Chapitre 31 : La pièce manquante
Japon, Tokyo, Yuei, salle de classe des secondes A, 1er juillet 2500, 8h30
Tandis que les élèves échangeaient à propos de l'accès ou non au camp d'été, Mitsune laissait son crayon à papier noircir une feuille vierge de son carnet. Izuku vint alors la voir et lui demanda à voix basse si la citation qu'elle avait mise sur sa fresque avait un lien avec le fait que le lien qui unissait Izuku et All Might était quelque chose appelé le « One for All ».
« Je t'assure que non. », affirma-t-elle par la pensée. « Je ne te ferai jamais ça, tu le sais. Mais One for All signifie Un pour Tous et c'est la moitié de la citation la plus connue d'Alexandre Dumas, qui est une citation d'unité. Je ne pouvais pas ne pas y faire référence. »
« D'accord, ça me rassure. J'ai confiance en toi, mais je voulais juste en être certain. »
En réponse, elle lui sourit pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave, puis Aizawa débarqua en disant que la cloche avait sonné et que ses élèves devaient s'asseoir. Cependant, tout le monde était déjà assis, impatient de connaître les résultats des examens.
« Certains n'ont pas la moyenne, donc pour le camp d'été... », commença Aizawa, stressant ceux qui étaient persuadés d'être recalés. « ... tout le monde vient ! »
Il eut un grand sourire un peu flippant, vu qu'il ne souriait presque jamais, et les élèves recalés s'écrièrent de joie.
« Vraiment ? », fit Mina, les larmes aux yeux.
« Ouais. Personne n'a échoué à l'écrit. En pratique, Mina, Rikido, Eijiro, Denki et Hanta, vous avez échoué. Lors de l'examen, nous vous avons confronté à des défis en jouant les vilains. Nous voulions voir comment vous réagiriez. Sinon, vous auriez tous perdu avant même de commencer. »
« Et cette histoire de vous donner à fond ? », l'interrogea Mashirao.
« C'était pour vous mettre la pression. En plus, le camp est obligatoire. Il sert à renforcer ceux qui ont des lacunes. Ça, c'est un mensonge rationnel ! », sourit Aizawa, provoquant la consternation de la classe.
« Monsieur, si vous mentez sans arrêt, comment vous faire confiance ? », s'écria Tenya, alors que les recalés exprimaient leur joie.
« Tu as raison. J'y penserai. Mais tout n'est pas faux. Une mauvaise note reste une mauvaise note. », rappela-t-il, faisant se figer les recalés. « Tous les cinq, vous irez en cours de soutien. Croyez-moi, ce sera pire que de rester ici. »
« Et concernant Mitsune ? », demanda Izuku.
« Les professeurs de la Liones Academy sont venus examiner la fresque hier, peu après que Shoto l'ait emmené à l'infirmerie. », répondit Aizawa. « Ils ont aussi vérifié que toute la paperasse concernant les personnalités non-publiques était en règle. »
« Heureusement que tout était dans mon casier... », soupira Mitsune, dépitée.
« C'est si important que ça, cette paperasse ? », voulut savoir Eijiro.
« Oh que oui ! C'est une cession de droit à l'image, c'est très important d'avoir l'accord des gens qui ne sont pas des personnalités publiques et que tu représentes dans tes œuvres ! C'est illégal sinon ! Si on ne le fait pas, on enfreint la loi parce qu'on aura utilisé l'image de quelqu'un sans son accord. Cette règle ne s'applique pas aux personnalités publiques comme les pros ou les politiques car ils passent souvent dans les médias. », expliqua Mitsune. « C'est très sérieux, au moins autant que l'utilisation des alters sur la voie publique sans avoir de licence. »
« Pourtant, tu ne prends pas cette loi très au sérieux... », fit remarquer Izuku, se souvenant de leur discussion avec le commissaire de police à Hosu.
« Quand des vies sont en danger, je n'en ai clairement rien à faire. Le tout est que le nombre de témoins soit quasiment inexistant, ou que je fasse en sorte que les gens ne me voient pas moi mais quelqu'un d'autre. Je ne recherche pas du tout la gloire, alors pourquoi j'irais dire à tout le monde « Hé regardez-moi ! Je sauve vos vies avec mon alter absolument incroyable ! » », mima la Kitsune. « Bref, je n'ai aucun intérêt à ce que les gens découvrent qui les a sauvés, bien au contraire. Je maîtrise la métamorphose et les illusions, faire croire aux autres que ce n'est pas moi mais un autre héros qui les a sauvés est un jeu d'enfant. Mais sinon, je respecte la loi, que je sois d'accord avec elle ou non. Si tout le monde ne respectait pas la loi sous prétexte qu'ils ne sont pas d'accord avec elle, ce serait le chaos. En art, c'est du chaos de l'esprit que naît la créativité, mais je doute qu'appliquer ce modèle à la réalité n'ait que de bonnes conséquences... »
« C'est exact. Les professeurs de la Liones Academy t'ont accordé la note maximale, donc tu es déjà certaine d'avoir au moins la moyenne. Les professeurs de Yuei doivent maintenant se concerter pour juger d'un point de vue héroïque ta fresque. Mais je n'ai pas de soucis à me faire de ce côté-là. »
Il distribua un cahier bleu à tous ses élèves avant de revenir devant eux.
« Concernant le camp d'été. C'est un camp d'entraînement d'une semaine dans la nation de Mondstadt. Sur place, nous cohabiterons avec cinq autres écoles qui feront leur camp d'été sur place mais soit plus haut dans les montagnes soit plus bas dans la vallée. »
« Cela va être tellement bien !! Je vous ferai visiter la cité de Mondstadt ! C'est là où je suis née ! C'est la cité de la liberté, le paradis pour les artistes ! », s'excita Mitsune.
« Ce n'est pas aussi la cité du vin ? », l'interrogea Izuku.
« Si ! Les achats de Meliodas en vin de pissenlit s'écoulent en quelques semaines à la taverne, tout le monde en raffole. Cette nation est sous la protection de l'Archon Anémo, mais Venti vous racontera ça mieux que moi. C'est le barde le plus prisé de la cité, même s'il n'est qu'un lycéen à la Favonius Academy. Durant son temps libre, il ne reste jamais longtemps au même endroit, alors il connaît la préfecture de Mondstadt mieux que tu ne connais All Might ! »
« Ah j'ai trop hâte !! », s'enthousiasma Izuku, ce qui fit sourire Shoto, qui pensait que Fenrir n'avait pas tort en disant que tout intéressait le vert.
« D'ailleurs Mitsune, une certaine Miko Yae a téléphoné au directeur avant le début des cours. Elle prétend être la prêtresse d'un temple dédié aux Kitsunes et un membre de ta famille. », annonça Aizawa. « Tu la connais ? »
« Oui, c'est une lointaine cousine de mon père. C'est une Kitsune également et est la personne qui est la plus proche des Anciens. Elle en sait plus que quiconque sur les alters Kitsune, le temple renferme des trésors de connaissances sur le clan Hakushin et les Kitsunes en général. Par contre, je ne sais pas pourquoi elle vous contacte... »
Mitsune réfléchit un moment, mais la seule possibilité qui pouvait expliquer cet appel était tout simplement intolérable pour elle, puisqu'elle avait juré de ne jamais s'en servir. Comprenant à sa légère grimace que son élève venait de comprendre la raison de cet appel, Aizawa se demanda un instant si la décision du doyen de Yuei était une bonne idée.
« Le directeur m'a chargé de t'annoncer qu'elle prendrait en charge ton entraînement durant le camp d'été. Tu viens de le dire : elle connaît mieux que personne les alters Kitsune. Nous sommes certains qu'elle t'aidera à progresser davantage malgré ta maîtrise irréprochable de ton alter. »
Mitsune soupira. Elle aurait dû participer à Camp Rock cette année, surtout ce que c'était le centenaire de la création de ce camp d'été pour artistes, ce n'était pas un événement anodin. Pourquoi Miko voulait absolument lui faire faire ces enseignements ? Elle avait été assez claire il y a trois ans...
Après les cours, les élèves parlèrent d'aller faire des courses ensemble le lendemain pour compléter leurs affaires pour le camp d'été. Mitsune et Shoto annoncèrent qu'ils n'iraient pas, la première prétextant qu'elle devait aller à la Liones Academy alors que Shoto savait qu'elle allait l'accompagner à l'hôpital pour qu'ils voient leurs parents respectifs, puisqu'elle le lui avait dit le matin même, pendant que les élèves parlaient des examens.
Japon, Tokyo, hôpital, chambre de Rei Todoroki, 2 juillet 2500, 10h
« Bonjour Shoto ! Oh, tu es venu avec une amie ? Mais ne serait-ce pas cette brave petite Kokomi ? », sourit Rei en voyant son fils et son amie entrer dans sa chambre.
« « Kokomi » ? », releva Shoto. « Mais tu as combien de nom en fait ? »
« Ah ne l'écoute pas ! », rougit Mitsune. « Elle m'appelle juste comme ça pour rire... »
Rei lui fit un sourire maternel, mais néanmoins très sérieux. Bien évidemment, elle, elle savait qu'il était l'heure pour elle de recevoir ces enseignements. Normalement, elle aurait dû s'y soustraire depuis toute petite, mais Mitsune était une petite fille très têtue et agressive quand il s'agissait de ce genre de choses. L'âge maximal pour s'y soumettre était quinze ans, un âge qu'elle avait atteint le vingt-deux février. Miko avait accepté de la laisser tranquille jusqu'à cet âge-là, tout en précisant qu'elle serait obligée de recevoir ces enseignements une fois cet âge atteint. Elle n'avait pas le choix, contrôler ce genre de pouvoir devenait beaucoup trop fastidieux une fois cet âge dépassé. Mais jamais elle n'avait été dans l'optique de les contrôler un jour, de toute manière...
Rei savait la vérité, à cause de son alter de type Cryo, de type glace donc, qui était fortement lié à l'élément Hydro puisque Cryo n'était que la forme gelée de Hydro. L'alter de la blanche avait aussitôt ressenti la particularité de son alter à elle, la première fois qu'elle avait posé les yeux sur elle.
« Encore heureux que Shoto n'ait ce pouvoir qu'à moitié, son côté Pyro neutralise l'information que son côté Cryo pourrait lui dévoiler... »
« Tu ne pourras pas reculer indéfiniment Kokomi, tu le sais au moins ? »
« Vous savez très bien quelle est ma position à ce sujet Rei. »
« Et elle n'a pas changé ? », insista la mère de Shoto, sous le regard perplexe de ce dernier.
« Elle ne changera jamais. »
« Kokomi... »
Cependant, Mitsune l'interrompit d'un simple claquement de mâchoire pour la prévenir de ne pas insister.
« Comme tu veux. », soupira Rei, avant que Shoto n'intervienne pour demander à Mitsune de ne pas menacer sa mère. « Mais tu sais que je suis là si tu as besoin de parler. »
« Je sais. », répondit-elle, avant de quitter la pièce pour aller dans la chambre de son père.
« Tu le sais, mais te confieras-tu jamais un jour ? », murmura Rei après que la Kitsune soit sortie.
« Elle est vraiment bornée. », fit remarquer Shoto.
« Tu ne l'avais pas remarqué, en tant que futur lié ? », lui demanda sa mère, étant bien évidemment au courant de cette histoire-là.
« Si si... elle te menace souvent ? »
« Kokomi ne grogne plus qu'elle ne mord. Même quand on essaie de fouiller dans son passé, elle attaque rarement physiquement. Normalement, j'aurais insisté un peu plus, mais la saison des amours a commencé, ce n'est donc pas une bonne idée de jouer avec ses nerfs. »
« Qu'est-ce-que tu sais sur son passé ? »
« Pas mal de choses, mais beaucoup sont surtout des suppositions et des déductions non confirmées, que j'ai pu deviner du fait de la ressemblance de nos situations. Je ne veux pas la faire souffrir plus qu'elle ne souffre déjà. Venir dans cet hôpital est déjà suffisamment douloureux pour elle. »
« Son père l'a déjà... », voulut savoir Shoto, avant de laisser mourir sa question pour ne pas blesser sa mère.
« Non, loin de là. Moi, c'est mon esprit qui n'a pas résisté, mais son père, c'est son corps qui a flanché. Jamais il n'a attaqué sa fille unique. Elle a les yeux de sa mère, mais je suis certaine qu'il voyait dans son regard vert un amour envers le monde que Manami n'a pas. »
Shoto eut alors l'impression que la réponse qu'il cherchait avait été devant son nez depuis le début, mais seule une discussion avec sa mère avait réussi à la déterrer de son esprit. Il y avait souvent pensé, mais n'avait rien de vraiment concret pour le confirmer. Cependant, ces quelques mots dits par sa mère avait une résonance toute particulière en lui, au vu de tout ce que Rei avait traversé. Elle lui avait jeté une bouilloire au visage quand il était enfant parce que son côté gauche lui rappelait trop Endeavor. Son œil gauche le lui rappelait trop. Pourtant, d'après ce que Rei disait, le père de Mitsune avait su voir dans son regard ce que la blanche n'avait pas réussi à voir dans l'unique œil bleu de son plus jeune fils. Il y avait vu la différence entre Manami et Mitsune, alors que Rei, dans un accès de folie, n'avait pu y voir la différence entre Endeavor et Shoto à l'époque.
Le corps de Kazuto n'avait pas résisté, mais son esprit aurait pu continuer à braver l'enfer qu'il vivait, un enfer sans doute très similaire à celui de sa mère puisqu'elle avait comparé leurs deux situations. Manami n'aimait pas le monde, à la différence de son unique héritière. Cette unique héritière qui possédait un alter non seulement rare, mais hors du commun du fait que c'était un double-alter, mais qui était plus que réticente à vouloir s'engager sur la voie de l'héroïsme malgré le fait qu'elle en avait les capacités aussi bien morales que physiques.
Lentement, les pièces du puzzle s'assemblèrent dans l'esprit du bicolore, qui se demanda alors si Manami n'avait pas épousé Kazuto dans le même but qu'Endeavor avait épousé Rei.
« Maman ? »
« Oui mon chéri ? »
« Le mariage des Shiota, ce n'était pas un mariage d'alter, par hasard ? »
En réponse, sa mère eut un petit sourire triste.
« Alors, toi aussi tu as pu rassembler les pièces du puzzle... »
« J'ai eu un peu d'aide, mais c'était surtout beaucoup d'observation. Trop de choses concordent avec mon histoire, j'ai réussi à lire entre les lignes. Par contre, je ne sais toujours pas de quoi vous parliez tout à l'heure. »
« Elle a le même sorte de blocage que toi jusqu'à présent, au niveau de son alter. »
« Pourtant, elle a toujours utilisé le pouvoir hérité de sa mère aussi naturellement que celui de son père, même si c'était surtout en soutien. »
« Je ne parlais pas de ça. A cette échelle, elle l'utilise sans soucis. Mais ce que sa mère veut vraiment, c'est qu'elle l'utilise pleinement pour asseoir la supériorité de sa lignée sur tous les autres pros. Ce pouvoir, il dépasse l'entendement, même All Might ne pourrait y survivre si elle l'utilisait contre lui... »
« ... et elle ne veut pas l'utiliser, parce qu'elle a toujours refusé de suivre le chemin tracé par sa mère. J'imagine que si elle est à Yuei, c'est parce que sa mère la menace de débrancher son père pour l'obliger à faire ce qu'elle veut, ou pour l'empêcher de faire ce que Mitsune veut faire... »
« C'est ça, mais Kokomi est rusée et prudente, elle fait ce qu'elle veut tout en s'assurant que cela n'impactera pas son père. Je suis désolée, je ne peux pas t'en dire plus, elle ne m'a jamais dit explicitement d'où venait ce pouvoir, juste qu'elle était censée apprendre à le maîtriser dès son apparition mais qu'elle s'y était opposée, et que quinze ans était l'âge maximal pour commencer à le maîtriser. La Grande Prêtresse du temple Hakushin la forcera à recevoir cet enseignement, elle n'a pas le choix. C'est loin d'être le meilleur moment, mais les vacances d'été sont propices à de longs enseignements du fait de leur durée. Quand dois-tu te lier à elle ? »
« Je ne sais pas vraiment, elle m'a dit après les examens, sans plus de précision. Fenrir est-il au courant ? »
« Je crois que oui, mais sans doute pas toute l'histoire. Seules huit personnes sont réellement au courant, dont six qui possèdent le même pouvoir mais dans un élément différent. Enfin, du peu que j'en sais. La Grande Prêtresse pourra t'en dire plus, mais Kokomi ne dira jamais rien. »
« Je le sais, mais j'ai trouvé un moyen de la faire parler, enfin si on veut. Dès qu'on s'approche un peu trop de la vérité sur son passé, elle s'emporte aussitôt. C'est un bon indicateur pour savoir si on est proche de la vérité ou non. »
« Évite de trop la contrarier quand même. Ce n'est pas parce qu'elle grogne plus qu'elle ne mord quand elle est elle-même que c'est la même chose quand sa part animale prend le dessus. »
« Je sais, et cela m'ait égal. Mitsune aide tout le monde, mais ne se laisse pas aider. Moi, je l'aiderai, qu'elle le veuille ou non, même si je dois fouiller dans son histoire pour ça. Mais je n'en ai plus trop besoin maintenant... »
Rei regarda longuement son fils, fière de lui. Il était devenu un adolescent courageux, prêt à aider les autres et à porter sur ses épaules le même fardeau que lui-même portait déjà, malgré tout ce que cela impliquait.
« Alors, va, mon fils. Ta place est à ses côtés. »
« Tu ne veux pas que je reste Maman ? », lui demanda Shoto, un peu déçu.
« J'ai tourné la page, tu as tourné la page, mais pas elle. Et quelqu'un doit l'y aider, elle n'est qu'une enfant enfermée dans un cocon de haine, de rage et de souffrance. Et ce quelqu'un, c'est toi, parce que tu n'as pas peur qu'elle s'attaque à toi du moment que tu arrives à l'aider, même si elle n'est pas d'accord. Ta place est actuellement à ses côtés. Tu dois savoir jusqu'où sa souffrance va. La plus grande souffrance restera toujours celle du cœur, de l'âme et de l'esprit mon fils, ne l'oublie pas. L'art est pour elle un phare, mais sa rancœur et sa colère sont le capitaine de son navire et la font naviguer sur un océan déchaîné. Quelqu'un doit rendre le commandement du navire à sa véritable propriétaire, mais elle ne peut lutter seule. Quelqu'un prêt à braver cette tempête doit l'aider à lutter. »
Shoto hocha la tête devant cette métaphore à la fois poétique et pleine de sens et de sagesse. Il embrassa donc sa mère sur la joue et rejoignit Mitsune dans la chambre de Kazuto Shiota.
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