Chapitre 52

Blake

–Tu es sûre que ça ira ? Je lui demande.

–Oui ça devrait, me répond-elle.

–Ok, je vais dans la chambre, appelle-moi si tu as besoin.

Je n'attends pas qu'elle me réponde, je sors de la salle de bain et la laisse se débrouiller. J'ai conscience qu'elle doit faire ces choses-là, seule. Cependant, je reste dans la chambre, je ne veux pas qu'elle risque de se faire mal, à nouveau.

Après lui avoir mis à disposition tout ce dont elle aurait besoin et lui montrer l'emplacement de chaque objet, je me suis retiré dans la chambre. Aucun bruit ne filtre de la salle de bain, et je ne peux m'empêcher de tendre l'oreille pour être certain que tout va bien.

Je m'inquiète beaucoup pour le moral de Sibylle. Son humeur est changeante et je ne suis jamais sur quel pied danser avec elle. Je pensais que l'on avait un peu avancé ce matin après ce court moment où nous avons plaisanté un peu, mais non.

À partir de l'instant où je lui ai exposé le programme de la matinée, j'ai vite senti que ça coincerait. Aussi, j'ai été surpris qu'elle tente quand même de manger quelque chose alors qu'elle n'en avait pas envie. J'ai vu ça comme un léger progrès, jusqu'à ce qu'elle renonce après avoir aussi peu essayer.

Sur le coup, j'ai voulu l'obliger à faire l'effort d'essayer , encore et encore, puis j'y ai renoncé, préférant choisir mes batailles. En l'occurrence , il m'importe qu'elle se détende à mon contact et qu'elle me laisse m'occuper d'elle quand c'est primordial. Maintenir sa glycémie est donc ma priorité, avant de l'amener à accepter qu'elle ait besoin de personnes qualifiées pour l'aider à apprivoiser cette nouvelle partie de sa vie.

En attendant, je m'occupe comme je peux, en faisant le lit et en préparant les affaires dont elle aura besoin au sortir de la douche, une vraie mère poule !

Quand j'entends l'eau couler, je tends plus encore l'oreille . Je me ferais presque l'effet d'être un voyeur. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais vu une femme nue sous la douche. Seulement, je me vois mal justifier ma présence dans la salle de bains.

Au bout de dix minutes, je n'en peux plus d'attendre . J'ai besoin de savoir que tout va bien, maladroite comme elle est, Sibylle aurait très bien pu glisser et se cogner sans que je l'entende , voire même fait un malaise. Ignorant la petite voix qui m'enjoint d'attendre encore un peu, je pousse la porte de la salle de bain.

Lorsque je rentre dans la pièce cette dernière s'est transformée en sauna. Il y a de la vapeur partout et il y fait une chaleur de dingue. Laissant la porte grande ouverte, je me dirige vers la fenêtre pour laisser le nuage d'eau se dissiper. L'eau de la douche coule toujours et la paroi de verre de la porte est quasiment devenue opaque. Je cherche à travers le brouillard à repérer le corps de mon dragon roux. Je l'imagine déjà inconsciente et je la cherche à terre.

Comme je ne distingue rien, je me rapproche de la porte et me colle le plus près possible de la paroi de verre. Je finis par distinguer tant bien que mal des ombres. À mesure que la vapeur se fait moins dense, je l'aperçois debout dans la douche. Partiellement rassuré, je l'observe un moment.

Ma belle me tourne le dos et se tient les mains appuyées sur le carrelage de la douche, ses jambes écartées pour se stabiliser. Cette position, me rappelle celle que j'ai souvent prise lorsqu'il me semblait porter tout le poids du monde sur mes épaules.

N'y tenant plus, je me manifeste en faisant beaucoup de bruit. C'est à peine, si elle réagit. Ignorant le fait que je suis habillé, je pénètre dans la douche et m'annonce doucement pour ne pas l'effrayer . Quand les premiers jets d'eau me frappent, je suis surpris par la température et m'empresse de me coller à Sibylle pour atteindre les robinets et faire baisser la température. Je ne suis que depuis quelques secondes sous l'eau et ma peau commence à rougir. La peau de ma rouquine étant très réactive, celle-ci tend à virer au homard.

Progressivement, je ramène la température à un niveau supportable et je viens coller mon dos contre elle, mon front contre l'arrière de sa tête, mes mains se posant sur les siennes. J'aimerais lui dire tellement de choses. Exploser parce qu'elle ne me laisse pas l'aider , parce qu'elle ne me parle pas. Lui dire que malgré ce qui lui arrive, nous avancerons ensemble. J'aimerais aussi lui faire des choses qui nous feraient voir le septième ciel.

Mais, je ne fais rien de tout ça. Je me contente de parler tout bas, de la rassurer. Je lui rappelle que je suis là, et je l'informe que je vais la laver. Son corps à mes mots se raidit, mais ne se défend pas non plus. Alors, me détachant de son corps rougi par l'eau chaude, je retire mon t-shirt que je jette sur le carrelage de la douche, puis je viens coller mon corps contre le sien. Mon torse nu, contre son dos et ses courbes si délicates.

L'avoir nue contre moi provoque très rapidement une réaction très masculine. Ma queue-au-garde à vous aimerait bien s'extraire de sa prison mouillée, pour en intégrer une bien plus douce. Me reprenant bien vite, j'annonce à ma compagne de douche, ce qui va suivre. Attrapant le shampoing, j'en verse un peu dans ma main et de l'autre jincline la tête de Carotte afin qu'elle repose contre mon épaule. Bien que raide, cette dernière me laisse faire. Doucement, j'étale le shampoing sur son crâne et le lui masse.

Au bout de quelques minutes de ce traitement, je la sens se ramollir contre moi. Satisfait de sa réaction, je la tourne face à moi et observe son expression, juste avant de lui incliner la tête sous l'eau . Je renouvelle l'opération une seconde fois, puis je me saisis du gel-douche et hésite à la savonner avec mes mains. L'image de mes mains pleines de mousse passant sur son corps me donne envie de plus. Jugeant trop dangereux de laisser mes mains parcourir son corps, je me saisis du gant de toilette que javais laissé et la savonne partout, enfin presque partout et lui ordonne de finir, le temps que je sorte.

Avant de quitter la douche je m'assure que Carotte exécute ce que je lui ai demandé de faire, et m'empresse de sortir et de retirer mon bas de jogging dégoulinant, puis dispose des serviettes de toilettes sur le sol et en prépare d'autres afin de la sécher. Une fois tout ça de fait, j'entre à nouveau dans la douche et coupe l'eau . Sibylle toujours malléable, me laisse la guider sur les serviettes et l'envelopper afin de la sécher.

Faisant passer ses besoins avant les miens, je me dépêche de l'aider à se rhabiller, puis toujours mouillé, je la conduis dans le salon où je l'installe dans le fauteuil qu'elle aime occuper lorsqu'elle est chez moi, puis je retourne dans la chambre, et enfile un caleçon propre et un bas de jogging sec. Faire le tout avec une gaule d'enfer se révèle très inconfortable.

Avant de rejoindre Sibylle, je file à la salle de bains ramasser tout le linge mouillé, le pose dans la vasque, puis m'empare d'un peigne. Armé de ce dernier, je prends place sur une chaise et me poste derrière la femme qui occupe mes pensées jour et nuit et commence à démêler sa crinière de feu. Je profite que Carotte aie l'air relativement détendue pour déposer un baiser sur son front.

À mesure que les nœuds de la crinière de ma rebelle disparaissent, la tension menvahit. J'ai beau avoir imaginé comment j'allais aborder la conversation que l'on doit avoir, autant les mots eux refusent de sortir. Par où commencer ? Dois-je m'imposer comme je l'ai fait ce matin et me tenir au plan initial ? Tout me fait douter. Elle me fait douter quant à ma capacité à lui venir en aide.

Perdu dans mes pensées, je continue machinalement de lui peigner les cheveux. M'occuper de Carotte comme je le fais, me procure un sentiment de bien-être. Savoir que c'est moi et personne d'autre qui prend soin d'elle , remplit mes veines d'une douce chaleur.

Dominer sexuellement me manque, mais je me rends que ce qui me manque le plus, ce nest pas ça. Être un dominant, ce ne sont pas seulement les jeux. C'est aussi être celui qui protège sa soumise, qui veille sur elle, un peu comme une mère avec son enfant. C'est probablement cet aspect-là qui me manque le plus. Alors, que je pose le peigne et me résous à lancer cette fameuse conversation que nous devons avoir, Sibylle une fois de plus parvient à me prendre de court.

– Blake, je... Je dois t'avouer quelque chose.

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