Chapitre 8: Disparition
Sur le plan terrestre, une merveilleuse nouvelle avait réchauffé tous les cœurs de la famille Ano. La demeure mise sous scellés depuis plus d'un an venait de leur être restituée. Après une interminable et douloureuse enquête, rien n'avait pu être retenu contre les propriétaires. Jason Le Tallec avait le bras long et, comme promis, il avait rendu la vie difficile à Anthony et aux siens avec de nombreux appuis juridiques. Mais la mascarade ne pouvait durer éternellement et tous les recours étant épuisés du côté du clan des Indésiratas, la famille Ano retrouvait son bien.
La grande bâtisse n'avait rien perdu de son caractère. Les murs gris accueillaient un peu plus de lierre, le gravier de la cour se cachait sous la mousse et les hautes herbes, les volets verts s'écaillaient peut-être davantage, mais le bâtiment s'érigeait toujours aussi droit et impérial au sein du petit parc arboré.
L'intérieur sentait la poussière, et l'humidité avait noirci quelques parois. Rien qui ne put gâcher la joie des retrouvailles. Ce fut sans doute Charles Ano, le grand-père qui fut le plus ému de regagner son foyer. Sa grosse paume tremblotante caressa longuement le pommeau argenté de la rampe d'escalier, alors que ses yeux clignaient pour dissimuler les larmes qui les embuaient.
Avec un peu d'aide et beaucoup d'énergie, la demeure fut vite rendue salubre et habitable. Chacun retrouva ses repères. Mais ce cadre paisible ne fut pas capable de tout réparer. Nadine était dans un état indescriptible depuis son Appel avorté. Ses balafres au visage avaient cicatrisé en laissant tout de même deux fines estafilades sur ses joues qu'elle avait du mal à camoufler malgré un méticuleux maquillage. C'était son moral qui était le plus atteint. Elle oscillait entre des crises de larmes, des fous rires incompréhensibles et des phases de totale aphasie. Parfois, elle éclatait de rire en voyant arriver le facteur sur son vélo et ne s'arrêtait qu'au départ du malheureux, complètement interloqué. Elle pouvait aussi rester des heures, assise sous le marronnier, les yeux dans le vague. D'autres fois, elle replongeait dans son passé douloureux et demeurait prostrée face à une photo. S'ensuivaient des pleurs silencieux le reste de la journée.
Sylvie et Anthony avaient été patients et avaient tout fait pour l'apaiser. Mais l'état de Nadine se dégradait malgré leurs bonnes intentions et ils avaient de plus en plus de mal à garder leur calme face à ses sautes d'humeur complètement anarchiques. Charles avait renoncé à comprendre sa fille et passait la plupart de son temps dans son pavillon pour ne pas croiser la jeune femme hystérique. Le docteur Cornilleau lui avait prescrit des tranquillisants et des séances de psychothérapie qu'elle avait refusés.
Depuis quelques jours maintenant, Nadine ne parlait plus. Elle fixait son frère ou sa belle-sœur, mais ses yeux n'exprimaient rien, son visage ne dévoilait aucune émotion.
— Nadine, il faut réagir, ma grande ! Dis-moi ce qu'il se passe ! essaya Sylvie avec douceur.
— Nadine, bon sang ! Remue-toi, tu ne peux pas rester comme ça ! Tu me fais peur ! s'énerva Anthony.
Mais rien n'y fit. La jeune femme était figée, comme hébétée. Elle agissait mécaniquement et passait son temps à observer les autres habitants de la demeure.
Anthony était complètement désemparé. L'Appel tenté par Anastasia avait anéanti sa sœur. Et seule la Maître Arcan aurait peut-être pu améliorer son état, mais Nadine ne voulait plus avoir affaire à elle. Pourtant, Anastasia dut prendre les choses en main, le jour où Nadine quitta son mutisme pour hurler sans discontinuer en repoussant violemment tous ceux qui l'approchaient. La Maître Arcan, appelée en urgence par Charles, entra dans la chambre de la jeune femme sans y être invitée. Nadine se jeta sur elle comme une bête sauvage et la mordit à la joue. Anastasia se dégagea et ajusta quelques gestes dans la direction et son adversaire qui se trouva en lévitation au centre de la chambre. Elle laissa la furie s'épuiser en hurlements et en mouvements désordonnés avant de tenter de communiquer avec elle.
— Nadine, calme-toi. C'est moi, Anastasia, je ne te veux pas de mal. Je voudrais tant réparer mon erreur. Il faut que tu me laisses faire pour que je comprenne ce qu'il t'arrive.
— Dégage de là ! Fous le camp ! Bête de malheur ! Démon !
— Je ne partirai pas sans avoir essayé de t'aider ! Tu te rends bien compte que tu n'es plus toi-même ! Tu ne peux pas rester comme ça !
— Ne m'approche pas ou je te dévore l'autre joue ! Je ne veux plus jamais que tu m'approches !
— Nadine, il s'est passé quelque chose lors de l'Appel. J'ai senti une force incontrôlable qui sortait de ton cœur et j'ai été percuté. C'est là que tout a basculé. Je suis désolée, je croyais vraiment pouvoir maîtriser la situation. Je n'aurais pas dû accepter, Téodor m'avait mise en garde...
— Tu me l'as pris ! Tu me l'as volé ! l'interrompit la jeune femme.
— De quoi parles-tu ? demanda Anastasia intéressée. Qu'est-ce que je t'ai pris ?
Mais Nadine se contenta de sangloter. Toujours en lévitation au cœur de la pièce, sa tête, ses bras et ses jambes pendaient mollement.
— Nadine, tu veux bien me répondre, interrogea doucement Anastasia en se rapprochant. Qu'est-ce que je t'ai pris ?
— Tu me l'as pris ! Il n'est plus là ! Je ne veux pas revivre ça ! Aide-moi, supplia-t-elle à bout de force.
— Oui, je vais t'aider, je vais te faire descendre de là et je vais trouver une solution à ton problème. Tu acceptes que j'essaie ?
Seul un reniflement lui répondit. La Maître Arcan le prit pour un acquiescement. Elle diminua petit à petit le champ magnétique qui entourait Nadine afin de lui permettre de rejoindre le sol. Celle-ci s'affala sur la moquette de sa chambre avec un couinement, elle ne tenta même pas de se redresser. Anastasia vint à ses côtés, mais n'osa pas encore la toucher. Elle tressaillit quand Electric le petit chien de Nadine sortit de dessous le lit pour lécher les pieds de sa maîtresse. La Maître Arcan le chassa avant de s'asseoir à côté de la jeune femme.
— Je vais juste te sonder avec la paume de mes mains pour trouver tes blocages énergétiques. Tu ne sentiras rien ! Tu veux bien me laisser essayer ? chuchota-t-elle.
Comme Nadine ne répondait pas, Anastasia approcha doucement une de ses mains près de son cœur. La jeune femme poussa alors un petit cri et se recroquevilla sur elle-même.
— Nadine, je suis venue t'aider, laisse-moi faire s'il te plaît !
— Tu me l'as pris ! Pourquoi tu m'as fait ça !
La voix était tellement désespérée qu'Anastasia eut la gorge qui se contracta.
— Qu'est-ce que je t'ai pris, Nadine ? Aide-moi à comprendre !
Mais ce ne fut qu'un sanglot qui lui répondit. Anastasia s'approcha encore et posa ses paumes sur le dos de Nadine qui tressaillit, mais ne s'enfuit pas. La belle femme noire lui dispensa alors un soin d'apaisement jusqu'à ce que les pleurs cessent. Puis avec des gestes lents, elle caressa l'aura de Nadine pour trouver la déchirure.
— Rends-le-moi ! Remets-le à sa place ! la supplia la tante des jumeaux qui retrouvait un peu d'énergie. Rends-moi mon fils !
Anastasia fut abasourdie par les paroles de Nadine.
— Ton fils ? Je ne comprends pas ! Comment je peux t'aider ?
— J'ai eu un petit garçon...
La voix, à peine audible, se brisa.
— Tu as eu un enfant ? Esteban, c'est ça ? tenta Anastasia qui avait déjà entendu parler du drame qui avait frappé la cadette de la famille Ano.
— Esteban, répéta Nadine avec un sourire doux. Esteban, un merveilleux petit ange. Mon ange !
— Raconte-moi ! l'incita la Maître Arcan.
Elle caressait tendrement les cheveux bruns emmêlés de Nadine. La jeune femme ferma les yeux d'où une larme s'échappa jusqu'à perler à son menton. Anastasia patienta ainsi plusieurs secondes avant que Nadine ne commence son récit.
Elle se tut quelques secondes pour ravaler un sanglot. Les yeux toujours fermés, elle poursuivit :
— Il avait quatre ans quand on me l'a arraché ! Un tracteur a reculé sur la voiture dans laquelle il se trouvait avec son papa ! Un tracteur ! J'ai tout perdu ! Mon mari, mon fils ! J'ai fui ma maison pour venir habiter avec mon frère. Pour enterrer ma douleur. Mais jamais je n'ai oublié mon petit ange ! Et toi tu me l'as pris !
Nadine fusilla Anastasia du regard, sa colère était en train de remonter. La Maître Arcan l'apaisa bien vite d'une caresse énergétique.
— Tu veux dire que, quand j'ai provoqué l'Appel, il s'est passé quelque chose en rapport avec ton fils ?
— Oui, son souvenir a disparu, je n'arrive plus à retrouver ses traits ! geignit Nadine. Je ne peux plus voir son visage, ses petits yeux, son nez, son front. Je n'ai plus rien ! Avant je le gardais toujours dans mon cœur, son image me suivait partout, il vivait avec moi, en moi ! Maintenant, j'ai un grand vide ! Ça fait mal ! Ça me rend folle !
— Oh ! Je suis tellement désolée ! Je ne sais pas comment tout a déraillé. Je ne comprends pas pourquoi tes souvenirs ont pu être effacés. Mais je te jure que je vais consacrer mon énergie à découvrir comment te redonner ce que je t'ai enlevé.
Anastasia quitta la demeure Ano sur cette promesse. Elle revint quelques heures plus tard avec Thys, Mélia et Blandine. Les jumeaux, mis au courant du désespoir de leur tante, avaient insisté pour venir la consoler. Quant à Blandine, elle était chargée d'absorber le trop-plein de tristesse de Nadine en attendant que la Maître Arcan trouve une solution. La jeune Aguerris, les pommettes rouges d'être ainsi au centre de l'attention, proposa à Nadine de l'enlacer.
— On se prend dans les bras comme ça et c'est tout ? se méfia la tante des jumeaux.
— Oui, il faut vous laisser aller et, vous verrez, le soulagement sera instantané.
— Mais je ne vais pas l'oublier définitivement ? Si je me sens bien, je ne vais plus y penser, s'alarma Tantine.
— Ne vous inquiétez pas ! La douleur s'estompe, mais les faits restent, la rassura Blandine en l'enlaçant.
En quelques secondes, les traits de Nadine se détendirent, ses pommettes retrouvèrent des couleurs, ses poings se décrispèrent alors que Blandine étouffa un léger râle et perdit le carmin de ses joues.
L'exercice d'absorption de la souffrance des autres devenait, pour la jeune femme, une formalité. Elle gérait parfaitement les doses émotionnelles qu'elle assimilait. Le plus dur c'était de réussir par la suite à décharger toute cette détresse qui ne lui appartenait pas.
— Voilà ! C'est fait ! Vous vous sentez comment ? demanda Blandine en retenant une larme.
— Merci, je respire maintenant ! Je... je vais aller me coucher.
Nadine titubait de sommeil, Anastasia l'accompagna vers sa chambre. Quand elle rejoignit les Prudens, son air était grave !
— Elle va mieux grâce à Blandine, mais ce n'est que transitoire. Il faut que je découvre ce qui s'est passé pendant l'Appel. Prenez soin d'elle.
Thys et Mélia avaient accepté de quitter l'Ethérie quelques jours pour s'occuper de leur tante. De toute façon, les vacances de la Toussaint touchaient à leur fin et Sylvie et Anthony tenaient à ce que les jumeaux reprennent le lycée avant leur escapade en Antarctique. Rinata préparait l'expédition. Elle avait prévu d'emmener avec elle tous les Prudens et même Cid et Théo. Ils avaient formé une équipe efficace à Yonaguni. Elle espérait que Téodor Lux rentrerait à temps pour les accompagner. Mais l'Oritis de Briac n'avait pas l'air d'être évident. Les deux hommes étaient partis il y a plus d'une semaine et n'avaient pas encore donné signe de vie.
— C'est la première fois que Tantine évoque Esteban, dit Mélia à son frère. Je savais qu'elle avait eu un bébé, mais personne ne voulait en parler.
— Oui, il y a beaucoup trop de tabous dans cette famille, soupira Thys.
Les jumeaux étaient assis sur le lit de Mélia. Ils faisaient le point sur les derniers événements. La Faille les alarmait beaucoup. Mais leurs récents succès leur donnaient de l'espoir. Si Nadine allait mieux, ils partiraient avec moins de préoccupation en Antarctique.
— Je m'inquiète pour Briac, enchaina Mélia. Son Oritis dure trop longtemps. Peut-être qu'Anastasia a raté l'Appel avec lui aussi. Si ça se trouve, il est coincé là-bas !
— Je ne comprends pas comment tu peux apprécier ce gars, maugréa son frère. Mais ne te fais pas de soucis, il est avec le Grand Lux. Il ne craint pas grand-chose.
— Ce n'est pas que je l'apprécie, rougit Mélia. Mais il m'a sauvé la vie. Plusieurs fois. C'est lui aussi qui a secouru grand-père lors de la première attaque des Indésiratas à Noël. Et puis sa mère est une Ostende. J'ai promis de l'aider.
— Mouais ! D'ailleurs, est-ce qu'il y a du nouveau concernant sa mère, cette Fanny Clivier, enlevée par Jason Le Tallec ?
— Enlevée, séquestrée et épousée ! frissonna Mélia. Non, rien de nouveau. Je n'arrive plus à communiquer avec elle. Les Maîtres Arcans n'ont pas non plus avancé avec le rubis que nous a apporté Briac. Je ne sais vraiment pas comment on va lui remettre son Ingéni.
Un petit couinement répondit à son interrogation laissée en suspens. Chinchou venait chercher un câlin. Le Chinchilla était tout heureux de retrouver la jeune fille après son immersion de deux semaines en Ethérie. Il avait réinvesti la poche ventrale du pull de Mélia et il n'en sortait plus, excepté pour faire ses besoins, se nourrir ou réclamer des caresses.
— Oui ! Mon petit Chinchounet ! Toi aussi tu m'as manqué ! Je ne comprends pas pourquoi, il n'y a pas d'animaux en Ethérie !
— Ils n'ont pas passé leur Oritis, se moqua Thys.
— C'est ça, gros bêta ! Allez ouste ! Rejoins ta chambre, j'ai envie de me reposer loin de ta bêtise.
Thys ricana et assomma gentiment sa jumelle avec son oreiller avant de quitter la pièce. Mélia s'allongea, mais le sommeil ne vint pas. Les interrogations tournaient en boucle. Que devenait Briac ? Comment pouvait-elle aider Fanny Clivier ? Pourquoi l'Appel avait-il enlevé des souvenirs à Nadine ? Allaient-ils réussir à trouver tous les cylindres avant que la Faille n'engloutisse l'Ethérie ?
Elle était clairvoyante. Elle l'avait prouvé à plusieurs reprises, pourtant elle était incapable de répondre à ces questions. Agacée, elle poussa un énorme soupir de dépit.
Le sommeil commençait enfin à alourdir ses paupières et à engourdir ses membres, quand une puissante secousse ébranla son lit. En un quart de seconde, elle fut debout. Le sol vacillait dans un grondement sourd. C'était la première fois qu'elle ressentait un tremblement de terre. Sans une hésitation, elle saisit Chinchou qui dormait encore dans sa caisse et sortit précipitamment de la pièce.
La secousse n'était plus qu'une vibration quand elle débarqua dans la chambre de Thys. Celui-ci somnolait sereinement, une jambe hors du lit, la tête sous l'oreiller.
« Quand maman dit que même un tremblement de terre ne le réveillerait pas, les événements lui donnent raison ! » songea Mélia en esquissant un sourire malgré la situation.
— Thys réveille-toi, il y a eu un tremblement de Terre !
Elle le secoua légèrement. Il ne broncha pas et poursuivit sa nuit avec un petit ronflement paisible.
— Mais c'est pas vrai ! Thys, réveille-toi ! Vite !
Cette fois, elle le remua énergiquement, sans réussir à ébranler le sommeil de son frère qui n'émit même pas un grognement agacé.
Mélia était consternée. Cela lui donnait l'impression d'être un fantôme et de n'avoir aucune prise sur le monde tangible. Bon sang, cette marmotte allait-elle sortir de son hibernation ? Un nouveau grondement remonta de la terre et éclata dans la maison alors que le sol se remit à trembler. La demeure semblait faire un rodéo sur une jument sauvage. Mélia perdit l'équilibre et s'agrippa de justesse à l'armoire de son frère qui remuait elle aussi dangereusement.
— Thys ! hurla cette fois la jeune fille paniquée ! Thys, il faut sortir ! Papa, maman au secours !
Tout en chancelant, elle attrapa son jumeau et le tira violemment. Il n'eut aucune réaction. Elle l'empoigna par les deux bras et voulut l'extirper du lit, mais le corps endormi semblait peser une tonne.
« Mais il est drogué ou quoi ? »
— Papa ! Maman ! Tantine !
Mélia renonça à réveiller son frère que l'attitude douteuse angoissait et décida d'aller chercher ses parents, surprise d'ailleurs que les secousses ne les aient pas déjà fait accourir. Dans la chambre de Sylvie et d'Anthony régnait un calme inquiétant. Mélia crut qu'ils n'étaient pas là, puis elle aperçut les renflements sous l'édredon. Elle s'approcha du lit en titubant.
— Réveillez-vous ! Papa, viens m'aider, il faut sortir et Thys est inconscient ! Maman ?
Aucun des deux ne semblait l'entendre. Ils étaient pourtant bien vivants dans leur lit. Leur respiration paisible était à peine perceptible avec les vibrations qui résonnaient dans toute la demeure. Comme pour Thys, Mélia les secoua, mais elle ne parvint pas à les ranimer.
« Mais qu'est-ce qui se passe ? Je suis en train de faire un cauchemar ? »
Tout semblait tellement réel. Elle avait eu mal quand elle s'était cogné le genou au coin du lit de Thys et maintenant sa peau était rouge. Elle avait senti la chaleur du corps de son frère et le souffle de la respiration de son père. Par réflexe, elle se pinça tout de même la main pour vérifier qu'elle était bien réveillée. Pas de doute, elle percevait la douleur !
Une secousse plus violente fit craquer les poutres. Mélia crut que le toit allait s'effondrer sur elle. Prise de panique, elle se mit à hurler. Ses plaintes déchirantes eurent soudain un écho. Une autre voix criait.
Mélia cessa tout bruit pour identifier la source. L'appel était extérieur à la maison. S'il y avait quelqu'un, il lui apporterait de l'aide pour sauver sa famille. Elle dévala les escaliers et se précipita sur le perron. Là, elle suffoqua de surprise. Nadine était dans la cour en chemise de nuit. Sa silhouette presque fantomatique, éclairée par la pleine lune, se dirigeait vers un immense halo lumineux qui ouvrait une bouche rageuse juste devant la demeure Ano.
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