Tout se fissura. Elle eut l'impression de sortir d'une coque de glace. Elle était lumière. Elle était légère. Elle se laissa emporter par un courant frais de passage. Les maisons, les rues, les bois, les champs défilèrent à une vitesse prodigieuse. Puis, tout s'arrêta. Sa vision s'affina et elle le vit. Au pied d'un arbre, recroquevillé. Il semblait si petit, si perdu. Il était seul, le Maître n'était pas là. Elle s'approcha, juste au-dessus de lui. Elle sut qu'il avait besoin d'aide, besoin d'elle.

Elle s'approcha encore. Trop près. Il l'aspira sans même s'en apercevoir. Prise dans un tourbillon de sensations, elle ressentit l'attaque. Elle comprit l'horreur qui le dévorait. Des particules d'énergie néfaste voulaient s'ouvrir un chemin dans son esprit. Il devait résister, il le fallait pour leur survie à tous les deux.

Elle lui parla pour l'apaiser, elle l'encouragea à lutter. Il semblait l'entendre. Il s'accrochait à elle. Un lien se tissait. Elle crut qu'il maîtrisait l'énergie. Elle la sentait prendre sa place, couvrir ses mains.

Mais l'attaque reprit, plus virulente, plus sournoise. Il perdit très vite pied. Il laissait son ennemi le détruire, l'effacer.

Elle ne pouvait pas le perdre. Elle lui hurla de mettre des barrières, de résister à la souffrance. Il réagit. Il lutta même un peu pour la satisfaire. Mais son adversaire était expérimenté et savait torturer. À bout de force, il s'écroula.

Noir... Silence... Lumière.

 Le Maître était là. Il était arrivé à temps pour le sauver. Elle avait senti son énergie ranimer le corps, rappeler l'esprit.

Elle ne le quitterait plus. Elle avait compris qu'ils devaient être deux pour réussir l'épreuve. Ils étaient importants. Ils étaient la clef.

Mais, est-ce qu'elle s'en souviendrait quand elle aurait rejoint son enveloppe rigide ? Pourrait-elle garder cette connaissance ?

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