Chapitre 8

– J'y crois pas ! Putain, pince-moi, je rêve ! Tu vas me laisser conduire ta Mustang ! Ahhhhh.

Cass est pire que ces gamines qui viennent de s'acheter le tout dernier I phone. Je viens de l'autoriser à prendre ma voiture. Pour elle, c'est Noël avant l'heure, pour moi, ce n'est qu'un premier pas vers ce qu'il m'attend. Ce qu'elle ignore, à l'heure où elle me vrille les tympans, c'est que ce n'est pas un prêt. Sa voiture est morte, et même si elle a de quoi s'en offrir une, ce geste revêt une symbolique importante pour moi. Ma voiture, c'était cette part de moi, qui traduit le mieux, mon sentiment de liberté.

– Je te préviens, tu lui fais une seule égratignure et c'est à toi qu'il faudra un tour chez le carrossier ! Je lui dis en grognant.

– Tu sais, j'avais prévu un chauffeur ! Tu sais très bien que ce genre de soirée, exige un certain standing. Mais là, je ne sais pas !

– Pfff, Arrête de te tracasser ! Au contraire, ça va vouloir dire que nous sommes deux femmes qui en jettent et ça, c'est mieux que la limo !

– Mais quand-même, je commence à me demander si j'ai bien fait de demander ton aide. Après tout, ce n'est pas comme si tu étais une parfaite inconnue, comme avant et...

Je la vois qui hésite. Que ne m'a t'elle pas dit ? Mon amie n'est pas du genre à hésiter, et cette hésitation me met la puce à l'oreille. Ce qu'elle va m'annoncer pourrait ne pas me plaire, mais il est trop tard pour reculer.

– Tu ne m'as presque rien dit, concernant ton client de ce soir, je lui dis en la toisant, alors que nous montons dans la voiture.

– C'est vrai, me dit cette dernière qui prend un air un peu coupable.

Je sens une certaine panique me saisir. La dernière fois que Cassandre m'a caché l'objet d'une soirée, ça s'est mal terminé pour moi. Cette soirée, je préférerais l'oublier. Elle nous a laissé un goût amer. Cet épisode a marqué la fin de ma vie d'escort. Cassandre quant à elle a dut revoir ses critères en matière de contrat. Pour beaucoup de gens, une escort, c'est ni plus, ni moins qu'une pute de luxe. Les mains baladeuses, les paroles graveleuses, les insultes, que l'on sorte de la rue, ou d'un quatre étoile, ça ne change rien pour la plupart. Ce soir là aussi, j'avais effectué un remplacement, je n'escortais plus que de façon occasionnelle.

Tout avait plutôt bien commencé, jusqu'à ce que ses avances se fassent de plus en virulentes et que les coups partent. Il arrive souvent que les escort fassent plus que ce qu'il leur a été demandé. Moi-même, j'ai couché avec mes clients plus souvent que l'inverse, cependant jamais pour avoir un bonus, et lorsque je refusais des avances, ils le respectaient, sauf cette fois là.

Le mutisme de mon amie fait remonter ces souvenirs peu agréables. J'ai toute confiance en elle, je sais qu'elle ne me mettra pas en danger. Seulement la gêne qui s'installe entre nous en cet instant, est difficile à gérer.

– Bon, tu vas les lâcher ces infos ? Tu ne m'as quand-même pas torturée et rabâcher pendant deux heures, que je ne dois pas faire ma connasse ce soir !

– Tu vas la boucler, où je fais une rayure à ta précieuse ? Me sort-elle en montant dans ma Mustang .

Sciée qu'elle ose menacer d'abîmer ma voiture, je monte dans l'auto et me la ferme. Avec la plus grande prudence, je l'observe manœuvrer et sortir la Mustang de mon garage avant de s'engager dans la rue. Nous ne sommes même pas encore engagées dans la circulation, qu'elle me lâche tout.

– Nous allons à une expo comme je te l'ai dit tout à l'heure. Mon client est l'agent artistique de l'artiste. Brent m'a demandé de trouver une escort pour repousser les éventuelles groupies autour de l'artiste. L'inauguration de l'exposition a lieu ce soir avant de partir à New-York. Cette soirée est super importante pour moi. Je...Bref, tu devras tenir compagnie à Mr Donovan et maintenir à distance les croqueuses d'homme. Attention pas d'esclandre Sib, tu la joue classe, hein.

Je sens qu'il y a comme une anguille sous roche. Depuis quand, appelle t'elle ses clients par leurs prénoms. Et ce nom Donovan, me dit quelque chose. Donovan est assez courant, pourtant il me fait tiquer. J'en appellerai bien à mon ami Google pour me faire une idée, mais sans mon Pc, ça va être compliqué, et demandé à Siri de faire une recherche sur ce type n'est pas très discret. De plus, je me suis toujours fiée aux infos que me donnait Cassandre. Si elle ne m'en dit pas plus, cela ne veut pas forcément dire qu'il y a un loup. Si ce n'est que je ne risque pas de le voir ce soir.

Mine de, il va falloir quand-même, avant que nous arrivions que je parvienne à tirer les vers du nez de ma pote, avant de devoir endosser un rôle dans lequel je ne me suis pas vue parachuter depuis bien longtemps. Chassant cette pensée, je décide de poser quelques questions à cette dernière.

– Depuis quand appelles-tu tes clients par leur prénom ?

– Je, commence t'elle en rougissant.

– Oh, tonnerre de Zeus !!! C'est quoi ce délire ! Dans quoi tu es allée nous fourrer ? Si, tu ne me dis pas la vérité tout de suite, je te promets qu'au prochain feu, je descends de ma putain de caisse et te laisse de démerder.

– Oh là, la diva ! Tu vas te calmer et vite fait ma grande ! Il n'y a rien de foireux, je te le promets ! Si tu crois que je vais arranger un rendez-vous à une connasse pareille, tu te trompes ma chérie ! Hurle-t'elle.

– Parfait ! Dans ce cas accouche avant qu'on n'arrive !

– En fait, on y est. Me dit-elle en se garant sur un parking devant une vieille usine désaffectée.

– Mais, c'est quoi ce bazard ?

– C'est là, qu'a lieu l'exposition. Brent doit nous attendre !

– Tu vas enfin me dire qui est ce Brent ?

– C'est moi ! Répond une voix qui me dit vaguement quelque chose.

Quand je tourne la tête, je rencontre le regard d'un homme blond aux yeux d'un bleu profond, qui ouvre la portière de mon amie. Je connais ce type, je l'ai déjà vu. Je tente de me remémorer, d'où j'ai vu ce mec, mais rien le néant. Le salaud, lui a l'air de me connaître, je le vois dans ses yeux et à son sourire moqueur. Gloups, mais dans quoi suis-je tombée. La moutarde me monte au nez ! Cassandre est morte, j'ai le sentiment que c'te garce m'a bien eu. J'hésite entre me tirer d'ici en appelant un taxi et à la rayer de mon testament, ou à lui rouler sur les pieds avec ma voiture !

Le regard de Brent s'est vite détourné de moi, pour se porter sur la traîtresse. Ce regard là est tout sauf le regard d'un client. Ce regard dit, « viens, mon enfant que je te mange toute crue ». Plus brûlant, tu meures ! Détournant le regard du couple, je sors à mon tour de ma Mustang, comme si j'étais habillée comme tous les jours. Au diable, l'élégance ! Claquant la porte à dessein, je fais sursauter les deux tourtereaux et caresse l'aile de ma voiture. Ben oui, que voulez-vous ma voiture, c'est ma précieuse, comme l'a dit plutôt Cass. C'est ma petite chérie, claquer sa portière, c'est comme mettre une gifle à un mec. C'est lui faire du mal !

– Cass, tu fais les présentations ? Dis-je en aboyant plus qu'en ne parlant.

– Tu ne me remets vraiment pas alors ? Se marre l'enfoiré

– Je devrais ? Je lui demande. C'est que tu ne devais pas être un si bon coup que ça, lui assénè-je.

– La salsa, ça te parle !

– Oh, putain !

Pendant que le guignol se marre à côté de moi, je vois Cass tirer sur la manche de son smoking noir embarrassée. La lumière s'est enfin allumée dans mon cerveau. Et lui, qui en rajoute une couche, le salaud.

– Je dois te remercier pour cette soirée mémorable ! Au moins, j'ai tiré le gros lot.

– Brent ! Le sermonne Cass.

Tu ne paies rien pour attendre, mon salaud. Toi à la première occasion, je te rétame. Je ne le dis pas mais, je le pense très fort, jusqu'au moment où, il sort, ça.

– Ben, quoi sans elle, je n'aurais pas fait ta connaissance, ma puce.

Le regard qu'il lui jette, annihile toute forme de velléité en moi. Le regard qu'elle lui retourne est on ne peut plus clair. L'air entre eux n'est pas seulement chargé de désir, il y a plus ! Cela me calme pour de bon, enfin presque, faut pas rêver non plus. La petite voix, celle de la raison, me dit que Cassandre a peut-être trouvé celui qui lui faut. Elle a le droit d'être heureuse.

– On y va, ou on attend qu'il gèle ? Je dis, me sentant de trop entre ces deux-là.

– Par-ici mesdames, nous dit le connard. Au fait, Sibylle, chouette bagnole que tu as là ! Me sort ce dernier, tout en tenant fermement la main de mon amie sur son bras.

Mue par une inspiration soudaine, je m'approche de lui et me hisse juste à côté de son oreille. Le regard de Cassandre me mitraille mais tant pis, je le fais quand-même. C'est chasse gardée, je n'en ferai rien. Ma copine, doit penser que je le teste , ou que je me venge d'elle en me collant contre son mec, mais non, je ne fais rien de ça. Je les ai vu se regarder. Cassandre compte beaucoup trop pour moi, pour que je lui fasse une vacherie de ce genre.

– Merci, lui dis-je en prenant une voix sensuelle, puis tout en continuant sur le même ton. Fais-la souffrir et tu pourras dire adieu à tes couilles !

– C'est noté, Sibylle, me répond ce dernier. Allons rejoindre Blake !

– Qui est Blake ? Je demande déjà perdue dans mes pensées. Ce n'est pas Donovan qu'il s'appelle ?

– Si, me répond ce dernier, Donovan c'est son nom !

– Nonnnnnn !

Je vois ma garce de copine hilare et Brent qui ne comprend rien à qu'il se passe. Soit, le gars me prends pour une simple d'esprit, soit il a lui aussi loupé un épisode. Nous sommes maintenant devant l'entrée de l'usine, quand une voix grave et légèrement rauque, nous surprend. Cassandre et Brent se retournent d'un seul homme. Je découvre, le corps de l'homme à qui appartient cette voix, qui vient de remuer quelque chose tout au fond de moi. Devant moi se tient, un spécimen de mâle alpha, exsudant de testostérone et de ce je ne sais quoi qui me liquéfie. Voilà ce que me cachait la traîtresse ! L'homme devant moi, est juste l'artiste que j'admire depuis quelque années, celui dont j'ai le premier tableau de lui qui a été exposé.

– Vous comptez rester planter là, où entrer nous dit ce dernier en nous foudroyant du regard.

Les bras croisés, ce dernier tape du pied, passablement énervé. Bienvenue à Connard Land. La soirée promet d'être longue.

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