Chapitre 40

Blake

J'ai dû dormir à tout casser deux heures. Trop de choses tournaient dans mon cerveau pour que je puisse vraiment dormir. Petit à petit, je me suis vu échafauder des plans. Pour moi, il est inconcevable que l'on ne retrouve pas Sibylle. C'est certain, ses parents ont quelque chose à voir avec sa soudaine disparition. Je suis sûr que quelque chose à merdé quelque part et j'ai ma petite idée.

Ne tenant pas en place, j'ai commencé à faire quelques aménagements dans la maison. J'ai déplacé quelques meubles afin de réaménager l'espace , qu'il soit plus sécurisé pour elle. Dans ma tête, tout est déjà écrit. Je me fiche de ce que Blondie, Brent ou bien même Carotte pourront dire. Il n'est pas question que je la lâche. De toute façon, je la vois mal réintégrer son appartement tel qu'il est aujourd'hui . Elle risquerait de se blesser. Je préfère l'avoir près de moi et la savoir en sécurité .

Une fois tout ça finit, je réalise qu'il n'est que six heures du matin. J'ai de l'énergie à revendre et aucune envie créatrice. La seule façon pour moi d'évacuer tout ça en attendant de pouvoir m'imposer chez les amoureux sans me faire jeter, c'est de faire du sport. Pendant une heure, j'enchaîne squat, pompes, et soulever de poids dans la pièce attenante à mon atelier que j'ai transformée en espace muscu. Les muscles de mes bras me brûlent mais ce n'est toujours pas suffisant. Je suis toujours sur des charbons ardents. Chaussant mes baskets pour la course, je prépare vite fait un sac avec de quoi me changer, et me rue dehors. Peut-être qu'une bonne course me permettra de me défouler. Une fois le tout prêt, me voilà équipé pour courir jusque chez Blondie. Le trajet risque d'être long, mais je m'en fiche. La maison fermée, mes écouteurs en place, je commence ma course en douceur avant de monter progressivement en intensité.

Il me faut bien quarante minutes pour atteindre le quartier où cette dernière habite. En m'arrêtant dans une boulangerie, je fais le constat qu'elle vit, elle aussi assez loin de chez Sibylle et ça me fait grimacer. Comment pourrons-nous faire pour aider Carotte si nous sommes si éloignés de son appartement. Plein d'autres questions se bousculent dans ma tête. Interrogations sur lesquelles, il va nous falloir nous pencher.

Pour l'instant la priorité est de retrouver ma rouquine et de savoir si elle va bien. Quelques croissants et pâtisseries plus tard, je sonne comme un dératé à l'interphone . C'est une voix ronchonne qui m'accueille .

J'estime avoir été sympa, il est presque huit heures. Si nous n'étions pas le week-end, je suis certain que je ne les aurais pas trouvés là.

Dégoulinant de sueur, je passe la porte et le regard renfrogné du concierge. Le même m'attend sur le pas de la porte de leur appartement, à la différence près que je viens avec un rameau, que je dis-je une très grosse branche d'olivier . Je n'ai aucun remords à les déranger.

Sans même saluer Brent, je m'engouffre dans l'appartement , et dépose mon chargement dans la cuisine, avant de défaire tout mon attirail pour courir, et de me délester de mon sac.

-Quelle charmante vision, prononce une voix féminine derrière moi.

Quand, je me retourne, je me retrouve face à Blondie et son air revêche. Je lui adresse un grand sourire histoire de la provoquer un peu. Sa façon de se tenir est tout sauf accueillante.

-Que veux-tu, lui dis-je, tu n'as pas misé sur le bon cheval, lui réponds-je en faisant un peu plus gonfler mes biceps.

-Un putois aurait plus d'allure, me répond cette dernière.

-Touché, lui dis-je.

Quand je m'approche de cette dernière pour lui faire la bise, elle se recule horrifiée et se réfugie derrière Brent qui vient dentrer dans la cuisine.

-Quoi ? je demande. On n'a plus le droit d'être poli ?

-Si, mais seulement quand tu ne sentiras plus le fauve.

-Très bien, dis-je en levant les mains. Si tu me laisses utiliser ta salle de bain ça ira vite mieux.

-Je te préviens, tu embarques tes loques puantes !

-Sinon ?

-Tu n'aimerais pas savoir, me répond-elle.

Un quart d'heure plus tard, sentant à nouveau le propre, je les rejoins dans la cuisine, où café et pâtisseries nous attendent. Brent me scrute, alors que Cassandre a le nez plongé dans sa tasse de thé. Bien que la douche m'ait fait du bien, je dois surement porter les stigmates de ma nuit agitée. Vu le regarde de Brent, l'attaque ne va pas tarder.

-Tu as bu cette nuit ? Me demande ce dernier en m'attaquant directement de front.

-Oui, mais pas au point de finir bourrer, lui réponds-je.

-T'as passé la nuit dans ton atelier ?

-Non.

-Tu te foutrais pas de ma gueule là ?

-Non. Je ne suis pas en train de retomber dans mes travers Brent. Je n'ai pas mis un pied dans mon atelier depuis mon retour.

-Tu n'as pas à te justifier Blake, me sort la Blonde.

-Laisse Cassandre, ce n'est rien réponds-je. Si tu veux tout savoir Brent, j'ai passé la nuit à lire les classeurs que j'ai récupérés chez Sibylle, et j'ai aussi lu le contenu de son cahier.

-Et c'est pour ça que tu as bu ?

-Tu sais quoi Brent ? Va te faire foutre ! Ce n'est pas toi qui te ronges les sangs en te demandant ce qu'il a bien pu arriver à ta copine ! Alors oui, j'ai bu quelques verres, et alors ?

-Blake, tu sais que...

-Je sais, lui dis-je en levant la main, mais là c'est différent.

-Tu as vraiment lu son cahier ? Me demande Cassandre.

-Oui.

-Pourquoi ? me demande-t-elle encore.

-J'avais besoin de savoir si quelque chose ne nous aurait pas échappé.

-Tu sais qu'elle ne va pas apprécier, quand elle le saura.

-Je sais, lui réponds-je en soupirant. Mais au moins, je la comprends mieux.

-Maintenant, tu en sais autant que moi, peut-être plus.

-Peut-être lui dis-je, mais il reste beaucoup de zones d'ombre .

Nous parlons encore un moment avec Cassandre. Brent lui se contente de nous écouter tout en ne me lâchant pas du regard. Je sais qu'il cherche la petite bête, la faille dans mon comportement. Seulement, il ne la trouvera pas. Depuis Carotte, je file droit, je ne me laisse pas déborder comme ces derniers temps.

-Et donc, tu es venu pourquoi au juste ? Fini par lâcher Brent.

-J'ai eu une intuition en quelque sorte. D'après tout ce que j'ai lu cette nuit, j'en suis venu à me dire qu'il y avait quelque chose qui cloche. Sibylle avait l'air davoir tout prévu.

-Tu es sûr de ça ? Demande Cassie.

-Certain. Je ne sais pas si tu as vu ses classeurs ?

-Non, me répond-elle.

-Ils regorgent d'infos, de devis pour du matériel, mais aussi de plans pour adapter son appart à son handicap. Sibylle avait tout prévu.

-Je, je ne savais pas qu'elle était allée aussi loin.

-Je pense qu'elle voulait tout prévoir pour garder le contrôle. Tu la connais mieux que moi Cassandre.

-Je le pensais, murmure cette dernière tristement.

-Mais si Sibylle avait tout prévu, comme tu le dis, pourquoi alors nous ne savons pas où elle se trouve ? Intervient Brent.

-Justement, je me suis dit les mêmes choses. C'est en lisant son journal, qui n'est pas que le sien que j'ai eu un doute.

-Comment ça ? me demande la Blonde.

-Je me suis souvenu, d'un truc que tu as dit la semaine dernière. Tu as dit que tu ne comprenais pas pourquoi tu n'avais pas été appelée par l'hôpital .

-Oui, c'est vrai.

-Vous aviez bien fait les démarches pour être désigné comme « la personne de confiance » ?

-Euh oui, on l'avait fait, mais je ne comprends pas où tu veux en venir ?

-L'as-tu renouvelé avec Sib, es-tu sûre que ta copine a bien retourné le papier ?

-Je l'ai fait, mais Sibylle, j'en sais rien. On a fait ça il y a si longtemps et Mon Dieu ! tu veux dire que tout ça aurait pu être évité ?

-Doucement, Cassandre. Je ne t'accuse de rien. Ce que j'en déduis, c'est qu'il est possible que tu n'aies pas été du coup la personne à prévenir, mais quelqu'un d'autre .

-Tu crois que ça pourrait être ses parents ?

-Je le pense en effet.

-Merde, je n'y aurais pas pensé, me dit-elle.

Cassandre est dans tous ses états. Je vois qu'elle se culpabilise pour tout ça. J'ai beau lui dire que ce n'est en rien sa faute, je sens que je n'arriverai pas à la rassurer. C'est Brent qui finit par nous proposer un plan. Enfin, plan est un bien grand mot. Il nous propose de nous rendre au Book and Coffee et de solliciter une fois de plus le geek de Carotte.

Au fond de moi, je sais que mon intuition est la bonne. Sibylle ne peut être que là-bas à New York. J'espère simplement qu'elle va bien. Alors que Brent et Cassandre se rendent au café, je leur fausse compagnie. Pas besoin d'être à trois à harceler ce pauvre gars. De plus, on ne peut pas dire que l'on soit franchement en bons termes, il se méfie de moi et je n'ai pas spécialement envie de copiner avec.

De retour à la maison, je jette mes affaires à la buanderie et fais un tour d'ensemble . Mon espace à vivre a pris un virage à trois cent soixante durant la nuit et jessaie d'entrevoir tout ce qui pourrait coincer. Un instant, je me rappelle qu'il y avait une note avec un numéro dans un des deux classeurs et je me rue dessus. Je crois me souvenir qu'il s'agit du numéro d'un centre d'adaptation pour aveugles. Je n'ai pas vu de dossier d'inscription , ou quoi que ce soit qui puisse s'y rapprocher. Il y avait simplement une note avec. Peut-être que cette personne pourra m'aider . Je veux vraiment que Sibylle vienne vivre quelque temps chez moi, voir s'y installe pour de bon. Ce que je ressens pour elle est intense, effrayant, mais je ne me vois plus sans elle. S'il y a peu de choses sur lesquelles, je peux avoir un minimum de contrôle en ce moment, pourvoir aux besoins de Sibylle, prévoir ce qu'il lui faudra, ça je peux le faire. Sans réfléchir, je retrouve le numéro et appelle.

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