Chapitre 4: Fin d'un cycle


Après le pic d'intensité de la Faille qui avait ravagé une grande partie de l'Ethérie, les Ostendes s'étaient unis pour reconstruire et consolider les Jécorums de chaque zone. Cependant, ils restaient continuellement en alerte et de multiples petites bases souterraines avaient été aménagées pour secourir les imprudents lors d'une prochaine crise de la Faille.

En zone 5, le Jécorum se remettait difficilement du cataclysme. Le cercle des pins avait perdu de sa superbe avec seulement dix arbres encore debout. Les troncs démesurés des pins déracinés se chevauchaient et attendaient peut-être un joueur géant de mikado. Le vieux Paulo qui savait écouter et utiliser les arbres avait été happé par le souffle de la Faille et personne n'avait repris le flambeau.

Le Refuge d'été, cette salle extérieure entièrement constituée de plantes, n'avait pas été épargné non plus. La végétation qui en faisait un site paisible et propice à la méditation avait été arrachée et le nouvel espace, dépouillé et froid, frissonnait malgré les efforts d'un groupe d'Aéquors pour redonner une âme au lieu.

Au centre du Jécorum, le grand bassin offrait encore une eau troublée par les feuilles, les branches et la boue rapportées par les rafales. Par contre, les alcôves, percées dans l'immense paroi de roche claire entourant le réservoir, n'avaient pas trop souffert. Elles procuraient toujours un refuge pour la trentaine d'Ostendes qui occupaient les lieux en permanences et ceux qui y résidaient seulement quelques jours ou quelques heures, le temps d'une mission ou d'un apprentissage.

Justement, le groupe de Prudens auquel Thys et Mélia appartenaient s'était rassemblé en Ethérie pour deux semaines, sous la vigilance de Rinata, Térence et Anastasia.

Côte à côte, les bras tendus vers le ciel, les Prudens respiraient en chœur. Une harmonisation avec la nature, comme le préconisait Anastasia, avant chaque initiation.

Damien, Blandine, Mélanie, Thys et Mélia avaient tous réussi leur premier cycle des transformations. Ils n'avaient pas eu besoin de passer un examen final, la validation consistait en un changement physique qui se manifestait uniquement en Ethérie. . Cette mutation légère arrivait d'un coup. La première à avoir franchi le cap avait été Mélanie. Au retour du Japon, complètement anéantie par la mort de Kazuhisa, son ami japonais, elle avait sollicité l'aide de Blandine pour absorber sa peine. Pourtant, dès qu'elle avait pu rejoindre l'Ethérie, elle s'était métamorphosée.

­— Waouh ! avait hurlé Thys qui l'accompagnait. Mélanie, tu flottes comme Anastasia. Comment tu fais ça ?

— Je ne sais pas, ça me fait tout drôle !

Par sécurité, Thys lui avait pris la main, il avait peur qu'elle s'envole. Il se passait des choses tellement bizarres en Ethérie ! Curieusement, avec sa nouvelle silhouette éthérée, Mélanie était maintenant plus grande que Thys.

Arrivés au Jécorum, ils avaient été reçus en fanfare par les Maîtres Arcan qui avaient félicité chaleureusement la petite Donnador pour l'obtention de son premier cycle des transformations. Ils avaient assuré aux autres Prudens que leur tour ne devrait pas tarder.

Et quelques jours après, à quelques minutes d'intervalle, Mélia et Blandine s'étaient soudainement senties légères, comme libérées d'un poids. Leurs pieds s'étaient mélangés à la brume, ce qui était à la fois effrayant et excitant. Elles validaient ainsi leurs trois premières années d'apprentissage en Ethérie. Damien et Thys avaient dû attendre une petite semaine de plus avant de subir leur mutation.

C'était Anastasia Tix qui était chargée maintenant de leur formation de deuxième cycle. Les Prudens se regroupaient quotidiennement au cœur des Pierres Plates, à quelques pas d'un refuge souterrain au cas où le Jécorum cède une nouvelle fois au souffle de la Faille. Ils commençaient toujours par une sorte de gymnastique douce et ample où leur corps devenu longiligne paraissait s'étendre encore. Anastasia Tix était particulièrement extraordinaire. Sa silhouette souple s'étirait à chaque inspiration et les contours de son corps semblaient difficiles à délimiter. Elle se fondait peu à peu dans le décor. Aucun des Prudens n'avait ses capacités, mais elle leur certifiait qu'ils réussiraient à l'égaler dans quelques décennies, s'ils s'y entrainaient chaque jour. Ensuite, ils enchainaient sur un cycle respiratoire de plusieurs heures. Alors seulement, Anastasia leur délivrait les nouveaux gestes. Des heures de préparations pour quelques minutes d'enseignement, les Prudens ne rechignaient pourtant pas.

Suite aux années passées, ils avaient compris que l'enjeu était important et que les Maîtres Arcans pourraient leur apporter la formation nécessaire pour lutter contre les Indésiratas. En plus, l'apprentissage avec l'éblouissante Anastasia était bien plus agréable qu'avec le bourru Téodor. Sa seule présence était apaisante et ses paroles toujours bienveillantes.

Parfois Rinata venait chercher Mélia à la fin du cours. Au retour de Yonaguni, Mélia avait informé sa grand-mère qu'elle percevait les voix des Ostendes Originels. Elle entendait les derniers mots d'un certain Merlyn et de sa compagne Calice. Ils parlaient de glaciation et de grand froid. Des indices importants qui ne permettaient pas cependant de localiser une Cité ancestrale. Alors, Rinata sollicitait régulièrement sa petite-fille pour pratiquer une méditation bi-alternale. La Maître Arcan espérait ainsi sonder l'esprit de Mélia et y dénicher les coordonnées de leur prochain voyage. Mais jusqu'à présent, elles n'étaient parvenues à rien de concluant.

Aujourd'hui, c'était Térence qui attendait les Prudens à la fin de leur entrainement. L'agenceur de l'Ethérie avait la mine soucieuse et caressait distraitement son bouc, assis sur une roche rugueuse. Mélia fut la première à le rejoindre.

— Bonjour Térence, des nouvelles de Briac ? demanda-t-elle, anxieuse.

— Non, toujours pas !

— Ça commence à faire long maintenant. C'est pas normal !

— Ne t'inquiète pas, il est entre de bonnes mains, Téodor veille, grimaça-t-il.

— Mais quand même, ça fait trois jours qu'ils sont partis. Je sais que la cérémonie de l'Oritis peut parfois durer plusieurs jours, mais c'est plutôt rare, n'est-ce pas ?

— Il n'y a pas vraiment de règle, tu sais. En plus Briac est un cas particulier. Il faut s'attendre à tout. Je ne suis pas préoccupé pour lui.

— Alors pourquoi tu fais cette tête ? demanda Mélanie qui s'immisçait dans la conversation.

Térence Plomb poussa un soupir. Il attendit que tous les Prudens soient réunis pour s'adresser au groupe. Il avait une mine si déconfite que les jeunes Ostendes cessèrent leur conversation et se regroupèrent rapidement autour de lui.

— Je ne pense pas que l'on tiendra encore longtemps, annonça l'agenceur d'un ton morne. Les frères Targent m'ont rendu leur rapport ce matin. Quatre-vingts pour cent de l'Ethérie n'est plus sécurisée ! La Faille prend une ampleur colossale. Chaque jour, de nouveaux Ostendes se font emporter. Et même des lieux que l'on croyait avoir protégés cèdent.

Les Prudens restèrent silencieux. La menace de la Faille, ils vivaient tous les jours avec. Mais c'était la première fois qu'ils voyaient l'agenceur de l'Ethérie aussi abattu. Térence fixa un moment Anastasia avant d'ajouter :

— J'ai pris une décision. Cette fois, tout le monde évacue le Jécorum. C'est trop dangereux. Le deuxième cycle des transformations ne pourra pas se poursuivre, j'en suis désolé.

Anastasia paraissait tout autant abasourdie que ses élèves. Elle passa une main sur son visage, ferma les yeux quelques secondes avant de s'adresser à son ami.

— C'est vraiment ta décision, Térence ? Si tout le monde quitte le Jécorum, on n'a plus aucun contrôle. Si l'Ethérie meurt, en quelques mois, c'est la fin de la vie sur Terre aussi !

— Mais moi je reste, ainsi que les Maîtres Arcans volontaires et les frères Targent. On tiendra le plus longtemps possible.

— Et puis après ? demanda Thys. On ne peut pas renoncer comme ça ! On doit découvrir les derniers cylindres. Les Éthers Originels avaient trouvé une solution pour vaincre la Faille. Il faut y croire, on a Mélia !

Il enveloppa sa sœur d'un regard insistant, la jeune fille détourna la tête, gênée.

— Mais on n'a plus le temps, mon garçon, gémit Térence. En plus, on a réussi à décrypter qu'un seul cylindre sur les trois que l'on a récupérés.

— C'est grâce à moi, fit remarquer Thys et deux des cylindres ont été situés avec l'aide de Mélia. On est utiles. Il ne faut pas nous mettre sur la touche !

— C'est pour votre sécurité...

— Non, ce n'est pas vrai. À quoi ça sert d'être en sécurité quelques mois sur Terre et de tout voir s'effondrer ensuite ? Moi, je veux participer. Je peux être utile, j'en suis sûr.

— On pourrait arrêter notre entrainement et se focaliser sur les messages des cylindres, proposa la douce Blandine.

— Tous les Maîtres Arcans se sont déjà penchés dessus sans succès, répliqua Térence. Non, ma décision est irrévocable et vos parents sont prévenus.

— On rentre quand ? demanda Mélia, la gorge serrée.

— Demain, dans la soirée. Le temps de regrouper vos affaires et de dire au revoir aux lieux.

— Ou le temps de trouver la clef pour ouvrir un cylindre, s'entêta Thys. Térence, si on décode le message d'un des cylindres, tu nous permets de rester ?

— Voyons, Thys ! Ne rêve pas ! Ça fait des mois que l'on s'acharne, tu ne vas pas trouver en vingt-quatre heures !

— Si on y arrive, tu nous autorises à rester ? répéta Thys déterminé.

Térence secoua la tête tristement, puis haussa les épaules :

— Si vous parvenez par miracle à décrypter un cylindre, il nous en manquera toujours cinq !

— Et si je découvre l'emplacement d'une Cité ? demanda Mélia pour soutenir Thys.

— Oh ! Les enfants, ne soyez pas si naïfs, ce n'est pas un jeu ! s'agaça Térence qui d'ordinaire était un exemple de sérénité.

Pourtant les Prudens firent bloc et ne lâchèrent pas :

— Pourra-t-on rester si on situe une Cité et décode le message d'un cylindre ? insista Mélanie d'une voix forte.

— Oui, oui, oui ! Tout le monde restera si vous trouvez tout ça ! s'énerva Térence. Voilà, vous êtes contents ? Allez, filez maintenant et prenez le temps de dire au revoir à vos amis.

Et sur un regard appuyé pour Anastasia qui avait l'air de soutenir les jeunes, il tourna les talons.

— Alors... Euh ! Comment on procède ? s'enquit Damien, pourtant le plus âgé du groupe de Prudens.

— Mélia s'isole et fait tout pour localiser la Cité. Nous, on demande à voir les cylindres et on trouve, répondit Mélanie, toujours animée par une profonde détermination.

— Ben Oui ! C'est ça ! C'est bien ça, acquiesça Thys.

Tandis que Anastasia partait à la recherche de Térence, les Prudens mirent Rinata au courant de leur initiative et lui demandèrent l'autorisation d'observer les cylindres. La grande Éther ne fit aucun commentaire, elle avait foi en ses petits-enfants. Et elle espérait secrètement, elle aussi, des miracles. Elle les conduisit dans son alcôve et tira une caisse rangée sous son lit. Protégés par une couverture, les trois cylindres attendaient d'être utilisés.

Rinata les sortit, un à un, avec précautions.

. J'ai eu un mal fou à porter le sac de sport dans lequel je l'avais caché pour fuir la Bosnie. Ah ! Voici celui de Tiahuanaco. C'est Mélia qui l'a sorti de Terre, au nez et à la barbe des Indésiratas. J'ai bien cru vivre ma dernière heure, ce jour-là. Il est pas mal non plus avec ce lilas mêlé au jaune doré. C'est de l'amétrine. Il est plus petit, plus léger que celui de Bosnie. C'est celui-là que Thys a réussi à ouvrir grâce à sa clef en bois.

Le jeune homme, bien inconsciemment, bomba le torse. Il était fier de cette étape-là et rêvait de fabriquer une autre clef. Rinata sortit enfin le dernier cylindre qu'elle posa devant les deux autres.

— Et voici le petit dernier... Celui-ci, encore ramené par Mélia, provient des profondeurs de Yonaguni. C'est le plus fin, le plus lisse aussi. Son noir est tellement brillant que tout se reflète dedans.

À la vue du cylindre d'obsidienne noire, Mélanie eut la gorge serrée. Il lui en fallait peu pour faire remonter le souvenir de Kazuhisa. À chaque fois, elle était submergée par le visage souriant du petit Japonais et elle frottait machinalement sa main qui gardait les stigmates de leur aventure dans le tunnel. Elle n'avait jamais voulu que Damien retire les fils d'argent qui s'étaient incrustés dans sa paume. Elle souhaitait conserver cette trace sur son corps comme un hommage à Kazuhisa qui pensait que les esprits l'avaient marquée. Elle renifla pour ravaler les larmes qui montaient.

— Ça va ? demanda Blandine aussitôt attirée par la détresse de son amie.

Et même si Mélanie lui adressa un faible sourire pour la rassurer, Blandine posa tendrement sa main dans la nuque de la jeune Donnador et aspira sa détresse. Mélanie respira plus librement. Et tandis que chaque Prudens examinait les artéfacts exposés par Rinata, espérant forcer ces blocs de pierre à délivrer leur secret, Mélanie s'enfonçait dans ses souvenirs. Les yeux de Kazuhisa à la fois incisifs et protecteurs l'accompagnèrent au Japon dans les boyaux souterrains de Yonagoni. Elle se revit suivre le petit japonais dans le dédale de chemins terreux à quatre pattes, affolée. Son ami l'avait guidée jusqu'à une plaque de granite gravée, qu'elle avait touchée sur ses conseils. Alors, une force l'avait envahie et avait marqué sa main. C'est avec une nouvelle force qu'ils avaient suivi le dédale de chemins souterrains et trouvé un passage jusqu'au hangar où le reste des Ostendes était retenu captif. Ils s'étaient l'un et l'autre, jetés dans la bataille. Elle aurait voulu le préserver. Il était si courageux ! Mais Laëtitia Yessel, cette hyène, avait saisi le petit Japonais et l'avait étranglé. Comme ça, en un tour de main. Il était mort pour rien ou juste pour un bout de roche convoité par tous.

Elle avança la main pour effleurer l'obsidienne noire de Yonaguni. La pierre était froide et lisse. Pourtant, une onde de chaleur prit naissance au creux de sa paume. Et comme une évidence, Mélanie comprit. Elle attrapa le cylindre que Thys était en train de manipuler et elle le retourna pour examiner sa base rugueuse.

— Hé ! Qu'est-ce que tu fais ? râla Thys surpris par le geste de son amie.

— Je sais, mais oui, je sais, triompha-t-elle ! Regardez ! C'est incroyable ! Kazuhisa avait raison, ce sont les esprits des Éthers Originels qui m'ont offert ça !

Et elle montra à la fois sa paume cicatrisée sur laquelle une curieuse spirale d'argent ondulait comme un tatouage en relief et la surface du cylindre qui exposait la même forme, mais creusée finement dans la pierre.

— Mince ! Mélanie ! T'es un génie ! Vas-y ! Essaie !

Mélanie n'attendit pas l'injonction de Thys pour placer sa cicatrice dans les aspérités du cylindre. Tout s'incrusta parfaitement. Il y eut un déclic qui fut suivi de dizaines de cliquetis. Le mécanisme s'activait. Mélanie était la clef ! La petite Donnador, tremblante, déposa l'obsidienne qui avait pris vie au centre de la pièce.

Sous le regard excité des Prudens et de Rinata, quatre triangles de verre sortirent de l'artéfact pour se rejoindre et former une petite pyramide à son sommet. Le cylindre mit à tourner lentement sur lui-même, alors que la pyramide émit des crépitements similaires à une recherche de fréquence radio. Puis une sphère translucide s'en échappa pour se lover au cœur de la pyramide. Elle tournoya sur elle-même avant de libérer cinq filaments de lumière. Thys, Mélia et Rinata, qui avaient déjà vécu l'ouverture du cylindre de Tiahuanaco, firent un pas en avant et laissèrent leur Ingéni se connecter aux fils lumineux.

— Approche, Mélanie ! Approche, l'incita Mélia, grisée par l'énergie qui vibrait dans son Ingéni. Tu ne crains rien. Il manque juste un connecteur pour créer l'antenne.

La petite Donnador ferma les yeux et souleva sa frange pour laisser apparaître, à la racine de ses cheveux roux, une pierre ronde et verte que vint percuter dans la seconde le dernier rayon de lumière.

— Voilà, nous y sommes, s'exalta Rinata. Placez-vous chacun à un angle de la pyramide. Damien, va chercher Térence et Anastasia, vite ! Ça commence. Regardez, l'image se forme !

En effet, un halo luminescent enflait au-dessus de la pyramide jusqu'à ce qu'une silhouette se dessine et qu'un visage se précise.

— Alexander, c'est Alexander, murmura Mélia.

— Chut, il parle. Écoutez !

Une voix rauque aux résonances mécanique emplit l'alcôve.

— Ce message s'adresse aux survivants de la Grande Pression comme nous avons appelé le cataclysme qui a ravagé notre planète. Si vous avez pu enclencher le mécanisme du cylindre, c'est que vous appartenez à la famille des Ostendes ou que votre Éveil approche. Je me nomme Alexander, je suis un Sciens. Je canalise les savoirs de toutes les générations. Grâce à ce transmetteur, j'espère prévenir la nouvelle humanité des dangers qui la guettent et lui communiquer le remède pour lutter contre la Grande Pression qui va renaître. Mes frères et moi avons encrypté huit cylindres. Chacun d'eux contient une partie du savoir de notre civilisation. Nous étions un peuple très évolué, mais nous avons fait une série de mauvais choix quant à notre développement. Une branche puissante a choisi de vivre en permanence sur le plan terrestre et de renier nos valeurs spirituelles. Là, le déséquilibre est né...

— Mais il dit exactement la même chose que la dernière fois au mot près, s'agaça Rinata. Quelque chose ne va pas, j'ai écouté le message du cylindre de Tiahuanaco une bonne centaine de fois, j'en connais chaque mot et chaque variation d'intonation.

— Attends, Mamina. Il va peut-être en dire plus cette fois.

— Le plan terrestre connaît maintenant de terribles distorsions d'énergie qui sont en train d'anéantir la vie, continua la voix mécanique d'Alexander. Nous n'avons pas su lutter contre la Faille, mais nous avons découvert récemment un moyen de la bloquer si elle venait à renaître. Ce cylindre renferme l'énergie nécessaire à l'amplification du champ électromagnétique d'une zone. L'activation de tous les cylindres permettrait de créer un champ de force de la puissance d'un trou noir et la Faille s'affaisserait sur elle-même.

— Si seulement ! ne put se retenir de commenter Thys.

— Chut ! lui répondirent les voix de ses compagnons, tandis que les yeux de Rinata le foudroyaient.

— Mon monde meurt, continua l'hologramme, je souhaite que des survivants puissent utiliser la sagesse tardive enfouie dans ces cylindres pour reconstruire une vie en adéquation avec la planète et...

Il y eut une interruption brutale du son et de l'image.

— Non, non ! se désespéra Rinata. Il s'arrête au même endroit, exactement au même endroit ! On n'apprend rien de plus, à quoi ça sert !

— Il y a peut-être un bug, hasarda Thys aussi déçu que sa grand-mère.

Après l'euphorie de la découverte, les Prudens étaient abattus et chacun regardait bêtement le bloc d'obsidienne surmonté de sa pyramide qui n'émettait plus aucun son, mais qui projetaient toujours des filaments de lumière, cherchant à s'abreuver aux Ingénis des Ostendes présents. Chacun cachait maintenant sa pierre, car l'exercice puisait dans leurs ressources internes et éprouvait leurs forces physiques.

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