Chapitre 38 : Lilith

Mondstadt, Bois des Murmures, camp de Kunugigaoka, 20 juillet 2500, 19h

Le campement de Kunugigaoka était somme toute assez rudimentaire, loin de l'immense château de la Favonius Academy. Il y avait un bâtiment qui servait de dortoir et de restaurant ainsi qu'une petite cabane contenant le strict nécessaire pour vivre une semaine dans la nature.

« Monsieur le proviseur n'alloue pas beaucoup de moyens à notre classe... », expliqua Nagisa aux élèves de la classe de Mitsune, qui lui demandaient pourquoi un collège aussi prestigieux que le leur leur faisait passer une semaine dans un bâtiment si simple.

Il ponctua sa phrase d'un petit rire gêné, et Karma arriva pour couper court au silence gênant qui était en train de s'installer.

« Vous êtes en avance, on a pas tout terminé. Mais installez-vous ! »

« Qu'est-ce-qu'il reste à faire ? On peut aider ? », fit la voix d'Elizabeth.

« Oneechan ! », sourit Mitsune.

Elizabeth lui sourit, pendant que les Seven Deadly Sins, la Liones Academy, la Favonius Academy, la Liyue Academy et la Inazuma Academy s'installaient autour d'un imposant tas de bois mort, sur des bancs de pierre rendus confortables par des coussins.

« Il ne reste plus qu'à allumer le feu, mais c'est gentil ! », répondit Isogai, le délégué de la classe de Nagisa.

« Je peux le faire si tu veux ! », firent de concert Aether, Lumine, Shoto ainsi que tous les élèves qui maniaient l'élément Pyro parmi les quatre écoles estampillées « Academy ».

« Je peux utiliser un de mes trésors ! », proposa Klee en arrivant joyeusement.

« Non ! », décréta l'adulte qui accompagnait la fillette, ses sœurs, Razor et une meute de loups.

L'adulte en question était un jeune homme aux cheveux bleu foncé, aux yeux bleu comme la glace et à la peau aussi blanche que la neige. Des oreilles de loup bleu foncé et une queue de loup blanche étaient visibles, de même que des griffes et des crocs de loup, à l'image de Fenrir.

« Salut Andrius ! », le salua Mitsune.

« Bonsoir jeune renarde. Merci d'avoir aidé Razor à retrouver ses sœurs. », déclara le dieu au service de l'Archon Anémo.

« Je n'étais pas seule ! D'ailleurs, il en manque une, non ? »

« Imouto-chan Elerinna... cueillir plantes de soin pour religieuses de la cathédrale. Bêta du lupical la surveiller. », répondit Razor.

Il tendit une bourse à Mitsune, qui l'ouvrit. A l'intérieur, il y avait des baies à crochet toutes fraîches.

« Razor... avoir cueilli pendant chasse. Oneechan Mimi... pouvoir cuisiner ? »

« Bien sûr ! Aller viens ! »

Elle prit la main de Razor et s'éloigna vers le bâtiment en quête de la cuisine. Pendant ce temps, Izuku s'approcha de Shoto.

« Comment cette chasse s'est passée ? »

« C'était physique. », admit le bicolore. « Ils sont ultra rapides et agiles, ce qu'on voit de Mitsune en cours, ce n'est rien du tout. Même les enfants qui ne sont pas des hybrides, comme Razor, Klee, Qiqi ou Sayu. C'était impressionnant, mais leur lupical est vraiment sympa. »

« Cette Elerinna n'était pas avec vous ? »

« Non, elle était avec Andrius, ici, pour aider Kunugigaoka d'après Razor. J'ai pas mal appris grâce à cette chasse. »

« Comme quoi ? »

« La chasse est une discipline sportive qui fait marcher tout le corps et ses compétences : sa vitesse, sa force, son agilité, son endurance, sa discrétion... c'est vrai que les voir dépecer ces pauvres bêtes pour pouvoir transporter toute la viande était un peu dégoûtant, mais Mitsune m'avait prévenu donc cela ne m'a pas vraiment choqué. Ce sont des prédateurs, je m'y attendais. Mais ils ne font pas un carnage quand ils chassent, ils offrent une mort rapide et sans douleur à leurs proies pour ne pas qu'ils souffrent, et ils ne chassent que ce dont ils ont besoin, pas plus. »

Izuku hocha la tête, mais Shoto voyait bien qu'il hésitait entre trouver cela répugnant ou normal. Lui-même hésitait aussi, mais peut-être que ce n'était juste pas une pratique pour lui. Des hybrides comme sa liée et Fenrir en avaient besoin, donc leur cas était différent.

« Et sinon... avec Fenrir ? », l'interrogea Shoto.

Comme il s'y attendait, les joues du vert devinrent cramoisies.

« O-On a regardé M-Mondstadt... depuis les remparts... et... il m'a raconté des... des trucs sur les Archons et tout... et... on a parlé de son impuissance par rapport à la situation de Mitsune. », balbutia Izuku. « Il trouve que tu as quelque chose que lui n'a pas pour réussir à aider Mitsune alors que lui n'y arrive pas. Je ne sais pas quel est le problème de Mitsune, mais cela affecte bien plus Fenrir que ce qu'il laisse paraître. »

« Je sais. C'est pour ça que je lui ai promis de tout faire pour aider Mitsune. Lui et moi ne sommes pas pareils, je n'ai pas la chance de la connaître depuis le jardin d'enfant et nous n'accordons pas la même valeur à la vie privée. Je n'ai pas peur de la perdre ou de la mettre en colère parce que je fouille dans sa vie, si je sais que je peux l'aider. A l'heure actuelle, je pense qu'il est juste de dire qu'il tient plus à elle que moi, et c'est normal. Et puis... on se comprend mutuellement Mitsune et moi, je sais mieux que personne ce qu'elle traverse. »

« C'est ce que je lui ai dis, même si je ne sais pas grand-chose sur la situation de Mitsune. Elle n'est pas trop du genre à se confier sur son passé j'ai l'impression... »

« Hmm... le temps est à l'orage. », émit une voix féminine.

Shoto et Izuku se retournèrent et virent une jeune fille de l'âge de Zhongli et Venti. Elle avait de longs cheveux violets foncés qui, tressés, arrivaient à mi-mollet. A partir de la taille, la tresse se dégradait pour aller vers un violet plus clair. Ses yeux étaient également violets. A l'image de Zhongli et Venti, elle avait une chevalière en argent surmontée d'une pierre violette avec un symbole plus clair faisant penser à un triskel d'éclairs sur son annulaire droit.

Shoto fronça les sourcils, commençant à se dire que cette chevalière sans importance à première vue signifiait sans doute beaucoup plus. Personne d'autre des quatre écoles composant Camp Rock ne portait ce bijou, personne sauf Venti, Zhongli et cette jeune fille.

« N'effraie pas nos jeunes héros en herbe et présente-toi, plutôt. », lui dit Zhongli en arrivant.

« Je m'appelle Ei. Maintenant, que c'est dit... je les préviens d'un danger imminent. L'orage du mal va s'abattre dans peu de temps sur Mondstadt. », insista Ei.

« Je sais, Kokomi a dit qu'elle en parlerait aux Archons présents à Mondstadt. », intervint Xiao en apparaissant dans sa brume obscure.

« Salut Xiao ! », sourit Izuku.

Le Yaksha les salua d'un simple mouvement de tête, avant d'incliner respectueusement la tête devant Zhongli, ce qui éveilla les soupçons d'Izuku et Shoto.

« Ah arrêtez de vous torturez l'esprit ! Venez plutôt goûter à ce délicieux vin de pissenlit ! », s'écria Venti en arrivant avec des verres et une bouteille.

« C'est gentil de la part de Diluc de t'offrir cette bouteille. Et plutôt surprenant... », admit Ei.

« Il ne me l'a pas offerte, je l'ai volé ! », sourit le barde, fier de lui. « Mais je l'ai payé ! »

« Avec l'argent de qui ? », demanda Zhongli.

« Celui de Childe ! »

« Te livrer à ces futilités... c'est indigne de ton rôle. », jugea Xiao.

« Il faut savoir profiter de la vie, surtout toi mon jeune ami. Ton existence te paraîtrait moins fade. »

Sans un mot, Xiao s'évapora, s'esquivant ainsi aux remarques de Venti. Izuku et Shoto se regardèrent, perplexes devant cette scène qui était lourde de sous-entendus incompréhensibles du fait du peu d'informations dont ils disposaient.

Il se passa une demi-heure avant que tout le monde ne soit enfin réuni autour du feu. Mitsune était sortie de la cuisine avec une tarte qui semblait être à la myrtille du fait de la couleur, bien qu'elle était aux baies à crochet. Elle la déposa sur la table avec tout le reste, prenant soin de découper une jolie part qu'elle mit dans une assiette, destinée à Razor. Elle alla lui apporter, puis utilisa ses sens pour chercher deux personnes qui étaient censées être là.

« Razor, Gorou et Miko ne devaient pas ven... »

Elle ne put terminer car quelqu'un se jeta sur elle, la plaquant au sol.

« Imouto-chan Mimi ! »

« Salut Gorou ! », sourit Mitsune, à peine surprise que ce soit lui qui l'ait « attaqué ».

L'aîné de la fratrie des Lykensen lui fit un grand sourire avant de l'aider à se relever. Il avait la peau clair, des cheveux châtains en bataille, les mèches encadrant son visage étant plus ou moins striées de blanc, et des yeux bleu sarcelle. Des oreilles de loup se dressaient fièrement sur sa tête et une queue de loup châtaine et blanche se balançait allègrement au rythme de la joie que leur propriétaire éprouvait à revoir la Kitsune.

« Cela faisait super longtemps ! J'étais toujours occupé quand tu étais de passage... », s'excusa Gorou.

« Oniichan, tu m'oublies pas j'espère ! », bouda Fenrir.

« Bien sûr que non Otouto-kun Fenrir ! Viens là ! »

Gorou enlaça son cadet et lui ébouriffa les cheveux, un grand sourire dévoilant ses canines. Fenrir sourit à son tour, heureux de revoir son aîné, qu'il n'avait pas pu beaucoup voir du fait de son rôle important dans le temple Hakushin.

« Oniisan... Gorou. Razor... être content de te voir. », dit Razor en tendant les bras, quémandant un câlin.

L'hybride s'exécuta de bon coeur et enlaça tour à tour toute la petite fratrie présente, puis son père.

« C'est que tout le monde a grandi ! Imouto-chan Mimi, il était temps que tu laisses tomber ton chignon et tes escarpins ringards ! »

« J'aimerais te demander ce que tu as contre mes escarpins, mais les Archons seuls savent à quel point je hais ces invention des démons ! », pesta la Kitsune. « En plus, ça fait mal aux cheveux les chignons ! »

« Qiqi trouve qu'Oneechan Mimi est toujours jolie. », dit Qiqi d'une voix sans émotion.

« Mais j'ai jamais dit le contraire. C'est juste qu'elle rayonne tellement plus quand elle est elle-même ! Qu'est-ce-que j'ai raté de ta vie Imouto-chan Mimi ? Tu es en couple ? Aiko est morte ? »

« Non, mais j'aimerais bien. », rétorqua Mitsune, esquivant habilement la première question, avec un sourire amusé que ses plus proches amis n'avaient jamais vu quand il était question de sa génitrice.

« Bah ! Tu sais que notre passage au ciel se prépare sur Terre. Je suis certain qu'elle aura une place de choix en Enfer. Miko ne va pas tarder, elle te prépare tes compléments alimentaires. », informa Gorou.

« Tu n'es pas censé rester, genre, tout le temps avec elle ? », demanda Fenrir.

« Oui, mais elle n'est pas très loin, donc ça va. Mais tu ne m'as pas senti arriver Imouto-chan Mimi ? »

« Non. », nia la Kitsune.

« Oh c'est cool ! », s'enthousiasma Gorou. « Zhongli m'a enseigné une technique Géo qui permet de se rendre indétectable, je voulais voir si je pouvais échapper à tes sens aiguisés. Cela me sera sûrement utile ! »

Mitsune fit la moue, n'aimant pas trop que quelqu'un échappe à ses sens surdéveloppés. Cependant, elle ne fit aucun commentaire et laissa Gorou profiter d'une rare soirée de retrouvailles avec sa famille.

« Bonsoir Kokomi. »

Reconnaissant la voix, la blonde se retourna et baissa aussitôt la tête en signe de respect et d'une certaine soumission, consentie contrairement à lorsqu'elle était en face d'Aiko, à son interlocutrice. Celle-ci avait la quarantaine mais semblait aussi jeune qu'une adulte de vingt ans. Elle avait de longs cheveux roses arrivant à mi-cuisse, des yeux violets qui ressortaient sur sa peau blanche comme la neige et des oreilles de renard roses qui se dressaient sur sa tête. Elle avait aussi une queue blanche, identique à celle de Mitsune, sans parler des crocs et des griffes qui étaient communs à tous les hybrides qui étaient à moitié chat, loup ou encore renard, et son ensemble rouge et blanc richement ornementé indiquait sans conteste qu'elle était importante.

« Miko, c'est un plaisir de te revoir. », dit Mitsune.

En elle, Shoto pouvait sentir tout le respect qu'elle éprouvait pour cette parente, malgré qu'elle l'oblige à suivre une formation qu'elle refusait. Il l'entendait clairement dans sa tête : elle ne faisait qu'accomplir le devoir que les Archons avaient confié au temple Hakushin.

« Redresse la tête, fière descendante des Hakushin. »

Mitsune s'exécuta et Miko lui sourit en lui remettant un flacon de comprimés ainsi qu'une ordonnance spéciale à déposer en pharmacie spécialisée pour avoir d'autres flacons.

« Tu as grandi depuis la dernière fois. Tu commences à gagner en maturité et en sagesse en ce qui concerne ta propre histoire. Ton nouveau lié semble faire du beau travail, bien que tu aurais dû te rendre au temple bien avant la mise en place du lien. Les Anciens sont rarement conciliants. »

« Q-Quoi ? », fit Mitsune, perdue, alors que Shoto se rapprochait car Fenrir et Mitsune ne lui avaient rien dit à propos d'une visite au temple avant la création du lien.

« Miko, elle ne peut pas connaître le nouveau rituel. », lui rappela Gorou. « Les Anciens l'ont fait instauré il y a six ans. Or, elle était déjà liée à Omouto-kun Fenrir depuis des lustres. Elle n'a pas dû en entendre parler. »

« C'est vrai, cela m'était sortie de la tête avec tout ce à quoi je dois penser en ce moment. », se rappela Miko. « Désolée Kokomi. »

« Aucun soucis. C'est quoi ce rituel? »

« Il y a six ans, un des premiers Kitsunes est venu me rendre visite en personne, pour me demander d'instaurer un nouveau rituel en ce qui concerne les liens effectués par un hybride Hakushin. Les Anciens souhaitent avoir leur mot à dire que les personnes choisies, pour s'assurer eux-mêmes qu'elles n'utiliseront pas ce lien avec l'hybride pour de mauvaises raisons. Fenrir leur a depuis longtemps prouvé la pureté de son cœur, c'est pourquoi ils n'ont pas demandé à ce que vous veniez au temple avant de réitérer le lien il y a six ans, et c'est pourquoi tu n'es pas au courant. Tu aurais dû amener devant le temple ton lié pour que les Anciens le bénissent ou le répudient, mais comme ni Fenrir ni toi n'étiez au courant, je vois mal comment tu aurais pu respecter le rituel. J'ai mal joué mon rôle d'informatrice des Anciens auprès des Hakushins, excuse-moi... »

« Je t'ai déjà dit que ce n'était rien ! », réfuta Mitsune en balayant ses propos de la main. « J'amènerai Shoto au temple demain, promis. Cela ne te dérange pas Shoto ? »

« Non, pas du tout, du moment que je peux commencer l'entraînement en même temps que les autres. »

« Ce ne sera pas nécessaire. », sourit Miko. « Ce sont les Anciens qui m'ont informé qu'une nouvelle personne s'était rajoutée à ta constellation des liens. Ils semblent te porter dans leur cœur Kokomi, je ne sais pas si c'est du fait de ta destinée ou d'autre chose, mais c'est le cas. »

Mitsune se garda bien de lui dire qu'elle refusait de suivre cette soi-disant destinée, car elle savait que cela finirait en dispute et elle ne voulait pas gâcher la soirée. A la place, elle rangea la boîte et la feuille dans la poche de sa veste, toujours attachée à sa taille. Cependant, Shoto mit une main sur son épaule pour lui montrer son soutien face à une situation qu'il avait lui-même connu, si on veut, jusqu'à ce qu'Izuku lui donne une claque mentale.

« Merci pour les compléments alimentaires. Comment tu as su ? »

« J'ai appelé ! », déclara Fenrir. « Autant te faire gagner du temps Foxy ! Je connais ton train de vie mieux que personne et Shoto m'a aidé à obtenir auprès de Recovery Girl ton dossier médical et les résultats de tes dernières analyses. Elle a pu te préparer les compléments qu'il te fallait. »

« Il ne fallait pas, mais merci à vous deux ! »

Ses deux liés lui sourirent en réponse, puis Miko alla s'installer avec Zhongli, Ei, Venti et Xiao, qui était réapparu. Izuku posa alors une question.

« Cela ira pour Fenrir et toi, Mitsune ? Et pour Diona, Andrius, Gorou et Nagisa ? Il fait nuit, c'est la saison des amours et... », s'inquiéta Izuku.

« La saison des amours ? », releva Karma. « Comme chez les animaux ? »

Il regarda Nagisa, qui devint aussi rouge que sa tignasse.

« O-Oui mais je ne suis pas trop affecté. Normalement, cela commence à affecter les hybrides vers douze-treize ans, voire plus tôt, mais certains hybrides ont leur part animale qui est beaucoup moins importante, ou qui nécessite certaines conditions pour se manifester réellement, donc ils sont beaucoup moins affectés par la saison des amours. Je suis dans ce cas-là. »

« La saison des amours varient selon la nature du côté animal. Généralement, les prédateurs comme les loups, les renards ou encore les chats les ont à la même période à peu près, mais j'ai déjà élevé des hybrides qui n'étaient pas de ce genre-là, et qui avaient une nature animale différente. Ils étaient des oiseaux, des chevaux, des cerfs... la saison des amours était à une toute autre période selon la nature animale. », expliqua Andrius. « En ce qui concerne mes enfants à moitié-loup, ma présence suffit à les empêcher de perdre le contrôle d'eux-mêmes en pleine nuit. Diona, elle, n'a pas encore atteint l'âge auquel cette période affecte les hybrides. »

Mitsune songea à faire part du doute qu'elle avait désormais quant au fait qu'Andrius pouvait empêcher les hybrides-loups de perdre le contrôle, du fait que Fenrir lui avait désobéi pour la première fois depuis que la saison des amours avait commencé à se manifester chez eux. Cependant, elle se ravisa, préférant en discuter avec son lié en tête-à-tête. Les hybrides de la seconde A, Tsuyu et Fumikage, rassurèrent également le vert, leur propre saison des amours étant soit déjà passée soit dans encore un moment.

« Et pour Mitsune ? »

« Gorou et moi saurons la maîtriser en cas de problème, mais j'ai l'intuition que nous n'aurons pas à nous soucier de cela ce soir. », fit Miko.

Koro, un poulpe jaune de deux mètres de haut, arriva alors et s'occupa de servir enfants et adultes qui avaient répondu à son invitation. Venti décida de jouer à qui finirait saoul le plus vite avec Kaeya, l'élève de première de la Favonius Academy qui avait aussi intégré l'Ordre en tant que capitaine de la cavalerie. C'était un grand jeune homme de seize ans au corps fin et à la peau café au lait. Son seul œil visible révélait une pupille bleu pervenche et il avait de longs cheveux ébouriffés bleu marine reposant sur son épaule gauche et descendant en cascade jusqu'à sa taille. Sa longue frange couvrait la moitié du côté droit de son visage mais laissait tout de même voir un cache-oeil noir.

« Eh, vous permettez que Ban et moi, on se joigne à vous ? », demanda Meliodas en s'approchant avec son meilleur ami.

« Héhé ! Plus on est de fous, plus on rit ! », rétorqua Venti avec un sourire.

« Oui, c'est toujours mieux de boire à plusieurs. », approuva Kaeya.

Meliodas et Ban s'installèrent donc et le concours commença, sous le regard farouche d'Aether qui comptait bien empêcher son copain de finir en coma éthylique.

De son côté, Mitsune était assise sous sa forme de renarde sur les cuisses de son plus récent lié et se laissait papouiller par Izuku et lui, pendant qu'Elizabeth aidait le professeur principal de Nagisa à faire le service. Le bleu, lui, discutait joyeusement avec Karma, qui lui parla de tout autre chose que « l'assassinat » de Koro pour une fois, ce qui l'enchantait.

« Il est vraiment trop mignon. », sourit intérieurement Karma, se concentrant davantage sur le visage de Nagisa plutôt que sur son récit de la légende de Vennessa.

« Oui, ben si tu lui fais encore du mal, je te castre avec les dents ! », retentit dans son esprit la voix sèche de Mitsune.

Karma la regarda un instant et hocha la tête, alors qu'elle le fixait de son regard perçant tout en se laissant cajoler par ses amis. Nul doute qu'elle mettrait sa menace à exécution s'il faisait encore preuve de lâcheté. Quand il avait réalisé qu'il développait des sentiments pour Nagisa, il avait pris peur et avait mis de la distance entre eux, mais cela avait été une erreur. Être aussi loin de lui et ne plus pouvoir échanger continuellement avec lui avait été plus douloureux que le fait même d'éprouver des sentiments qui n'étaient pas réciproques. Après tout, c'était évident pour lui que Kaede et Nagisa éprouvaient quelque chose l'un pour l'autre.

Mitsune, qui suivait le cours des pensées du rouge, grogna de mécontentement. Seul Shoto comprit ce qui l'agaçait et il dériva ses papouilles vers son ventre. Elle se mit sur le dos pour lui faciliter la tâche et étira ses pattes pour lui laisser plus de place.

« Tu es vraiment aveugle en fait. Itoko-kun est tellement guimauve que j'ai envie de vomir quand il parle de toi... »

Karma fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas ce qu'elle voulait dire.

« Argh ! Itoko-kun est gay bordel ! Tu observes jamais les gens en fait ! Tu devrais pourtant ! »

« Nagisa est... il est gay ? Je ne le savais pas... »

« Tsss... tu l'aurais compris tout seul si tu étais un peu plus observateur. Mais arrête de te poser des questions et écoute-le, parce qu'il va être triste s'il se rend compte que tu n'as pas du tout prêté attention à ce qu'il dit. »

« Je pense plus qu'il sera content que je préfère contempler son visage. »

« Tu te débrouilles, je vais pas t'aider davantage après tout le mal que tu lui as fait. »

Karma haussa les épaules mais se força à se concentrer un minimum sur les paroles qui sortaient des lèvres ô combien invitantes du petit bleu.

Ayant suivi toute la conversation via le lien qui les reliait, Shoto eut un regard éloquent envers la Kitsune. Celle-ci redressa légèrement la tête et lui tira la langue. Mais, soudainement, elle se remit sur ses pattes et sauta des jambes de son lié pour courir quelque part. Surpris, Izuku et Shoto la suivirent du regard, avant de rencontrer celui d'une femme ayant entre trente et quarante ans. Elle avait de longs cheveux argentés réunis en une tresse épi-de-blé se balançant doucement dans son dos et son regard bleu ne laissait planer aucun doute sur son lien avec Elizabeth. Tout autant en courbes que la jeune argentée, il était décidément impossible de nier qu'elles étaient parentes.

« Bonsoir Tante Lilith ! », la salua Elizabeth en venant déposer un baiser sur sa joue. « Je ne savais pas que tu devais venir. »

Lilith ne chercha pas à répondre et prit plutôt dans ses bras le renardeau qui se frottait encore et encore à ses jambes en ronronnant. Avec joie, Mitsune lécha plusieurs fois le visage de sa mère de cœur et lui mordilla le cou pour manifester tout l'amour qu'elle éprouvait pour elle. Shoto la regarda faire, attendri et éprouvant l'affection débordante que sa liée avait envers Lilith, pendant que la Kitsune donnait des coups de museau sur le bras de celle-ci pour qu'elle la caresse. D'un mouvement habile, Lilith la fit basculer dans ses bras comme on installait un bébé et utilisa sa main gauche pour papouiller son ventre. Elle s'approcha ensuite du feu de camp, alors que Shoto entendait des « Maman ! Maman ! Maman ! » euphoriques émanant des pensées de Mitsune.

Lilith s'installa donc à côté de sa nièce, elle-même assise à côté de Meliodas. De l'autre côté, il y avait la bande d'Izuku et les Lykensen. Ces derniers s'amusaient en famille, étant rarement réunis, tandis que les amis de Yuei de Mitsune la regardaient gazouiller dans la langue des renards que seul Shoto comprenait du fait qu'il était en quelque sorte constamment branché sur les pensées de sa liée.

« C'est étrange, ses pensées ressemblent à celles d'un enfant... », fit remarquer Shoto.

« Il n'y a rien d'étrange à cela mon jeune ami. Mon alter me permet d'influer sur l'âge d'une personne. Je peux ainsi la faire retomber en enfance, la faire gagner en puissance et en expérience en la faisant prendre quelques années ou encore la rendre assez vieille pour qu'elle ne soit pas une menace. Quand je la vois, je l'utilise souvent sur Mimi pour qu'elle puisse avoir temporairement ce qu'il lui fait le plus défaut... »

« Qu'est-ce-que c'est ? », demanda Ochaco.

Lilith ne répondit pas tout de suite et taquina Mitsune en chatouillant son ventre. Celle-ci se tortilla dans tous les sens en émettant un son étrange que Shoto entendait comme un rire via le lien.

« Une enfance avec l'amour d'une mère. », répondit finalement Lilith, le regard rivé sur la Kitsune, un sourire tendre sur les lèvres.

Ayant connaissance du fait que Mitsune avait un passé sombre, cela ne surprit pas vraiment Izuku, et encore moins Shoto, mais Tenya et Ochaco n'en revenaient pas.

Au bout d'un moment, Mitsune quitta sa forme de renarde et se transforma en une enfant de six ans, preuve manifeste de l'action de l'alter de Lilith. Aussitôt, toutes les filles présentes émirent une exclamation de ravissement, tandis que la fillette aux attributs de renard nichait son nez dans la poitrine de sa mère adoptive, respirant son odeur tout en s'accrochant à sa robe d'été.

« Maman... ma petite Maman... tu sens bon. », dit la fillette en frottant son nez contre l'oreille de la tante d'Elizabeth.

En entendant « Maman » dans la bouche de Mitsune, les élèves de Yuei et de Kunugigaoka qui ne suivaient pas la conversation se tournèrent d'un seul mouvement, s'attendant à voir Aiko. Pourtant, ils virent à la place une version miniature de la Kitsune dans les bras d'une version adulte d'Elizabeth. Chez les écoles de Camp Rock et chez les Lykensen, il était de notoriété publique que la mère de Mitsune n'avait du rôle que l'appellation légale, c'est pourquoi ils ne s'en préoccupèrent pas vraiment, laissant la jeune artiste profiter de ce moment d'enfance, tous sachant qu'elle avait un passé sombre même si certains en savaient plus que d'autres. Ce fut donc Nagisa qui expliqua que sa cousine et lui avaient des problèmes de mère et que Lilith avait toujours été proche du père de la blonde ainsi que de la jeune fille, prenant naturellement la place d'une maman dans son cœur. Il ne développa pas plus et, heureusement, ses explications semblèrent suffire.

« Et qu'est-que je sens ma petite Mimi ? », voulut savoir Lilith sur un ton maternel.

« Tu sens le vent et le ciel, le pissenlit et la liberté. Tu sens l'océan aussi, et la cécilia. Beaucoup la cécilia. »

Elle mordilla la peau que dévoilait sa robe bustier, et la tante d'Elizabeth se laissa volontiers faire, habituée.

« Ses souvenirs de sa vraie vie sont bloquées ? », demanda Izuku, curieux.

« Oui et non. Parfois, des souvenirs qu'elle a avec Manami, avant que son alter n'apparaisse, se mélangent à ceux qu'elle se crée. Quand je romps la transformation, elle garde ses souvenirs de ce bref retour en enfance, parce que telle est ma volonté. Mais je fais en sorte de bloquer ses souvenirs pendant la transformation pour qu'elle puisse profiter de l'insouciance de l'enfance et de l'amour d'une mère, sans que cela ne l'amène à comparer ces moments à sa vraie vie. »

« J'ai toujours trouvé ça mauvais pour Oneechan. », confia Elizabeth. « Cela ne fait que lui rappeler inlassablement ce qu'il se serait passé si Aiko ne l'avait pas élevé ou si elle avait agi en véritable mère. C'est se faire souffrir volontairement et inutilement. Mais elle dit que, au contraire, cela lui fait du bien. Même si l'événement est temporaire, les souvenirs restent gravés en elle et y repenser avant qu'elle ne se couche lui permet de dormir sur ses deux oreilles. »

« Elle en a besoin Ellie. Elle n'a pas pu grandir et mûrir comme n'importe quel enfant.... Mimi, où tu vas ? »

Mitsune ne lui répondit pas et courut en silence vers Venti pour lui voler son béret. Cependant, le barde l'entendit venir grâce à la légère brise qui la lui signala mais la laissa prendre son chapeau. La blonde l'enfonça sur sa tête, aplatissant ses oreilles, avant de revenir vers Lilith.

« Moi aussi je sens la cécilia, maintenant ! », déclara fièrement la blonde, avec un grand sourire innocent sur les lèvres.

Tous sourirent, attendris et Lilith reprit la fillette dans ses bras. Celle-ci s'attela à défaire sa tresse de ses doigts potelés avant de faire une coiffure à oreilles de chat avec les boucles argentées de l'adulte, malgré le béret trop grand qui lui tombait régulièrement sur les yeux.

« Elle vous fait faire tout ce qu'elle veut en fait ! », fit remarquer Ochaco en riant.

« Tu es encore trop jeune pour le comprendre jeune fille, mais ces moments anodins sont vitales pour qu'une relation mère-enfant s'établisse et se renforce. Je ne dis pas qu'il faut tout laisser couler, mais ces moments simples rapprochent la mère et son enfant. Mais si la mère cesse de se comporter comme telle alors que l'enfant en a besoin, le lien se brise et il subsiste alors un grand vide chez l'enfant en question, qui essaie inconsciemment de combler ce manque en allant systématiquement dans l'excès dans un certain domaine. Le lien mère-enfant est un lien privilégié, et il sera toujours plus puissant que le lien père-enfant, car il s'est établi dès la formation du fœtus dans le ventre de la mère. Lorsqu'il se brise bien trop tôt, l'enfant n'a plus de repère et il peut éprouver inconsciemment la peur de l'abandon. »

« Qu'est-ce-qui se passe alors ? », interrogea Tenya.

« Il y a plusieurs cas possibles. Certaines personnes se coupent du monde ou se montrent particulièrement antipathiques, car ils croient que, de toute façon, les gens auxquels ils s'attachent finiront par les laisser tomber. D'autres s'attachent aux gens mais les privent ensuite de liberté car ils ressentent le besoin perpétuel d'être avec eux, ce qui conduit ces gens à les abandonner par la suite. Je ne suis pas psychologue, il doit y avoir beaucoup d'autres cas différents, mais ce sont ceux dont j'ai connaissance. Mimi était très antipathique avec la plupart des personnes depuis l'apparition de son alter et elle a reporté son besoin d'amour maternel sur son père et moi, et dans le dessin. Pendant un moment, elle refusait tout bonnement de se séparer de nous deux, même pour aller à l'école. Cela a été difficile, surtout que Manami refusait et refuse toujours que je respire le même air que son héritière. Le lien avec Fenrir a permis de diminuer cette dépendance, ou plutôt de la déplacer. Ils étaient et sont toujours fourrés ensemble ces deux-là. Fenrir est un hybride, soit à peu près le seul type de personne qu'elle respectait à l'époque en dehors de moi et de son cousin, elle a trouvé en lui un ami et un confident qui ne la laissera pas tomber. »

« Et voilà ! Maman exactement comme moi ! Pas vrai Shosho ? », gazouilla la fillette en souriant à Shoto.

« Depuis quand tu m'appelles Shosho ? », releva le bicolore. « Et pourquoi elle se souvient de moi ? Je croyais que ses souvenirs étaient bloqués. »

« Je ne peux pas bloquer ce que le lien a créé Shoto. Vous êtes liés tous les deux. C'est récent, mais votre lien est à la fois très solide et très fin. Celui qu'elle a avec Fenrir s'est solidifié et épaissi au fil du temps, mais c'est différent pour vous. Elle t'accorde la même confiance qu'à Fenrir, mais vous vous ne vous connaissez pas beaucoup, ou tout du moins elle ne veut pas s'ouvrir à toi. »

« D'accord, mais pourquoi ce surnom ? »

« Parce que ça va bien au garçon gentil et mignon que tu es. », répondit innocemment la petite Kitsune.

Avec agilité, elle sauta des jambes de Lilith pour venir sur celles de Shoto et l'enlacer, alors qu'il était devenu aussi statique qu'une statue de sel. Seul le rouge extrême de ses joues montraient qu'il était vivant.

« Chevalier Shosho de Mondstadt ! Tu joues avec moi ? »

Shoto ne répondit pas, toujours paralysé. Izuku prit donc la fillette dans ses bras mais elle se débattit aussitôt en hurlant, toutes griffes dehors.

« Lâche-moi !! Maman !! Maman ! »

« Ma chérie, calme-toi. », lui dit Lilith avec douceur en la récupérant des bras du lycéen, un peu déçu qu'elle réagisse si violemment avec lui.

Mitsune se calma aussitôt et toucha de ses doigts les oreilles de chat argentées de sa mère.

« Maman comme moi ! Hein Shosho ? »

Ochaco secoua vigoureusement le bicolore pour qu'il revienne à la réalité, car la fillette quémandait une réponse de sa part. Shoto secoua la tête pour se remettre les idées en place, puis se leva pour venir s'accroupir face à Lilith et Mitsune.

« Oui, elle est très jolie Mitsune, mais elle n'a pas besoin de fausses oreilles pour être ta Maman, tu sais ? Le sang ne fait pas la famille, il suffit juste d'un peu d'amour. Et ta Maman t'aime beaucoup. »

« Et toi Shosho ? Tu m'aimes ? »

Elle souffla du nez lorsque le béret tomba sur ses yeux. Shoto le releva en rigolant. Décidément, il lui était impossible de rester impassible avec cette fille, qu'elle soit en version enfant ou en version adolescente...

« Bien sûr ! On est liés. Je ne t'abandonnerai pas, je te l'ai promis, non ? Et mes promesses, je les respecte autant qu'un Kitsune respecte les siennes. »

La blonde lui offrit un sourire éblouissant, dévoilant des petites quenottes de renardeau.

« Shosho chevalier ! », s'exclama-t-elle en frappant joyeusement dans ses mains. « Wolfyyyy, Gorouuuu, venez jouer avec Shosho et moi ! »

« D'abord, tu vas manger petite renarde. »

Il la prit en poids, la retirant des bras de Lilith qui le laissa faire. La fillette ne se débattit même pas et regarda plutôt les étoiles, pendant que le bicolore lui préparait de sa main libre une brochette de viande.

« Danger... réveil du mal... », commença à lire Mitsune.

Shoto sentit l'inquiétude de la fillette grimper en flèche, alors il essaya de la rassurer d'une voix douce.

« Tout va bien Mitsune, tu n'as rien à craindre. »

« Si. Les dames du ciel prédisent l'avenir, et elles disent que le mal va se réveiller dans peu de temps. La lumière va le vaincre au péril de sa luminosité, et une ère de chaos va s'installer avant que son successeur brille à son tour. Elles disent aussi qu'une menace bien plus importante va en profiter pour agir mais qu'une divinité va s'éveiller et qu'elle va empêcher ce chaos d'arriver en dirigeant une troupe de puissants magiciens. »

« Comment tu peux lire tout ça dans les étoiles ? », s'étonna Shoto en levant le regard vers le ciel.

« Alatus m'a appris à lire les dames du ciel, un jour où il était de passage à Mondstadt. Et les dames du ciel ont toujours raison, c'est lui qui l'a dit. C'est un Yaksha, il sait forcément de quoi il parle. »

« Tu sais ce qu'est un Yaksha ? »

« Oui, c'est un dieu qui purifie le monde de la haine des dieux déchus lors de la guerre il y a très, très, très longtemps. Il a un contrat avec Rex Lapis et doit protéger Liyue et la Terre. Alatus ! Qu'est-ce-que tu lis dans les dames du ciel ? »

Xiao tourna un instant la tête vers la fillette, avant de regarder les étoiles. Il ressortit alors d'une façon beaucoup plus prophétique ce que Mitsune avait lu dans le ciel.

« Tu vois ? Les dames du ciel ont toujours raison ! », déclara Mitsune.

« Ainsi, elle savait comment connaître l'avenir avant de commencer à avoir des visions du futur et sans que ce ne soit involontaire ? »

« Je peux avoir des visons du futur avec mon alter ? », s'extasia la blonde. « J'ai trop hâte de savoir comment faire !! »

« Je n'en doute pas, mais tu verras ça une autre fois. »

Il retira la brochette de viande du feu et la donna à la Kitsune, qui s'empressa d'y planter ses petits crocs, se mettant comme à son habitude du jus de partout. Pendant ce temps, Klee embêtait Katsuki pour qu'il fasse un concours d'explosion avec elle, depuis qu'elle l'avait vu utiliser son alter pour intimider Eijiro afin de le convaincre de se taire.

« Crève sale gamine ! », cria l'explosif en faisant apparaître de petites explosions dans sa main.

« Ça veut dire que tu viens jouer avec moi ? »

« Imouto-chan Klee ! Papa pas vouloir « boum ! » ! », lui rappela Razor.

« Mais c'est un héros, y'a pas de danger ! », rétorqua la fillette vêtue de rouge. « Cadeau ! »

Elle lança dans les airs une sphère rouge, surprenant Katsuki. La boule rouge explosa, produisant un souffle similaire aux explosions du blond en entraînement.

« Klee ! », gronda Andrius.

« OK, cette gamine est peut-être pas si chiante. », convint Katsuki. « Tu veux qu'on fasse un concours de qui va faire la plus grande explosion ? »

« Oh oui !! »

« Klee, non ! », cria Andrius.

« Je vous préviens, vous vous débrouillerez avec Jean après ! », dit Lumine. « Parce que là, vous allez inquiéter tout Mondstadt. »

Les deux blonds partirent sans plus s'en préoccuper, la petite ignorant son père adoptif, et Koro les suivit pour les arrêter si cela devenait trop dangereux.

Après une brochette de viande engloutie, Fenrir et Gorou se joignirent à la petite Mitsune pour jouer, Shoto souhaitant lui-même manger. Les trois hybrides prirent donc leur apparence animale avant de se courir après comme des fous après autour du feu. Parfois, l'un d'eux en attrapait un autre et le mordillait en secouant la tête ou alors ils se bagarraient, montrant à tout le monde une version ludique de la chasse.

Lorsqu'elle fut trop fatiguée pour continuer, le jeu se termina, Gorou et Fenrir préférant aller s'assurer que Klee, Katsuki et Koro étaient encore en vie. Mitsune quitta donc sa forme animale et grimpa sur les jambes de Lilith, qui avait heureusement fini de manger. Elle enfouit sa tête dans son cou, humant avec son petit nez sensible sa douce odeur, et serra l'adulte contre elle.

« Je t'aime... Maman... », souffla la blonde avant de s'endormir.

« Moi aussi ma chérie... », lui souffla Lilith en la berçant malgré tout.

« Elle est partie pour la nuit là, si on ne la réveille pas... », sourit Nagisa.

« Je trouve que c'est vraiment beau la relation que vous avez toutes les deux. », émit Izuku. « C'est pareil quand elle n'est pas une enfant ? »

« Elle se comporte toujours comme une enfant avec moi, que j'utilise mon alter ou non. Mimi est un coeur d'enfant et un esprit d'adulte dans un corps d'adolescente. C'est le rôle des parents de faire grandir le coeur en même temps que le reste, mais cela ne peut pas se faire avec seulement un parent, ou si le lien avec la mère est coupé en tout cas. Elle me considère comme sa mère, c'est donc à moi de la guider du mieux possible, au même titre que ses liés. Et puis... je suis infertile, cela me fait plaisir de pouvoir m'occuper d'elle comme si c'était ma fille. Je la considère comme telle. Shoto, merci de m'avoir invité à venir passer la journée ici. »

« Ah c'était rien. », réfuta Shoto. « C'était l'idée de Fenrir. »

« Même pas vrai ! », réagit ce dernier en arrivant. « C'est toi qui voulais que Foxy puisse voir Lilith tranquillement. »

« Mais c'est toi qui m'as proposé de lui demander de venir au camp pour la première journée. », insista Shoto. « Et c'est toi qui m'as aidé à prendre contact avec elle. »

« C'est toi qui as tout organisé ! »

« Vous vous battez vraiment pour savoir de qui était cette idée ? », fit Izuku. « On s'en fiche, non ? Mitsune est heureuse, c'est ce qui compte. »

Les deux liés se regardèrent avant de rigoler légèrement devant la puérilité de leur échange.

« Tu ne peux pas rester plus longtemps ? », demanda Fenrir.

« Non. », s'excusa Lilith. « Je suis en déplacement pour Istar pour deux semaines, je n'ai pas pu retarder mon départ de plus d'une journée. Mais chaque seconde avec Mimi est précieuse, donc je ne m'en plains pas. »

« Tu seras toujours la bienvenue à Liones Tante Lilith. Oneechan y est souvent, pour ne pas dire tout le temps quand elle n'a pas cours à Yuei. »

« J'essaierai de passer plus souvent. », promit Lilith. « Pour le moment, je peux avoir un autre verre de jus de pommes crépusculaires ? »

Elizabeth alla chercher la carafe et remplit le verre de sa tante, qui avait décroché Mitsune de son cou pour l'allonger sur le banc, sa tête sur ses cuisses et la main de l'argentée lui caressant les cheveux. Shoto ne put réprimer un sourire attendri en voyant le visage apaisé de sa liée et l'amour débordant qu'elle éprouvait rien qu'en sentant Lilith dans les parages, malgré le fait qu'elle était plongée dans un sommeil profond.

« Son passé est horrible. Sa mère est horrible mais, pourtant, elle a réussi à se construire une famille qui vaut infiniment plus que Manami. »

Dans les bois, cachée derrière un arbre, une petite fille de neuf ans regardait la fillette endormie sur les jambes de Lilith, envieuse elle aussi de connaître l'amour d'une mère et impatiente de pouvoir enfin entrer en contact avec celle dont son responsable légal parlait souvent. Mais malheureusement, cela lui était défendue pour le moment. Lorsque cela serait le cas, elle espérait que sa réaction ne soit pas négative, bien qu'il était probable qu'elle le serait...

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