Chapitre 57

Les paroles de Blake tournent en boucle sans relâche. Dominant, c'est un dominant, un sadique. Sadique, sadique, sadique, ce mot vient supplanter l'autre dans ma tête. J'aimerais pouvoir appeler Cass, sauf qu'elle et moi, c'est compliqué. En plus, j'ignore comment trouver un téléphone sans courir le risque de me vautrer et d'être ramassée par Blake.

Ne supportant pas de rester immobile, je me lève et commence à faire les cent pas, tout en me triturant les mains.

Un aller et retour après l'autre , j'essaie de réfléchir à ses paroles, mais la seule chose qui revient inlassablement, c'est qu'il est un dominant. Il aime attacher des nanas et leur faire tout un tas de trucs plus étranges les uns que les autres, tout ça pour quoi ? Pour, pour, je ne sais pas en fait. Je n'arrive pas à comprendre ce que l'on peut trouver de bien à ce type de relation.

Un léger coup à la porte m'arrête dans ma quête effrénée de réponse. Un bruit de pas qui s'approche me fait comprendre qu'il s'est arrêté à quelques centimètres, son odeur vient frôler mes narines et réveiller mes sens qui sont sens dessus dessous.

Je voudrais reculer mais Sexy Connard est plus rapide que moi et me saisis doucement la main. Je ne la lui retire pas, je devrais, mais je ne sais pas pourquoi, je me sens apaisée à son contact. Il agit comme un puissant tranquillisant alors que je n'étais qu'agitation.

Dans un sursaut, je lui retire ma main et recule de quelques pas. Bien entendu, il est forcément écrit quelque part dans les registres des hautes instances de l'univers , qu'inlassablement, je finirai par me vautrer.

Sauf, que cette fois, je ne me ramasse pas, je suis littéralement happée par deux bras puissants qui me ramènent contre un torse chaud et dur. Et toujours cette odeur masculine qui fait que je me liquéfie autant qu'elle me calme.

Une fois encore, je me dis que je ne devrais pas me laisser faire, mais très vite mon cerveau agité reconnaît qu'il est agréable de se laisser porter de temps en temps.

Très rapidement et toujours en silence Blake me porte et me dépose dans le salon, où je ne saurais l'expliquer . Il y règne une atmosphère différente de celle de la chambre. Je ressens beaucoup de choses différemment depuis qu'il fait noir pour moi, comme si j'avais fait l'acquisition , d'un sens nouveau. Si seulement, je pouvais acquérir de super facultés pour me passer de cette dépendance vis-à-vis des autres. Pas de supers pouvoirs pour moi, Daredevil* n'aura pas de concurrence, c'est certain.

Imaginant Blake en costume de Daredevil, je me mets à glousser, ce qui se répercute comme un écho contre le torse de mon compagnon qui s'arrête et me lâche sur ce que j'imagine le canapé. Le froid ressenti sous mes fesses me le confirme et je grimace en priant pour que la matière se réchauffe vite.

-Je peux savoir ce qu'il te fait rire, me demande-t-il.

-Rien, lui réponds-je en repartant de plus belle, en l'imaginant prendre une posture comme les supers-héros. Poings sur les hanches, et jambes écartées, en tenue ultra moulante et avec cet air dur qui vous dit que vous allez passer un sale quart d'heure .

Je n'y peux rien, c'est plus fort que moi, et le comble, c'est que je suis presque certaine qu'il a adopté la fameuse posture, ou alors je n'en suis pas loin. Je n'ai jamais compris ce que peuvent trouver de sexy certaines femmes, et hommes d'ailleurs , à ce type de tenue. En même temps avec Blake, pas besoin d'artifices .

-Sibylle, me rappelle à l'ordre Blake avec cette voix qui me fait me donne envie de me redresser.

-Désolée, lui réponds-je entre deux hoquets.

-J'espère que tu me feras partager ton fou rire un peu plus tard, me dit-il toujours sur ce ton qui fait résonner en moi un fil dont je ne soupçonnais pas l'existence .

Pendant, que je me reprends, je sens le coussin à côté de moi s'affaisser et la chaleur de l'homme chez qui je vis irradier jusqu'à moi. Deux mains viennent me saisir par les genoux et d'un geste ferme me tournent en direction de la source de chaleur.

Comme une gamine prise en faute, je ramène mes mains à plat sur mes genoux. J'apprendrais rapidement que cette façon de se tenir est en partie une posture attendue par la majeure partie des dominants.

-Sibylle, j'ai toute ton attention maintenant ? Me sort dit Blake en me sortant de ma transe.

Je ne lui réponds pas, je me contente juste de hocher la tête en signe d'assentiment. Seulement, voilà ça ne lui suffit pas. Il insiste.

-Je t'ai posé une question Carotte, en général ça suppose une réponse, me dit-il en posant une main sur une des miennes.

Poussant, un soupir d'agacement , je finis par lui répondre verbalement sur un ton plein d'insolence qui ferait grincer des dents à plus d'un . La preuve que ça marche avec lui, ses doigts se resserrent sur les miens et les pressent fort sans pour autant me faire mal.

-Bien, dit-il, maintenant que j'ai ton attention, tu vas l'écouter sans m'interrompre. Je t'ai laissé bien assez de temps pour digérer ce que je t'ai avoué tout à l'heure .

- À d'autres , je ne peux m'empêcher de grommeler dans ma barbe, tout en lui coupant la parole.

-Sibylle, gronde-t-il en serrant à nouveau mes doigts avec les siens.

Il laisse passer quelques instants, avant de souffler un grand coup et de reprendre.

-Comme je te le disais, je t'ai laissé assez de temps pour que tu digères tout ce que je t'ai appris. Alors, voilà, comment ça va se passer à partir de maintenant

Tout au long de son discours, le contact physique entre nous est maintenu. Pas un instant, il ne lâche ma main, alors qu'il me dit en large et en travers comment vont se dérouler nos existences à partir de demain. Quand il sent que je me crispe ou que ce qu'il va me dire va m'effrayer, il caresse de son pouce mes doigts. Des mouvements lents et très doux qui parviennent à me rassurer. Ce qu'il fait passer à travers ces simples gestes est dingue. Il est capable rien qu'avec ce simple toucher, de me réprimander, comme de me rassurer et de me faire sentir qu'il est content.

Il me faut quand même du temps pour assimiler qu'il est en train de me dire qu'à partir de demain, il ne me laisse plus l'opportunité de décider de tout par moi-même. Il me dit en gros que je dois me déconnecter complètement de ce qui me parasite, et que c'est lui qui va gérer tout cela. Tout ce que j'ai à faire, c'est de lui obéir et retrouver cette autonomie qui faisait de moi, cette femme forte et indépendante que j'étais . Il me dit que ce n'est pas parce que je deviens sa... sa soumise que je dois perdre mon libre arbitre. Il me dit aussi, qu'il comprend que je puisse avoir peur, et que nous avancerons ensemble. C'est à la fin de son long monologue, qu'il m'assène le dernier coup de massue, en m'annonçant qu'il s'attend à ce que je l'appelle Maître ou Monsieur, lors de nos futures séances.

Si je n'étais pas si prostrée et aveugle, je peux vous dire que je serai déjà en train de prendre mes jambes à mon cou. Seulement ma fuite, elle est juste dans ma tête parce que mon corps, lui, refuse de bouger et ce traître de cerveau a complètement disjoncté.

-Tu as compris ? me demande Blake.

-Euh... Oui.

-Oui, qui Sibylle ?

-Hein ? fais-je en ne comprenant pas où il veut en venir.

-Sibylle, soupire-t-il.

-Oui, Maî... euh Monsieur.

Cette fois, je ne l'imagine plus habillé comme un super-héros, mais comme ces guignols que j'ai déjà vu déguisés dans des pornos BDSM, à l'époque où j'ai appris les penchants de Cass.

*Daredevil :héros aveugle de comics Marvel, interprété par Ben Affleck au cinéma.

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