Chapitre 2 : Vandalisme
Japon, Tokyo, extérieur de Yuei, 10 avril 2500, 8h
« Voilà qui devrait suffire... », songea Mitsune en baissant le masque spécial qu'elle utilisait lorsqu'elle faisait usage de peinture en spray.
Elle déposa la bombe de peinture dans un grand sac et admira son « oeuvre ». Cela agressait son sens artistique et la faisait saigner des yeux, mais cela avait au moins le mérite de dégrader les environs. Elle avait dû se lever très tôt pour venir à six heures du matin et avoir le temps de dégrader tout l'extérieur du lycée à coup d'acide et de graffitis.
Ses oreilles captèrent le son de Hound Dog, le C.P.E. du lycée, alors elle laissa le sac rempli de bombes de peinture et se transforma en petit renard avant de filer discrètement et rapidement dans les toilettes des filles du bâtiment. Elle utilisa alors son alter pour changer son apparence et quitter sa tenue de graffeuse. Cette dernière était constituée d'articles servant généralement à danser le hip-hop, sans oublier la masque de graffeur évidemment.
Elle quitta donc sa confortable tenue de graffeuse pour son uniforme de Yuei, bien moins confortable du fait des escarpins et de la jupe de secrétaire que sa mère l'obligeait à porter. Elle remonta habilement sa tresse en un chignon puis sortit des toilettes pour se fondre dans la foule d'élèves qui arrivaient.
Ce qui était sûr, c'était que la dégradation de l'extérieur du lycée n'était pas passé inaperçue, tous les élèves en parlaient. Certains théorisaient sur des super-vilains cherchant à intimider le lycée, d'autres sur un des secondes qui n'aurait pas sa place dans le lycée, de leur propre avis. Tenya criait sur l'irrespect envers leurs aînés que cette dégradation apportait et Izuku s'inquiétait du fait que cela pourrait être l'oeuvre de super-vilains.
Les graffitis qu'ils avaient vu étaient assez explicites : le plus choquant montrait All Might saluant la foule de journalistes tout en cachant dans son ombre des cadavres ensanglantées. Certains n'étaient que de simples tags de slogans anti-héros et d'autres encore ne transmettaient aucun message, à part peut-être le cruel manque de respect de l'auteur envers Yuei. Et ne parlons même pas des nombreux murs de l'enceinte détruits complètement ou en partie avec un produit qui semblait corrosif.
Un tel déchaînement de haine envers Yuei faisait frissonner de peur le vert. Mitsune, elle, jubilait : si avec ça, Yuei la gardait, c'était qu'ils étaient complètement fous !
Japon, Tokyo, Yuei, salle de classe des secondes A, 8h35
« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. », annonça Aizawa une fois ses élèves installés. « Vous avez tous vu la dégradation de l'extérieur du lycée, et nous avons rapidement pu déterminer que l'auteur venait d'ici, d'un élève plus précisément. Alors, si c'est l'un d'entre vous, que la personne se dénonce si elle veut espérer rester à Yuei, sinon elle sera renvoyée à coup sûr. »
Un silence de plomb suivit son discours, alors que chacun se regardait. Rapidement, un brouhaha prit place dans la salle, chaque élève y allant de son commentaire. Mitsune, elle, gribouillait sur une feuille, imperturbable à l'agitation ambiante.
Lorsque le regard vert d'Izuku se posa sur la renarde, un doute s'insinua dans son esprit. Elle avait l'air d'en avoir rien à faire et sa queue fouettait doucement l'air, comme si tout allait bien, alors que non. C'était suspect, mais était-ce possible que la fille de la numéro trois cherche à porter préjudice au lycée ?
« Elle enchaîne les délits au sein du lycée depuis le deuxième jour, en plus de sécher tous les après-midi... All Might m'a dit que pour le moment, le directeur se contentait de lui donner des avertissements, mais je doute qu'il puisse faire autre chose que la renvoyer du lycée si jamais elle est impliquée dans ces actes de vandalisme... »
A la fin des quatre heures de cours du matin, alors que tous se dirigeaient vers la cantine et que Mitsune se préparait à prendre la poudre d'escampette, le directeur vint la voir directement dans la salle de classe. Nezu demanda à Aizawa de les laisser, ce qu'il fit, et il invita la renarde à s'approcher.
« Mitsune, je dois avouer que tu me déçois. », admit le directeur, contrarié. « Tu avais preuve de beaucoup d'héroïsme durant l'examen d'entrée, et voilà que ton comportement est similaire à celui d'un super-vilain. Je sais que c'est toi qui as vandalisé le lycée, ne le nie pas. »
« Je n'allais pas chercher à nier, monsieur le directeur. », rétorqua Mitsune en faisant claquer sa queue, les bras croisés.
« Ton comportement est inacceptable Mitsune. D'abord, tu sèches les cours et commets plusieurs actes prohibés par le règlement, puis tu vandalises notre école à coup de tags et d'acide, en plus d'ignorer les professeurs quand ils te parlent. »
« Je vous ai personnellement dit que je ne répondais pas à un autre nom que Mitsune, je n'y peux rien si vous n'avez pas fait votre travail en transmettant l'information aux professeurs. », renifla hautainement la renarde.
« Pourquoi fais-tu tout cela Mitsune ? », l'interrogea Nezu.
« En quoi cela vous regarde ? »
« Tu es une des élèves de mon établissement et tu es sur la dangereuse pente menant à la criminalité, c'est mon rôle de chercher à comprendre ce qui peux te motiver à entrer à Yuei pour ensuite tout faire pour te faire renvoyer. C'est ça que tu cherches, n'est-ce-pas ? »
« Bien sûr que non. Après tout, ma mère est la numéro trois, pourquoi je voudrais emprunter une autre voie ? », mentit Mitsune en grimaçant intérieurement.
« Si tu le dis. », répondit le directeur, peu convaincu. « Tu iras au SCA avec les autres cet après-midi, n'essaie pas de sécher ou je préviendrai ta mère de tes actes depuis le début de l'année. Si tu tiens à rester à Yuei, montre aux professeurs que sous ces actes rebelles se cachent une vraie apprentie héroïne. Montre-leur ton véritable potentiel, sinon je serai contraint de te renvoyer, je ne pourrais plus te garder sous prétexte que tu as le potentiel pour être une super-héroïne talentueuse. »
« Je n'ai pas demandé à ce que vous le fassiez. »
« Je sais, mais je crois sincèrement que tes actes prohibés par le règlement cachent quelque chose de beaucoup plus noble, et je veux que tu puisses le montrer. »
Sur ces mots, le directeur Nezu, alors que Mitsune serrait la mâchoire. Sa mère ne devait surtout pas être mise au courant de tout ça, elle devait continuer de croire qu'elle allait docilement à tous les cours héroïques. Sinon, elle saurait automatiquement où elle se rendait à la place, et elle ne pourrait plus jamais y aller, sous risque de le voir partir. Mais elle ne voulait pas non plus rester à Yuei, ou dans un quelconque cursus héroïque.
Elle n'avait clairement pas le choix. Elle qui pensait que son acte de vandalisme du matin même lui permettrait d'être renvoyée, elle avait tort. Rien n'était encore joué. Bien sûr, elle allait faire exprès d'échouer à l'entraînement au SCA, mais elle allait perdre une après-midi entière de cours, juste pour un truc qui ne lui servira jamais.
Contrainte, elle sortit son téléphone et envoya un rapide message à son meilleur ami avant de se rendre à la cantine. Elle n'allait pas pouvoir goûter à la cuisine de Ban aujourd'hui, il fallait donc espérer que Lunch Rush ait cuisiné quelque chose de comestible. Cela ne pouvait pas être pire que la cuisine de Meliodas, de toute manière...
Japon, Tokyo, en route vers le SCA, car, 13h20
« Mitsune, c'est ça ? »
La renarde leva la tête de son carnet à dessin, dans lequel elle s'était plongée pour ne pas se préoccuper du raffut dans le car. Pour la première fois depuis le début de l'année, elle avait revêtu le costume dessiné par sa mère lors de la déclaration d'alter. Il s'agissait d'un ensemble noir, blanc et or avec quelques touches de violet et de bleu, constitué d'une robe noire sans manches à col et un top blanc par-dessus. Elle était chaussée de bottes hautes noires à talons hauts. Le tout agrémenté de son chignon haut donnait ainsi à la jeune Shiota une apparence très chic, mais peu adaptée à une quelconque activité sportive.
La renarde retira les bouchons d'oreille qui rendaient supportables les cris de Katsuki, n'ayant pas son casque spécial, l'Ear-Armor, sur elle, afin d'écouter ce que son interlocuteur avait à dire. L'interlocuteur en question était Izuku, qui était surpris de la voir en cours cet après-midi-là.
« Oui ? »
Le vert paniqua et commença à balbutier, ne s'attendant pas à ce qu'elle lui réponde alors qu'elle l'avait ignoré depuis le « conseil » qu'elle lui avait donné le premier jour. A la pause du midi, avant le début des cours de l'après-midi, il avait vu All Might et la renarde discuter et le numéro un l'avait appelé à plusieurs reprises Mitsune. Il s'en était vite détourné, conscient que c'était mal d'écouter, mais s'était dit alors que, s'il voulait espérer qu'elle lui réponde, il fallait l'appeler Mitsune. Alors il avait essayé, voulant savoir pourquoi elle était restée à l'école ce jour-là au lieu de sécher, mais il ne s'était pas vraiment attendue à ce qu'elle réponde.
« Izuku. », le coupa Mitsune, ne comprenant strictement rien à ce qu'il racontait. « Si tu n'as rien à me dire, tu peux partir. »
Le vert s'arrêta de parler de manière incohérente et prit une seconde pour réfléchir à la façon dont il allait poser sa question.
« Pardon, c'est juste que je ne pensais pas que tu répondrais... »
« Je ne réponds pas au prénom de Katsuko. », répondit simplement la renarde en retournant à son carnet à dessin.
« On doit t'appeler comment alors ? », insista Izuku, ne voulant pas perdre l'occasion d'en savoir un peu plus sur elle.
« Mitsune, mais tu n'as pas besoin de le retenir. Je n'ai aucune intention de faire ami-ami avec qui que ce soit, et certainement pas avec quelqu'un d'aussi peu capable que toi. »
Izuku baissa la tête, blessé, mais s'éloigna quand même, ayant très bien compris le message de la renarde. Si elle semblait plus calme que Katsuki, nul doute qu'elle était aussi hautaine, sûre et fière que lui. Et le calme avec lequel ces paroles avaient été dites les rendait bien plus blessantes. Il pensait bien faire, mais il aurait mieux fait de ne pas chercher à entamer le contact avec elle...
Du coin de l'oeil, Mitsune le regarda partir, les oreilles légèrement pendantes. Elle se sentait désolée pour le vert, surtout qu'il était vraiment gentil et qu'il avait l'âme d'un super-héros, mais c'était plus fort qu'elle. Ses instincts prenaient le dessus sur sa véritable personnalité dès qu'elle mettait un pied à Yuei. Tout son être se rebellait contre le fait d'en être une élève, d'en faire simplement partie, et la faisait redevenir aussi aigrie et méchante qu'avant que Baltra ne la guide. Et malheureusement, elle savait que cela resterait ainsi. Yuei, c'était l'équivalent de l'enfer pour elle. Objectivement, le lycée était très bien, mais il représentait subjectivement l'horreur pour elle. Et, forcément, ses instincts d'animal prenaient le dessus dans ces moments-là, que ce soit à l'école ou ailleurs et en bien ou en mal.
Elle soupira et se remit à son dessin. Elle chérissait sa nature de Kitsune, car c'était ce qu'elle était précisément, mais il la rendait beaucoup plus émotive que la normale, la faisant se laisser emporter par ses sentiments et ses instincts. En temps normal, elle le vivait très bien et restait normale, mais dès que cela avait un quelconque rapport avec sa mère, elle devenait méchante, froide, aigrie et hautaine. Son meilleur ami avait le même problème : leurs instincts provenant de leur part animale prenaient trop souvent le pas sur leur véritable personnalité quand ils n'étaient pas à l'aise.
Yuei était un très bon lycée, elle ne le niait pas, mais ce n'était pas un environnement sain pour elle. Elle s'y sentait prise au piège, et un animal qui se sent pris au piège est un animal qui peut être dangereux. Et malheureusement, elle avait appris très jeune qu'essayer de réfréner ses instincts de Kitsune ne faisait qu'empirer les choses. Elle ne connaissait qu'un seul moyen pour les canaliser, mais c'était une voie que sa mère se refusait à la voir emprunter...
Japon, Tokyo, SCA, un peu après
Une fois arrivés, Numéro Treize les conduisit à l'intérieur du SCA, dont elle était la créatrice et la responsable. C'était un bâtiment en forme de dôme, avec plusieurs zones environnementales visant à simuler plusieurs type de catastrophes et d'accidents. Cela ressemblait à un parc à thème, du point de vue des élèves.
All Might n'était pas encore arrivé, et Aizawa déclara qu'ils allaient commencer sans lui, avant que Numéro Treize leur explique plusieurs choses. Elle rappela aux élèves que certains alters pouvaient tuer si jamais leurs porteurs commettaient la moindre erreur. Avec All Might, ils avaient appris le danger d'utiliser leurs alters sur autrui et avec Aizawa, ils avaient découvert leurs possibilités cachées. Durant la leçon du jour, ils allaient apprendre à les utiliser pour sauver des vies, et elle insista sur le fait que leurs alters n'étaient pas là pour qu'ils blessent des gens mais bien pour porter secours.
La super-héroïne s'inclina un peu en les remerciant de leur attention et fut alors acclamée par les élèves, y compris Mitsune, avant qu'une vive douleur ne détourne son attention vers son épaule droite. Une brûlure plutôt inquiétante venait de réapparaître, mais la Kitsune la camoufla aussitôt en utilisant son alter pour la faire disparaître. La métamorphose lui permettait de tout faire, y compris donner à son corps un aspect tout à fait normal.
« J'ai un mauvais pressentiment... », souffla Mitsune, les oreilles couchées vers l'arrière et les sourcils froncés, le bout de son nez remuant légèrement. « L'odeur de mauvais alters est dans l'air... »
« Bon, pour commencer... », fit Aizawa, sans l'entendre.
Il fut couper par des grésillements. Toutes les lampes qui traçait un cercle verticale sur le dôme grillèrent, avant que la fontaine ne s'éteigne et ne s'allume plusieurs fois. Un portail s'ouvrit et Aizawa se retourna. Il vit alors dans le portail un super-vilain, confirmant le pressentiment de la Kitsune, et ordonna aussitôt à ses élèves de se regrouper, chargeant Numéro Treize de veiller sur eux, alors que des vilains sortaient par dizaines du portail.
Les élèves crurent d'abord que c'était prévu dans l'exercice, mais Aizawa les empêcha d'avancer. Tous comprirent qu'il s'agissait de super-vilains lorsqu'Eraser Head mit ses lunettes. Tous les élèves se figèrent et les oreilles de Mitsune se couchèrent un peu plus, alors que la peur la prenait au ventre.
Cet après-midi devait juste être une leçon pour apprendre à sauver des vies où elle comptait se faire un plaisir d'échouer, pas une confrontation avec des vilains !
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