Chapitre 37 : Un jeune loup dans une grande cité

Mondstadt, cité de Mondstadt, 20 juillet 2500, 15h30

« Tu devrais te reposer un peu Mitsune. », conseilla Shoto, alors que sa liée venait de se laisser tomber sur un banc, épuisée de courir partout pour aider les habitants.

« Je... j'ai juste besoin de cinq minutes de pause... », articula Mitsune, à bout de souffle car n'ayant pas complètement récupéré du matin même.

« Je vais continuer la visite. », décida Nagisa. « Repose-toi Itoko-chan ! »

« N-Non, tout va bien. J'ai dit que... que je ferai visiter... et je le ferai... »

Nagisa regarda Shoto, qui lui fit un signe de tête pour lui faire comprendre qu'il s'occupait d'elle. Le bleu hocha la tête et fit signe aux autres de le suivre, avant d'aller tranquillement en direction de la partie supérieure de la cité, là où il y avait la place Anémo, la statue de Barbatos et la cathédrale de Favonius, Karma en tête avec lui. Celui-ci jeta un sourire narquois à la Kitsune, qui lui lança un regard qui aurait pu le tuer sur place si elle en avait le pouvoir.

« Laisse-la tranquille ! », lui intima Nagisa. « C'est ta faute si elle ne t'apprécie pas. »

« Pourquoi ça ? Je la connaissais pas avant aujourd'hui. Enfin si, parce que tu m'as parlé vite fait d'elle mais c'est tout. Je sais qu'elle veut te protéger et qu'elle ne veut pas que je te snobe à nouveau, mais est-ce vraiment une raison pour me détester, alors qu'elle me connaît même pas ? »

« Elle te déteste depuis que tu m'as laissé tomber et que tu as commencé à me snober, sans me donner d'explications. On était très proches tous les deux, alors cela m'a blessé. Et elle déteste qu'on blesse les gens qu'elle aime. Comme tu l'as dit, elle veut me protéger. C'est dans sa nature, elle est protectrice, c'est tout. Elle déteste les gens qui blesse ceux qu'elle aime, peu importe si ces derniers les pardonnent ou pas. On est tous les deux enfants uniques, alors on tient beaucoup l'un à l'autre, on a une relation quasi fraternelle je dirais. »

« ... qu'est-ce-que je dois faire pour m'entendre un minimum avec elle ? », demanda Karma.

Il venait de comprendre l'importance de la Kitsune aux yeux de Nagisa. Jusqu'alors, il n'en avait pas pris conscience. Le bleu lui avait déjà dit qu'il tenait beaucoup à elle, mais le rouge n'avait pas compris qu'ils étaient aussi proches. Il s'évertuait à rattraper son erreur passée, mais il réalisa qu'il ne devait pas la rattraper qu'auprès de Nagisa. Il devait se rattraper auprès de Mitsune également, lui prouver qu'il ne ferait plus jamais de mal à son cousin. Si seulement il n'avait pas été trop lâche pour assumer les sentiments qu'il développait envers le bleu...

Karma perdit son regard doré dans le ciel bleu, pendant que Nagisa expliquait des détails historiques au groupe d'élèves. S'il tenait autant que ça à Mitsune, il allait devoir faire un effort pour avoir des rapports pacifiques avec elle, et pas uniquement se racheter auprès d'elle. Il devait s'entendre un minimum avec elle, pour le bien de son petit bleu. Nagisa avait raison, c'était à cause de sa lâcheté que sa blonde cousine le détestait. Il ne connaissait pas vraiment les coutumes des Kitsunes, mais il savait que si quelqu'un osait blesser une personne de leur entourage, il subissait de cruelles représailles. Et la jeune Shiota était tout à fait dans son droit de le haïr. C'était plutôt lui qui avait tort de penser qu'il ne lui avait rien fait, qu'elle n'avait aucune raison de le détester. Mais ça, il ne l'avouerait jamais.

« Essaie juste... d'être gentil avec elle, et de ne pas la prendre de haut. », lui répondit finalement le bleu. « Elle veut simplement mon bonheur, alors je sais qu'elle ne fera rien qui puisse m'attrister. Je... je tiens vraiment à elle, cela me ferait tellement plaisir que vous fassiez tous les deux un effort pour vous entendre... »

Karma sourit devant sa demande faite avec l'innocence qui caractérisait Nagisa. Il lui ébouriffa les cheveux, défaisant légèrement ses petites couettes bleues.

« Pour tes beaux yeux, je peux bien faire un effort. », le taquina-t-il, le faisant virer au rouge pivoine.

« M-M-Merci Karma... »

Le rouge eut un petit sourire en coin, trouvant son ami particulièrement adorable avec ses joues toutes rouges et la gêne qui transpirait de chaque pore de sa peau. Cependant, il n'eut pas l'opportunité de le taquiner car Kaede, une fille aussi petite que Nagisa, aux cheveux verts et aux yeux dorés, interrogea son meilleur ami sur l'Ordre de Favonius, puisqu'ils étaient arrivés devant le QG.

Sur la place du marché, Shoto attendait patiemment que sa liée reprenne son souffle. Il aurait pu paraître complètement neutre, mais ses sourcils légèrement froncés trahissaient son inquiétude.

« Tu comptes aller voir la Grande Prêtresse quand, pour tes compléments alimentaires ? Ton corps se fatigue de plus en plus j'ai l'impression. D'habitude, de la viande fraîche suffit à te remettre suffisamment d'aplomb pour que tu puisses courir partout sans fatiguer. »

« Que je le veuille ou non... demain, je serai au temple. Donc, je comptais lui en parler demain. Même si je me terrerais bien au fond du Territoire des Loups durant tout l'été... »

Sans un mot, il vint s'asseoir à côté d'elle sur le banc et passa une main dans son dos pour lui manifester son soutien. Elle se laissa faire et posa même sa tête sur l'épaule de son lié, puisant en lui toute cette force mentale qu'il avait et qu'elle n'avait plus. La sienne s'était usée au fil du temps, avant de disparaître.

« Je ne suis pas aussi fort que tu le crois... », fit finalement Shoto, percevant ses pensées. « Le ciel ne s'est juste pas acharné sur moi, alors qu'il s'est déchaîné sur toi... »

« Rien n'arrive jamais sans raison... je le sais mais... mais je n'arrive plus à m'y faire. Pourtant, ce que je vis, ce n'est rien comparé à ce qu'endure Alatus... pourquoi je n'arrive pas à être aussi forte que lui ? »

« Parce que toi, tu t'attaches aux gens. Je n'ai pas l'impression que ce soit son cas, ce que je peux comprendre vu qu'il est une divinité. S'attacher, c'est aussi souffrir. Rien n'est tout blanc ou tout noir, tout est gris. Mais plutôt que de le rejeter, je pense que tu devrais accepter le soutien que t'apportent tes amis. »

« Je... je n'y arrive juste pas. Je ne veux pas les déranger avec mes problèmes. Même toi, je ne le veux pas. Mais tu es la seule personne assez inconsciente pour vouloir m'aider en en ayant rien à faire du fait que je puisse me mettre en colère ou t'attaquer. Déjà, parce qu'ils savent que je les transformerai en chair à pâté, mais aussi parce que je leur fais peur quand je perds le contrôle de ma part animale. Mais toi, tu n'as pas peur. Même si je te menace, tu ne bronches pas, alors que je peux te faire sombrer dans la folie. Je ne sais pas si c'est inconscient ou extrêmement courageux... »

« Peut-être un peu des deux. Et puis, jamais tu n'utiliserais ton alter à de mauvaises fins. »

« Qu'est-ce-que tu en sais ? J'ai bien failli pourtant... »

« Oui, tu as failli. Mais aujourd'hui, il n'y a pas une once de méchanceté, bien au contraire. Tu es aussi gentille qu'Izuku, mais certainement moins naïve que lui. Dans un certain sens, tu es plus mature que moi, tu sais. Tu ne veux pas utiliser l'alter de ta mère autrement qu'en soutien de celui de ton père, mais tu le fais quand même quand la situation l'exige, alors que j'en étais pas capable avant le championnat. Tu es forte, mais peut-être un peu trop usée par les événements. Puise en moi la force dont tu as besoin, parce que je sais que je pourrais faire de même quand j'en aurai besoin. »

« Tu m'expliques à quel moment tu en aurais besoin ? »

« En cas de coup dur. Je ne suis pas infaillible, et je ne suis certainement pas aussi fort que tout le monde le pense. Je suis juste doué pour me forger une carapace. Une carapace que tu perces sans difficulté. »

« Si tu parles de ton portrait, c'est parce que j'ai peins des milliers de fois les émotions que j'ai vu dans tes yeux... », souffla la blonde.

« Oui, mais tu les as vu, justement. Personne ne les a jamais vu sans connaître mon histoire. C'est ce qui te rend spéciale. Sans même utiliser ton alter, tu lis dans le cœur des autres comme dans un livre ouvert. »

« Désolée de te décevoir, mais je ne sais pas lire les gens comme j'arrive à lire Wolfy et toi. »

« Tu n'as pas eu besoin du lien pour voir les émotions en moi, ce jour-là. », réfuta Shoto.

« Tu dois être l'exception, alors. »

Il tourna la tête pour lui sourire puis lui gratouilla derrière les oreilles, la faisant irrémédiablement ronronner.

« Tu veux un en-cas ? », demanda-t-il soudainement, ayant vu du coin de l'œil ses crocs s'allonger.

« Oui... », avoua Mitsune, gênée de se montrer aussi vorace.

Il rigola légèrement puis la fit se lever du banc pour l'emmener au restaurant Le Bon Chasseur pour lui commander un plat de viande fraîche. La gérante du restaurant le leur servit rapidement, et la nourriture disparut encore plus vite dans l'estomac de la blonde.

« Eh bien ! Tu étais affamée. », fit remarquer Shoto, la regardant s'essuyer les crocs et les lèvres, pleins de jus.

« Oui, et je sais aussi que je ne suis pas sortable, tu peux le dire... », sourit-elle.

Sans un mot, il récupéra la serviette qu'elle venait de poser et lui essuya avec beaucoup de douceur une trace de jus qu'elle avait sur la joue. Elle se figea, le regard hétérochrome de son lié soudainement rivé au sien. Ses joues rougirent graduellement, avant de devenir franchement cramoisies lorsqu'il déposa un léger baiser sur son front.

« Et c'est loin de me déranger. », murmura-t-il avant de se redresser.

Complètement rouge et gênée, elle baissa les yeux sur son assiette vide. Elle se leva précipitamment, prétextant devoir payer, et il la laissa faire avec un léger sourire, attendri. Décidément, cette adolescente était spéciale. Elle lisait en lui comme dans un livre ouvert bien avant le lien et elle réussissait à le chambouler d'un sourire, bien avant qu'ils ne deviennent amis. Il n'y avait vraiment qu'elle qu'il cherchait autant à aider, il n'aurait pas fait autant d'efforts pour quelqu'un d'autre. Elle avait su le marquer au plus profond de lui-même, sans vraiment savoir comment elle l'avait fait, mais c'était un fait. Jamais il n'avait eu autant envie d'aider quelqu'un.

Percevant ses pensées, Mitsune devint encore plus rouge alors qu'elle réglait la note au comptoir. Lorsqu'elle revint vers son lié, elle était encore toute gênée, mine absolument adorable selon lui (comme beaucoup de choses chez elle, mais jamais il ne se l'avouerait), mais il ne fit aucun commentaire. A la place, ils allèrent ensemble sur la place Anémo pour rejoindre Aether et le reste du groupe. Ces derniers étaient en compagnie d'un jeune garçon à la peau claire. Son aspect chétive lui donnait une certaine ressemblance avec Nagisa dans l'aspect androgyne, un aspect renforcé par ses cheveux courts noir-bleuté, dont deux tresses jumelles arrivant à ses épaules se fondant dans l'aqua aux extrémités encadraient son visage, faisant écho à ses yeux. Sur sa tête trônait un béret vert avec une cécilia, une fleur blanche trouvable à l'état sauvage sur les terres de Mondstadt, épinglée. Il avait dans sa main gauche une lyre et, à l'image de Zhongli, il portait à l'annulaire, droit cette fois, une chevalière en argent surmontée d'une pierre. Celle-ci n'était pas de couleur doré mais turquoise, avec un symbole plus clair faisant penser à un être ailé.

« Héhé ! Ma renarde préférée est de retour au bercail ! », fit le jeune barde en la voyant arriver. « Tu m'offres un verre ? »

« Désolée Venti, je suis fauchée ! », sourit Mitsune, absolument pas désolée. « Et puis, Diluc ne te laissera pas boire, tu n'as que quinze ans. »

« J'en ai eu seize le mois dernier. », argumenta Venti.

« Au pire, tu n'as qu'à passer au Boar Hat. Meliodas est bien le seul mineur à qui Diluc accepte de vendre de l'alcool. Je me demande pourquoi d'ailleurs... », dit Aether.

« Ne l'encourage pas Aether. », soupira Nagisa.

« Déjà, parce que les dépenses du Boar Hat sont assurées par Liones. », expliqua Mitsune. « Et aussi parce qu'il a une autorisation officielle signée par Bartra qu'il présente à Diluc à chaque fois. Il accepte de lui vendre cet alcool parce qu'il sait qu'il servira avant tout à la taverne de l'école, où la prise de boissons alcoolisées est contrôlée de manière drastique, pas pour son usage personnel, à la différence de Kaeya et toi ! »

« Héhé ! Kaeya est un bon copain de boisson ! », sourit Venti, ignorant royalement le reproche qu'elle venait de lui faire.

« Qui n'a que seize ans, comme toi. », argumenta la blonde.

« Ce n'est qu'un détail ! », rétorqua Venti en lui tirant la langue. « Je trouve toujours un moyen pour boire. »

« Tu es presque aussi fauché que Zhongli. Ce n'est certainement pas avec l'argent que les passants te donnent pour ton passe-temps de barde que tu vas pouvoir te payer l'alcool hors de prix de Diluc. », soupira Mitsune.

« Héhé ! », émit fièrement le barde. « Tu sais bien que pour les demandes personnelles, je me fais payer en bouteille de vin de pissenlit et en pommes ! »

« Contente-toi des pommes, c'est meilleur pour la santé. »

La joute verbale continua entre les deux, sous les regards amusés de la bande. Aether, lui, couvait son copain d'un regard qui transpirait l'amour.

« Plutôt que de déblatérer des idioties, accompagne-moi ! », proposa Venti pour couper court aux remontrances de la Kitsune.

Il désigna sa lyre, mais elle secoua la tête.

« Tu sais bien que je ne joue pas ce genre de musique. Tu as beaucoup de talent Venti, mais je ne joue que des musiques qui donnent la pêche. »

« Alors danse. »

« Je manque de grâce et d'élégance sur des musiques douces. »

« Je peux savoir qui est l'idiot qui t'a dit ça ? », voulut savoir le barde, approuvé principalement par Aether, Shoto et Nagisa.

« Moi. Quand je m'adonne à l'art, c'est pour oublier mes soucis. J'ai besoin que mon être tout entier, mon âme, soit prise dans ce que je fais. C'est pour ça que je ne compose, ne joue ou ne danse pas des musiques lentes. Tu le sais, ce n'est pas la première fois que je te le dis Venti. »

Comprenant désormais la raison, Shoto posa une main sur sa tête pour la soutenir. Venti n'en manqua rien et eut un sourire en coin malicieux.

« Héhé ! Tu nous avais pas dit que t'avais un copain Mitsune ! »

« C'est hallucinant comment il passe d'un sujet à un autre... », songea la blonde en rougissant de gêne. « Ne dis pas de bêtises. C'est mon lié. »

« Je croyais que c'était Fenrir. »

« Je peux en avoir plusieurs, en ce qui concerne le lien profane. Tu confonds avec le lien sacré Venti. »

« Pourtant, t'as l'air super proche de lui. Plus que de Fenrir, je veux dire. »

Il lui jeta un regard lourd de sous-entendus alors que Shoto regardait ailleurs, refusant de croiser le regard de qui que ce soit, gêné au même titre que sa liée. D'ailleurs, cette dernière donna un coup de poing sur la tête du barde pour le faire taire.

« Aoutch ! T'es méchante ! »

« Roh arrête, t'es capable d'encaisser. »

« Tu ne vois pas que je suis tout chétif ? », fit innocemment Venti.

« A d'autres, barde de pacotille ! Tu sais comme moi que, si on se battait avec nos alters, tu gagnerais certainement. Ne me la fais pas à moi. »

Les élèves de Yuei déglutirent. La Kitsune était réellement imbattable. D'ailleurs, tous s'accordaient pour dire que, si elle n'avait pas autant usé de son alter le jour du championnat pour les soigner et pour raisonner Fenrir, elle aurait probablement fini première. Comment ce jeune homme aussi frêle que Nagisa pouvait-il battre leur camarade de classe ?

« Tu veux qu'on la joue comme ça ? On est au même niveau, sauf que moi je sais les utiliser. C'est impossible de savoir qui gagnera. », argumenta le barde.

« Sauf que tu sais parfaitement que jamais je ne les utiliserai. »

« C'est pas pour ça que tu es à Mondstadt ? »

« Si Miko croît que je vais faire sa foutue formation, elle peut attendre qu'Aiko devienne charitable. », rétorqua Mitsune, d'une voix sombre de colère.

Ses poings serrés luirent légèrement d'une lumière bleu océan et Venti adressa un regard inquiet au ciel, qui commençait à se couvrir. Avant même qu'il ne puisse prononcer un mot, le ciel redevint bleu. Il reposa alors son regard aqua sur la blonde, pour remarquer qu'elle était complètement détendue, la tête penchée du côté de l'oreille que son lié gratouillait pour la calmer. Cela l'étonna, car Fenrir avait toujours dû argumenter un minimum pour que la Kitsune se calme quand il était question de son passé. Pourtant, ce jeune homme n'en avait même pas besoin, comme si son lien était différent de celui qu'elle avait avec Fenrir. C'était sans doute le cas, mais ce que lui avait rapporté le vent depuis l'arrivée de Yuei à Mondstadt n'avait pas laissé présager une telle complicité.

« C'est une bonne chose ! », jugea Venti.

« Oneechan... Mimi ? »

Les oreilles de la blonde bougèrent de joie, reconnaissant la voix hésitante, bien qu'elle soit légèrement plus grave que dans ses souvenirs. Elle se tourna et s'approcha du nouveau venu, avant de s'accroupir devant lui afin qu'il soit plus grand qu'elle. Du haut de ses douze ans, le nouveau venu était un jeune garçon à la peau pâle. Il avait de longs cheveux gris hérissés épais comme la fourrure d'un loup et lui arrivant aux genoux, ainsi que des yeux rouges vifs qui lui rappelaient ceux de son père même si ce n'était pas exactement la même nuance. Il avait plusieurs cicatrices sur son corps, étonnement bien sculpté pour son jeune âge.

Remarquant qu'il regardait partout autour de lui, apeuré, Mitsune posa une main rassurante sur sa tête, avant de déposer un baiser protecteur sur son front. Son lié sourit légèrement. Si elle avait eu un frère ou une sœur, elle aurait été une excellente grande sœur, cela se voyait rien qu'à sa façon de se comporter avec ce jeune garçon effrayé par l'activité citadine.

« Qu'est-ce-que je peux faire pour toi Razor ? »

« Sentir odeur Oniichan Fenrir mais... perdue... trop d'odeurs... trop de bruits... trop de gens... avoir perdu Imouto-chan Klee, Diona, Qiqi, Sayu, Paimon et Elerinna... Papa avoir confié sœurs à Razor... mais Razor avoir perdu sœurs près de grande ville... Razor... a peur. Razor... sentir odeur Oneechan Mimi... alors... Razor aller te voir pour aide. Razor... vouloir retrouver Oniichan Fenrir et sœurs... et vouloir chasser... avec lupical... et Oneechan Mimi. »

Son manque d'éloquence surprit le groupe, hormis Nagisa, Aether et Venti. Mitsune, elle, posa ses mains sur les joues de l'adolescent et lui fit un sourire rassurant.

« Tout va bien Razor. Fenrir est quelque part sur les remparts avec un ami à moi, il va bien. Je suis sa liée, tu te souviens ? Fais-moi confiance. Et tes petites sœurs ne doivent pas être très loin, on va les retrouver, je te le promets. Et puis, après, je te ferai une tarte aux baies à crochet, ça te va ? »

Razor hocha la tête et conduisit la Kitsune à l'endroit où il avait perdu ses sœurs. Aether l'accompagna, commençant à connaître les cachettes de cinq des fillettes lorsqu'elles échappaient à la surveillance de Razor, le plus âgé de la fratrie en dehors de Gorou et Fenrir. Le jeune adolescent perdait souvent ses soeurs quand ils étaient dehors du Territoire des Loups, car il avait très peur des gens et de l'effervescence humaine en général, ce qui n'était pas le cas de ses fripouilles de soeurs.

« Ventiiii ? »

« Oui Aether ? »

« Tu peux continuer la visite pour les amis de Mitsune ? »

« Je peux la faire, tu sais ? », fit Nagisa.

« Oui, mais c'est toujours mieux quand Venti fait visiter, il sait des trucs que même Jean ne sait pas ! »

Le barde lui fit signe qu'il était d'accord puis laissa partir son amant avec la Kitsune. Shoto, lui, les suivit afin de les aider. Ils sortirent ainsi de la cité, ce qui sembla soulager un tout petit peu Razor.

« Razor... avoir perdu sœurs ici. », indiqua-t-il, alors qu'ils étaient au croisement permettant de se rendre à Deauclaire, dans le Bois des Murmures ou dans la cité.

« Bon. Klee ne devrait pas être difficile à trouver. A partir du moment où un truc fait « boum ! », c'est forcément elle. », soupira Mitsune.

« Trésors à Imouto-chan Klee faire peur... grandes boules de feu qui font « boum ! » ! », approuva Razor, avant de remuer son petit nez. « Oneechan Mimi... qui est... cet humain ? Porte... la même odeur que toi... »

« C'est mon lié, même si c'est plutôt récent. C'est pour ça. »

Razor tourna son regard rouge vers celui hétérochrome du bicolore. Pour ne pas l'effrayer, celui-ci s'accroupit comme sa liée un peu plus tôt, ce qui la fit sourire.

« Toi... être quelqu'un de bien... Moi... Razor... petit frère d'Oniichan Fenrir. Toi... connaître Oniichan Fenrir ? »

« Oui, je le connais, et c'est vraiment quelqu'un de bien. Moi, c'est Shoto. Je suis heureux de te rencontrer Razor. »

« Razor... heureux aussi... Razor et Shoto... amis ? »

« Les amis de mes amis sont mes amis. », affirma Shoto.

Razor pencha la tête sur le côté, n'ayant pas compris ce que le bicolore voulait dire. Sa bouille adorable fit rire Mitsune et Aether. Ce dernier lui ébouriffa les cheveux à travers sa capuche.

« Il accepte d'être ton ami Razor ! »

Un sourire enfantin éclaira le visage du frère cadet de Fenrir, ce qui fit sourire un peu plus Shoto.

« Ami... vouloir chasser... avec Razor et lupical... après ? »

« Euh... je ne suis pas certain qu'il aime chasser. », fit remarquer Aether.

« Shoto... faire partie du lupical... pourquoi... pas chasser ? »

Razor regarda innocemment Shoto, qui ne put lui refuser une partie de chasse devant sa joie évidente de chasser avec son nouvel ami.

« D'accord, j'irais chasser avec vous. »

« Razor content ! », sourit ce dernier.

« Par contre Mitsune, je croyais que « lupical » désignait la famille ? Pourquoi j'en ferais partie ? », demanda Shoto.

« Pour la même raison que j'appelle Lilith « Maman ». Razor n'est pas le frère biologique de Wolfy, et Andrius n'est pas son père biologique. Chaque enfant dont il s'occupe le sait, donc ils ne connaissent pas la distinction que d'autres ont entre la famille de sang et la famille de coeur. Pour eux, c'est la même chose. Leur famille, c'est tous ceux qu'ils aiment. En plus, tu es mon lié, ce qui fait que tu fais d'autant plus partie de leur lupical, au même titre que moi, dans un certain sens. »

« Tous ces enfants parlent comme Razor ? »

« Non... sœurs parler bien... mais Razor... pas réussir à parler bien. Razor... trop proche des loups pour ça. Mais lupical comprendre Razor. », affirma le frère adoptif de Fenrir. « Shoto... pas comprendre Razor ? »

« Si, je te comprends très bien, ne t'inquiète pas. », le rassura Shoto.

Soudainement, Razor et Mitsune s'agitèrent, une forte odeur leur vrillant le nez. Shoto la sentait à peine mais, connectée à la Kitsune, il ressentait le danger et l'angoisse qu'elle lui procurait. Aether, lui, utilisait l'étrange alter que sa sœur et lui avaient, à savoir le maniement des sept éléments, afin de repérer les six fillettes.

« Imouto-chan Klee... »

« Elle va faire exploser une bombe ?! En pleine ville ?! », s'écria Aether.

« Non... trésor à Imouto-chan Klee dans Lac de Cidre. Oneechan Mimi pouvoir « crack ! » avant que « boum ! » ? »

Mitsune renifla l'air, alors que Shoto prenait une seconde pour décoder les mots de Razor. Visiblement habituée, la blonde hocha la tête. Ils se dépêchèrent donc de rejoindre la berge du Lac de Cidre qui se situait entre Deauclaire et le Territoire des Loups, avant que la bombe n'explose. Mitsune et Aether n'attendirent même pas d'être au bord de l'eau, utilisant leur alter conjointement tout en courant afin de désamorcer la bombe qui, ils en étaient sûrs, aurait causé la panique générale, surtout après la vision dont Mitsune avait fait part à Ochaco, Tenya, Izuku, Shoto et Aizawa, et que Xiao avait deviné. Grâce à leur maîtrise de l'élément Hydro, l'objet destructeur fut exterminé sans danger.

« Pfff... pourquoi elle n'a pas explosé ? », soupira une petite fille de huit ou neuf ans à la peau pâle, aux yeux d'un rouge plus clair que Razor, aux cheveux blonds pâles attachés en couettes basses et aux oreilles d'elfe proéminentes.

« Razor... enfin trouver Imouto-chan Klee ! »

En entendant son prénom, Klee se retourna et sourit à son frère adoptif.

« Oniichan Razor ! »

« Razor pas content ! Razor avoir été inquiet ! Papa pas content ! », la réprimanda Razor.

« Non ! Ne dis rien à Papa ! S'il te plaît Oniichan Razor-que-j'aime-le-plus-au-monde ! », supplia Klee. « Je partirais plus sans te prévenir, promis ! »

« Imouto-chan Klee avoir déjà promis il y a trente lunes... mais pas avoir tenu parole. », rappela Razor.

« Klee, tu as de la chance que Mitsune et moi ayons pu désamorcer ta bombe avant qu'elle n'explose. », fit sévèrement Aether. « C'est dangereux et tu le sais. D'autant plus que tout le monde aurait cru à une attaque de super-vilains. Avec autant d'élèves réunis dans le coin, c'était loin d'être une bonne idée. Tu dois arrêter de créer des bombes ! »

« Mais c'est rigolo ! C'est plein de couleurs ! », argumenta Klee en toute innocence.

« Elle s'entendrait bien avec Katsuki... », soupira Shoto.

« Tu veux la destruction de Mondstadt, c'est pas possible ! », s'écria Mitsune, effarée de l'idée de son lié.

« Justement. »

« Klee. », reprit la blonde plus sévèrement. « Promets-moi que tu arrêteras de fausser compagnie à Razor et que tu ne feras plus de bombe sans la surveillance d'un adulte responsable comme Diluc, Jean ou Albédo. »

« Et Lumine et Aether ? »

« Et Lumine et Aether. », accepta Mitsune. « Tu me le promets ? »

« Promis Oneechan Mimi ! »

« Tu sais ce que vaut une promesse faite à un Kitsune Klee. »

La petite hocha sentencieusement la tête en frissonnant de peur. Razor tendit ensuite la main à Klee, qui la prit de bon coeur.

« Plus que cinq. », compta Shoto.

« Quatre. Kyoudai-chan Paimon est avec Lumine. », dit Klee, soucieuse de ne pas s'attirer les foudres de la Kitsune.

« Sayu a dû se cacher pour dormir, elle pense que ça va la faire grandir plus vite. », émit Aether. « On va avoir du mal à la trouver. »

« Diona doit être au Cadeau de l'Ange, à mener la vie dure à Diluc en pestant contre les méfaits de l'alcool. Ou alors, elle est au Boar Hat, en train de faire la même chose. », réfléchit Mitsune.

Des hurlements de loup se firent entendre et les oreilles de Mitsune frémirent, avant que Razor, Klee et elle ne prirent un air soulagé.

« Papa... avoir trouvé Imouto-chan Elerinna... ramasser des herbes de soin... pour loups blessés par méchants chasseurs... », expliqua Razor.

« Ils ont encore attaqué le lupical ? », s'inquiéta Klee. « Cela fait deux fois en quinze lunes... enfin quinze jours... »

« Pas peur Imouto-chan Klee. Papa très fort ! Papa faire fuir ces méchants à coups de guilis ! »

Sur ce, il chatouilla sa sœur adoptive en grognant comme un loup pour chasser l'inquiétude de la fillette. Celle-ci rit aux éclats, pendant que Mitsune consultait Meliodas par télépathie de la présence de Diona.

« Deux soucis en moins ! Qiqi est avec Arthur et Diona avec Meliodas. », déclara Mitsune. « Arthur va nous les amener toutes les deux. »

« Donc, on a Klee, Diona, Qiqi, Elerinna et Paimon... ah, je vais voir si elle est bien avec Lumine ! Je vous la ramène si jamais elle est avec elle ! », s'exclama Aether.

Razor hocha la tête puis le blond partit en courant pour rejoindre la cité. Le laissant surveiller Klee, Mitsune se concentra pour repérer Sayu avec seulement ses souvenirs de son aura et de son odeur.

« Elle est à Ventlevé, elle dort au pied du grand chêne de Vennessa. Pour une fillette qui excelle dans les arts du ninja, c'est grotesque comme cachette. », jugea Mitsune. « Je vais la chercher. Shoto, si Klee utilise encore son alter pour créer des bombes, gèle-la. Ce sera toujours mieux que de laisser Razor l'électrocuter ou de laisser ses bombes exploser. »

« Razor... jamais utiliser foudre contre lupical ! », protesta Razor.

« Tu l'as déjà fait, quand tu n'avais pas le choix. Shoto, je te les laisse. »

« Compte sur moi. », affirma son lié.

Elle lui sourit puis fit apparaître les ailes d'Elizabeth dans son dos avant de s'envoler. Il se passa seulement quelques minutes avant qu'elle ne revienne avec une petite fille de l'âge de Klee, qu'elle portait dans les bras du fait qu'elle était endormie. Celle-ci avait des cheveux brun-gris courts et une peau claire. Klee la réveilla en s'écriant joyeusement, et la fillette révéla des yeux bridés rose-violet.

« Hm ? Kyoudai-chan Klee ? Oniichan Razor ? », bâilla la brune en s'étirant de tout son long, après que Mitsune l'ait déposé au sol.

Razor s'apprêtait à lui faire un sermon, mais un jeune homme de l'âge de Shoto et Mitsune arriva. Il avait les cheveux roux ébouriffés, une peau claire et des yeux violets. Il était accompagné de deux fillettes aussi âgées que Klee et Sayu. La première, celle qui semblait vociférer et qui était rouge de colère, avait la peau claire, des cheveux courts roses avec une mini-couette sur le dessus de sa tête et des yeux vert sarcelle. Elle avait des oreilles et une queue de chat blancs à taches noires et caramels. Des crocs étaient perceptibles dans sa bouche ouverte et Shoto supposa qu'elle avait aussi des griffes. La deuxième fillette était l'exacte opposée de la première. Elle était calme, sans émotion et parlait d'un ton plat à Arthur, qui préférait l'écouter plutôt que de prêter attention aux cris de fille-chat qui hurlait l'injustice de l'existence-même de l'alcool. La deuxième fillette avait des cheveux violet clair réunis en une longue tresse dans le dos, une peau pâle à la limite du cadavérique et des yeux magentas.

« Salut Mitsune ! », sourit Arthur, les joues rouges.

« Coucou ! Merci d'avoir ramené les petites, Razor était inquiet... »

« Avec plaisir ! », affirma-t-il, ravi d'avoir pu rendre service à celle dont il était amoureux. « Qiqi voulait parler avec un autre zombi, c'est pour ça qu'elle est venue me voir. Je pensais que qui de droit était au courant, désolé. Je n'ai pas songé à lui demander. »

« Pas grave. Imouto-chan Qiqi était avec toi. Toi être courageux et apporter sécurité. », déclara Razor en tendant la main à ses sœurs.

La mauve alla prendre docilement la main libre de Sayu, après avoir remercié Arthur pour son hospitalité et ses conseils de zombi. Ce dernier lui sourit en retour.

« Imouto-chan Diona, viens. »

« Non ! Il faut que tout le monde comprenne que l'alcool rend les gens méchants ! », protesta Diona.

« Pas concerné lupical, Imouto-chan Diona. Toi devoir arrêter d'embêter les gens avec ça, Papa pas être content. »

« Comme si tu allais lui dire. »

« Razor lui dire si pas le choix. », déclara-t-il très sérieusement.

Diona grogna mais vint malgré tout prendre la main de Klee. Ils furent vite rejoints par Aether, accompagné d'une fillette également du même âge que les quatre fillettes. La différence était qu'elle volait, à l'image de King. Elle avait d'épais cheveux blancs coupés juste au-dessus de ses épaules, des yeux violet foncé et une peau claire.

« Paimon est là ! »

« Elle a vidé l'argent de Lumine en nourriture au Bon Chasseur. Ma sœur est furax ! », rigola Aether, alors que Paimon prenait la main de Qiqi.

« Tout le monde être là. », conclut Razor. « Razor remercier tout le monde. »

« A ton service ! », firent-ils.

« Razor... ramener sœurs à Papa. Chasse... aura lieu dans une heure, dans Bois des Murmures. Lupical être là ce soir... pour manger avec tout le monde. Volonté de Papa et de Prêtresse Renarde. »

« Cela ira ? Je sais que tu n'aimes pas la foule. », s'inquiéta Mitsune.

« Oneechan Mimi être là, et Oniichan Fenrir, Nagisa et Oneesan Gorou aussi. Razor... pouvoir faire un effort. »

Mitsune sourit, affirmant qu'il était très courageux.

« Dis-moi, c'est qui Elerinna ? Je ne crois pas la connaître... », dit soudainement la blonde.

« Papa pas vouloir qu'on le dise à Oneechan Mimi. Papa promettre de le lui dire quand Oneechan Mimi prête. Razor et fratrie lupical avoir promis. »

Perplexe, Mitsune hocha quand même la tête pour montrer qu'elle avait compris, car les promesses et le respect des secrets des autres étaient primordiaux à ses yeux. Elle laissa donc Razor ramener les fillettes à Andrius, puis ils décidèrent de retourner voir le groupe.

« Hum... Mitsune, je peux te parler un instant ? », réclama Arthur, tout rouge. « E-En privé, s'il te plaît. »

Elle acquiesça une nouvelle fois et leur dit qu'elle les rejoindrait. Son lié l'informa qu'il l'attendrait sur le pont, ne souhaitant pas être trop éloigné d'elle au vu des bombes qu'il avait désamorcé en une journée.

« Qu'est-ce-qu'il y a ? Tu as un problème ? », s'inquiéta aussitôt Mitsune, une fois les autres éloignés.

« N-Non ! Pas vraiment... », rougit Arthur. « Hum... je... je me demandais si... enfin... si tu accepterais de sortir avec moi un de ces quatre... quand tu veux hein ! Et si tu veux ! Je ne veux te forcer à rien ! Je sais que tu ne t'intéresses pas vraiment à l'amour. »

« Tu vois que ce n'était pas si compliqué ? », sourit-elle, avant de reprendre. « D'accord, je veux bien. Mais garde en tête que cela ne veut rien dire. »

Arthur hocha la tête, très content, et décida de la laisser pour ne pas passer pour un prétendant un peu trop collant. Il retourna donc au camp, laissant Mitsune rejoindre son lié.

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