Chapitre 42: La salle Hydrophile
Mélia se laissa guider par sa mère et Thys à travers le Jécorum désert. Ils longèrent le bassin naturel enveloppé de brume cotonneuse dont ils humèrent l'effluve purifiant. Le chemin les invitait à rejoindre un bosquet d'arbres joufflus. Sylvie glissait avec majesté, Mélia trottait, Thys trébuchait sur les improbables pierres jalonnant le sentier violine.
— Nous n'allons pas dans la salle végétale, là, derrière le bosquet ? demanda Thys voyant Sylvie bifurquer vers la ravine.
Il tenait à montrer à sa sœur qu'il était un habitué des lieux. Un petit avantage sur celle qui était maintenant reconnue comme la Clairvoyante.
— Non, on nous attend dans la salle Hydrophile !
— C'est quoi cette salle ? Rinata ne me l'a pas fait visiter ! Ah ! Mélia, fais attention, ici ça gliss...
Vlan, voilà le jeune Ether qui dévale la pente sur son postérieur. Pourtant, depuis sa première descente, il avait pris cet escalier naturel sans aucune difficulté. Et devant sa sœur, alors qu'il voulait montrer son aisance en Ethérie, il se cassait la figure lamentablement !
Mélia et Sylvie ne purent s'empêcher de pouffer tout en tendant une main secourable au jeune homme. Il fut tenté de les déséquilibrer et de leur montrer ainsi que ce n'était pas drôle de se prendre une gamelle en public, mais l'heure était grave, ce n'était plus le temps des enfantillages.
Ils suivirent la grande galerie lumineuse qui s'ouvrait devant eux.
— Il n'y a aucune lampe ni bougie, constata Mélia. Pourtant on y voit comme en plein jour ! C'est incroyable cette sensation !
Sylvie et Thys se contentèrent d'acquiescer. Soudain, un fumet irrésistiblement sucré et fruité titilla les narines de Thys qui se laissa guider comme un somnambule, jusqu'au réfectoire où l'attendait un ramequin en terre cuite, garni d'une mousse rose aérée, gorgée de copeaux de fruits et de grains d'orge grillés. A côté du dessert appétissant, un petit mot gribouillé sur une feuille sèche :
« Pour le plus gourmand du Jécorum » signé Clotaire.
Thys parut hésiter un quart de seconde. Il se demandait si cet odorant présent lui était destiné ou s'il attendait l'ogre qu'était Téodor Lux. Mais il décida que « le plus gourmand du Jécorum », c'était lui. Et il engloutit, sans autres hésitations, la mousse qui crépita magnifiquement sur sa langue. Les papilles tout en émoi, il souriait aux anges alors que sa mère l'extirpait difficilement de la cuisine.
Ils ne croisèrent personne et se laissèrent envelopper par le silence des galeries souterraines du Jécorum. Sylvie pressa le pas, si l'on peut dire. Elle fila plus rapidement comme emportée par le courant d'air qui naissait à vingt centimètres du sol et s'insinuait dans toute l'Ethérie. Thys et Mélia cavalaient derrière elle, sous le charme de sa légèreté. Leur mère ralentit au bout du couloir de pierre et frôla l'immense porte de chêne brut qui leur faisait face. Celle-ci s'ouvrit sans difficulté. Ils découvrirent alors le dos d'une centaine de personnes déjà installée en cercle sur des sièges sculptés dans des rondins de bois. Personne ne se retourna. On sentait la concentration qu'aucun murmure ne venait troubler.
Sylvie guida ses enfants vers le centre de la pièce, au troisième rang, où trois sièges vides s'impatientaient. Les jumeaux aperçurent alors toute la majesté de la salle qui accueillait une si grande assemblée. C'était une gigantesque cavité circulaire, creusée dans la roche verte d'aventurine. La pierre luisante était polie par l'eau qui ruisselait sur toutes les parois en un rideau rafraichissant. L'ambiance était ainsi rendue paisible et intime malgré les dimensions de la salle et le nombre de personnes qu'elle abritait. Au centre de l'assemblée un grand cylindre de granit noir poli par les âges formait une sorte de large piédestal. Tout autour étaient installées dix rangées circulaires de sièges sculptés. Thys s'assit et observa le cercle de personnes composant sa rangée.
Il reconnut quelques Ethers qu'il avait côtoyés lors de son séjour en Ethérie. Il fit un signe de tête à Clotaire accompagné d'un clin d'œil et d'un geste rotatif au niveau du ventre en se léchant les babines. Le cuisinier ravi leva le pouce au ciel. Thys aperçut aussi Paulo, le vieux sculpteur. Cela faisait bizarre de le voir sans son matériel à raboter et ses souches de bois secs. Il tenait tout de même sur ses genoux une de ses dernières œuvres : une robuste canne en érable sculptée. Thys lui adressa un sourire auquel Paulo répondit en étirant sa bouche édentée. Marcel et Sylvain Targent le saluèrent aussi d'un petit signe amical. Thys avait rencontré pour la première fois les deux frères dans son salon quelques mois auparavant alors que Téodor menait une étrange réunion. À cette époque le garçon était bien innocent et ne s'attendait pas à tous ces chamboulements dans sa vie.
Mélia lui donna un coup de coude discret dans les côtes pour attirer son attention. Discret oui, mais pas indolore. Il se frictionna en lui jetant un regard noir, mais elle lui désigna un homme bedonnant cinq sièges plus loin. Il s'agissait du directeur du collège, Jean Tangon qui épongeait son front dégarni et secoua son mouchoir pour héler ses jeunes élèves. À la vue du Directeur, Thys se fit tout petit sur son siège et son cœur cogna plus fort. L'homme lui rappelait qu'il y avait une vie de collégien qui l'attendait quelque part avec des amis qui lui manquaient.
Bon sang, il n'avait pas contacté Cid ! Cela faisait des années qu'ils avaient pris l'habitude de passer la journée du 26 décembre ensemble à essayer leurs nouveaux jouets quand ils étaient petits ou tester les jeux vidéo en grandissant. Cid ! Que devait-il penser de lui ! Déjà qu'il semblait se questionner depuis l'automne sur le comportement bizarre de son pote ! Et Célia, il en avait oublié jusqu'à son sourire avec tout ça ! Il plissa les yeux et fronça le front pour tenter de créer une image mentale de la jeune fille.
— Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda sa sœur surprise.
— Rien, chut !
Un homme de la rangée de devant s'était retourné. Les jumeaux baissèrent la tête, gênés, le temps de l'oubli. Ensuite, Thys retourna à sa contemplation. Les onze personnes installées dans le cercle central semblaient toutes retranchées en elles-mêmes, absorbées par leurs pensées. Il émanait de leur groupe une sorte de sagesse inexplicable. Téodor Lux, Anastasia Tix, Rinata Tournelle faisaient partie de ces personnages sûrement importants. À côté de Téodor, un siège vide se morfondait. Thys imagina qu'il s'agissait de la place de Solène Donnador.
Les huit autres sièges étaient tous occupés par des personnes variées et remarquables, sans doute des Maîtres Arcans ! Le garçon dévisagea longuement une jeune fille d'à peine dix-huit ans au teint mat et aux cheveux courts qui fermaient les yeux, les mains croisées sur son ventre. Se pouvait-il qu'elle soit Maître Arcan à son âge ? Il essaya de capter son regard, il espérait la voir bouger ! Peine perdue, elle ne broncha pas ni n'ouvrit ses yeux pour qu'il en devine la couleur. Les trois personnes suivantes étaient toutes grisonnantes et marquées par le temps. Très austères par leur apparence, elles aussi étaient figées dans leur méditation.
Marceline Chanfrain à leur côté dépareillait dans cette série de troisième âge. La vieille Ignure, très coquette, était vêtue de couleurs chatoyantes et ses petits yeux vifs épiaient chaque convive avec insistance en esquissant parfois une grimace songeuse ou sarcastique. À ses côtés, deux yeux verts aux cils aériens contemplaient l'eau qui ruisselait le long du mur et semblaient s'y repaître. C'était ceux d'une femme aux longs cheveux ébène, aux lèvres rouges et pulpeuses, qui portait une longue robe évasée. Thys l'imaginait bien incarnant la Blanche Neige des contes des frères Grimm.
Les occupants des deux derniers sièges ressemblaient à un jeune couple sympathique, tout de bleu vêtu. L'homme d'une trentaine d'années au regard délavé souriait aux anges, alors que la jeune femme le regardait béatement. Thys s'amusa à observer leur manège. Le temps passait. Le jeune Ether, tout à sa contemplation et interprétation des convives, ne s'ennuyait pas. Mélia, elle, était médusée par l'apparence évaporée de certains gardiens de la Terre et une nouvelle fois, les yeux lui sortaient de la tête.
Soudain, sans signal apparent, les onze représentants du cercle central se levèrent simultanément. Ils firent un pas en avant dans une parfaite harmonie et apposèrent leur main sur la stèle de granit noir. Aussitôt la pierre sombre rayonna et la luminosité de la pièce se tamisa. L'ambiance feutrée rythmée par le doux chuintement de l'eau glougloutant sur les murs plaisait à Thys. Il s'imaginait dans une salle de spectacle, prêt pour une représentation. D'ailleurs, tous les hôtes, maintenant, étaient dans l'expectative. On attendait sans trop savoir ce que l'on attendait.
Les onze Maîtres Arcans, immobiles devant la masse cylindrique de pierre, avaient le visage rayonnant. Un chant léger, presque un murmure cadencé, sortit de leur gorge, repris par la plupart des Ostendes présents. Ce bourdonnement harmonieux avait un effet galvanisant et les jumeaux eurent bien envie d'unir leur voix à la masse. Sans honte, ils livrèrent des sons qui s'accordèrent naturellement à l'ensemble. Le chant prit de l'intensité, rebondit sur les murs d'aventurines et emplit la salle entière. Les cœurs des cent cinquante Ostendes battaient à l'unisson et les corps se gorgeaient de cette énergie collective. Thys se sentait fiévreux. Une bonne fièvre enivrante. Il avait le sentiment de se détacher de son être et d'appartenir à un tout. C'était confortable, rassurant et motivant.
Petit à petit, les voix s'amenuisèrent pour laisser place à un nouveau silence puissant et constructeur. Chaque être dans la même vibration communiait. Au bout de longues minutes, ce fut Téodor Lux, Maître Arcan de premier Cycle et initiateur de l'Oritis qui rompit l'enchantement.
En douceur, presque en lévitant, il se hissa sur le cylindre de granit. Il était majestueux sur son piédestal assorti à ses cheveux noirs luisants. Ses quatre mèches blanches semblaient avoir leur vie propre et ondulaient, fluorescentes, portées par la douce brise qui prenait naissance au centre de la salle. Sa moustache hérissée était le réceptacle des énergies diffuses. Il tourna sur lui-même, silhouette devenue grande aux jambes évaporées, et embrassa toute la salle de son regard profond.
Quand il commença à parler, sa voix rauque ébranla les cœurs et pénétra les tréfonds des âmes. Thys et Mélia ne voyaient que le dos du Maître, mais par un effet extraordinaire son visage se reflétait sur toute la paroi circulaire miroitante de la salle Hydrophile. Ainsi chaque personne présente se sentait envahie par le regard inquisiteur de Téodor et pouvait lire les expressions de son visage.
— Des circonstances exceptionnelles réunissent ici toutes les lignées des gardiens de la Terre !
Maître Lux appuya son regard sur Marceline et prononça :
— Ignures, essences du feu Eternel !
Marceline Chanfrain et la jeune fille aux cheveux courts se courbèrent pour saluer l'assemblée. Dans la salle, il y eut comme un bruit d'ailes dû au frôlement de vêtements en mouvement et une trentaine de personnes à l'aspect dynamique et sauvage se leva, salua le Maître et s'assit comme un seul homme.
Téodor poursuivit :
— Aguerris, âmes ancestrales du sol fertile !
Les trois vieilles personnes assises aux côtés de Marceline se mirent en mouvement, lentement comme rouillées par le temps, elles s'inclinèrent. Leurs yeux noirs et profonds ressortaient ardemment sur leur peau pâle et cireuse. Le sol parut vibrer lorsqu'un tiers de salle se leva raide et sérieux pour saluer à son tour. Ils restèrent droits et solides. Une majorité d'adultes encadrant quelques adolescents aux traits déjà décidés.
— Aéquors, fluides êtres dédiés aux éléments liquides !
La copie de Blanche Neige esquissa un sourire froid de ses lèvres vermillon et battit cinq ou six coups de ses longs cils recourbés. Elle se retourna vers le reste de la salle et désigna un petit groupe d'à peine dix personnes qui se leva docilement. On aurait dit une famille obéissant à la matrone.
— Uentels, âmes des airs, bouffée d'oxygène de notre monde !
Jovial, le jeune couple prit son envol. Debout, ils semblaient surplomber tous les Maîtres Arcans réunis, pourtant nul triomphe dans leur attitude, un simple bonheur d'exister. Les Uentels étaient éparpillés dans toute la salle. Deux par deux, comme des inséparables, ils se dressèrent le sourire aux lèvres pour répondre à l'encouragement chaleureux de leurs Maîtres Arcans.
— Ethers, âmes pures aux fluides complémentaires.
Rinata fut la première à s'élever en légèreté, suivie par la famille Ano et une trentaine d'autres âmes. Téodor leur fit un petit signe de reconnaissance et déversa son discours :
— Mes amis Ostendes, l'heure est grave ! Nous voici réunis en assemblée extraordinaire suite aux derniers événements survenus la nuit dernière. Des Indésiratas nous ont délibérément attaqués espérant arracher les Ingénis de nos novices. Solène Donnador, Maître Arcan de deuxième cycle, a été cruellement assassinée par une association de Niemens, Milvuits et Péragores alors qu'elle tentait de protéger de jeunes Ethers.
Un long silence de recueillement suivit ces paroles. Mélia avait le nez qui piquait et les yeux trop humides. Thys cherchait la présence de Mélanie parmi tous ces visages soudain tristes et fermés. Il découvrit la fillette sur le cinquième cercle à côté d'un petit homme brun. Était-ce son père ? Mélanie avait les yeux fixes, plongés dans ceux de Téodor. Elle ne pleurait pas, mais tout son corps exprimait une détresse insoutenable jusqu'à ses cheveux roux, qui tombaient ternes sur ses épaules avachies.
— Comment est-ce possible ? clama une voix outrée et choquée.
C'était une petite bonne femme potelée aux joues rouges assise dans le dernier cercle. Elle semblait elle-même surprise d'avoir osé prendre la parole devant toute l'assemblée.
— Ces derniers temps, les choses bougent sur Terre. L'évolution est rapide, palpable partout. L'homme fait des bonds de géant dans la recherche, les nouvelles technologies explosent les marchés...
— Je ne vois pas le rapport ! gronda l'homme assis à côté de Mélanie.
— Attends, Jonas, laisse-moi finir !
Pour une fois, la voix de Maître Lux n'était pas impérieuse, elle portait même des traces trainantes de pitié. Jonas, le frère de Solène, gigota sur son siège de bois sans doute sculpté par Paulo, mais il ne broncha plus, les yeux rivés sur l'orateur qui reprenait contenance.
— Je disais que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de performances technologiques, médicales, industrielles invraisemblables. Beaucoup jouissent ainsi d'un confort incommensurable ou de possibilités inimaginables. Beaucoup d'États sont riches et des hommes d'affaires, des industriels, des politiciens deviennent millionnaires. Les valeurs primordiales sont l'argent et le pouvoir. À chaque échelon de notre société dans chaque pays ce qui domine c'est la course à l'argent. Toujours plus d'argent. Une minorité d'êtres dominent ainsi le Monde et le façonnent selon leur volonté.
Il fit une brève pause. Beaucoup acquiesçaient dans la salle. Jonas était figé et attendait la suite. Thys se demandait où Téodor voulait en venir.
— Le monde est aux mains d'une minorité qui a tout intérêt que les choses continuent ainsi. Les valeurs écologiques, biologiques, naturelles ne les intéressent pas et les gênent même. Ils voient cela comme un retour en arrière. Les quelques voix qui s'élèvent contre leur appétit d'ogre sont vite étouffées. Ils trompent les populations et les guident vers leur ruine spirituelle. Or, nous savons, nous ressentons que nous sommes à un tournant de notre évolution humaine. Les médecines parallèles se développent, de nombreux livres paraissent pour livrer le secret des énergies et des ressources terrestres. Les esprits s'ouvrent sur ce que certains appellent le surnaturel, ce que nous savons être l'évolution normale de notre espèce. Ainsi, deux modes de vie totalement étrangers s'opposent. Les Indésiratas sont des âmes évoluées qui connaissent les potentiels de l'homme, mais qui veulent profiter du pouvoir. Ils tentent par tous les moyens de bloquer notre processus d'évolution pour garder le contrôle du monde.
— Ça, on le sait, mais pourquoi cela change maintenant ? Jusqu'à présent nous n'avions que quelques confrontations individuelles avec ce groupuscule d'indésirables. Ils ne s'étaient jamais unis, ils n'avaient jamais attaqué en bandes ! demanda Jonas agacé.
— C'est vrai, mais une faille dans la structure énergétique s'ouvre sur le plan Ethérique. Cela semble les galvaniser, ils se renforcent. Ils voient sans doute là une occasion de nous anéantir. Cette Faille nous inquiète, nous n'arrivons pas à la localiser, mais les énergies s'échappent et sont de plus en plus dures à contrôler. Nous craignons de voir se répéter l'Histoire des Ostendes Originels transmise dans chaque lignée... la mort quasi totale de l'humanité, survenue il y a plus de 12 000 ans quand les gardiens de la Terre n'ont pas su gérer le tournant de leur évolution.
Il n'y eut pas de murmure, mais un courant de stress commun parcourut l'assemblée, hérissant les quelques poils sur les nuques, glaçant des dos ou crispant les mâchoires.
— Mes amis Ostendes, il faut réagir ! Il faut anticiper notre avenir et celui de milliards d'humains. Il ne faut pas que la catastrophe se renouvelle. L'histoire nous raconte qu'il y a 12 000 ans, les Ostendes n'ont pas su préserver la Terre et sauver leur civilisation. Pourtant quelques Maîtres auraient trouvé comment contenir la Faille. Mais, il était trop tard ! À cause des Indésiratas et de leur désir de puissance, le point de rupture était atteint. Ces Maîtres Arcans auraient alors immortalisé leurs découvertes en ensevelissant leurs connaissances en huit lieux différents pour aider les générations futures... si l'espèce humaine survivait. Ce Message des Ethers Originels n'a jamais été trouvé. Mais aujourd'hui, un Clairvoyant est sorti de l'ombre, un Clairvoyant qui pourra peut-être nous guider jusqu'aux cités des Ethers millénaires, nous permettre de comprendre notre évolution et nous éclairer sans faire les erreurs d'autrefois. Ce Clairvoyant est une jeune fille présente ici !
Il désigna Mélia.
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