Chapitre 6 : Service en taverne et chasse nocturne

Japon, Tokyo, Liones Academy, Boar Hat, 12 avril 2500, 17h

« Une bière de Vania pour la table une ! », cria Diane en courant prendre la commande d'une autre table.

« J'm'en occupe ! », lui répondit Meliodas, occupé derrière le bar avec d'autres boissons. « Tiens Mitsune, c'est pour la table trois ! »

« OK ! »

La Kitsune s'empara du plateau rempli de chopes d'alcool et se dirigea vers la table concernée avec une agilité surhumaine au vu du fait que la taverne scolaire de la Liones Academy était noire de monde.

« Alors, j'ai un vin noir de Gloster, un cidre de Pénace et trois bières de Vania ! », déclara la blonde aux clients de la table trois.

« Le vin est pour moi ! », déclara un élève de terminale.

« Et le cidre pour moi ! », renchérit une élève qui n'avait pas encore tout à fait l'âge pour boire.

« Donc les bières sont pour les professeurs ! Professeur Zaratras, Professeur Hendrickson, Professeur Dreyfus, voilà pour vous ! »

Mitsune les servit avec un grand sourire, tout en leur conseillant de ne pas trop boire, surtout Zaratras car il tenait très mal l'alcool.

« Ne t'inquiète pas, nous prendrons garde à ce qu'il ne boive pas plus d'un verre. », lui assura Hendrickson, un quarantenaire de grande taille, avec une musculature plutôt développée, des cheveux blanc, un bouc et des yeux turquoises.

« Oui, Oniichan est déjà assez ridicule après un seul verre d'alcool, inutile qu'il se ridiculise davantage, c'est quand même le bras droit de Monsieur Liones. », ajouta Dreyfus, un homme musclé et assez grand de presque cinquante ans, avec de longs cheveux bruns et des yeux violets.

« Roh vous exagérez ! Je sais que je ne tiens pas l'alcool, mais quand même. », ronchonna faussement ledit Zaratras, un homme de cinquante ans tout aussi grand et musclé que Dreyfus mais avec de longs cheveux argentés et des yeux bleu foncé.

« Faites attention tout de même Professeur. Bartra est tolérant sur beaucoup de choses, mais il ne faut pas pousser mémé dans les orties non plus. », insista Mitsune en plaçant son plateau sous l'aiselle.

« Mitsune, pas l'temps de discuter avec les clients ! », lui cria Meliodas depuis le bar.

« Aye ! »

Elle souffla sur une mèche de cheveux qui la gênait puis, n'arrivant pas à la caler, elle décida de faire une rapide passage par les vestiaires. Comme à chaque fois qu'elle faisait les services au Boar Hat avec Elizabeth et Diane, elle portait l'uniforme de la taverne, à savoir une chemise boutonnée rose avec un foulard bleu-noir en guise de cravate, une mini-jupe de la même couleur avec une ceinture beige, un bas noir sur sa jambe gauche et des ballerines de deux couleurs différentes : la gauche était blanche pour faire opposition au bas noir et la droite noire. Loin de son chignon strict qu'elle avait durant les cours à Yuei, ses longs cheveux blonds étaient ramenés sur son épaule droite et maintenus par deux élastiques rouges, un au niveau de la taille et le deuxième au niveau des hanches. Les mèches qui encadraient son visage et tombaient au milieu de son visage donnait un aspect décontracté à son apparence, lui donnant l'air plus accessible qu'à Yuei. Ce qui était plus ou moins le cas.

Après avoir remis en place ses cheveux, elle se remit au travail jusqu'à dix-neuf heures. C'était justement le pic de fréquentation de la taverne jusqu'à sa fermeture, à vingt-trois heures en semaine et trois heures du matin lorsque les élèves n'avaient pas cours le lendemain, mais la Kitsune ne pouvait s'attarder davantage. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, mais elle ne pouvait pas traîner davantage alors qu'elle prétextait toujours auprès de sa mère qu'elle restait tard pour s'entraîner pour cacher le fait qu'elle aidait les Seven Deadly Sins et Elizabeth à la taverne. Le gymnase de la Liones Academy fermait à dix-neuf heures, elle ne pouvait donc pas trop tarder...

« Tu pars pile quand on a besoin de toi Mitsune ! », sourit Meliodas.

« Ne te plains pas, Gowther assure le service quand je ne suis pas là. », rétorqua Mitsune.

« Peut-être, mais les filles serveuses feront toujours plus l'unanimité ! », répondit-il avec un clin d'oeil.

Elle lui sourit puis quitta la taverne, ayant quitté l'uniforme pour celui de sport de Yuei pour se donner plus de crédibilité. Elle salua sa bande avant de refermer la porte. Direction : l'immense manoir qui lui servait de maison...

Japon, Tokyo, manoir des Shiota, salon, 19h45

Même si elle savait que c'était peine perdue, Mitsune pénétra très doucement dans le salon pour ne pas se faire entendre. Mais comme prévu, sa mère l'attendait de pied ferme. Avec l'annonce du championnat de Yuei du matin même, il lui était évident qu'elle lui en parlerait. Surtout qu'elle était partie pour une mission de trois jours la veille de l'attaque du SCA.

Aiko Shiota était encore en costume de super-héroïne, qui consistait en un trikini vert eau, de voiles translucides de couleur bleu dérivant vers le violet arrivant presque à ses pieds nus et de grandes ailes artificielles assorties. Une partie de ses cheveux violets étaient relevés en chignon haut, le reste étant lâché et lui arrivant en bas de la cuisse. Les voiles donnaient la vague impression de nageoires, surtout quand Aiko nageait, et les ailes la faisaient ressembler à une fée. Physiquement, elle n'avait transmis à sa fille que sa couleur d'yeux et de peau.

« Katsuko, tu rentres enfin ! »

« Je m'entraînais au gymnase de Liones... », répondit mécaniquement Mitsune.

« Comme toujours, et je vois que ces entraînements portent leurs fruits ! », s'extasia sa mère. « J'ai entendu parler de l'incident du SCA et j'ai été mis au courant par Endeavor des détails, transmis normalement aux parents. Comme je n'étais pas en ville, je n'ai pas pu m'entretenir avec le directeur Nezu à ce sujet, mais je suis ravie que tu ais pu montrer à tous ce qu'était une véritable super-héroïne ! All Might et Endeavor n'ont qu'à bien se tenir avec toi ! »

« Yeah... », dit-elle en feignant la joie, alors que sa mère lui tapotait la tête.

Ses oreilles s'étaient rabattus en arrière au maximum, signe qu'elle n'appréciait pas du tout qu'on lui tapote la tête, mais sa mère y resta sourde et aveugle. Comme toujours en soit. Elle ne faisait attention à son côté animal que lorsque cela l'arrangeait...

« Tu n'es pas contente ma chérie ? Tu marches sur les traces de ta mère et je suis fière de toi !! »

Aiko afficha un grand sourire, mais son regard était menaçant, froid et sans émotion. La queue de Mitsune trembla de peur alors que ses oreilles se couchaient.

« Je... oui, je suis contente. Je suis juste fatiguée. J'ai besoin de dormir. », mentit Mitsune, espérant pouvoir rejoindre la sécurité de sa chambre.

« Pour te préparer pour le championnat, je comprend. Tu as bien raison ! », continua sa mère. « D'ailleurs, je voulais aussi te parler à ce propos. »

« S'il te plaît, ne me dis pas ce que je pense, ne me dis pas ce que je pense... »

Le visage de sa mère perdit son sourire pour afficher un air grave, sérieux mais surtout menaçant. Mitsune rentra la tête dans les épaules, ses oreilles se couchant encore plus si c'était possible.

« Je veux que tu gagnes et que tu impressionnes tous les héros pros qui seront là. Sinon, tu sais ce qu'il se passera. Je me suis bien fait comprendre, Katsuko Shiota ? »

« Je me demande bien pourquoi j'ai espéré qu'elle me laisse faire ce que je veux pour le championnat... »

Elle hocha simplement la tête et obtempéra un prudent retrait vers sa chambre, prétextant être fatiguée. Aiko la laissa partir, lui disant qu'elle lui laisserait de quoi manger dans le frigo si jamais elle avait faim, sans savoir que Mitsune préférait chasser plutôt que de manger de la nourriture préparée par sa génitrice. Vu son alter, elle ne voulait pas prendre le risque de se retrouver droguée et forcée de faire elle-ne-savait-quoi. La menace sur son père était déjà bien suffisante pour l'obliger à agir comme la super-héroïne le voulait...

Japon, près de Tokyo, montagnes, forêt, 23h50

« Pfiou... je m'en suis tirée sans blessures aujourd'hui, à croire que mon action lors de l'incident du SCA l'a rendu temporairement clémente physiquement. », songea Mitsune en courant dans la forêt, à la recherche de gibier.

Après une bonne heure à chasser dans l'obscurité de la nuit sans trouver de nourriture, elle entendit un petit hurlement qu'elle reconnaissait bien. Cela ne pouvait dire qu'une chose...

Fenrir était lui aussi en pleine chasse.

Justement, un loup blanc avec une hétérochromie identique à celle de son ami sortit des fourrés. Il la salua d'un mouvement de tête avant de l'inviter à le suivre. Elle s'exécuta et se retrouva dans une petite clairière avec assez de gibier pour deux.

Le loup se retransforma en humain, devenant ainsi Fenrir. Mitsune l'imita, se retrouvant ainsi en nuisette rouge et pieds nus. Son meilleur ami, quant à lui, avait simplement un tee-shirt et un short confortable. Il était aussi sans chaussures.

« Il nous manque juste du feu. », souffla l'homme-loup en indiquant un tas de bois sec.

« Je m'en occupe. »

Elle utilisa alors son alter pour se transformer brièvement en Endeavor et allumer leur feu de camp. Suite à cela, elle reprit son apparence et s'installa sur l'herbe tendre, à côté de son meilleur ami. Ce dernier lui tendit plusieurs bâtons de bois sur lesquels étaient embrochés différents morceaux de viandes.

« Tes préférés. », sourit Fenrir. « Je suis parti tôt pour pouvoir avoir le temps de chasser et de tout préparer pour quand tu viendrais toi-même chasser. »

« Ce n'était pas la semaine dernière, ton jour de chasse ? », demanda la Kitsune en prenant délicatement les brochettes et en en mettant une au-dessus du feu. « Je croyais que tu chassais une fois par mois. »

« C'est le cas, mais les cours de danse ont été particulièrement épuisants aujourd'hui, surtout que j'ai enchaîné avec le club d'athlétisme. J'avais besoin de viande fraîche. Il faudra changer de terrain de chasse la prochaine fois, la nature commence à atteindre sa limite concernant l'offre de proies pour cette période de l'année... »

« Je sais, j'ai passé une heure à chasser sans rien trouver. J'essaierai ailleurs demain. Meliodas et les autres s'en sont sortis à la taverne ? »

« Oui, ne t'inquiète pas ! », la rassura Fenrir. « Ils ont l'habitude que tu les abandonnes à dix-neuf heures ! »

« Dis comme ça, j'ai l'impression d'être une lâcheuse... », marmonna Mitsune en baissant la tête, ses attributs de Kitsune prenant le même chemin.

Fenrir rigola légèrement et vint lui grattouiller derrière l'oreille droite, puisqu'il était à sa droite. Elle pencha alors la tête vers lui, les yeux clos, un doux ronronnement se faisant entendre.

« J'ai beau te connaître depuis presque toujours, je ne suis toujours pas habitué à ce que tu ronronnes alors que tu es une Kitsune... », rigola Fenrir, en cessant ses papouilles pour retirer leurs brochettes du feu.

« Les renards du désert ronronnent quand ils sont contents. Papa a toujours dit que même si j'étais une Kitsune, les comportements des différentes espèces de renard étaient mélangées en moi. Merci ! »

Elle saisit la brochette que l'homme-loup lui tendait et planta ses crocs dans un morceau de viande, avant de reculer sèchement la tête pour en arracher une partie, se mettant un peu de jus sur la joue et sur les dents.

« Tu es toujours aussi doué pour cuisiner le gibier ! »

« Cuisiner, c'est vite dit... », pouffa Fenrir. « Je n'ai pas le talent de Ban pour la vraie cuisine, mais merci Foxy. »

« Tu sais Wolfy, je préférerai toujours le gibier grillé que tu prépares après la chasse aux plats de Ban. Même si Ban cuisine vraiment bien. »

« C'est ton côté animal qui parle Foxy, tu n'es pas objective. », fit remarquer Fenrir, mordant à son tour dans un morceau de viande.

« Hum... si quand même. Mon gibier grillé n'est pas génial. Il est plus que mangeable, mais il ne vaut pas le tien. »

« Et tu t'es encore mis du jus sur la joue. T'es vraiment pas sortable Foxy ! »

Tout en rigolant, il prit une feuille d'arbre pour venir essuyer la joue de sa meilleure amie, qui riait elle aussi.

« Comme si tu t'en souciais. Tu ne manges pas proprement non plus quand tu dévores les proies que tu as attrapé, tu as du jus qui coule sur le menton ! », rétorqua Mitsune.

Il sourit et s'essuya le menton avant de reprendre une bouchée de son repas. Lorsqu'ils eurent terminé les différentes brochettes préparées par Fenrir, ils s'allongèrent dans l'herbe pour observer le ciel étoilé.

« Aiko est rentrée. », déclara doucement Mitsune, sans quitter les étoiles du regard.

« Elle t'a encore... »

« Non, pas cette fois. », le coupa la Kitsune. « Elle m'a félicité pour mon rôle lors de l'attaque du SCA et m'a exhorté à remporter le championnat de Yuei... »

« Toi qui voulais faire exprès de te faire disqualifier dès la première épreuve... », songea l'homme-loup en se rappelant de leur conversation du midi, la Kitsune ayant séché une nouvelle fois les cours de l'après-midi bien malgré Nezu. « Qu'est-ce-que tu vas faire ? »

« Franchement ? Aucune idée. J'aimerais qu'Aiko n'est plus aucun levier pour me forcer à devenir une super-héroïne, mais je n'ai pas la force ni l'envie d'accepter de débrancher Papa. Il m'a promis de ne jamais m'abandonner... il m'a promis, alors je sais qu'il reviendra ! Il lui faut juste du temps... non ? »

« Si tu crois en lui, alors tout est possible Foxy. », dit Fenrir avec douceur, l'attirant vers lui pour la réconforter, ayant entendu des larmes dans sa voix. « Mais tu sais, je ne suis pas certain qu'il serait content de savoir que ta génitrice l'utilise comme moyen de pression pour te forcer à être une personne que tu n'es pas. Tu n'es pas une super-héroïne, tu es une artiste. Le chant, la danse, le dessin, la peinture, le stylisme, le graffiti, la poterie... il y en a tellement que je ne peux pas tous les citer... tout ça, c'est toi, pas risquer ta vie contre des vilains. Pour être un super-héros, il faut en avoir la volonté, que ce soit pour l'argent ou le sens du sacrifice et du devoir, parce que cela peut être dangereux pour toi ensuite. Tu risques ta vie en exerçant ce métier, et si tu dois la risquer, c'est toujours mieux de l'avoir choisi. Il ne faut pas choisir cette branche pour quelqu'un, mais pour toi. C'est toi qui risqueras ta vie tous les jours, pas cette autre personne. Ce n'est pas Manami qui vit ta vie Foxy, mais toi. Être une héroïne n'a pas de sens si tu ne l'as pas choisi. »

« Je le sais bien, mais si je ne le fais pas... Papa mourra. Et je ne veux pas. », hoqueta Mitsune.

De sa main libre, Fenrir vint lui caresser la tête pour la réconforter. Il parlait à un mur, il le savait. Mais il ne pouvait s'empêcher d'essayer de lui ouvrir les yeux. Il savait que c'était peine perdue, sa meilleure amie était plus têtue qu'un âne quand il s'agissait de son père. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était alléger ses émotions en titillant ce qu'il appelait chez elle les « points à papouilles ». Il ne pouvait rien faire de plus, et ça le rendait malade. Il se sentait tellement impuissant face à la Kitsune, qui renonçait de force à ses rêves dans l'espoir de voir un jour son père revenir. Depuis l'apparition de son alter, Aiko utilisait son père pour la forcer à suivre le chemin qu'elle avait tracé pour elle. Il fallait dire que, sous ses airs de fée ou de sirène délicate, cette super-héroïne était loin d'être un ange, surtout envers les hybrides comme Mitsune et lui. Le père de la Kitsune n'y faisait malheureusement pas exception, et c'était même la raison pour laquelle il était aujourd'hui dans le coma...

« Et si on rentrait ? », lui proposa Fenrir au bout d'un moment, la sentant s'endormir.

« Moui... tu as raison... »

Ils se relevèrent doucement et elle utilisa son alter pour éteindre le feu, avant qu'ils ne se retransforment en animaux. Fenrir raccompagna sa meilleure amie chez elle, avant de lui-même retourner chez lui.

Il n'y avait pas à dire, il aimait toujours autant partager son gibier avec sa meilleure amie. Ils passaient toujours un bon moment ensemble !

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