Chapitre 44

J'ai fait un drôle de rêve. Dans ce dernier, j'y vois ma dernière heure arrivée, puis c'est le trou noir, pour finir par me réveiller, avant de sombrer à nouveau avec un sentiment de sécurité.

D'un coup, j'ouvre les yeux, il me faut un instant pour me rappeler que je n'y vois plus. Un poids repose sur mon ventre et me serre contre quelque chose, quelqu'un . Ma tête a visiblement l'air d'être en accord avec mon corps, car je me sens bien. Pour la première depuis qu'il fait nuit constamment dans mon monde, je me sens en sécurité. Le souffle chaud que je sens dans ma nuque m'apaise .

Je ne bouge pas, je n'en ai pas la force. Je me sens aussi faible qu'un nouveau-né. Rapidement, certaines pièces du puzzle se mettent en place. Mon esprit revit les derniers évènements. La peur, cette non-écoute, les doutes, puis sa présence à lui. La façon dont il m'a attachée, qu'il m'a parlé, la douleur provoquée par la piqure, puis la lame froide des ciseaux sur mon corps.

Des larmes coulent de long de mes joues. Je pleure silencieusement, je pleure parce que je ne sais pas jusqu'où , il a pu aller. Impossible de m'en souvenir, la seule chose dont j'arrive à me rappeler, ce sont ses lèvres se posant sur ma peau, ses mains glissant sur mon corps avant d'être prise de tremblements. Est-ce qu'il a ? Mon corps se met à trembler et paniquant, je tente de me dégager de cette étreinte qui se serre un peu plus contre moi.

-Carotte ? prononce une voix ensommeillée que j'ai du mal à reconnaître.

Mon corps tremble encore plus, tandis que mes larmes se transforment en sanglots bruyants. J'essaie de me dégager de cette étreinte, je veux hurler, mais rien ne sort, juste des sanglots. Derrière moi, ça bouge, le drap qui me recouvre bouge, laissant passer un courant d'air qui me glace. La personne avec moi, me retourne sur le dos et je sens la tête du lit se redresser. Des mains chaudes et calleuses viennent se poser sur mes joues. De ses pouces, l'inconnu qui n'en est pourtant pas un me dit mon cœur , essuie les larmes qui s'écoulent .

-Chut, ma belle. Tout va bien Sibylle. Tu es en sécurité mon ange. Je suis là. Chut, tout va bien aller.

-Blake ? Je finis par dire, alors que progressivement ces phrases qu'il me répète pénètrent mon esprit.

-Oui, Carotte, doucement, respire doucement. Voilà, c'est bien, inspire, expire.

Une fois la tempête passée, je suis complètement vidée. Blake m'a repris dans ses bras et me serre contre son torse. De nouveau, je me sens en sécurité, plus calme. Quand Blake me sent suffisamment calme, ce dernier resserre son étreinte et pose sa tête dans mes cheveux. Contre moi, son corps est tendu, je l'entends inspirer plus fort, avant qu'il ne me parle doucement.

-Comment te sens-tu ? Me demande-t-il.

-Fatiguée, sans force, lui réponds-je.

-Et là-dedans ? Me demande-t-il en tapotant ma tête.

-Je... Je ne sais. C'est le bordel, lui dis-je le plus honnêtement possible. J'ai l'impression qu'il me manque des cases à remplir.

-De quoi te souviens-tu Sib ?

-De sa présence, lui réponds-je. De...

-De quoi ?

-Je...Je

-Doucement, ma belle, respire ! On en parlera quand tu seras prête à le faire. Rien ne presse ma chérie.

-Est-ce qu'il m'a ? Je demande, en ne parvenant pas à prononcer ce mot qui me salirait encore plus.

-Non, il n'a pas eu le temps

-Comment le sais-tu ? Je lui demande en retrouvant un peu d'entrain en même temps que l'idée d'avoir pu être violée s'éloigne . Que fais-tu là ? Tu n'es pas au Japon ? Quel jour on est ?

-Hey ! Tout doux ma belle ! M'intime Blake, alors que je m'emballe et que je pars dans tous les sens. C'est une longue histoire et tu dois te reposer ! Et moi aussi !

-Pourquoi ?

-Il est à peine quatre heures du matin, Sibylle, et je suis crevé !

-J'en ai besoin Blake, dis-je en baillant un grand coup, mon corps se rappelant à mon bon vouloir.

Blake ne me répond pas, du moins pas de suite. Je le sens qui se détache de moi, farfouille par-dessus ma tête, puis je sens le matelas qui reprend sa position allongée. Blake se déplace et me couvre à nouveau du drap. Puis, je l'entends qui tire quelque chose, puis sa main vient prendre une des miennes.

-Tu as le droit à une question et après tu dors ! M'ordonne-t-il de sa belle voix grave.

Je réfléchis un instant à ce que je vais lui demander. Toutes mes questions tournent forcément autour de ce qui s'est passé, et de ces blancs que je dois impérativement remplir. Alors, prenant une inspiration, je n'en pose qu'une comme il me l'a imposé.

-Quand es-tu rentré ?

Au soupir qu'il laisse échapper, je comprends que le choix de ma question le soulage. La pression que je sentais sur ma main, s'est relâchée, et j'écoute son récit. Lentement, je sens mes yeux se fermer, je lutte mais je n'y parviens pas. Avant de sombrer, je tape le matelas derrière moi et lui demande de rester avec moi. Je m'endors aussitôt que je sens son corps ferme s'enfoncer sur le matelas, et que son bras vient m'entourer .

Du bruit me tire de mon sommeil. Je me sens mieux, plus alerte. Je ne sais pas combien de temps, je me suis rendormie, mais cela a été salvateur. Le bruit monte d'un cran et je perçois clairement les voix qui doivent se trouver derrière la porte. Derrière moi, je sens Blake s'étirer et se redresser. Lorsqu'il pose un baiser sur ma tempe, je me crispe avant de me détendre quand je le sens s'éloigner . Aussitôt, je me sens comme vide, mais je suis vite ramené à l'instant présent, quand une voix derrière la porte exige d'entrer et qu'une autre répond que nous sommes en train de dormir.

La pauvre infirmière n'arrive pas à s'imposer face à la furie qui lui fait face. Quand les sons m'arrivent distinctement, je comprends que quelqu'un a ouvert la porte. Ce quelqu'un émet un grognement avant de l'ouvrir franchement, ce qui me donne envie de sourire. Sexy Connard est là, et il le fait savoir.

-Putain, je savais que jaurai dû attendre ce matin avant de t'envoyer un message ! Marche-moi dessus en plus, je ne te dirais rien !

-Casse-toi connard ! T'as assez profité d'elle , à mon tour ! Heureusement qu'elle ne peut pas voir ta sale gueule.

-Madame, Monsieur ! Si vous ne vous calmez pas, je serai obligée d'appeler la sécurité. Ma patiente a besoin de se reposer ! Dit l'infirmière qui tente de reprendre la mainmise sur la situation.

-Laissez, finis-je par dire. C'est comme ça qu'ils communiquent.

Mais l'infirmière ne l'entend pas ainsi et finit par s'imposer et laisser tout le monde patienter derrière la porte, en leur intimant l'ordre de ne pas la déranger pendant qu'elle s'assure que je vais bien. Durant son examen, cette dernière me dit que je reviens de loin et qu'elle est contente que mes constantes soient bonnes.

Cette dernière me demande de ne pas me surmener et de mettre à la porte les énergumènes qui attendent dès que je me sentirais fatiguée. Je l'écoute , mais je ne lui réponds pas. J acquiesce juste lorsqu'elle mannonce qu'elle va m'apporter de quoi manger. Puis, elle sort et une tornade s'abat sur moi aussitôt en lâchant de gros sanglots et en métouffant dans son étreinte. Cassandre n'arrête pas de me dire à quel point, elle se sent désolée de n'avoir rien deviné, tout en me reprochant de ne lui avoir pas confié que je devenais aveugle si vite. Puis elle s'écarte et j'entends Brent me saluer avant de me serrer lui aussi dans ses bras. Blake ne se manifeste pas, mais je le sens dans la chambre avec nous. Il se tient en retrait et j'ignore pourquoi.

Les retrouvailles s'arrêtent net quand on frappe à la porte et que l'infirmière s'annonce avec un plateau-repas qu'elle dépose sur la table roulante. Cette dernière repart quasiment aussitôt, me laissant avec un plateau sur lequel, il m'est impossible de toucher sans risquer de faire tomber quoi que ce soit. Pourtant, j'ai faim et l'odeur du café m'appelle . Je pourrais demander de laide à mes amis, mais je n'ose pas, alors je tente de faire diversion et quitte à souffrir de ce qu'ils vont m'apprendre , je leur demande de me raconter comment ils sont parvenus à me retrouver.

Ma tactique n'aura été efficace qu'un court instant. Alors que Cass se lance dans le récit, je sens derrière moi, le matelas s'affaisser et le corps massif de Blake se poser contre mon dos. À moitié attentive, je n'écoute plus que d'une oreille, le discours de ma meilleure amie. Je suis entièrement focalisée sur Blake et sur les mouvements de son corps. Je le sens déplacer son bras le long de mon corps et rapprocher la table sur laquelle est posé mon petit déjeuner. Le bruit des roulettes qu'on a oublié de graisser écorche mes tympans.

-Je vais t'aider , me souffle Blake si bas que je peine à l'entendre .

Sans me demander mon avis, ce dernier prend ma main et la pose doucement sur le plateau en me faisant toucher d'abord une assiette, puis mes couverts, avant qu'il me glisse toujours aussi bas, où se trouvent les aliments.

Mon attention est complètement focalisée sur lui, quand je suis prise d'un flashback et que je sens sous mes doigts le froid des couverts en métal. D'un coup de panique, j'envoie le plateau valser à travers la chambre en hurlant qu'on me laisse et que je peux très bien m'en sortir seule.

Le fracas provoqué par mon coup d'éclat ameute des infirmières qui entrent dans la chambre et qui finissent par faire sortir tout le monde, sauf Blake qui refuse de me lâcher et qui enserre mon corps secoué de sanglots. Seule sa présence et sa patience finissent par parvenir à me calmer. Il ne murmure plus à mon oreille, mais me parle d'une voix grave et basse qui parvient à m'apaiser .

Quelques heures plus tard, je me réveille à nouveau dans ses bras, aussi démunie et affamée qu'un oisillon. Blake est là, me rassure, m'aide pour que je puisse manger en faisant un minimum de dégâts. Le fait de me nourrir, me ramène à de meilleures dispositions.

Je me sens à présent suffisamment forte pour entendre tout ce qu'il a à me dire concernant les moments où j'étais dans les vapes.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top