Chapitre 50

Jusque-là, c'était ma fierté qui m'avait empêché de lui hurler dessus. Parce que putain, ça fait mal. Mais quand, il a embrassé chacune de mes mains, il s'est passé un truc, et je me suis mise à chialer comme une madeleine. Une fois les vannes ouvertes, difficile de les arrêter. Je n'ai jamais été une telle fontaine.

Je ne mérite pas son toucher délicat, ni sa façon de prendre soin de moi. Je ne le mérite pas, encore moins après ces mots que je lui ai jetés à la figure. Je l'ai cru parti, mais il est revenu. Il était là au moment où j'ai eu besoin de lui. Alors que je pleure sans pouvoir m'arrêter , ses bras me serrent contre lui et sa voix m'encourage à me calmer. Je ne sais pas comment il fait pour endurer tout ça, mais il répond présent.

Au bout de ce qu'il me semble un temps long moment, mes larmes finissent par se tarir et un abattement profond me gagne. J'ignore comment je me suis retrouvée allongée, mais la fatigue m'empêche de trouver une raison à ma position. Mes mains et mon bras me lancent, et malgré cela, je me sens mes yeux se fermer et mon corps se détendre contre sa masse de muscles qui retient contre lui.

-Je crois que je te dois une table basse, je lui murmure.

-Ne t'en fais pas pour ça, me répond-il en étouffant un rire. Tu es bien là ?

-Humm, ça va, lui réponds-je en baillant. Je suis si fatiguée

-Dors ma douce.

-Tu... Tu restes, s'il te plaît ?

-Ne t'inquiète pas, je ne bouge pas.

-Bonne nuit.

Je l'entends murmurer quelque chose, mais je ne saisis pas. À peine lui ai-je souhaité une bonne nuit, que mon corps s'est relâché et que je me suis endormie. Lorsque je me réveille, je me sens reposée. Je n'ai pas eu de cauchemar et je me sens de suite en sécurité. Je n'ai pas de réaction négative en sentant le corps de Sexy Connard contre moi. J'ai trop chaud, mais je ne bouge pas. Je présume qu'il dort encore, vu qu'il respire lentement. Je profite de cette accalmie, et ça fait un bien fou.

Pourtant très vite, les évènements de la veille me rattrapent. Je repense à notre dispute et de ce qu'il en a découlé. L'élancement dans mes mains lorsque je bouge mes doigts, me rappelle l'accident d'il y a quelques heures et de ce que j'ai eu envie de faire. Lorsque j'ai senti les éclats de verre sous mes mains, malgré la douleur, j'ai remonté la manche du sweat, et pris un gros morceau de verre que j'ai porté à mon avant-bras. Sur l'instant , je n'ai pas mesuré la portée de mon geste. Je crois que j'étais prête à en finir. Très vite, j'ai commencé à le retourner contre moi. Sentir ma peau se déchirer, m'a ramené à la réalité et à prendre conscience de ce que je m'apprêtais à faire.

Puis Blake est arrivé, sortant de je ne sais où et m'a pris en charge. Je me suis laissé faire, tout mon être étant épuisé de lutter contre tout ce qui s'est passé depuis que mes yeux m'ont abandonnée. Parfois, lâcher prise a du bon. Il n'empêche que sans l'intervention de Sexy Connard, je ne sais pas si je serai allée au bout de mon geste.

Tout en réfléchissant à la portée de ce que j'étais sur le point de faire, je suis prise d'un frisson. Je me sens coupable à l'idée que c'est lui qui m'aurait trouvé. Je n'ose pas imaginer ce que ça lui aurait fait. Au fond de moi, je sais qu'il dit vrai, quand il dit, que nous sommes plus que deux personnes qui baisent ensemble. Si j'étais allée au bout de mon geste, il y aurait eu beaucoup de dommages collatéraux. Ce qui partait d'un banal accident, d'une maladresse aurait pu virer au drame. Alors que je me décale pour m'asseoir , je sens le bras de Blake me ramener contre lui et me serrer fort. J'ignore s'il est réveillé, mais son souffle chaud dans mon cou provoque en moi un frisson désagréable que je peine à repousser.

Essayant de me dégager, je roule et finis par me retrouver le cul parterre. Étouffant un juron, je prends appui sur mes mains pour finalement hurler sous la douleur.

-Putain !

-Sibylle ? Tout va bien ?

-Non ! Ça fait un mal de chien. Et ça te fait marrer andouille ! Je lui balance en l'entendant rire.

-Oui, euh non. Pardon.

-C'est tout sauf drôle !

-Je sais pardon, Carotte. C'est juste que ta réaction est vraiment drôle. Tu devrais voir ta...

-Quoi !

-Non, rien, dit-il sur un ton penaud.

-Aller Blake ! Assume ! Tu allais dire quoi ?

-Rien, je t'assure .

-C'est marrant, il me semble t'avoir entendu dire hier que tu n'allais pas prendre de gants. Je lui balance en ricanant.

-Ouille ! Touché !

L'ambiance entre nous n'est plus à couteaux tirés. Plus aucune hostilité n'est perceptible. Il y a juste une certaine légèreté qui nous fait du bien. Alors que je suis toujours à terre, je perçois des mouvements dans la chambre et le bout de ses pieds entrer en contact avec les miens. Le malaise que j'ai ressenti plus tôt n'est plus. Lorsque ses mains viennent se poser sur mes hanches, je ne dis rien. Je n'ai pas de mouvement de recul et c'est un progrès considérable. Blake m'aide à me relever. La manœuvre n'est pas aisée, compte tenu de mes mains qui me font souffrir, mais nous y parvenons. Une fois debout, ce dernier laisse ses mains sur mes hanches, tandis que les miennes se reposent sur ses avant-bras musclés. J'ai l'impression que Blake retient son souffle comme s'il craignait ma réaction. Quelque part, je la guette moi aussi. Il me faut depuis mon réveil à l'hôpital , un temps d'adaptation pour que mon cerveau enregistre ce que mon corps, lui reconnaît immédiatement.

- Bon, et si j'allais nous préparer de quoi petit déjeuner ? Me demande Blake.

-Euh, d'accord , mais avant, il faudrait euh... Que j'aille aux toilettes.

-Ça marche ! En avant, gente dame, me dit ce dernier en prenant mon bras délicatement.

-Pfff, t'es con ! Lui dis-je en riant pour la première fois depuis longtemps.

-S'il n'y a que ça pour te faire rire, alors je prends, me répond-il doucement.

Ce moment détendu s'achève quand Blake me laisse dans la salle de bain. À ma demande, il me laisse seule en rouspétant. J'ai besoin de pouvoir faire ça seule. Me rendre aux toilettes, me doucher, me coiffer. Pour l'instant , je me contenterai juste de me passer un gant sur le visage, et de me brosser les dents. Quand, je tente de passer la brosse dans mes cheveux, je grimace. Déjà qu'il m'a été difficile de la trouver, alors démêler ma tignasse est au-dessus de mes forces. J'attendrais d'avoir pris une douche pour, ça vaudra mieux.

Une fois que j'ai terminé, je décide de tenter de trouver la sortie. Sexy Connard ou Super Clown (aurait-il bouffé un clown ?) m'a demandé de l'appeler lorsque je serai prête. Ça risque de le mettre un peu en boule, mais à un moment il faudra bien que je finisse par y arriver seule. Me basant sur mes souvenirs, j'avance prudemment, une main posée sur le lavabo puis sur le mur que je finis par trouver, et l'autre main balayant le vide, afin de repérer tout éventuel obstacle.

Et Bam, ça n'y manque pas, à défaut de trouver l'obstacle avec ma main, c'est mon orteil qui le rencontre, et bordel, que ça fait mal. La palme de la truffe est attribuée à Sibylle, qui gagne le surnom de Sublime Cruche. Marmonnant, je reprends ma tentative pour quitter la salle de bains. J'en suis pas loin, vu que j'ai butté dans le coin de la porte.

Une fois, le seuil franchit, la partie se corse. Si sortir de la salle de bains a été un peu compliqué, s'échapper de la chambre de mon amant s'annonce plus difficile. La pièce est grande et franchement, je n'ai jamais vraiment regardé la disposition de la pièce. La seule chose qui m'intéressait s'était de ne pas atterrir par terre lorsque nous finissions par gagner le lit.

Forte de ma résolution à arriver par moi-même à me diriger, je fais un premier pas, puis un autre. Ma main droite entre en contact, enfin plutôt en collision avec un meuble. La douleur provoquée me rappelle qu'hier , j'ai été la victime de ma maladresse légendaire. Pire que ça, même ! La cécité fait de moi, une véritable empotée.

Serrant les dents, je poursuis mon périple pas à pas. Le sol sous mes pieds nus ne me donne plus d'indication concernant mon avancée. La maison de Blake est agencée d'une certaine façon, et la seule chose que j'ai su retenir de mes visites, c'est que comme chez moi, le parquet domine. Quand je me trouve au bout du meuble que j'ai identifié comme étant une commode, je décide de faire appel à ma mémoire de Dory et pivote afin de mélancer dans le vide. Mélancer, m'élancer, il faut le dire vite, hein. Mon premier pas se passe sans encombre, le second, puis le troisième aussi. C'est comme se jeter dans le vide au bout d'un élastique. Ça me procure le même type de sensation, à la seule différence, que le juron que je lâche, lui n'est pas le même.

-Putain !!!!

Évidemment, j'ai encore buté sur le coin de quelque chose, et en prime, j'y suis allée franco. Au moins, je ne me ramasse pas au sol, mais sur le lit. Mon cri, a d'ailleurs alerté Sexy Connard qui rapplique et qui me demande si ça va, si je ne me suis pas fait trop mal. Bien sûr Connard, je fais juste mes vocalises !

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Petite pensée à celle qui m'a inspiré ce chapitre. Je pense qu'elle se reconnaîtra. Tu m'as donné l'idée à suivre pour avancer.

Merci 😘

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top