vraiment que je te rappelle comment tu te comportes quand tu es épuisée ? », dit innocemment le petit bleu.

« Tsss ! Ton côté serpent semble beaucoup plus éveillé qu'avant. », soupira Mitsune. « Tu n'es pas aussi vicieux avec moi d'habitude. Karma te malmène au lit pour réveiller ton côté serpent ou ça se passe comment ? »

« ITOKO-CHAN !!! »

« Haha ! Je t'aime déjà Mitsune ! », rigola Karma, alors que Nagisa devenait plus rouge que les cheveux de son copain.

« Tu n'en as pas marre de charrier tout le monde Mitsu ? », tempéra Shoto. « Laisse-les un peu tranquilles. »

« Oui oui ! Bon, on se le fait, ce Twister ? »

Toujours rouge, Nagisa hocha néanmoins vigoureusement la tête. Il prit la main de sa cousine et l'entraîna à sa suite, forçant le démon et le bicolore à les suivre. Hauser leur indiqua un tapis de libre et les deux cousins s'y installèrent, les deux autres un peu à l'écart pour leur laisser de la place.

Après quelques minutes de jeu, Shoto réalisa à quel point ce jeu, apparemment simple quand on voit le matériel utilisé, était complexe. Il se jouait sur un grand tapis en plastique qui était étalé sur le sol. Le tapis avai six rangées de grands cercles colorés avec une couleur différente dans chaque rangée : rouge, jaune, vert et bleu ; et une toupie était attachée à une planche carrée et utilisée pour déterminer où le joueur doit mettre sa main ou son pied. La toupie était divisée en quatre sections étiquetées : pied gauche, pied droit, main gauche et main droite. Chacune de ces quatre sections était divisée en quatre couleurs, à savoir rouge, jaune, vert et bleu. Après avoir tourné, la combinaison était appelée, « main gauche rouge » par exemple, et les joueurs devaient déplacer leur main ou leur pied correspondant vers un cercle de la bonne couleur. Deux personnes ne pouvaient pas avoir la main ou le pied sur le même cercle. De ce fait, en raison de la rareté des cercles colorés, les joueurs étaient souvent amenés à se mettre dans des positions improbables ou précaires. Dès qu'un joueur tombait au sol ou que son genou ou son coude touchait le tapis, il était éliminé.

Et c'était précisément ce qui rendait ce jeu complexe. Il fallait être doté d'une grande souplesse et d'une grande agilité pour tenir sur le tapis, et les deux cousins s'en tiraient avec brio, démontrant ainsi leurs compétences de gymnastique pour la première et d'assassin pour le second.

« T'aurais même pas tenu dix secondes, j'en suis sûr. », dit Karma en voyant son copain et sa cousine positionnés dans des angles inhumains.

« J'admets manquer de souplesse, mais je compte devenir un héros, pas un danseur ou un gymnaste. Et toi ? »

« Je suis agile et relativement souple, mais Nagi-chan est d'un tout autre niveau. Comme il est à moitié serpent, il est naturellement plus flexible que les humains. Quant à Mitsune, vu tout ce qu'il me raconte sur elle, je ne serai même pas surpris d'apprendre qu'elle peut respirer dans l'espace comme elle respire sur Terre, ou qu'elle peut survivre dans le cœur même de la Terre sans se faire griller les oreilles. »

« Je pense que, s'ils sont aussi forts, c'est surtout parce qu'ils y ont beaucoup joué ensemble. », songea Shoto en regardant les deux cousins rire aux éclats et lutter pour ne pas tomber à cause de cela. « Je sais qu'ils ont du mal à se voir régulièrement, c'est tout de même beau qu'ils aient une telle complicité malgré cela. »

« Ouais, on pourrait presque dire qu'ils sont frère et sœur, et c'est sans doute le cas quelque part. Ils ont qu'un an d'écart, ils ont quasiment grandi ensemble. Nagi-chan m'a raconté à quel point Mitsune l'avait aidé après la mort de sa meilleure amie. Elle répondait à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, elle l'appelait dès qu'elle avait un moment de libre. Elle l'a soutenu et l'a empêché de se suicider de très nombreuses fois. Aucun des deux ne peut compter sur ses parents, surtout depuis deux ans, mais ils peuvent compter l'un sur l'autre... »

« ... exactement comme le feraient des frère et sœur... », murmura Shoto.

« Ouais, enfin c'est comme ça que je vois les choses. Je suis fils unique et j'ai pas non plus des parents très attentifs, donc je ne peux qu'imaginer ce que ça fait. Quand on a quelqu'un avec qui tout partager, on n'est jamais vraiment seuls. »

« C'est vrai. », approuva Shoto. « Je ne suis pas très proche de mes frère et sœur, mais on compte les uns sur les autres. »

« T'as encore le temps de rattraper le temps perdu. On a qu'une famille. »

Le jeune Todoroki hocha la tête, conscient qu'il devait sans doute rendre visite plus souvent à Natsuo et Fuyumi. Peut-être pourrait-il inviter Mitsune, il se souvenait qu'elle avait beaucoup aimé Fuyumi quand elle était allée lui récupérer des affaires après les examens...

« Tu devrais vraiment être plus discret, c'est flagrant que tu es dingue d'elle. », lui glissa Karma.

« T-Tu trouves ? », murmura Shoto.

« Ouais, mais t'as de la chance : la cécité est universelle. Généralement, on ne voit pas quand quelqu'un est amoureux de nous. C'est toujours quelqu'un d'autre qui nous en fait prendre conscience. T'as pas choisi la plus facile. »

« On ne choisit pas qui on aime. Et puis, je ne veux pas d'une fille facile. Être le lié d'une Kitsune est éreintant selon les périodes, mais... je ne sais pas... j'aime ça. Elle me fait sentir vivant. Avec elle, on vit à cent à l'heure et cela a quelque chose de vivifiant. Je ne veux pas d'une fille qui se soumettrait à la moindre de mes volontés si ce n'est pas ce qu'elle veut. Mitsu n'hésite jamais à me tenir tête, bien trop souvent à mon goût d'ailleurs, mais je ne la changerai pour rien au monde. »

« Mon vieux, t'es vraiment accro ! », se moqua Karma.

« On ne se connaît pas beaucoup, mais je pense ne pas me tromper en disant que ce doit être pareil pour toi, avec Nagisa. »

« Touché. », admit le rouge. « En même temps, c'est impossible de rester de marbre face à ces rayons de soleil... »

« Tu n'imagines pas à quel point tu as raison... », souffla Shoto.

Leur conversation fut interrompue par Nagisa et Mitsune, qui s'étaient écroulés au sol à force de rire. Leur visage rayonnant fit rapidement sourire le démon et le bicolore et, très vite, leurs rires les gagnèrent à leur tour. Ce fut uniquement lorsqu'ils furent tous calmés qu'ils quittèrent le stand, en vue de profiter des autres festivités proposées pour le centenaire de Camp Rock, le moral au beau fixe.

Rien ne pourrait ternir cette journée mémorable... à part peut-être la menace d'une guerre divine dans une demi-année, bien entendu.

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