Chapitre 26 : Une discussion houleuse

Japon, Tokyo, Yuei, cantine, 20 juin 2500, 12h30

Mitsune ouvrit son bento, alors que Shoto, Izuku, Tenya, Ochaco, Tsuyu et Toru entamaient leurs plats préparés par Lunch Rush.

« Tu ne manges pas à la cantine aujourd'hui Mitsune ? », lui demanda Izuku.

Machinalement, la blonde baissa le regard sur son bento, qui contenait bien plus de plats à base de viande que d'ordinaire.

« Oui, au moins jusqu'en septembre. C'est bientôt la saison des amours chez les hybrides, il faut que je mange plus de viande que d'ordinaire si je veux pouvoir garder un minimum le contrôle. »

« La saison des amours ? », releva Ochaco.

« Oui, c'est la période où les animaux se trouvent un compagnon pour s'accoupler. Normalement, chez les renards, c'est en hiver, mais comme je suis à moitié humaine, c'est retardé à la fin du printemps. Cela dure tout l'été, et c'est vraiment gênant comme période. Wolfy et moi, on fait n'importe quoi durant cette période... »

« Comme quoi ? », voulut savoir Shoto.

« J'attaque tout ce qui bouge la nuit, en ce qui me concerne. Pour Wolfy, c'est pareil, sauf quand il a un crush sur quelqu'un quand la saison des amours arrive. Je ne pense pas avoir besoin de vous faire un dessin de ce qu'il cherche à faire quand c'est le cas... même le jour, nous n'arrivions pas à garder le contrôle sur notre part animale, jusqu'à ce que Gowther trouve la solution. Pour rester à peu près normal, il faut qu'on double voire triple notre consommation de viande journalière avant et pendant la saison des amours. Enfin, c'est comme ça pour les prédateurs comme Wolfy et moi, en tout cas. Le directeur et Monsieur Aizawa sont déjà au courant. »

« Cela a vraiment l'air d'être contraignant, d'être à moitié animal... », songea Toru.

« Non, ça va. J'y suis habituée depuis le temps. C'est vrai qu'il y a certaines périodes qui sont difficiles, comme les pleines lunes pour Wolfy ou encore la saison des amours, mais on y gagne au change : nos sens sont beaucoup plus développés et nous sommes plus forts, plus rapides, plus réactifs et plus agiles. Chaque alter a ses inconvénients. Prenons Tsuyu par exemple : elle est une hybride, comme moi, mais elle est à moitié grenouille. Donc quand il fait trop froid, elle entre en hibernation. »

« C'est vrai. Avoir une part animale nécessite de devoir faire avec les inconvénients, kero. », approuva la concernée. « Et du coup, cela a toujours été une agressivité beaucoup plus importante pour toi, lors de la saison des amours ? »

« Actuellement, oui. Je n'ai pas encore eu de coup de coeur pour qui que ce soit, donc même si je reste assez agressive pendant cette période-là, je reste assez normale. Le jour en tout cas, du moment qu'on ne me titille pas. La nuit, c'est une autre histoire. En temps normal, Oneechan utilise son alter pour m'obliger à dormir du coucher au lever du soleil, pour ne pas qu'il y ait de dégâts, pareil pour Wolfy. »

« Et tes parents ? Qu'est-ce-qu'ils en pensent de cette saison ? », interrogea Ochaco, curieuse.

Mitsune sursauta, avant de porter la main à sa hanche, son tressaillement ayant réveillé la douleur d'une blessure. Shoto ne la quitta pas du regard, comme à chaque fois qu'elle avait ce genre de comportement.

« M-Mes parents ? Je... Aiko... enfin ma mère m'oblige à rester à Liones durant cette période-là, parce qu'elle n'a pas les capacités pour me combattre si quelque chose se passe mal, alors que les gens de Liones les ont. Il suffit de voir Meliodas et Zeldris, qui arrivent à m'écraser quand ils combattent ensemble contre moi. Cela l'arrange... », marmonna Mitsune en touillant sa nourriture avec ses baguettes.

« Et... ton papa ? », demanda timidement Izuku, hésitant car ne sachant pas si c'était vraiment un sujet sensible.

« ... »

Un craquement retentit, alors que les baguettes de la blonde explosaient sous la seule force de ses doigts. Elle repoussa son bento et sortit de table en prétextant qu'elle n'avait plus faim, mais Shoto eut le temps de voir quelques larmes qui coulaient sur ses joues. Izuku s'affola en la voyant s'enfuir ainsi, conscient qu'il aurait mieux fait de se taire.

« Calme-toi Izuku. », lui fit le bicolore.

« Mais... je... », balbutia le vert, ayant peur d'avoir blessé son amie.

« Calme-toi. », répéta le jeune Todoroki, en attrapant le bento de sa camarade de classe et son propre bol de sobas. « Je vais aller la voir, je pense savoir pourquoi elle est partie. »

« A-Ah bon ? »

« Oui, mais elle ne dira rien. Elle ne se confiera pas comme moi je me suis confié à toi. »

« Alors comment... »

« Fais-moi confiance. Je vais aller lui parler. »

« Bon... d'accord... », accepta Izuku. « J'irais m'excuser après, dans ce cas. »

Le bicolore sortit de la cantine avec le bento de Mitsune et son bol de sobas, laissant ses camarades entamer une discussion sur les examens.

Japon, Tokyo, Yuei, cour

Shoto n'eut pas beaucoup de mal à retrouver sa camarade de classe, il lui avait suffi de trouver l'endroit le plus à l'écart et contenant le plus de verdure possible : étant une Kitsune, elle devait certainement préférer la nature à la ville.

Il la retrouva donc dans un coin assez loin du bâtiment, à l'ombre des feuilles d'un grand arbre. Son regard était tourné vers le ciel, alors que des sillons clairs étaient visibles sur ses joues. Une légère brise faisait onduler dans le vent ses longues boucles blondes en bataille. Des rayons du soleil perçaient à travers le feuillage pour jouer sur elle, faisant ainsi presque ressembler la scène à un mirage, un rêve, tant la scène semblait mystique avec ce contraste ombre-lumière.

Après quelques secondes, le bicolore vint prendre place à ses côtés. Ses oreilles de Kitsune bougèrent mais elle ne réagit pas pour autant. Il lui déposa son bento après avoir posé son bol, puis lui créa des baguettes en glace pour lui permettre de manger.

« Je n'ai pas faim Shoto. », dit-elle d'une petite voix.

« Mange. »

Il poussa son repas vers elle, mais elle n'amorça aucun mouvement pour le prendre.

« Il faut que tu manges. »

« Je n'ai pas faim. »

« Force-toi. Tu l'as dit tout à l'heure : il faut que tu manges plus de viande que d'habitude en cette saison. T'affamer ne changera rien, pas dans le bon sens en tout cas. Alors, mange. Tu en as besoin. »

« Comment il faut que je te le dise ? », soupira-t-elle en tournant la tête vers lui, essuyant ses larmes qui continuaient malgré tout de couler. « Je n'ai... »

Shoto, la voyant amorcer un mouvement vers lui, saisit cette occasion en plein vol. Il prit les baguettes de glace avant de les utiliser pour prendre un morceau de viande et l'enfourner dans la bouche de la blonde, alors qu'elle allait encore une fois répéter qu'elle n'avait pas faim. Elle sursauta légèrement, ses oreilles se dressant de surprise tandis que ses yeux s'arrondissaient, ne s'attendant vraisemblablement pas à cette action. Ses larmes s'arrêtèrent de couler et restèrent sagement dans le coin de ses yeux.

« Tu dois manger, ce n'est pas bon pour toi de sauter des repas, surtout si la saison des amours approche. Donc tu vas manger. Si tu ne veux pas, je t'y forcerai. C'est à toi de choisir. », déclara-t-il en la regardant dans les yeux, afin qu'elle comprenne bien qu'il était sérieux.

Il n'avait pas le choix. Il devait la forcer à accepter son aide, même si elle n'en voulait pas. Izuku était trop gentil, il n'insisterait pas s'il savait que la blonde ne voulait pas en parler, quand bien même il était possible qu'il soit au courant de l'état du père de Mitsune. Il pensait que c'était mieux de faire comme ça, mais Shoto n'était pas d'accord. Parfois, il fallait forcer la personne à se faire aider, car sinon elle n'en demanderait jamais. Puisqu'ils allaient se lier, il fallait qu'il lui montre que, même si elle ne voulait pas de son aide, il l'aiderait, il serait là.

Finalement, Mitsune mâcha le morceau de viande avant de l'avaler, se mettant un peu de jus sur les lèvres au passage. En même temps, elle fusilla le bicolore du regard.

« Tu m'énerves Shoto ! », maugréa-t-elle, prenant malgré tout les baguettes de glace et son bento.

Le concerné eut un léger sourire, content d'avoir remporté cette petite joute. Il attendit qu'elle commence à manger pour prendre son bol et reprendre son repas.

Ils restèrent silencieux un moment, avant que Shoto ne le brise de nouveau.

« Kazuto Shiota... c'est ton père, n'est-ce-pas ? »

« Tais-toi. »

« Non. Si je connais son nom, c'est parce qu'il est dans le même hôpital que ma mère... »

« Je sais. Je lui rends visite quand j'y vais, parce que tu n'étais pas foutu d'aller la voir depuis qu'elle y est. »

« On a tous nos problèmes. », déclara simplement le bicolore, sur un ton calme qui contrastait complètement avec celui colérique et mordant de son interlocutrice. « Et comme tu l'as si justement souligné, j'étais pas foutu d'aller la voir. C'était avant. Avant qu'Izuku ne m'aide. »

« Comme si j'en avais quelque chose à faire. », grommela Mitsune, alors que ses attributs de Kitsune bougeaient de curiosité. « Si tu veux parler de mon père, tu ferais mieux de la boucler. Tu ne sais rien de lui. »

Shoto observa sa queue et ses oreilles se mouvoir de curiosité, un brin amusé.

« Je sais que c'est un Kitsune et qu'il est dans le coma, probablement à cause de maltraitance, ce qui expliquerait pourquoi tu haïs ceux qui considèrent les hybrides comme inférieurs aux autres personnes. »

« Tais-toi ! »

« J'ai raison ? »

Ses poings se serrèrent et elle se mit à grogner, sa queue fouettant l'air de colère. Elle montra les crocs, pour le dissuader de continuer à fouiller dans sa vie. Cependant, le bicolore ne comptait pas se plier à cette menace.

« Alors, j'ai raison ? », insista-t-il.

Les grognements redoublèrent.

« Arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas ! Est-ce-que je t'ai déjà demandé pourquoi tu haïssais autant ton père ?! Pourquoi on pouvait voir dans tes yeux de la tristesse, de la souffrance, de la peur, de la rage et de la haine ?! NON ! Alors mêle-toi de ta glace Shoto ! Ce n'est pas parce que tu as accepté de te lier à moi que tu dois te sentir obligé de fouiller dans ma vie ! »

« Oh, donc tu veux savoir pourquoi je déteste mon père. », conclut Shoto, ignorant délibérément le reste de son reproche.

« Quoi ?! Mais je n'ai jamais dit ça !! », cria Mitsune, toute rouge. « Arrête de déformer ce que je dis ! Et arrête d'essayer de changer de sujet !! »

Il rigola légèrement, ce qui eut pour effet d'agacer un peu plus sa camarade.

« Pourquoi tu te moques ?! Et pourquoi tu ne me laisses pas tranquille ?! »

« Je ne moque pas. Quant à ta deuxième question, je commence à bien te cerner Mitsune. Tu es quelqu'un qui aide tout le temps les gens, mais qui refuse de se laisser aider. Tu as très clairement un problème en lien avec tes parents, et personne n'interviendra, parce que la seule personne qui pourrait être au courant t'est beaucoup trop loyale pour s'en mêler si tu ne le souhaites pas. Entre nous, ce sera différent. Si tu as besoin d'aide, je t'aiderai, que tu le veuilles ou non. S'il faut que je te force à accepter mon aide, je le ferai, même si je ne sais pas le pourquoi du comment. Que tu le veuilles ou non, je t'aiderai quand tu en auras besoin, même si cela implique que tu te fâches contre moi parce que tu trouves que je fouille un peu trop dans ta vie. »

« Et après, c'est toi qui critiques Meliodas sur le fait qu'il n'a pas peur des représailles d'une Kitsune !! »

« A la différence de ton ami, je ne fais pas ça pour te gêner ou t'embêter. Je fais ça pour te venir en aide, pour que tu puisses toi aussi surmonter tes problèmes. »

« Je n'ai pas besoin d'aide pour ça !! Je l'ai fait depuis très longtemps déjà ! »

« Et moi, je dis que non. Si tu avais déjà surmonté tes problèmes, tu aurais été toi-même dès le début à Yuei et tu n'aurais pas fait modifier les souvenirs de toutes les personnes ayant vu le championnat sportif pour camoufler le fait que tu es aussi une élève de la Liones Academy. Si tu avais surmonté tes problèmes, tu n'aurais pas tout fait pour te faire renvoyer. En fait, je pense ne pas trop m'avancer en disant que, si tu avais vraiment surmonté tes problèmes, on ne t'aurait jamais connu, parce que tu serais toujours à la Liones Academy. Donc oui, tu as besoin d'aide mais tu n'en veux pas, tu refuses même de l'admettre. »

Elle serra un peu plus les poings, furieuse. Elle ne savait pas ce qui l'énervait le plus, qu'il insiste délibérément pour fouiller sa vie personnelle ou qu'il arrive aussi bien à lire en elle alors même qu'il ne savait rien de son histoire. Même sans le lien, il arrivait à lire en elle aussi facilement que Fenrir aujourd'hui. C'était peut-être ça qui l'énervait le plus. Ou alors, c'était juste le fait qu'il insiste autant pour qu'elle parle de son père. Elle n'arrivait pas vraiment à parler de lui en dehors de lorsqu'elle exprimait sa volonté de le garder en vie, elle avait beaucoup trop peur de s'effondrer sur elle-même sinon. Même lorsqu'elle s'était grossièrement confiée à Izuku, à l'hôpital, elle n'avait pas réussi à entrer dans les détails pour montrer à son ami à quel point son père était quelqu'un d'exceptionnel. C'était beaucoup trop dur. En parler ne lui faisait obtenir que des « tu devrais abandonner, il ne se réveillera pas », ou des « n'espère pas trop, tu risques de tomber de haut sinon », en plus de la faire irrémédiablement souffrir. Elle avait déjà assez l'air faible quand elle allait le voir à l'hôpital...

« Même quand tout le monde ne cherchera pas à t'aider parce que tu dis ne pas en avoir besoin, moi, je t'aiderai. C'est clair ? Je ne t'abandonnerai pas, je ne te laisserai pas tomber. Je t'aiderai, que tu le veuilles ou non. Je ne fouillerai pas plus que nécessaire dans ton passé, mais je n'hésiterai pas une seule seconde à insister si j'ai le sentiment que les informations que tu détiens peuvent m'aider à t'aider. Je sais que ce ne sera pas joyeux, mais c'est le choix que tu laisses à ceux qui veulent t'aider. Fenrir ne peut pas t'aider, car sa nature de loup fait qu'il te voue une loyauté bien trop importante pour aller contre ce que tu veux quand c'est important, mais ce n'est pas mon cas. Je t'aiderai, n'ais aucun doute là-dessus. Je m'en fiche pas mal que tu t'énerves contre moi, que tu veuilles te battre contre moi ou que tu me montres les crocs en espérant que j'arrête. Fais-le, si cela te permet de ne pas contenir tes émotions. Même si tu le fais, je ne cesserai jamais de t'aider. »

La colère de la Kitsune sembla descendre un peu, comme en témoigna ses poings qu'elle desserra avant de détendre ses doigts. Étrangement, même si l'engagement du bicolore l'énervait au plus haut point, quelque chose en elle en était également soulagé. Elle avait l'impression qu'on lui ôtait un poids de ses épaules, ou bien que le jeune homme venait d'en prendre une partie pour le partager avec elle et la soulager un peu. Cependant, elle se sentait aussi coupable qu'il veuille l'aider avec ses problèmes, alors même qu'il avait les siens. Ce n'était pas juste à ses yeux.

« Je... je n'ai pas besoin d'aide Shoto. Ne t'embête pas pour moi et concentre-toi sur tes propres problèmes. »

« Alors, c'est ça... elle ne veut pas se faire aider parce qu'elle ne veut pas que les gens l'aident avec ses problèmes alors qu'ils en ont eux aussi... », songea Shoto. « Cela ne m'embête pas Mitsune. Mes propres problèmes ne m'empêcheront pas de t'aider avec les tiens, quels qu'ils soient. Je te le promets. »

Sans crier gare, Mitsune se mit à pleurer de nouveau, mais beaucoup plus abondamment que lorsqu'il était venu lui parler. Shoto se sentit alors mal à l'aise, comme la première fois qu'il l'avait vu pleurer. Il ne savait pas trop quoi faire, les démonstrations d'affection, ce n'était pas son truc. Pourtant, il tenta quand même quelque chose, en posant sa main sur la tête de la blonde pour la caresser d'un geste hésitant et un peu maladroit.

« M-Merci Shoto... merci... »

Elle tenta d'essuyer ses larmes, mais c'était vain car elles ne semblaient pas vouloir s'arrêter de couler. Il continua cependant à lui caresser la tête, un peu maladroitement mais avec une grande douceur du point de vue de la Kitsune, qui se calma petit à petit. Sa grande main chaude, alors même que c'était sa main droite, lui rappelait les fois où, quand elle était petite, son père lui caressait les cheveux avec un peu de maladresse, après un cauchemar, car il ne savait pas vraiment quoi faire d'autre pour apaiser sa crainte.

Voyant qu'elle s'était calmée, Shoto retira sa main et l'invita d'un geste à finir son bento. Elle s'exécuta de bonne grâce, essuyant les dernières larmes qui perlaient au coin de ses yeux, pendant que le bicolore se remettait à manger ses sobas. Il n'allait pas insister davantage à propos de son père, pas aujourd'hui du moins. Il lui avait fait passer son message, c'était déjà ça. Il n'était pas très proche d'elle, c'était tout juste si on pouvait dire qu'ils étaient amis, alors il ne voulait pas lui faire subir un véritable interrogatoire.

Pour le moment, il avait pu confirmer ce qu'il avait dit à propos de son père, sinon, il y avait fort à parier qu'elle aurait démenti ces informations aussitôt, mais ce n'était pas le cas. Il se demanda alors si Mitsune subissait la même chose que son père avant qu'il ne se trouve dans un lit d'hôpital et de la part de qui. Il n'avait pas de véritables réponses, mais il était plus que jamais conscient de l'abysse d'horreurs que cachait le sourire de la Kitsune.

Comment pouvait-elle continuer à vivre comme si de rien n'était ? L'art pouvait-il vraiment avoir le pouvoir de lui permettre de vivre normalement malgré le mal qui la rongeait ? L'art pouvait-il vraiment avoir un tel pouvoir au point de lui permettre de sourire alors qu'elle vivait nombre de choses horribles, bien qu'il n'ait aucun fait clair pour comprendre le pourquoi du comment de ces choses ?

« Hm j'y pense... tu trouves vraiment que ma glace est chaude à coeur ? », demanda soudainement Shoto, se rappelant de leur conversation à l'hôpital.

« Oui ! Même les baguettes que tu as faites pour remplacer celles que j'ai explosé ! », pouffa Mitsune. « Ce qui rend ta glace brûlante à coeur... c'est quelque chose qui m'est familier. »

« Qu'est-ce-que c'est ? »

« Je ne sais pas vraiment, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Izuku m'a dit que cette chaleur avait un lien avec ton passé, mais il ne m'a rien dit de plus, ce que je peux comprendre. »

« Si mes souvenirs sont exacts, tu as dit que cette chaleur était de l'amour, c'est ça ? »

« Euh... oui... »

« Dans ce cas, je pense que, ce que tu sens concernant ma glace est l'amour que je porte à ma mère. C'est son pouvoir après tout, et je n'ai jamais cessé de l'aimer, même si je ne suis pas venu la voir pendant longtemps... »

« L'amour... de ta mère ? »

« Oui. », acquiesça Shoto. « Si cela t'est familier, c'est peut-être parce que cela te rappelle ta propre relation avec ton père, ta mère, ou n'importe qui que tu ais considéré comme tel. »

« Je... j'ai un peu oublié ce que cela faisait pour être honnête, d'avoir un parent aimant... euh enfin bref ! Tu passes à Liones après les cours ou tu vas aller voir ta mère ? »

« Je vais aller la voir, mais je passerai sans doute au Boar Hat avant la fin de ton service. Je suis sûr que Maman adorerait cet endroit, et je ne parle pas que du Boar Hat, mais de toute l'école aussi. »

« Pour le Boar Hat, je peux demander à Meliodas qu'on installe la taverne dans l'enceinte de l'hôpital de temps en temps. »

« C'est possible ça ? »

« Bien sûr ! C'est une taverne mobile, ce qui fait que lorsqu'on part en camp d'été par exemple, la taverne suit les élèves ! Par contre, je ne peux rien faire pour l'école en elle-même. »

« Je m'en doute, c'est déjà gentil de proposer. Mais je pense que ce sera mieux de l'emmener à la Liones Academy lorsqu'elle sortira de l'hôpital. »

« C'est comme tu veux ! »

Shoto lui adressa un signe de tête reconnaissant, avant que le téléphone de la blonde ne sonne. Elle le récupéra et remarqua un mail de son professeur principal.

« Ah, c'est mon sujet d'examen pratique. »

« Verdict ? »

« Euh... pour le moment, je n'ai aucune idée de comment je vais pouvoir faire ça... il va falloir que je me pose dans mon atelier, à Liones, pour réfléchir calmement. »

« Parce que tu as vraiment le temps de te poser quand tu y vas ? », fit le bicolore, intrigué.

« Bien sûr ! Il suffit que je prenne du temps sur les activités artistiques. Ils peuvent bien se débrouiller quelques temps sans moi, on n'a pas de gros spectacle avant un moment. En ce moment, on se prépare surtout au festival d'été, qui aura lieu à la fin des vacances d'été, ainsi qu'aux examens. Comme le travail de groupe a déjà été rendu, les élèves répètent et s'entraînent généralement seuls. Donc oui, je peux me permettre de ne pas aller aux cours d'art pendant une semaine. »

« En tout cas, je suis curieux de voir ce que tu vas nous produire, quel que soit le sujet. Je suis certain que tu vas encore nous étonner. Jusqu'ici, tu as su parfaitement appliquer les sujets de nos cours héroïques à l'art, c'est plutôt impressionnant. »

« Un véritable artiste sait s'adapter à toutes les demandes ! »

« Tant mieux ! Bon, finissons de manger et rejoignons les autres, je crois qu'Izuku voudrait s'excuser. »

« Ah oui... il doit se sentir tellement coupable, alors qu'il n'a rien fait... il est beaucoup trop gentil pour son propre bien. »

Shoto rigola légèrement alors que Mitsune s'empressait de terminer son bento. Lorsque ce fut fait, elle le pressa de terminer son repas et ils décidèrent de retourner à l'intérieur, Shoto mangeant toujours ses sobas.

Plus qu'une semaine avant les examens...

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